Une visite du château en 3D ?

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En 911 suite au Traité de Saint Clair sur Epte signé par Charles III dit le Simple (roi de la Francie occidentale) et Rollon (chef Viking) une partie de la Normandie se dote d’innombrables mottes féodales construites en bois.

Vers 927 Guillaume «Longue Epée», fils de Rollon, succède à son pére mais ce n’est que vers 940 qu’il fait élever à Ivry, à l’extrémité sud est du Duché un château primitif en haut des coteaux dominant la rivière Eure.

Ce château primitif, sorte de résidence constituée d’une tour maitresse carrée en pierre, est à cette période une révolution architecturale en Normandie qui servira ensuite de modèle à nombre de seigneurs de l’époque.

Vers 980 Richard 1er, fils de Guillaume, donne le comté d’Ivry à son demi-frère Raoul de Bayeux qui laisse à son épouse Alberède le soin de choisir un architecte (Lanfred) pour construire une Tour résidence en pierre.

Nul n’est certain de la date précise de la première construction, mais il est certain qu’elle fut commencée au Xe siècle.

Dudon de Saint Quentin (premier auteur de l’histoire des Normands) dans De moribus et actis primorum Normanniae ducum («Des mœurs et des Actions des premiers ducs de Normandie») n’avance aucune date précise. Par contre il cite l’architecte Lamfredum architectum (Lanfred ou Lanfroy) réputé pour avoir construit également la Tour de Pithiviers dans le Loiret. La petite histoire rapporte qu’Alberède mit à mort l’architecte Lanfred pour qu’il ne construise pas un autre édifice de cette qualité dans la région. Mais ça…

Le château au début du 11e siècle, reconstitution 3D fruit du travail d’Eric Follain, archéologue graphiste. Elles sont tirées de Archéologia n°503, octobre 2012 et Arkéo junior n°197, juin 2012

En fait, il semble à l’appui des fouilles réalisées depuis 1968 qu’il y eut d’abord une tour carrée (la Tour résidence décrite ci-dessus) que Lanfred transforma, vers la fin du Xe siècle début XIe, en une première forteresse. A la Tour résidence (grande salle palatiale) Lanfred greffe une  chapelle à laquelle est accolée une tour haute (sorte de donjon) sous laquelle se trouve un cellier. On ignore la hauteur de l’ensemble mais elle était sans nul doute de plusieurs niveaux.  Le site se compose alors d’une cour haute qui cerne directement le château et d’une basse-cour sur trois niveaux qui accueillait un habitat dépendant directement du château (Il faut attendre 1080 pour qu’une bourgade se développe dans la vallée au pied de l’éperon).

En 1015 Hugues le fils ainé de Raoul qui porte honorifiquement le titre d’évêque de Bayeux, hérite du site d’Ivry et obtint, par le mariage de sa sœur Emma avec Obsern de Crépon, les terres de Breteuil et de Pacy-sur-Eure. Mais en 1027, à la mort de Richard III, il rejoint la rébellion menée par Guillaume de Bellême et se heurte au nouveau duc de Normandie Robert 1er dit le Magnifique. Tenu à l’écart du conseil, Hugues consolide les défenses du château le faisant transformer en une imposante tour rectangulaire pourvue d’au moins deux niveaux puis part en France renforcer sa garnison.

La place étant libre le duc Robert 1er en profite pour assiéger le château d’Ivry et en prendre possession.

Resté longtemps en exil, Hugues rentre en grâce en novembre 1032 mais décède au concile de Reims en 1043 sans avoir récupéré le château d’Ivry.

En 1035 après l’investiture de Guillaume le Bâtard (futur Guillaume le Conquérant), la révolte de puissants barons Normands menée par le Comte de Brionne conduit ces derniers à mettre le siège à Ivry bloquant toute communication avec la ville basse.  Il faudra attendre douze années, après la bataille de Val-es-Dunes, pour que Guillaume le Bâtard, redevenu maitre d’Ivry confie le château à un de ses fidèles Roger Ivry.

Roger d’Ivry, échanson de Guillaume le Bâtard, participe activement à la conquête d’Angleterre qui, après la bataille d’Hasting, fera de Guillaume le Bâtard le nouveau roi d’Angleterre duc de Normandie sous le nom de Guillaume le Conquérant et verra la construction de la Tour Blanche de Londres avec pour référence la Tour d’Ivry construite par Lanfred.

