La Basilique est de style néo-roman, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une création architecturale du XIXe siècle qui est une libre interprétation de l’architecture médiévale par Théodore Ballu (1817-1885).
Construit sur un plan en croix latine, l’édifice se compose d’un vaste clocher-porche dominant la place en légère déclivité vers le sud, d’une nef principale divisée en six travées de plan barlong avec deux chapelles latérales contiguës à l’entrée principale, de deux bas-côtés, d’un transept et d’un choeur à déambulatoire avec trois chapelles rayonnantes de plan octogonal.
Orientée vers le nord, la Basilique mesure 76 m de long, 20 m de large en façade et 33,30 m à la croisée du transept ; la nef fait 17 m de hauteur pour 9 m de largeur, les bas-côtés faisant 6,80 m de hauteur pour 4,90 m de largeur ; quant aux grandes rosaces des pignons du transept, elles mesurent 5 m de diamètre.
L’édifice présente à l’entrée deux chapelles latérales qui se font face, celle de gauche étant originellement dédiée aux trépassés, celle de droite aux fonts baptismaux. Hormis les soubassements taillés dans la roche de Lorraine et les colonnes sculptées en roche de Conflans, tous les autres matériaux, tels banc royal et vergelet, furent extraits des rives de l’Oise, aux alentours de Creil.
Les trois niveaux d'élévation
À l’intérieur, l’élévation de la Basilique se compose de trois niveaux, comme dans toute l’architecture romane française, surtout dans la moitié nord du pays ; séparés l’un de l’autre par une assise de denticules, ces niveaux sont, de bas en haut :
Les grandes arcades
Elles sont supportées par des colonnes cylindriques massives de 4,30 m de hauteur, reposant sur de hauts dés octogonaux et couronnées de chapiteaux végétalisés : héritée des basiliques paléochrétiennes et carolingiennes, mais rarement employée au XIe siècle en dehors des cryptes et des parties tournantes des déambulatoires, la colonne réapparaît dès les premières décennies du XIIe siècle ; conférant un parti archaïque à l’édifice, elle vise à renouer le fil d’une tradition architecturale enracinée dans les premiers édifices chrétiens.
Le triforium aveugle
D’une hauteur de 3,60 m, qui permet une circulation continue de part et d’autre de la nef à partir de la tribune des grandes orgues, et également autour du choeur ; groupées par trois dans la nef, les baies sont géminées dans le choeur en raison de l’étroitesse des travées ; les colonnettes sont, elles aussi, couronnées d’un chapiteau à décor végétalisé.
Les fenêtres hautes
Ou claire-voie, dépourvues de toute ornementation. Chaque travée est délimitée par les dosserets, demi-colonnes prenant appui sur le tailloir des chapiteaux des colonnes et montant jusqu’à la hauteur du triforium : couronnés d’un chapiteau végétalisé, ils reçoivent la retombée des arcs-doubleaux qui renforcent la voûte et assurent le rythme du couvrement.
Le transept
L’unité de l’édifice est d’abord soulignée, à la croisée du transept, par des pilastres jumelés qui couvrent les deux premiers niveaux et reçoivent directement les arcs-doubleaux ; de plus, Th. Ballu a fait le choix du transept à croisée régulière, c’est-à-dire que les croisillons ont une hauteur égale à celle de la nef et s’ouvrent sur la croisée par des arcs de même ampleur qui reposent sur de fortes piles composées, faisant du carré le point fort de la composition générale ; cette formule assure un équilibre spatial parfait entre les différentes ailes de l’église qui s’interpénètrent harmonieusement.
Le voûtement
Si les deux bas-côtés présentent un couvrement classique en voûtes d’arêtes, la couverture de la nef centrale est la caractéristique de la Basilique : en effet, la voûte en berceau est rythmée par un système de voûtes d’ogives. Les prototypes de la voûte d’ogives se trouvent dans le domaine anglo-normand, vers 1100 ; en France, le premier exemple connu est celui de l’abbatiale de Lessay (Manche), édifiée entre 1080 et 1098 ; tout en conservant le choeur à déambulatoire et chapelles rayonnantes, aux volumes nettement étagés, et un voûtement en berceau, apparaissent les premières croisées d’ogives qui permettent de soulager les forces retombant sur les murs, en répartissant les charges de la voûte sur les supports.
