L’abbaye aux Hommes, ou abbaye Saint-Étienne de Caen, est une des deux grandes abbayes, avec l’abbaye aux Dames, fondées par Guillaume le Conquérant à Caen, en France. Elle s’élève à l’ouest du centre-ville ancien et donna le nom de Bourg-l’Abbé au quartier qui l’entoure. L’église Saint-Étienne, l’ancienne abbatiale est devenue église paroissiale après la Révolution. Les bâtiments conventuels transformés en lycée au XIXe siècle abritent depuis les années 1960 l’hôtel de ville. L’abbaye offre un très bel ensemble architectural construit entre les XIe et XVIIIe siècles et l’impact de l’église Saint-Étienne de Caen est essentiel sur l’histoire de l’Art en Normandie et en Angleterre. L’église est classée au titre des Monuments historiques sur la liste de 1840, le cloître et les bâtiments conventuels en 1911 et les autres constructions inscrites en 1927 et 1928.
Histoire de la fondation à la Révolution
La fondation de l’abbaye
L’abbaye Saint-Étienne de Caen, SANCTS STEPHANUS CADOMEUSIG ou abbaye-aux-Homme est une abbaye bénédictine du diocèse de Bayeux, de la province ecclésiastique de Rouen.
Vers 1050 ou 1051, Guillaume dit le Bâtard épouse Mathilde de Flandre qui est sa parente à un degré interdit par le droit canonique : 6ém°, mais accepté par le pape si une dispense demandée est couramment accordée, Guillaume ne l’a pas demandé c’est qu’il savait qu’il n’en avait pas besoin (?). L’archevêque de Rouen Mauger son « demi oncle » (fils de Richard II et de la concubine Pépia) était son tuteur et qui appréciait peu de perdre son tutorat , lança une excommunication contre le couple . En 1059, le pape Nicolas II reçoit Lanfranc de Pavie, écolâtre de l’abbaye du Bec, principale personnalité intellectuelle de Normandie fait la liaison entre le duc et le pape, le grand historien Michel de Boüard est allé à Rome pour rechercher les preuves de l’excommunication papale et n’a rien trouvé des sanctions; en 1059 pour montrer leur foi, Guillaume et Mathilde construiront 4 hôpitaux : à Caen rue St Jean, Bayeux au même endroit qu’aujourd’hui, à Rouen et à Cherbourg ou de grandes plaques de marbre rappellent l’événement.
Il existe d’autres raisons politiques, Guillaume appelé le Bâtard mais fils légitime de Robert le magnifique et d’Arlette de Falaise, car présenté officiellement aux barons selon le droit scandinave qui le reconnaissent comme successeur et au roi de France qui deviendrait son parrain (?) doit combattre pendant toute la première partie de son règne les barons de Normandie, bataille de val es Dunes (aux moissons de 1047). Il cherche donc à asseoir davantage son autorité sur la basse Normandie où la rébellion a été la plus forte. Cela passe par la construction de châteaux, mais également par la fondation d’abbayes, selon un schéma classique en Normandie depuis le Xe siècle. Le duc décide donc de densifier le réseau d’établissements monastiques en basse Normandie, alors beaucoup plus lâche que dans la vallée de la Seine mieux contrôlée par les ducs de Normandie. L’abbaye aux Hommes, comme l’abbaye aux Dames, ont toutefois dans ce dispositif une place privilégiée. En effet, sur les 18 abbayes élevées durant le règne de Guillaume le Conquérant, seules deux, celles de Caen, sont fondées directement par le duc lui-même, les autres étant créées par des seigneurs locaux et reconnues ensuite par le duc. La fondation de l’abbaye aux Hommes et de l’abbaye aux Dames s’inscrit donc dans un dessein politique plus large qui vise à faire de Caen un point d’appui plus proche de la sédition que Rouen qui se trouve dans la partie orientale du duché, d’autre part les batailles de Mortemer 1054 et Varaville 1057 l’incline fortement à construire une importante place forte au centre du duché en même temps qu’un glacis sur les frontières bretonnes. En choisissant de s’y faire inhumer – en 1083 à l’abbaye aux Dames pour Mathilde de Flandre et en 1087 à l’abbaye aux Hommes pour Guillaume le Conquérant – Guillaume et Mathilde inscrivent dans la durée l’attention des ducs-rois non seulement pour l’abbaye, mais également pour la ville de Caen qui, d’un gros bourg de constitution anarchique, devient la capitale secondaire de la Normandie. Les descendants de Guillaume confortent ensuite le lien des deux abbayes avec la dynastie ducale et royale. Ainsi, fait exceptionnel, Guillaume le Roux dépose les insignes royaux (couronnes et sceptres) de ses parents au trésor des deux abbayes où ils sont inhumés.