Entre 1996 et 1997, des études menées suite aux recherches archéologiques et à la comparaison des plans de plusieurs sites contemporains par Sir Edward Impey, aujourd’hui directeur de la Tour de Londres et du Royal Armoury de Londres, ont attesté que la Tour d’Ivry a servi de modèle à la construction de la Tour Blanche de Londres entre 1066 et 1070.  Ce serait Roger d’Ivry, petit-fils de Raoul d’Ivry, qui aurait conseillé au Duc de Normandie d’édifier une tour similaire à celle d’Ivry pour marquer sa puissance et  assoir son autorité sur le trône d’Angleterre.

De retour à Ivry Roger d’Ivry fait construire dans la vallée d’Eure auprès de la ville basse d’Ivry naissante, la première abbaye bénédictine d’homme : l’Abbaye Notre Dame d’Ivry.

Suite à la mort de Guillaume le Conquérant en 1089 et au départ en exil de Roger d’Ivry en Angleterre où il deviendra shérif du Gloucestershire, le comte Robert de Meulan, fils ainé de Roger de Beaumont, revendique la place mais en vain. En 1091 Guillaume le Roux (fils de Guillaume le conquérant et frère cadet de Robert de Courteheuse avec qui il est en opposition) met le siège en contre bas du château d’Ivry afin d’interdire l’accès des assiégés à la ville.

le château d’Ivry est cédé par Robert de Courteheuse fils du duc de Normandie, à Guillaume de Crépon dit également Guillaume de Breteuil, en échange de son château de Breteuil. Cette donation, ne faisant pas l’affaire d’Ascelin Goël, seigneur de Bréval également prétendant à la succession du château d’Ivry suite aux rattachements territoriaux intervenus lors du mariage d’Emma, génère une longue lutte de successions assortie d’un conflit, sanglant et sans pitié, mené par Ascelin Goël.

Ce long épisode qui :

  • Verra la reprise du château par Ascelin Goël et l’emprisonnement de Guillaume de Breteuil à Bréval jusqu’à ce qu’il soit libéré moyennant une rançon, la cession d’Ivry et la donation en  mariage de sa fille  Isabel à Ascelin Goël.
  • Puis, une année plus tard, la tentative de reprise d’Ivry par Guillaume de Breteuil qui échoua après que l’abbaye d’Ivry, où s’étaient réfugiés les troupes de Guillaume, fut incendiée par Ascelin Goël.
  • Et,se terminera en 1092 par un appel à l’aide de Guillaume de Breteuil au Roi de France et au Duc de Normandie qui aidés d’une levée en masse de la population environnante, assiégèrent Ascelin à Bréval et contraignirent Ascelin Goël à capituler et à restituer le château d’Ivry à Guillaume de Breteuil.

est le théatre de nombreux faits.

En 1092 Guillaume de Breteuil, fils d’Osbern de Crépon et Gunnor (seconde épouse de Richard 1er) qui avait hérité des terres de son père mais également de son oncle Hugues de Bayeux, reprend Ivry mais il est contraint de céder le site par la force à Ancelin de Goël (son vassal, fils de Robert II d’Ivry et Hildeburge de Gallardon). La paix ne dura pas. Guillaume de Breteuil reprit les hostilités. Voulant assurer sa mission, il s’installa dans l’Abbaye d’Ivry et entreprit de s’y fortifier. A la pentecôte, Ascelin accompagné de son armée descendit de son château d’Ivry et mit le feu à l’Abbaye. Tous les bâtiments, l’église et le mobilier furent brulés mais le château fut épargné. Guillaume  de Breteuil échappa de peu à Ascelin de Goël mais d’autres  n’eurent pas cette chance. Guillaume de Breteuil ne pouvant plus supporter les représailles d’Ascelin de Goël prit la décision de rencontrer à la fois le Roi de France Philippe 1er et le Duc de Normandie (Richard II) pour obtenir, moyennant finance, leur concours à sa cause pour règlement du conflit.

Au terme de la médiation Ascelin de Goël rendit le château à Guillaume de Breteuil.

A la mort de Guillaume de Breteuil en 1103, son épouse revendique la possession d’Ivry et d’autres biens au nom de ses enfants Eustache et Isabelle. Eustache, fils illégitime, s’oppose aux deux neveux légitimes Renaud de Grancey et Guillaume de Gaël. Les conflits reprennent et les seigneurs locaux s’y impliquent, dont Ascelin Goël qui n’avait pas perdu tout espoir.