Néanmoins, le profil demeure en berceau, et non pas encore en arc brisé, diminuant l’impact de la croisée d’ogives. Ce système de couvrement, reproduit à la Basilique, est encore imparfait car, séparées par des arcs-doubleaux en plein cintre, les voûtes d’ogives présentent des arcs diagonaux au profil nettement surbaissé et qui poussent ainsi au vide avec force, d’où la nécessité ici, d’arcs-boutants.
Du reste, afin de limiter le poids du voûtement et, donc la massivité de l’édifice, les parties hautes de la Basilique ont été réalisées, non pas en pierres de taille, mais en briques recouvertes d’enduit.
Une construction originale
La présence de voûtes d’ogives dans la nef de la Basilique est un indice de la culture historique de l’architecture acquise par Th. Ballu. Après avoir, à ses débuts, secondé F. Gau dans la construction de la basilique néo-gothique Sainte-Clotilde à Paris, il s’intéressa à l’art roman du XIIe siècle, tel qu’il apparut à Lessay. Riche de cette approche éclectique, Th. Ballu, l’année même où il adopta le style Renaissance pour l’église de la Sainte-Trinité à Paris, opta pour l’art néo-roman à Argenteuil : une architecture à la croisée de deux grandes périodes artistiques, qui témoigne de la sobriété romane mâture portant déjà en elle, par les voûtes d’ogives et les arcs-boutants, les germes de la virtuosité gothique. Au vu de ses autres créations architecturales parisiennes, il apparaît clairement que Théodore Ballu a créé pour la Basilique un ensemble particulier, lequel sera d’ailleurs partiellement repris dans l’est parisien à l’église Saint-Ambroise (1863-1869), puis plus largement à Saint-Joseph-des-Nations (1867-1874).
La Sainte Tunique
Charlemagne déposant entre les mains de Théodrade, sa fille, abbesse du couvent d’Argentueil, la relique de la Sainte Tunique de Jésus-Christ, par Friedrich August Bouterwek (1851).
La basilique Saint-Denys d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise, recèle depuis plus de 1200 ans un trésor méconnu, exceptionnel et unique : la Sainte Tunique, dite aussi la Sainte Robe, qui est, selon la tradition et les Évangiles, le vêtement porté par Jésus-Christ, de la Cène jusqu’au Calvaire, et qui fut tiré au sort, au pied de la Sainte Croix, entre les soldats chargés de son exécution.
Le plus célèbre des vêtements du Christ demeure donc sans conteste cette tunique sans couture, « inconsutile » que la Sainte Vierge aurait tissé pour son divin fils. Vers l’an 800, cette précieuse relique de la Passion du Christ aurait été offerte à Charlemagne par l’impératrice Irène de Constantinople qui cherchait à consolider son empire. Charlemagne confiera la Sainte Relique à sa fille Théodrade, moniale du couvent d’Argenteuil. Dissimulée dans un mur lors des invasions vikings, découpée et enterrée par un prêtre à la Révolution française, volée puis restituée dans les années 1980… La relique porte les stigmates du temps mais elle a fini par retrouver sa châsse d’Argenteuil.
En 2016, une ostension exceptionnelle de la Sainte Tunique offre aux visiteurs et aux pèlerins du monde entier l’occasion unique de découvrir ou de vénérer l’une des reliques les plus sacrées de la religion chrétienne.
Rappel historique
La Sainte Tunique dans l'évangile selon saint Jean, chapitre 19 (23-24)
« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura ». Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : « Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats ».
Le vêtement des dernières heures
La Sainte Tunique est l’habit porté par Jésus-Christ durant les dernières heures qui ont précédé sa mort.
Selon la reconstitution que l’on peut faire des dernières heures de la vie du Christ, il portait déjà cette tunique la veille de sa mort, lorsqu’il célébra la fête juive de la Pâque avec ses disciples, un repas au cours duquel il institua le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire la première messe de l’histoire.