Vers 1063, Guillaume décide la fondation d’une abbaye bénédictine dédiée à Saint-Étienne au centre d’un quartier nouveau à l’Ouest de Caen, Le bourg-l’Abbé qui se trouve sur des terrains de paroisses appartenant à la cathédrale de Bayeux qui les cède à la reine Mathilde de sorte que les moines de l’abbaye aux Hommes se trouvent sous la dépendance spirituelle de l’abbesse de Caen. C’est pour se soustraire à cette dépendance qu’ils construisent l’église Saint-Nicolas de Caen pour les paroissiens du Bourg-l’Abbé.
Le 18 juin 1066, l’abbaye est dédicacée en présence des principaux barons de Normandie, de l’archevêque de Rouen, des évêques de Bayeux, Lisieux, Avranches et Évreux, des abbés du Bec, de Fécamp, de Saint-Ouen de Rouen, du Mont-Saint-Michel, de Saint-Wandrille de Fontenelle, de Saint-Vigor, de Lonlay et d’Évron.
Le 25 décembre 1066, Guillaume le Conquérant est couronné roi d’Angleterre, Caen se trouve placé entre les deux moitié de l’État anglo-normand. Le 9 septembre 1087, il meurt à Saint-Gervais de Rouen et est inhumé dans l’église Saint-Étienne .
En 1066, Lanfranc est nommé abbé de Saint-Étienne.
L’extraordinaire réussite matérielle des normands parait dans l’église Saint-Étienne et si le plan ambitieux a sans doute été conçu avant la conquête de l’Angleterre, le succès foudroyant de 1066 a permis son exécution rapide car Guillaume n’a pas hésité à spolier au profit des abbayes de Caen la principale fondation de Harold, à Waltham en Essex, et elles ont pu recueillir pendant trois siècles, les redevances de nombreux villages anglais et du quartier de la City de Londres.
La construction de l’abbaye aux Hommes, confiée à Lanfranc, commence en 1063. L’église a été construite entre 1065 et 1083. La conquête de l’Angleterre, en 1066, en apportant des moyens supplémentaires, mais aussi la présence de carrières de pierre à ciel ouvert à proximité, expliquent la rapidité de cette construction. Elle fut dédicacée le . Le chroniqueur Guillaume de Poitiers décrit la fondation de l’abbaye par Guillaume le Conquérant : « Pour l’établir abbé du monastère de Caen, il lui fallut user, pour ainsi dire, d’une pieuse contrainte ; car Lanfranc s’y refusait moins par amour pour l’humilité, que par crainte d’un rang trop élevé. Ensuite, Guillaume le Conquérant enrichit ce monastère de domaines, d’argent, d’or et de divers ornements ; il le fit construire à petits frais, d’une grandeur et d’une beauté abordable, et peu digne du bienheureux martyr Étienne, par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré ».
L’abbaye au Moyen Âge
À la fin mai 1204, le roi de France Philippe-Auguste occupe Caen. Les abbayes caennaises conservent leur patrimoine anglais jusqu’au début du XVe siècle, où Henri IV les confisque pour subventionner la reprise de la guerre de Cent Ans.
En 1256, lors de sa visite du 9 novembre, l’archevêque de Rouen, Eudes Rigaud trouve 63 moines dans le monastère, tous prêtres sauf trois et fait des remontrances sur le comportement.
La guerre de Cent Ans met l’abbaye en première ligne des combats. Après la prise de Caen par les Français en 1346, les religieux reçoivent l’ordre de fortifier l’enceinte, Saint-Étienne se trouvant en dehors des fortifications de la ville.
Le 4 septembre 1414, Henri V s’empare de Caen, la trahison d’un moine de l’abbaye de Saint-Étienne joue un rôle décisif dans cet épisode, mais préserve les tours de façade de l’abbatiale de la destruction qu’avait projeté les défenseurs français. Le 11 juin 1450, le roi de France Charles VII réoccupe Caen.
Le début du régime de la commende et le déclin de l’abbaye
En 1485, le régime de la commende est instituée à l’abbaye-aux-Hommes, au bénéfice de Charles de Martigny, évêque de Chartres et désormais, les abbés seront des grands seigneurs, favoris royaux, peu présent dans l’abbaye et soucieux d’encaisser de gros bénéfices. La vie des moines devient plus séculière que religieuse, les officiers et particulièrement le cellérier ont tendance à constituer des bénéfices et il y a moins de moines. La commende est la revanche de l’épiscopat contre le système des exemptions. En réalité on perçoit l’esprit de lucre chez ses prélats fastueux et courtisans, bien des abbayes possédant les revenus d’un évêché. Elle modifie profondément l’organisation bénédictine en privant la communauté de son chef traditionnel. Le pouvoir effectif et l’influence à la fois spirituelle et temporelle sur les destins du monastère passe aux mains des prieurs.