Au décès de Guillaume de Gaël, Renaud restant seul fait alliance avec Ascelin Goël pour contrer Eustache. Ce dernier appelle à la rescousse Henri 1er Beauclerc qui lui fit part de sa garantie et lui offrit sa fille Juliane de Frontevrault en mariage mais Ascelin de Goël s’estimant lésé d’Ivry continua ses exactions maintenant l’ensemble de l’Evrecin en état de guerre. Aussi, dès 1113 Henri 1er Beauclerc (Roi d’Angleterre), en quête de reprise des territoires Normands envoya le Comte Robert de Meulan (1er comte Leicester et compagnon de Guillaume le Conquérant) négocier une paix entre les belligérants.

Une paix générale est négociée au cours de laquelle Ascelin Goël reçoit la seigneurie de Saint-André liée à celle d’Ivry-Bréval et Breteuil, ce qui lui permet de contrôler toute la région tandis qu’Eustache abandonne ses prétentions sur l’héritage au profit d’Ascelin pour garantir la paix.

Au moment du  décès d’Ascelin Goël en 1118, Eustache de Breteuil réclame à nouveau Ivry dont le  château est tenu par désignation du roi Henri 1er Beauclerc par Raoul de Harenc seigneur de Gauville capitaine des troupes, un membre d’une famille liée aux Ivry-Bréval. Henri 1er Beauclerc repoussant la décision fait remettre en otage le fils de Raoul Harenc à Eustache gardant en otage les filles d’Eustache qui étaient par ailleurs ses propres petites filles puisqu’Eustache était marié à une fille illégitime du roi. Eustache fit alors énucléer le fils de Raoul de Harenc et envoyer les yeux à son père, provoquant la réaction du roi lui remet alors ses petites-filles qui subirent le même sort.

Ces actes atroces entrainèrent une guerre dans laquelle Eustache de Breteuil perdra toutes ses possessions, à l’exception de Pacy et durant laquelle Robert III Goël, fils d’Ascelin Goël, se verra confier le château d’Ivry après avoir joué un rôle important en repoussant Amaury III de Montfort vassal du roi de France Louis le Gros et instigateur des décisions qui ont engendrées ce conflit sur ces terres alors qu’il chercher à s’imposer à Evreux. En attribuant le château d’Ivry à Robert III Goël, Henri 1er Beauclerc fait d’Ivry non plus une question d’héritage mais un enjeu stratégique au sein de la lutte qui oppose le roi d’Angleterre au roi de France pour la possession de la Normandie. C’est pourquoi en 1119, quelques mois après la défaite de l’armée royale française au Bois de Brémule dont l’enjeu était la possession du Vexin Normand, Louis le Gros complétement défait par une offensive menée par Amaury III de Montfort rentre aux Andelys  puis se dirige vers Ivry où il incendie le château avant de repartir en direction de Breteuil.

Suger dans son ouvrage consacré à la vie de Louis le Gros rapporte le fait mais n’évoque pas l’ampleur de cet incendie. Il nous est difficile de dire à quel degré ce sinistre a impacté l’édifice et minimisé la puissance stratégique de la forteresse cependant il semble que ce soit à partir de cette période que le château initial subisse de nouvelles transformations afin de le rendre plus défensif. La tour d’angle située au Nord Est et la chapelle sont arasés et remplacés par un donjon assorti d’une gaine de défense. L’enceinte initiale est également renforcée et une autre tour en fer à cheval est édifiée sur la face orientale.

Plan des fortifications d’Ivry-la-Bataille d’après les travaux de Jean Mesqui

Conformément aux dispositions prises par Ancelin Goël avant son décès Ivry revient de droit à son fils ainé Robert III Goël mais ce dernier meurt en 1123 peut avant la révolte contre Henri 1er. C’est son frère Guillaume Louvel qui hérite d’Ivry jusqu’à sa mort que l’on situe entre 1166 et 1170.

Durant tout ce temps la forteresse d’Ivry continue d’occuper une place non négligeable dans l’histoire de la Normandie car pendant la guerre froide qui s’instaure pour la succession du trône d’Angleterre et pour la possession de la Normandie entre Henri Ier Beauclerc et Louis le Gros puis entre Henri II Plantagenet et Philippe Auguste, elle reste  en première ligne ballotée entre les deux camps.