Jésus-Christ traverse ensuite les épreuves de sa Passion : durant la nuit, il prie rempli d’angoisse au Jardin des Oliviers, conscient que ses dernières heures sont venues ; il est ensuite arrêté après avoir été trahi par Judas, l’un de ses disciples ; il est jugé pour blasphème par les autorités religieuses juives, et livré au matin au gouverneur romain Ponce Pilate pour être mis à mort ; après avoir été flagellé et humilié, il revêt à nouveau sa tunique, et en milieu de journée, porte sa croix jusqu’au Calvaire, où on le déshabille avant de le crucifier.
Le reliquaire de la Sainte-Tunique
Une tunique sans couture tissée par la Sainte Vierge elle-même
La tunique du Christ est « tissée tout d’une pièce de haut en bas ». On dit qu’elle est « inconsutile », c’est-à-dire sans couture. Elle se présente comme une sorte de blouse à manches courtes, qui descend jusqu’aux genoux, avec une fente où passer la tête.
Selon une ancienne tradition, la Vierge Marie aurait tissé la Sainte Tunique d’Argenteuil. Pour cette raison, la tradition locale a toujours considéré le vêtement porté par le Christ jusqu’au pied de la Croix non seulement comme une relique de la Passion, mais aussi comme une relique mariale.
La façade de la Basilique d’Argenteuil possède une statue de la Vierge Marie en train de coudre, comme pour montrer l’activité domestique de la mère du Sauveur. Si cette représentation se réfère évidemment à la Sainte Tunique, elle reste cependant symbolique. En effet, la Sainte Tunique d’Argenteuil est un vêtement tissé, ce qui signifie qu’il a été fabriqué sur un métier à tisser. Elle est par ailleurs « sans couture », et a donc été faite d’une pièce, sans que des morceaux de tissus différents aient été réunis. Il reste néanmoins tout à fait vraisemblable que Marie de Nazareth ait tissé le vêtement de son fils. Mais aucun élément ne vient évidemment le prouver, et l’on en reste sur cette question au stade de la probabilité.
Une autre tradition médiévale a envisagé une histoire bien plus étonnante et très touchante, en considérant la Sainte Tunique comme un vêtement que la Vierge aurait tissé pour Jésus enfant, et qui aurait grandi avec lui jusqu’à l’âge adulte ! Cette hypothèse, qui emprunte à la piété populaire plus qu’à l’histoire, renvoie néanmoins aux miracles évangéliques tels que la multiplication des pains, et appelle à se souvenir que rien n’est impossible à Dieu.
Un lien existe encore entre la Sainte Tunique et la Vierge Marie : au pied de la croix, le vêtement est enlevé à Jésus et tiré au sort par les soldats. Or Marie est présente, puisqu’elle a suivi son fils jusqu’au Golgotha. Il est possible qu’elle ait fait partie des disciples de Jésus qui ont cherché, juste après sa mort en croix, à réunir les objets qui lui avaient appartenu. On estime que c’est par le biais de cette vénération immédiate pour les traces tangibles de la vie et de la mort du Christ que ces reliques ont pu être conservées, et qu’elles nous sont parvenues.
À Argenteuil depuis 1200 ans
La tunique du Christ a recueilli le sang de ses blessures au cours de son chemin de croix. C’est pourquoi les premières communautés chrétiennes de Jérusalem l’ont immédiatement considérée comme une relique de très grande valeur, et l’ont conservée.
Un cadeau offert à Charlemagne
La Tunique quitte Jérusalem et traverse les siècles pour se trouver en possession de l’impératrice Irène de Constantinople au début du IXesiècle, sans que l’on sache par quel itinéraire précis ni à quelles dates. A cette époque, l’impératrice prévoit pour consolider son empire sous le feu de multiples menaces, d’épouser Charlemagne, empereur d’Occident, veuf. En signe de bonne volonté, elle lui aurait offert l’une des reliques les plus précieuses en sa possession, la Tunique du Christ.