En 1562 et 1563, pendant les guerres de religion, l’église est pillée par les troupes de Montgommery puis abandonnée. Les vitraux, les orgues et le mobilier sont détruits. Le tombeau de Guillaume le Conquérant, magnifique mausolée en marbre, surmonté d’un gisant, et qui fut édifié à la demande de son fils Guillaume le Roux, roi d’Angleterre est profané en 1562 par les protestants. Les restes sont confiés à un moine, bailli de l’abbaye, nommé Michel de Semallé. Mais en 1563, une nouvelle intrusion des protestants provoque la fuite des moines et les ossements sont dispersés à l’exception d’un seul os, sauvé par Charles Toustain de la Mazurie, le poète ami de Jean Vauquelin de La Fresnaye. Cet os est replacé dans le tombeau en 1642 par le prieur Jean de Baillehache, après la restauration du chœur. En 1742, les moines obtiennent du roi Louis XV l’autorisation non seulement de déplacer le tombeau dans le sanctuaire mais aussi de le réduire à un simple caveau recouvert d’une pierre tombale. Ce fémur gauche aurait été retrouvé lors de l’ouverture d’un caveau maçonné se trouvant dans le chœur de l’abbatiale, le 22 août 1983.
La tour-lanterne s’écroule en 1566, détruisant les voûtes du chœur. Le chœur, en ruines, a failli être rasé sur décision du Parlement de Rouen. Un moine de l’abbaye, Jean de Baillehache, obtint l’annulation de cette décision et entreprit la reconstruction du chœur et la restauration de l’abbatiale. L’église est de nouveau consacrée le 18 mai 1626.
Les Mauristes et la reconstruction des bâtiments conventuels
Le 6 juillet 1663, les religieux de l’abbaye signent un traité avec la Congrégation de Saint-Maur ; des premiers travaux de réfection sont effectués et le 10 octobre, les religieux de Saint-Maur s’installent dans l’abbaye. Les mauristes redressent l’abbaye spirituellement, en rétablissant la discipline religieuse, et matériellement en reconstruisant les bâtiments conventuels qui tombaient en ruine. Du cloître, il ne restait alors que les fondations, tandis que les cuisines tombaient en ruine ; la plupart des bâtiments avaient également perdu leur toiture. Les travaux de rénovation, menés par le moine architecte Guillaume de La Tremblaye, lui-même assisté par les frères Bayeux, débutent en 1704, mais ils sont interrompus faute de moyens en 1706 avant de reprendre en 1710. En 1715, Guillaume de La Tremblaye meurt et le projet est repris par dom Miserey qui le modifie en allongeant l’aile des hôtes vers le sud ; une aile en retour, parallèle à l’aile du réfectoire, devait également être construite à la place de la salle des Gardes pour fermer la cour sud, mais l’éviction des moines pendant la Révolution a entraîné l’abandon du projet. En 1727, les moines font remblayer les terrains à l’est de l’abbaye afin d’aménager un jardin à la française sur la grande esplanade ainsi formée. Un nouveau logis abbatial est construit de 1755 à 1759 dans le Clos de la Pépinière, parcelle comprise entre le rempart du XIVe siècle et le mur séparant l’enclos de la rue de l’abbatiale. Les travaux sont finalement terminés en 1764.
L’intégration de l’abbaye dans le dispositif urbain
Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, les édiles caennaises décident d’aérer la ville médiévale en programmant plusieurs projets d’urbanisme. Le baron de Fontette, nommé intendant de la Généralité de Caen en 1752, mène à bien certains de ses projets. Il décide notamment de créer un nouvel axe pour dévier la circulation de la rue Saint-Martin, axe historique permettant l’accès à l’ouest de la ville. En 1755, un accord est passé entre l’abbaye et la ville de Caen en vue de percer une nouvelle rue à travers les jardins de l’abbaye entre la place des Petites-Boucheries et une nouvelle place octogonale, aménagée à l’emplacement des anciennes fortifications de la ville et sur laquelle vient déboucher la rue Écuyère. La partie sud de ce nouvel axe, appelé rue Saint-Benoît (actuelle rue Guillaume-le-Conquérant), est lotie par les moines de Saint-Étienne. Sur la place, rapidement baptisée place Fontette, on prévoit également d’ériger deux pavillons à l’entrée de la nouvelle rue ; en contrepartie de la construction du pavillon sud, l’abbaye obtient la propriété des terrains auparavant occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville. Le pavillon des moines est achevé en 1758 et les jardins de l’abbaye sont étendus jusqu’à la nouvelle place. Malgré ces travaux, la communauté est à la veille de la Révolution française dans une excellente situation financière.
Cette liste des 45 abbés fut établie au milieu du XIXe siècle par Célestin Hippeau.