C’est d’abord Henri 1er Beauclerc qui rendu furieux par le naufrage de la Nef Banche est privé d’héritier mâle et voit que l’alliance des barons normands s’est renouée autour de Guillaume de Cliton sous l’œil bienveillant de Louis le Gros. Un contexte auquel il faut ajouter que Guillaume Louvel, en possession d’Ivry, épouse la révolte menée par Galéran de Meulan et que Mathilde, la sœur de ce dernier, par son mariage scelle un pacte entre le chef des conjurés et le sire d’Ivry. Guillaume Louvel et ses amis sont battus l’année suivante à la bataille de Bourtheroulde mais il ne s’avoue pas vaincu et tente encore plusieurs coups de main jusqu’en 1124 où il ne doit sa chance qu’au fait de ne pas être pris. Réussissant à se faire pardonner, il retourne dans le giron anglais ce qui lui vaut de conserver le château d’Ivry.

Une période d’anarchie s’installe, en 1135 après la mort d’Henri 1er Beauclerc, durant laquelle meurtres et pillages secouent la Normandie. Guillaume Louvel apporte son soutien à Mathilde dit «l’Emperesse», fille d’Henri 1er Beauclerc seul héritière du trône d’Angleterre, en conduisant une expédition punitive avec le Comte de Meulan contre Roger de Conche.

Dans le même temps la ligue, favorable à Geoffroy V d’Anjou dit «Plantagenet» soutenu par Louis VII le Jeune, nouveau roi de France, est victorieuse. Geoffroy V se rend maitre de la Normandie et du trône anglais mais il remet en 1151 la couronne ducale à son fils Henri II dit Henri Plantagenet qui s’empresse d’épouser Eléonore d’Aquitaine que Louis le Jeune venait de répudier au Concile de Beaugencie. Une situation qui fit entrer en  conflit Louis VII et généra une guerre froide de 11 années entre les deux souverains durant laquelle Ivry tient également un place non négligeable.

Dès 1155 Guillaume Louvel avait procédé au partage entre ses enfants des châtellenies dont il était maitre. L’ainé Galéran 1er d’Ivry garde Ivry tandis que son cadet reçoit Anet, Bréval et Illiers-l’Evêque. Poursuivant les errements de son père il participe à la révolte dite du jeune roi qui fit dresser une grande partie de la féodalité normande contre le roi Henri II Plantagenet. Il finit par soumettre en 1175 avec la garantie de garder possession de la totalité de ses biens jusqu’à sa mort. En 1177 au moment où fut signé le premier traité d’Ivry dit traité d’Ivry-Nonancourt, les deux belligérants se jurent amitié et s’engage dans un pacte de non-agression ainsi qu’à mener une croisade commune.

Le roi Henri II Plantagenet ayant aliéné à son compte les deux fils de Galéran 1er d’Ivry, Robert IV d’Ivry et Goël d’Ivry, le château d’Ivry, qui avait une importance stratégique considérable, fut directement rattaché au royaume d’Angleterre où il fut alors un enjeu et au centre de nombreux faits.

En 1180, après qu’intervint le traité de Gisors qui conforte celui d’Ivry en 1177 et au moment où le roi Philippe Auguste succède à Louis le Jeune sur le trône de France, une rencontre entre le nouveau roi de France et le roi d’Angleterre intervint à Ivry mais la paix ne put s’installer. En 1188, Henri II Plantagenêt porte les armes dans le Mantois. Tous les villages entre Dreux et Gisors sont victimes de ce conflit provoquant la réaction de Philippe Auguste. Henri II Plantagenêt repoussé à Mantes se réfugie dans la forteresse d’Ivry en 1189. Le château devient alors le lieu d’une nouvelle entrevue qui se soldera par un nouveau traité de paix où les deux rois décident de partir en commun en croisade mais Henri II Plantagenêt meurt en 1189 et c’est Richard Cœur de Lion qui lui succède contraint de respecter les engagements de son père. Le caractère fort des deux rois fait que l’alliance est malheureuse et qu’ils ne peuvent  cheminer ensemble en croisade. Tous les deux rentrent. A peine de retour, Richard Cœur de Lion oblige Philippe Auguste à reculer alors qu’’il s’était avancé jusqu’à Rouen et qu’il était entré en possession de Pacy et Ivry. Une énième négociation s’instaure mais pour qu’elle ait des chances d’aboutir elle est incrémentée d’un mariage. Richard Cœur de Lion s’engage à unir sa nièce, Aliénor de Bretagne, à Louis VIII, fils de Philippe Auguste. Dans la corbeille comprenant Gisors, Neaufles, Bouderont, le Vexin Normand, Vernon, Pacy et 20 000 marcs d’argent, figure le château d’Ivry. Mais la guerre recommença durant cinq ans et il faudra cependant attendre 1196 pour que  Pacy, Vernon et Nonancourt rejoignent Ivry et deviennent française par le traité de Gaillon confirmé  par une nouvelle rencontre et le traité de Goulet signé en 1200.