L’héritage du monastère d’Argenteuil
Charlemagne confie la Sainte Tunique au monastère d’Argenteuil, dont sa fille Théodrade est prieure. La relique n’en bougera pas durant douze siècles. Dissimulée dans un mur du monastère pour la protéger des invasions vikings, longtemps oubliée, redécouverte à l’occasion de travaux au Moyen-Âge, elle devient objet de vénération : les hommes d’église, les rois de France et le peuple des croyants viennent s’agenouiller devant elle. à la Révolution française, le curé d’Argenteuil, craignant que la Sainte Tunique soit détruite, la découpe en plusieurs morceaux et la cache : plusieurs années plus tard, il n’en retrouvera qu’une partie.
Visible deux fois par siècle
Aujourd’hui la Tunique est conservée dans un reliquaire, enroulée, dans la basilique Saint Denys d’Argenteuil. Traditionnellement, elle n’est déployée et montrée que deux fois par siècle, au cours d’un événement limité dans le temps, qu’on appelle une « ostension solennelle ». Les deux dernières ostensions ont eu lieu à Argenteuil en 1934 et 1984.
Une vie mouvementée
Selon la légende, la tunique aurait été retrouvée au IVe siècle par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, puis conservée à Constantinople jusqu’au VIIIe siècle. En l’an 800, l’Impératrice de Byzance, Irène, l’aurait ensuite offerte à Charlemagne lors de son sacre comme empereur d’Occident. Celui-ci l’aurait donnée en garde au monastère de l’Humilité-de-Notre-Dame d’Argenteuil, dont sa fille Théodrade était prieure.
En 850, les Normands pillèrent le hameau d’Argenteuil et la basilique Saint-Denys. Avant leur arrivée, la tunique avait été cachée dans un mur. En 1003, l’abbaye a été reconstruite mais il faudra attendre 1156 pour retrouver la tunique. Ce fut alors la première ostension. Elle est ensuite vénérée jusqu’au XVIe siècle, mais elle aurait brûlé partiellement ou aurait été cachée lors de la prise d’Argenteuil par les huguenots en 1567.
Sous la révolution, le prieuré bénédictin est supprimé, et la relique remise à l’église paroissiale. Mais en 1793, le curé d’Argenteuil Ozet la découpe en morceaux et l’enterre dans son jardin avant d’être emprisonné durant deux ans. En 1795, il ressort la tunique et fait recoudre les différents fragments. Les pèlerinages et les ostensions solennelles reprennent au XIXe siècle, en principe tous les cinquante ans. Le 13 décembre 1983, le père Guyard, curé de la paroisse Saint-Denys, découvre le vol de la tunique. Le reliquaire où repose la relique a été volé. La DRPJ de Versailles est sur les dents, des anarchistes peu crédibles revendiquent le vol. Le 2 février 1984, le père Guyard reçoit un coup de téléphone d’un inconnu promettant de restituer le trésor à la condition de conserver le secret sur les noms des ravisseurs.
Le soir même, la tunique retrouve son écrin à la basilique Saint-Denys. La plainte est retirée et le secret toujours gardé. La dernière ostension solennelle de la tunique a eu lieu pendant les fêtes de Pâques 1984. En six jours, la tunique voit défiler 80 000 personnes.
L'authenticité de la relique
Il n’y a pas de preuve absolue que la Sainte Tunique d’Argenteuil soit bien le vêtement de la Passion du Christ. Mais les observations scientifiques menées sur l’objet réunissent des indices très concordants en faveur de son authenticité.
L’examen de l’authenticité
Le Moyen-Âge a été le théâtre de fabrication de fausses reliques. C’est pourquoi, à partir du XVIIe siècle, l’Église catholique a souhaité lever les doutes possibles quant à l’authenticité de la Sainte Tunique. Elle l’a fait tout d’abord en étudiant les textes, qui attestaient de la présence pluriséculaire du vêtement à Argenteuil.
À partir du XIXe siècle, plusieurs examens scientifiques de la Tunique ont été menés à l’initiative des autorités ecclésiastiques, grâce aux nouveaux moyens techniques disponibles. Ils ont démontré :
- que la relique est en laine de mouton (1893) ;
- qu’elle a été colorée selon des procédés en vigueur au Moyen-Orient au début de notre ère ;
- qu’elle est bien tissée d’une pièce, sur un métier primitif (1882 & 1892) ;
- qu’elle correspond au type de tissage identifié en Syrie et au Nord de la Palestine au premier siècle ;
- qu’elle est tachée de sang (1892 & 1932) ;
- que le sang figure dans le dos et sur les épaules, à l’endroit où aurait reposé la croix portée par le Christ lors de l’ascension au Calvaire (1932 & 1934) ;
- que le sang présent sur la Tunique est du groupe AB (1986).
