Château du Cluzeau

Bâti au XVe siècle, le manoir est mentionné pour la première fois dans un document de 1497 sous les termes de « hospicium de Clusello ». La demeure se compose à l’origine d’un logis rectangulaire accolé au nord d’une tour d’escalier ronde coiffée de lauzes. Elle possède une enceinte fortifiée, aujourd’hui presque entièrement disparue. De nombreux trous de tirs et de meurtrières confirment le caractère militaire de cet ancien repaire noble. L’aile sud qui forme un angle droit est ajoutée au XVIIIe siècle pour agrandir la surface habitable de la maison. À l’intérieur, un cartouche daté de 1730 est orné des armes des Sénignon du Rousset, anciens propriétaires des lieux.

Le Cluzeau veut dire abri pré-historique et aussi retraite secrète des temps troublés. Monsieur Boissarie, créateur du festival de Sarlat a écrit de lui « c’est un Sijognac digne du capitaine Fracasse ».

Ce fut en effet la demeure de capitaines qui de 1400 à 1793 de Père en fils l’habitèrent. Ils se nommaient Du Rousset et toujours portèrent plus simplement le nom de « Cluzeau » tout court en souvenir de Jean du Rousset dit le Capitaine Cluzeau. Ce dernier, en 1550 échella les remparts de Casal au Montferrat, poignarda les sentinelles et reçu mille écus en récompense. Brantôme dit « il fut mon voisin et ami ».

Le 8 juillet 1586, François d’Abzac, Capitaine de Turenne pour les Calvinistes s’y retira avec quelques hommes. Il y fut surpris et cerné à trois heures du matin par deux cent hommes de la milice de Sarlat qui assaillirent toute la nuit. Tragiques heures des guerres de religion : il y combâtit jusqu’au jour comme un sanglier défend une vie qu’il sait perdue. Par ces trous dans les marches de l’escalier à vis, une fois la porte enfoncée, il tua le chef de la milice et d’autres encore. Pris enfin, emmené à Sarlat il eut la tête tranchée « qu’estait un vendredi » dit le texte.

En 1793 en une manifestation populaire il y fut planté un arbre de la liberté, les armoiries sont mutilées, puis des familles de cultivateurs succèdent aux soldats.

Mais les ombres du Capitaine courageux, de François d’Abzac, de Turenne, qui y coucha passant avec ses troupes, hantent toujours ces murs où le présent n’a su prendre la place du passé.