Depuis 1196 la capitainerie du château d’Ivry, occupée par les troupes anglaises, est confiée à Robert IV d’Ivry, fils de Galéran 1er d’Ivry, qui entreprend, entre 1196 et 1200, des travaux de restauration de la tour maitresse, de renforcement de la gaine de défense qui ceinture les façades Nord et Est sur tous les étages, la construction à l’angle Nord-Est d’une tour flanquante.et sur la façade Nord la création d’un nouvelle accès au château avec l’édification du châtelet précédé d’un pont et d’un pont-levis qui enjambent tous deux le dernier fossé.

Robert IV d’Ivry étant apparu suspect au yeux du roi de france en raison de ces travaux il fallu qu’il fasse preuve de nombreuses garanties pour que Philippe Auguste accepte en 1200 le serment de fidélité de son nouveau vassal et que Robert IV d’Ivry conserve le commandement d’Ivry. Robert IV d’Ivry gardera le château jusqu’à sa mort en 1234.

En 1210, fortement armée la forteresse dénombre dix balistes et a comme voisin direct le roi de France Philippe Auguste qui possède à titre personnel Pacy, Bréval ainsi que les revenus de toutes châtellenies environnantes.

En 1211, Galeran II d’Ivry, fils de Robert IV d’Ivry, s’allie au roi de France mais il meurt avant son père en 1232 sans que l’on puisse lui attribuer un rôle important par rapport au château d’Ivry. Par contre à la même date de 1211, sous couvert du roi, Bréval passe entre les mains d’Ivry reformant un territoire immense semblable à celui qui existait à l’époque d’Ascelin Goël. Outre Bréval l’étendue placée sous possession de Robert IV d’Ivry sire d’Ivry figure Garennes, Saint André, La Neuville, Serez et bien d’autres lieux dont nombres de châteaux forts situés en France dépendant directement de Bréval. Cette configuration subsitera jusqu’à la succession de Diane de Poitiers

Vers 1253,le château d’Ivry revient à l’un des fils de Galéran II : Robert V d’Ivry dit « Robin » qui décédera vers 1283 sans que l’on sache grand chose sur ses agissements. Depuis 1271 la forteresse est placée sous la garde du roi et c’est un de ses petits-fils de Galéran II nommé également Robert qui lui succède jusqu’en 1293 sous le patronime de Robert VII d’Ivry dit « Robinet »  sans qu’il en soit pour autant qualifié seigneur d’Ivry.

En fait, à cet instant et durant près d’un siècle la succession aux responsabilités d’Ivry est jalonnée de plusieurs Galéran, Robert, Jean et Guillaume et elle reste pour les historiens une part d’ombre difficile à éclaircir. La seule chose que l’on puisse affirmer c’est que pendant ce laps de temps Ivry vit une période de calme relatif durant laquelle la forteresse ne jouera qu’un rôle de second plan. Les seuls évènements intéressants que l’on puisse retenir étant la venue à Ivry, en 1317, du roi de France Philippe V alors qui se rendait au Vaudreuil signer une lettre par laquelle il permettra aux ecclésiastiques de la ville d’acquérir et posséder des biens immeubles et la signature d’une transaction par Robert VII d’Ivry pour le patronage et l’administration de la Maladrerie de la Chaussée d’Ivry en 1318.