XIe siècle
- 1066 – 1070 : Bienheureux Lanfranc
- 1070 – 1079 : Guillaume Bonne-Âme, devenu archevêque de Rouen (1079-1110)
- 1079 – 1101 : Gislebert de Coutances
XIIe siècle
- 1101 – 1108 : Robert Ier
- 1108 – 1140 : Eudes Ier
- 1140 – 1151 : Alain Ier
- 1151 – 1156 : Pierre Ier
- 1156 – 1179 : Guillaume II de Besace
- 1179 – 1193 : Pierre II
- 1193 – 1197 : Robert II
- 1197 – 1214 : Sansom
XIIIe siècle
- 1214 – 1238 : Eudes II, dit Patience
- 1238 – 1259 : Alain II
- 1259 – 1265 : Nicolas Ier Béchage
- 1265 – 1290 : Nicolas II de Montigny
- 1290 – 1300 : Geoffroy Pigache
XIVe siècle
- 1300 – 1316 : Richard
- 1316 – 1344 : Simon de Trévières
- 1344 – 1357 : Robert III de Rupallay
- 1357 – 1358 : Thomas de Thibouville
- 1358 – 1368 : Guillaume III d’Harcourt
- 1368 – 1389 : Robert IV
- 1389 – 1401 : Jean le Sénéchal
XVe siècle
- 1401 – 1414 ou 1416 : Nicolas III Milon, fils de Bertrand Milon, résigne ses fonctions en 1414, mais semble encore à la tête de l’abbaye jusqu’en 1416.
- 1416 – 1428 : Guillaume IV Cavé résigne ses fonctions en 1428.
- 1428 – 1468 : Hugues de Juvigny († 1468).
- 1468 – 1483 : Guillaume V de Toustain, en conflit avec Pierre de Vierville élu par une partie des moines à la tête de l’abbaye, résigne ses fonctions vers 1485.
Période de conflits à l’abbaye. Il semble que l’abbaye a été pendant un temps privé d’abbé. Pierre de Vierville, soutenu par son frère Arthur de Vierville, baron de Creully, s’empare par la force de l’abbaye. Le conflit continue après que Charles de Martigny a été nommé abbé régulier. Il est réglé par un accord passé entre les différents parties stipulant que Charles de Martigny serait reconnu comme abbé par les frères si un de ses neveux, Pierre de Martigny, rentrait comme religieux profès à l’abbaye et si le nouvel abbé s’engageait à résigner ses fonctions après un certain temps en faveur de ce neveu qui serait élu régulièrement par les religieux.
- 1485 – 1506 : Charles de Martigny, évêque de Castres, nommé par Charles VIII contrairement au droit d’élections des religieux, résigne ses fonctions en faveur de son neveu.
XVIe siècle
- 1506 – 1531 : Pierre de Martigny († 13 septembre 1531), dernier abbé élu par les religieux
1516 : Concordat de Bologne instaurant le régime de la commende
- 1531 – 1533 : François de Tournon
- 1533 – 1535 : Hippolyte de Médicis
- 1535 – 1577 : Alexandre Farnèse
- 1579 – 1582 : Georges de Péricard
- 1579 – 1582 : Charles d’O
XVIIe siècle
- 1620 – 1632 : Antoine de Bourbon-Bueil, comte de Moret
- 1632 – 1653 : Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu
- 1653 – 1661 : Jules Mazarin
- 1661 – 1664 : Charles-Paris d’Orléans, comte de Saint-Pol
- 1664 – 1668 : période de vacance, le roi prend en sa main le revenu de l’abbaye
- 1668 – 1710 : Charles-Maurice Le Tellier
XVIIIe siècle
- 1710 – 1720 : Joseph-Emmanuel de La Trémoille
- 1720 – 1721 : François de Mailly
- 1721 – 1743 : André Hercule de Fleury
- 1745 – 1759 : Nicolas de Saulx-Tavannes
- 1759 – 1774 : Étienne-René Potier de Gesvres
- 1777 – 1790 : Arthur Richard Dillon
- Dispersion des frères
Galerie de portraits
Alexandre Farnèse.
Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu.
Jules Mazarin.
Joseph-Emmanuel de La Trémoille.
André Hercule de Fleury.
Histoire après la Révolution
Le 2 novembre 1790, les religieux sont chassés de l’abbaye en vertu de la loi du 13 février-19 février 1790. Le 6 décembre 1790, la ville décide d’acheter l’abbaye aux Hommes « au nom des pauvres de l’Hôtel-Dieu » ; mais le bâtiment est finalement alloué à différentes administrations. Le district de Caen et le Directoire, puis l’administration préfectorale s’y installent. En 1793, l’église Saint-Étienne est transformée en temple dédié au culte de la Raison et de l’Être suprême. Le 12 octobre 1800, l’Académie de Caen, rebaptisée « lycée de Caen », est installée par le général Dugua dans les locaux de l’abbaye. À la suite de l’entrée en vigueur en 1802 du Concordat de 1801, le culte catholique est rétabli dans l’ancienne abbatiale, mais cette dernière devient église paroissiale et les religieux ne font pas leur retour à l’abbaye.
Seul l’ancien logis abbatial des bénédictins, construit dans les années 1750, est transformé à partir de 1810 en monastère des Visitandines afin d’accueillir les sœurs chassées pendant la Révolution de leur ancien couvent transformé en caserne (actuel Quartier Lorge). Elles aménagent et agrandissent les bâtiments existants et font élever en 1812 une première chapelle provisoire, suivie d’une deuxième église, remplacée elle-même par l’édifice actuel construit entre 1890 et 1892. Les sœurs aménagent également un grand jardin dans le sud de l’enclos.