Doutes autour du carbone 14
En 2004, une datation au Carbone 14 a été effectuée : elle déclare que la Tunique aurait été tissée entre 530 et 640, et ne corrobore donc pas les résultats des examens scientifiques précédents. Cependant, il semble que la technique de datation au Carbone 14 manque de fiabilité pour les tissus anciens dont on connaît mal les états de conservation au cours des siècles. C’est le cas de la Tunique d’Argenteuil, qui a été longtemps enfouie et probablement mise au contact de matériaux organiques en décomposition au cours de son histoire tumultueuse. Il faudrait donc relativiser ces résultats.
Argenteuil, Turin, Oviedo : même groupe AB
Plus récemment, on a constaté la présence du même groupe sanguin AB sur les trois grandes reliques textiles de la Passion connues : la Tunique d’Argenteuil, le Linceul de Turin et le Suaire d’Oviedo (linge spécifique entourant la tête du défunt dans une sépulture juive antique). La probabilité d’observer ce groupe sanguin sur les trois linges s’établit à une chance sur 8000 ! De même, la comparaison des pollens présents sur les trois reliques est troublante : sept sont communs aux reliques de la Tunique d’Argenteuil, du Linceul de Turin et du Suaire d’Oviedo. Mieux encore, deux proviennent uniquement de Palestine : ceux d’un pistachier, Pistacia palaestina et d’un tamarin, Tamarix hampeana.
Ainsi, différents examens scientifiques menés sur la Tunique d’Argenteuil plaident pour qu’elle ait été portée par un homme soumis à de grandes souffrances, en Palestine, au 1er siècle de notre ère.
Dans quel état est la Tunique ?
La Sainte Tunique d’Argenteuil a souffert au long des siècles, et se présente comme un habit endommagé, que l’on traite avec le plus grand soin.
La Sainte Tunique a connu les accidents de l’Histoire, et en a souffert. à l’époque médiévale, il est vraisemblable qu’elle ait été cachée au sein de l’abbaye d’Argenteuil, dans le but probable d’échapper au vol ou au pillage. On ignore dans quelles conditions de conservation elle se trouvait, mais il a fallu des travaux de modification de l’abbaye par les moines pour que la relique soit retrouvée.
Durant la Révolution française, les biens sacrés sont menacés, et souvent confisqués ou détruits. En 1793, le curé d’Argenteuil, l’abbé Ozet, craignant que la Sainte Tunique soit prise à partie par la tourmente destructrice de la Révolution, prend l’initiative de la couper en plusieurs morceaux, d’en distribuer des parcelles à des gens de confiance et d’en enterrer la plus grande part dans le jardin du presbytère ! Quand la paix civile revient, les morceaux de la Tunique sont à nouveau réunis, mais certains ne sont pas retrouvés. La relique est donc aujourd’hui incomplète, une partie du tissu ayant été perdue.
Préserver l’étoffe ancienne
Au XIXe siècle, pour protéger la relique, on lui associe un vêtement de support, qui est une doublure intérieure de soie blanche. Les morceaux de la Sainte Tunique sont cousus sur le vêtement de support. C’est sous cette apparence qu’elle a été montrée aux fidèles depuis, comme le montrent les photographies des ostensions solennelles de 1934 et de 1984.
Un nouveau tissu de support
En novembre 2015, il a été décidé de procéder au remplacement du tissu de support de la relique, abîmé et chargé de plomb, dans la perspective de l’ostension exceptionnelle prévue en 2016. Cette décision est prise en accord avec la ville d’Argenteuil propriétaire de la Sainte Tunique, et la direction départementale des affaires culturelles du Val-d’Oise. Les travaux ont été menés au cours du premier trimestre de l’année 2016. Ils ont permis aux fidèles de découvrir la Sainte Tunique dans une présentation nouvelle, et beaucoup plus valorisante.