Durant la première moitié de la guerre de cent ans qui débute en 1353 et ne fut jamais une guerre de batailles rangées opposant la dynastie des Plantagenets à celle des Valois et à travers elle le royaume d’Angleterre et celui de France, le château d’Ivry devint le lieu de réunion d’ambassadeurs chargés de négocier la paix entre les factions d’Orléans et de Bourgogne (du 31 Août au 11 septembre 1413). On y note la présence des seigneurs dits de Sicile, de Berry, de Bourgogne, d’Orléans, d’Alençon.

Concernant la possession d’Ivry on retiendra seulement :

  • qu’en 1365, après la reprise de Rolleboise aux anglais, Guillaume d’Ivry, fils de Charles d’Ivry compagnon de Du Guesclin durant la reprise de Meulan et Mantes, devient capitaine du château d’Ivry et Bréval et reçoit à ce titre une somme de 600 livres tournois.
  • qu’en 1375, suite à la prise du château par les troupes de Charles le Mauvais des travaux de renforcement de la forteresse sont entrepris sur le château.
  • et que bien que le château reste sous le contrôle de Charles le Mauvais, Charles d’Ivry, seigneur de Breuilpont frère de Guillaume d’Ivry est alors nommé capitaine d’Ivry durant la minorité de ses neveux Charles et Jean. Ce n’est qu’au décès de Charles le Mauvais en 1378 qu’il en deviendra maître pour deux années puisqu’il meurt à son tour en 1380.

Ivry revient alors à Charles II d’Ivry, baron, chevalier, conseiller et chambellan du roi Charles VI qui a à son service 2 chevaliers et 6 écuyers qui lui ont prêté hommage et à ce titre ont reçu en échange un fief. En 1382 il ne réside pas au château mais dans son manoir situé à proximité, au lieu-dit La Malmaison, où il y reçoit son ami le roi de France. Il s’illustre de nombreuses fois en participant à de nombreux tournois devant le roi et à diverses expéditions : en 1385 il est en Ecosse dans le but d’attaquer l’Angleterre, en 1388, en compagnie de 25 chevaliers il fait partie de à coalisions  franco-bourguignonne  contre le duc de Gueldre et en 1415 il participe au combat autour du siège d’Harfleur tenu alors par les Anglais. Entre temps, il compose une réponse aux poèmes « Les Cent Ballades contenant des conseils à un chevalier pour aimer loyalement » sur la chevalerie et l’amour.  Un engagement et une attitude qui lui vaut reconnaissance et d’être nommé « Souverain Maître et Réformateur des eaux et forêts du Roi », ce qui est une fonction très importante puisqu’ elle lui confère d’administrer les eaux et forêts royales qui assure une source de revenus pour le Trésor du Roi et lui octroie un droit de chasse dans la forêt de Dreux.  Présent à la signature de la paix d’Arras en 1314 Charles II d’Ivry meurt à la bataille d’Azincourt en 1415. Etant sans enfant c’est son frère Jean d’Ivry qui hérite de la seigneurie d’Ivry, de Saint André et de Breuilpont.

Il semble que ce soit au début de ce XVe siècle  que les fortifications du château d’Ivry furent renforcées et que d’importants travaux furent réalisés notamment au niveau de la Tout Nord pour qu’elle puisse recevoir les nouveaux armements (bombardes, couleuvrines, etc.). Mais ces armements  mais l’histoire nous le dira …n’arrivèrent jamais.

Dès 1416, les hostilités de la guerre de Cent Ans entre français et anglais reprennent. Le site d’Ivry étant un enjeu majeur, Anglais et Français veulent se rendre maitre de ce verrou important.

Ivry est assiégé plusieurs fois en quelques années :

En 1418 c’est le duc de Gloucester (Humphrey de Lancastre frère de Henri V d’Angleterre) qui s’empare de la forteresse tenue alors par le capitaine Pierre Dorgery. Le siège dure 40 jours. Il est mené par le connétable John Talbot soutenu par une artillerie très redoutable installée sur une plateforme en contrebas du château. Deux années plus tard le commandemant est confié par Henri V d’Angleterre à Arthur III de Bretagne qui cède à son tour les lieux à Jehan Harpelay écuyer et capitaine.

Les affrontements ayant laissé des marques indélébiles dans les vieilles murailles la forteresse fut réparé, reconstruit, agrandit et à nouveau adapté à l’évolution des engins de siège de plus en plus performants.