Finalement, l’administration préfectorale quitte l’abbaye en 1806 afin d’y aménager le Lycée impérial (actuel lycée Malherbe), fondé le 20 juillet 1804. En 1841, on y adjoint une école primaire élémentaire. L’abbaye est transformée au cours des années pour accueillir les élèves ; ainsi les cellules de moines ont été abattues dans les années 1880 pour faire place à des dortoirs communs. En 1842, l’aile des hôtes est achevée alors que l’ancien logis abbatial du XVe siècle est démoli ; seul un écusson portant les armoiries de Charles Ier de Martigny, évêque de Castres et premier abbé commendataire de l’abbaye, situé dans la galerie nord du cloître rappelle le souvenir de ce bâtiment construit en 1490.
En 1810, les jardins de l’abbaye sont amputés d’une partie de leur emprise afin d’aménager une place reliant la place Fontette à la Prairie ; l’esplanade est alors plantée de marronniers et on installe une grille pour séparer la promenade des lycéens de l’espace public nouvellement créé, baptisé place du Parc (actuelle place Guillouard) et agrémentée en 1882 d’une statue provenant de la place de la République.
Deux nouveaux bâtiments sont également construits dans les jardins : le « couloir des classes » (actuellement occupé par le service de l’État-civil) construit de 1828 à 1830 et le « Petit lycée » (actuellement occupé par les services de la police municipale). Lors de la séance du conseil municipal du 21 août 1882, il est en effet décidé de construire « sur la place du Parc, à l’angle du jardin occupé par M. Cornu, un petit Lycée à l’usage des enfants » ; le bâtiment est inauguré en 1885.
À la suite d’actes de sabotage perpétués près d’Airan par la Résistance en avril 1942, les autorités d’occupation décident de faire arrêter des otages en représailles ; dans la nuit du 1er au 2 mai et dans les jours qui suivent, 120 personnes, communistes, syndicalistes ou juives, sont rassemblées par la police et la gendarmerie françaises dans le Petit Lycée, puis amenées à la gare de Caen d’où elles sont déportées vers des camps de concentration ou d’extermination.
Pendant la bataille de Caen, le lycée est transformé en centre d’accueil de la défense passive, le CA no 4 Lycée Malherbe. L’ensemble formé par l’ancienne abbaye, le palais de justice et le monastère de la Visitation, devenu le plus important des cinq centres d’accueil, abrite une foule de 3 500 personnes début juillet et plus de 8 000 à la mi-juillet à la veille de la libération de la rive gauche de la ville. L’ancienne abbaye sert également d’hôpital complémentaire à l’hôpital principal aménagé au Bon-Sauveur ; cet établissement compte 330 lits à la mi-juin et 500 à la mi-juillet quand l’hôpital est obligé de fermer à cause des bombardements allemands depuis la rive droite de l’Orne. Des croix rouges, fabriquées avec les moyens du bord, sont disposées sur les murs et les toits du lycée, ainsi que dans le parc, afin de signaler cet îlot sanitaire aux bombardiers ; le secteur est ainsi protégé des bombardements aériens, mais de très nombreux obus, envoyés par les Alliés, puis par les Allemands, font plus de 50 victimes (21 tués et une trentaine de blessés). Les réfugiés s’installent dans l’abbatiale et dans les anciens bâtiments conventuels, les dortoirs du premier étage étant réservés aux malades et ceux du second étage aux personnes âgées impotentes et grabataires ; les caves de l’abbaye servent d’abris en cas de bombardement. Les corps des victimes décédées sont entreposés dans le couloir des classes et un cimetière provisoire est creusé dans le parc. Le directeur de la Défense passive et des centres d’accueil, Joseph Poirier, dirige les opérations depuis l’abbaye aux Hommes, l’hôtel de ville de la place de la République ayant été détruit.
Le 9 juillet, les troupes anglo-canadiennes entrent dans Caen ; les responsables alliés se rendent à l’abbaye où le préfet Cacaud a transféré ses bureaux. Le 10 juillet, après que Michel Cacaud, investi par le gouvernement de Vichy, a passé officiellement le pouvoir au nouveau préfet Pierre Daure, les résistants caennais hissent le drapeau tricolore sur un lampadaire de la place Monseigneur-des-Hameaux et chantent la Marseillaise, marquant ainsi symboliquement la libération de la rive gauche de l’Orne.
Après la Seconde Guerre mondiale, la décision fut prise de construire un nouveau lycée. Les locaux libérés devaient être occupés par le musée des beaux-arts de Caen et par le musée de Normandie nouvellement créé. La construction du nouveau lycée n’étant pas jugée prioritaire, ce projet traîna en longueur. Finalement, les deux musées ont été aménagés dans l’enceinte du château de Caen et c’est l’administration municipale qui occupe désormais l’abbaye depuis l’ouverture du nouveau lycée Malherbe en 1961.