En aout 1423, quatre cents soldats français sous les ordres du capitaine Girault de la Pallière reprennent Ivry  par un effet de surprise du à une défaillance dans le système de guet anglais.  Mais cela ne dure pas. Alors qu’en 1424 Jean d’Ivry décède. C’est sa sœur Catherine de Marcilly, fille de Guillemette d’Ivry qui avait épousé en 1387 Foulques de Marcilly, qui hérite du château. Puis le 8 juillet 1424, le Duc de Bedford assiège à nouveau Ivry. La garnison en place étant en nombre insuffisant face aux 10 000 anglais siégeant au pied du château fit appel à des renforts : une armée composée de 20 000 hommes (italiens et écossais) commandée par le général Ecossais Jean Stuart comte de Buckam venu en aide à Charles VII. A l’approche d’Ivry les éclaireurs ayant évalué et démontré la trop forte position anglaise convainquent les Français de se détourner et de se diriger sur Verneuil sur Avres où la bataille aura finalement lieu. Face à cette situation le capitaine Géraud de la Pallière (selon un engagement pris lors d’une réunion des états de Normandie) dut ouvrir les portes aux anglais qui s’emparèrent du château puis allèrent à Verneuil où la bataille se déporta. Durant les combats Jean Stuard et bien d’autres seigneurs défendant la cause française furent tués.

Après la victoire anglaise, Ivry qui était redevenu possession anglaise reste durant trois années entre les mains d’Arthur III de Bretagne mais en 1427 suite au ralliement de ce dernier à la cause française Henri VI roi d’Angleterre lui retire la comté, terre, seigneurie et baronnie d’Ivry pour les confier à John Holland second comte Huntingdon, 1er duc d’Exeter alors commandant militaire.

Les dégats causés par les anglais lors des derniers affrontements à Ivry sont tels que dès sont arrivée John Holland  entreprend le démantellement du chateau et rase l’essentiel des fortifications. Aussi dès cette date Ivry ne jouera plus qu’un rôle secondaire sur le plan militaire. Durant les deux dernières décennies de la guerre de Cent Ans les garnisons française repliés sur Louviers et Conches instaurèrent une instabilité permanante au point qu’à partir de 1429 de nombreuses aides furent votées pour la destruction des forteresses susceptibles d’être détenues par les Français.

Les Anglais pour qui le comté d’Ivry n’était plus qu’un fief du royaume d’Angleterre y resteront maitre jusqu’en 1449 date à laquelle Jean Dunois compagnon de Jeanne d’Arc en pleine reconquête de la Normandie met le siège à la ville d’Ivry. Dans les textes il n’est pas fait mention de bataille mais simplement d’un encerclement de la ville, encore fortifiée, blottie au pied du château. Devenu maitre des lieux il fait démolir ce qui reste des fortifications détruisant le couronnement des tours et faisant fermer toutes les portes et les fenêtres subsistantes.

Sept ans plus tard un aveu rendu le 25 juin 1456 par le Chevalier Pierre Petit, second époux de Catherine de Marcilly, fait état du château abattu, démoli et mis en totale destruction.

Ce dernier épisode marque la fin du château d’Ivry comme enjeu militaire. La Normandie est rattachée au royaume de France et ce qui subsiste de la forteresse  restera propriété de la baronnie d’Ivry jusqu’à ce que la révolution vienne mettre fin à cette fantastique histoire. Au fil des siècles suivants les ruines de ce qui fut un atout majeur finirent par être totalement oublié et englouti sous la végétation jusqu’à ce qu’en 1968 quelques bénévoles entreprennent des fouilles afin de le faire revivre la forteresse en remettant à la lumière du jour les vestiges du château.

Les murailles du bourg d'Ivry

C’est « … par le terrier de 1300 publié par Mauduit que l’on peut avoir la certitude que l’essentiel de l’agglomération se situait alors dans la vallée, et qu’elle était enclose. Si la muraille en fut détruite pendant la guerre de Cent Ans, les murs, furent apparemment relevés par la suite, puisqu’ils sont mentionnés à plusieurs reprises dans le compte de 1477-1478 ; la clôture devait encore exister en 1590, puisqu’elle permit aux habitants d’Ivry de résister quelques heures à l’armée d’Henri IV, et que ceux-ci en remirent symboliquement les clefs au souverain. « 

Ouvrages de référence

Informations utiles

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http://www.ville-ivry-la-bataille.fr

27540, Ivry-la-Bataille