Afin d’accueillir décemment l’hôtel de ville, les locaux ont été restaurés. En 1964, les jardins à la Française de l’esplanade Jean-Marie Louvel ont été redessinés par Louis Bouket d’après des plans du XVIIIe siècle ; afin d’aménager les 11 920 m2 de l’esplanade, la statue de Louis XIV, qui trônait sur la place depuis 1882, a été déménagée sur la place Saint-Sauveur et l’aile en retour du Petit Lycée, désormais occupé par la police municipale, a été démolie. Le 16 janvier 1965, la première réunion du conseil municipal se déroule dans la salle capitulaire.
Architecture
Voir mon article sur l’Église Saint-Étienne de Caen.
Le style de l’abbaye est influencé par l’art lombard. Lanfranc est d’ailleurs originaire de Lombardie et sa ville, Pavie est sous le patronage de Saint-Étienne. Les tours de la façade possèdent une architecture proche de celles visibles à Ravenne et Milan.
En résumé, l’abbatiale Saint-Étienne est héritière des innovations accomplies dès 1040 à Notre-Dame de Jumièges, elle-même s’inscrivant dans la tradition carolingienne et ottonienne : alternance des piles, vastes tribunes voûtées, articulation en doubles travées, déambulatoire, massif à deux tours. D’autres éléments sont totalement nouveaux : façade harmonique, continuité parfaite entre le vaisseau de nef et la façade, coursière faisant le tour de l’édifice et voûtement sexpartite. L’influence de cette abbaye, dont la construction coïncide avec la conquête de l’Angleterre par les Normands, apparaît à Winchester, Ely, Peterborough ou encore à la cathédrale de Durham.
L’ancienne abbatiale fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques par la liste de 1840.
Le palais Ducal, également appelé palais de Guillaume ou Logis du Roi, a été construit au XIVe siècle, probablement pour accueillir les hôtes de marque de l’abbaye. Endommagé lors des guerres de religion, le bâtiment est transformé à la fin du XVIe siècle en écurie et en grenier. Après la Révolution française, il sert de magasin à vivres pour l’armée. En 1840, les plans pour établir l’École normale d’instituteurs dans le palais sont adoptés par le conseil des bâtiments civils. La société des antiquaires de Normandie envisage d’utiliser le bâtiment pour y installer ses collections, mais le musée des antiquaires de Normandie est finalement aménagé dans l’ancien collège du Mont en 1854.
En 1865, une chapelle est construite à partir d’un prétoire du XVe siècle. En 1887, l’École normale d’instituteurs est transférée dans les nouveaux locaux de la rue Caponière (actuellement rectorat de Caen). À cette date, il est converti en École normale des institutrices. Le bâtiment fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques depuis le 2 mai 1927. Depuis 1961, l’édifice est la propriété de la ville de Caen. Le rez-de-chaussée sert de salle de réception et le premier étage héberge les archives municipales, le reste du bâtiment étant inoccupé. Le 14 septembre 2013, l’artothèque de Caen est inaugurée dans les bâtiments restaurés.
Le bâtiment de trois niveaux est aujourd’hui long de 47 mètres sur 12. Il a été prolongé en 1864-1865 par l’architecte départemental Léon-Florentin Marcotte de deux travées par un bâtiment néo-gothique en saillie sur la façade et dont le rez-de-chaussée est occupé par une chapelle. Avant cette date, la façade orientale avait déjà été altérée par l’architecte municipale Émile Guy. Les ouvertures basses et irrégulières du rez-de-chaussée ont été modifiées. À l’étage noble, les huit baies en tiers-point, murées pour la plupart, ont été rouvertes et inscrites dans des ogives supportées par des colonnes. Au niveau supérieur, les ouvertures rectangulaires ont été transformées en oculus inscrites dans des arcs décoratifs incrustés. Trois contreforts ont été détruits et la corniche a été refaite à neuf. Enfin, le pignon sud et la tourelle d’escalier centrale ont été repris pour unifier l’ensemble. La façade occidentale, qui s’ouvre sur une cour au pied des anciennes murailles de l’abbaye, n’a pas été concernée par les travaux du XIXe siècle ; elle est percée au rez-de-chaussée par des arcades en plein-cintre et aux niveaux supérieurs par des fenêtres de forme quasiment carrée. Au rez-de-chaussée de l’ancien palais, une grande salle offre un très beau vestige de la construction gothique d’origine : une série de colonnes octogonales, alignées sur un axe central, soutient des voûtes en ogive.
En 2012-2013, le palais a fait l’objet d’un vaste programme de restauration : démolition d’un niveau de plancher dans les combles afin de créer une salle d’exposition avec vue sur la charpente, inversion d’un escalier afin de créer une nouvelle entrée, destruction du mur d’enceinte du XIXe siècle pour créer une esplanade devant le bâtiment, création d’une terrasse accessible au public,…
Avant la restauration du XIXe siècle.
L’ancien palais en 1910.
La façade principale en 2017.
L’ancienne chapelle construite en 1865 après la restauration de 2013.
Cour ouest.
L’ancienne chapelle avant la démolition de l’escalier en 2013.
L’ancienne chapelle après la démolition de l’escalier en 2013.
Les combles avant la démolition en 2013.
La grande salle d’exposition après démolition du plancher.
Salle gothique du rez-de-chaussée.
La salle des gardes est un bâtiment construit au début du XIVe siècle. Elle était utilisée comme salle de réception lors de la venue des hôtes de marques à l’abbaye. La salle à l’étage servait également de palais de justice quand l’abbé rendait des jugements concernant ses terres ou quand l’Échiquier de Normandie, itinérant jusqu’en 1499, passait par Caen ; le rez-de-chaussée était alors utilisé comme salle des pas perdus. Les États provinciaux de Normandie siégeaient aussi à l’occasion dans cette salle.
Ravagé lors des guerres de religion, l’édifice connait le même sort que le palais Ducal en étant transformé en écurie et en grenier. La salle prend son nom actuel au XVIIIe siècle, bien qu’elle n’ait jamais servi à abriter la moindre garnison. Désirant fermer la cour sud des nouveaux bâtiments conventuels en construction, les moines projettent de détruire le bâtiment ; ils commencent par démolir une tour abritant l’escalier menant à l’étage.
La Révolution française sauve l’édifice de la destruction, mais il est sérieusement détérioré quand l’abbaye est transformée en établissement scolaire. En 1804, des baies et la rosace sont murées, tandis que de nouvelles ouvertures carrées sont percées sur la façade ; on installe des cloisons et on multiplie les planchers afin d’installer des salles de classe. En 1828-1830, ces dernières sont transférées dans le couloir des classes que l’on vient de construire dans les jardins à l’est ; on abat alors toutes les cloisons et tous les planchers afin d’aménager un gymnase. En novembre 1870, le gymnase est provisoirement transformé en hôpital militaire.
La salle des Gardes fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 15 avril 1911. Entre 1968 et 1976, la salle des gardes est restaurée avec soin par Jean Merlet, chef des monuments historiques, grâce à une description de l’édifice faite par Arcisse de Caumont à laquelle était jointe une gravure réalisée en 1767 par Andrew Coltee Ducarel. La salle à l’étage sert de salle de délibération du conseil municipal depuis le 13 septembre 1973.
L’édifice de deux niveaux fait 36 mètres sur 11. Plus ancien que le reste des bâtiments conventuels, il est légèrement désaxé par rapport aux bâtiments du XVIIIe siècle.
Au sud, la façade est ouverte par trois hautes fenêtres ogivales couronnées d’un gable. Elle est encadrée par deux tourelles octogonales qui étaient à l’origine coiffées par des pyramides à huit pans. Au nord, la façade est percée d’une rosace fermée par vitrail, restaurée grâce à des gravures anciennes, dont le centre représente un château, emblème de Caen au XIVe siècle. Sur la façade orientale, on peut encore voir les vestiges de l’ancienne tour abritant l’escalier ; de forme carrée, elle était renforcée par des contreforts et couronnée par une haute toiture à quatre pans. Les façades sont percées de baies en tiers-point décorées de pilastres cannelées.
Au rez-de-chaussée, sont exposés les résultats de la fouille menée sur le site en 1974 et entre 1979 et 1981 ; au centre de la salle, le squelette de la première Caennaise connue, une femme ayant vécu vers -1000 avant Jésus-Christ, est disposé dans une sépulture recouverte d’un tombeau vitré.
À l’étage, la voûte en forme de coque de bateau renversée a dû être reconstruite en châtaignier, mais les deux poutres d’origines, en chêne, ont été conservées ; cette voûte était autrefois peinte d’armoiries qui n’ont malheureusement pas pu être restituées. Au sol en revanche, la céramiste Françoise Bizette, secondée par Catherine Le Couey, a pu reproduire le pavage à l’ancienne constitué de pavés de briques vernissées dont une partie était conservée par la Société des antiquaires de Normandie ; ces carreaux représentent soit les armoiries de villes et de provinces (Caen, Normandie, Angleterre, Flandre) ou de personnages (abbés, des bienfaiteurs et grands seigneurs y ayant séjourné), soit des symboles religieux ou des motifs géométriques, soit enfin la conquête de l’Angleterre de 1066. Les deux cheminées détruites au XIXe siècle ont également pu être restaurées.
La salle des gardes dans son état d’origine.
L’angle nord-est de la salle des Gardes transformée en gymnase.
L’angle nord-est de la salle aujourd’hui.
Façade nord.
Angle sud-ouest.
Salle du conseil, de nuit.
Il en reste des vestiges à deux endroits : une muraille et une tour, rue du Carel, et la tour Guillaume au fond de la cour du palais Ducal, rue Lebailly. La tour située dans la cour de l’ancien palais ducal fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques depuis le . La tour de la rue du Carel fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques depuis le .
Vestiges des remparts construits au XIV siècle.
Tour d’angle, rue du Carel.
Tour de la rue Lebailly.
Situé à l’extrémité sud de l’enceinte de l’abbaye, ce petit bâtiments du XVIIe siècle et une partie de l’ancienne charetterie abritent, depuis 1974, les collections du Musée d’initiation à la nature.
L’ensemble formé par le bâtiment situé à l’entrée, le cloître avec les bâtiments qui l’entourent et les deux ailes placées à la suite fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 15 avril 1911.
Le cloître
Le cloître a été reconstruit à la place de l’ancien par Guillaume de la Tremblaye. La construction a duré plusieurs décennies :
- galerie est (1725-1728)
- galerie nord (1734-1736)
- galerie ouest (1741-)
Les galeries sont de type toscan : les arcades en plein cintre sont encadrées par de fausses colonnes rectangulaires légèrement en saillies surmontées de chapiteaux doriques comme à l’abbaye d’Ardenne reconstruite à la même époque. À l’intérieur, les arcades sont rythmées par des arc-doubleaux reposant sur le même type de fausse colonne. Le plafond des arcades est constitué de voûtes d’arêtes doubles déprimées avec lunettes longitudinales et transversales et de plafonds centraux octogone bordés de nervure. Le même dispositif a été employé à l’abbaye aux Dames, mais le cloître n’y a jamais été fermé par manque de moyen.
Lors de la restauration de l’ancienne abbaye dans les années 1960, le jardin « à la française » inspiré de ceux de Le Nôtre ont été reconstitués. Au XIXe siècle, il avait été transformé en terrain d’exercice et en cour de promenade pour les lycéens.
L’aile est
Les travaux de reconstruction de l’abbaye ont commencé par l’aile orientale. La première pierre a été posée le 3 octobre 1704 par l’évêque de Bayeux, Monseigneur de Nesmond, et par l’intendant de la généralité, Nicolas Joseph Foucault. Le gros œuvre et les sculptures de la façade sont achevés en 1713 et la toiture est terminée en 1715. Les travaux aboutissent en 1726.
Ce bâtiment, long de 105 mètres, a été construit dans l’alignement du croisillon sud de l’église abbatiale. Il est composé de trois niveaux de 20 mètres de haut, du sol jusqu’à l’entablement, et d’un toit mansardé.
Du nord au sud, on trouve :
- l’escalier des Matines ;
- l’ancienne sacristie ;
- l’ancienne salle du chapitre, ancienne chapelle du lycée, actuellement salle des mariages ;
- l’ancien scriptorium, ancienne salle des fêtes, d’examens et de remise des prix du lycée, aujourd’hui lieu d’expositions temporaires.
Vue d’ensemble depuis l’esplanade.
Fronton du pavillon central.
Ancienne salle du Chapitre.
Chaire dans l’ancienne salle du Chapitre.
L’aile du réfectoire
Dans les caves, on peut trouver un pressoir de la fin du XVIIe siècle les moines l’utilisaient pour la fabrication du cidre destiné à leur propre consommation. Au XIXe siècle, il était toujours en activité pour le compte du lycée.
On y trouve au rez-de-chaussée d’est en ouest :
- l’escalier d’honneur ;
- le réfectoire, qui conserve cet usage quand l’abbaye est utilisée comme lycée, aujourd’hui salle de réception de l’hôtel de ville.
Le pavillon d’entrée
Ce bâtiment a été construit entre 1730 et 1734 pour accueillir la porterie, le parloir et le bureaux des officiers.
En 1727, un mur de soutènement est construit au sud. Le canal du petit Odon est voûté et les terrains à l’est de l’abbaye sont remblayés de 25 pieds. Le pied du chevet de l’église Saint-Étienne se trouve de ce fait légèrement enterré. Sur cette grande esplanade, on aménage des jardins à la française, formés de parterres, de bosquets et de labyrinthes. Dans les années 1750, ce jardin est agrandi après que les moines ont reçu la propriété des terrains autrefois occupés par les fossés, les contrescarpes et les fortifications de la ville de Caen.
Quand l’abbaye est transformée en lycée, le jardin connaît de profondes transformations. Il est amputé de sa partie orientale en 1810 afin d’aménager la place du parc (actuelle place Louis Guillouard). Au nord et au sud-est, sont construits de nouveaux bâtiments dans les années 1820 et 1880. Le reste du terrain est planté de marronniers afin de former un parc à l’usage des élèves du lycée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des croix rouges sont disposées dans le parc afin de signaler aux bombardiers l’îlot sanitaire aménagé dans le lycée. Un cimetière provisoire est également creusé dans le parc.
Dans les années 1960, l’esplanade, baptisée Jean-Marie Louvel en l’honneur d’un ancien maire de Caen, est restaurée d’après les plans originaux du XVIIIe siècle et redevient un jardin à la française. Celui-ci prend sa forme actuelle dans les années 1990 après la construction du parking sous la place Louis Guillouard.
Esplanade avant 1882.
Vue vers l’est.
Vue vers l’ouest.