Le château en 3D ?
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Azay se situe dans l’ancienne province de Touraine, relevant d’abord des comtes de Blois, puis d’Anjou à partir de 1044 (les comtes d’Anjou sont les Plantagenêts à partir de 1060, et accèdent au trône d’Angleterre en 1154 avec Henri II qui meurt en 1189 à Chinon). Le premier château médiéval d’Azay est construit aux alentours de 1119 par l’un des premiers seigneurs du lieu, Ridel (ou Rideau) d’Azay, cité dans une charte de Marmoutier, qui édifie une forteresse défensive censée protéger la route entre Tours et Chinon. Un Ridel ou Rideau d’Azay et de Rillé est cité en 1143 et 1153. Le capétien Philippe Auguste, roi de France en 1180-1223, évince les Plantagenêts de la Touraine vers 1204 en battant le dernier fils d’Henri II, Jean sans Terre, et finit par rétablir la famille Ridel/Rideau qu’Henri II avait spoliée : ainsi, Hugues Ridel et son frère Geoffroy Ridel sont des chevaliers de Philippe Auguste ; l’abbaye de Marmoutier cite encore un Guy d’Azay en 1290. On perd alors la trace des sires d’Azay, domaine probablement passé à la Couronne.
Des seigneurs d’Azay apparaissent de nouveau à partir de la seconde moitié du XIVe siècle : l’érudit Jacues-Xavier Carré de Busserolle cite le premier maréchal Boucicaut vers 1360 (aussi acquéreur de la Bourdaisière) mais cela reste à confirmer.
Puis Azay est aux mains de la famille de Marmande alliée à celle de La Haye-Passavant, Pierre de Marmande et de St-Michel-sur-Loire ayant épousé Isabelle de La Haye-Passavant. Leur fille Marguerite de Marmande (vers 1335 – vers 1371), dame de Marmande (à Vellèches et Marigny), La Haye-(Descartes), Azay, Cravant-les-Côteaux, La Roche-Clermault, Saint-Michel-sur-Loire, Chezelles et Savary, Faye-la-Vineuse, est en 1357 la femme de Jean III comte de Sancerre (1334-1402/1403).
Façade nord et escalier d'honneur
Construit à partir de 1518 sur une île entourée par l’Indre, le château se présente au bout d’une grande allée, avec son corps de logis en équerre. Une impression d’harmonie se dégage de ses murs de tuffeau blanc, quadrillés par des moulures horizontales et des pilastres encadrant les fenêtres. Un escalier à loggias prend part aux grands équilibres architecturaux du corps de logis, grâce à sa propre façade monumentale. Initialement destiné à s’élever au centre du bâtit, il marque l’accès principal de l’édifice. Ses ornements délicatement ciselés composent une véritable broderie de pierre. Par son caractère innovant pour le XVIe siècle et la qualité de ses décors, il représente l’un des morceaux d’architecture et de sculpture les plus remarquables de la Renaissance française.
Leur fille Marguerite de Sancerre (vers 1355-1418), comtesse de Sancerre et dame d’Azay, ne transmet pas tous ses nombreux fiefs à sa descendance (les Orléans-Longueville, les Bueil, les Chaumont d’Amboise), issue de son deuxième mariage avec Béraud II dauphin d’Auvergne (1333-1499 ; le premier mari de la comtesse Marguerite fut Gérard V Chabot de Retz) : elle laisse Azay et La Haye à son quatrième et dernier époux, le maréchal Jacques de Montb(e)ron (vers 1350-1422 ; épousé en 1408). En fait, Jacques de Montbron vendra La Haye, et ses fils François Ier et Jacques de Montbron se verront disputer Azay par le fils de la comtesse Marguerite, le dauphin Béraud III (1380-1426), qui vend finalement Azay à Jean le Gallois du Puy-du-Fou († vers 1441) le 14 mai 1422.
Le fort d’Azay est brûlé par Charles VII en 1418 lorsque le roi, de séjour à Azay sur la route de Chinon, est provoqué par les troupes bourguignonnes qui occupent la place forte. Le capitaine et 350 soldats sont exécutés, et le village garde d’ailleurs jusqu’au XVIIIe siècle le nom d’Azay-le-Brûlé, qui est aussi celui d’une commune des Deux-Sèvres et d’Azay-sur-Indre.
La veuve de Jean du Puy-du-Fou, Marie d’Auxigny, est alors la dame d’Azay avec son deuxième mari épousé vers 1442 (leur fils René de Montgomery sera le père de Jacques de Montgomery de Lorges, capitaine de la Garde écossaise, et le grand-père du célèbre Gabriel) ; puis la fille aînée de Marie d’Auxigny, Catherine du Puy-du-Fou, transmet Azay à son mari Fouques de Bois-Jourdan, et à leurs enfants Jehannet du Bois-Jourdan (qui cède Azay en 1504 à Antoine de Loubes, époux de Renée de Daillon — fille de Jean (de) Daillon du Lude, une descendante des Bueil et des Fontaines : cf. Jean III — mais le fils de Jehannet, Charles du Bois-Jourdan, réussit à récupérer cette part d’Azay vers 1505/1507 et jusque vers 1509/1510), et Jeanne/Catherine du Bois-Jourdan, cette dernière étant la première femme († avant 1497) de Jacques de Bueil (vers 1462-1513), comte de Sancerre (fils d’Antoine de Bueil — aussi seigneur de Vaujours, de Montrésor et d’Ussé — petit-fils de l’amiral Jean V de Bueil, arrière-petit-fils de Jean IV et de Marguerite-Dauphine, la dernière fille de la comtesse Marguerite et du dauphin Béraud II, donc un arrière-arrière-arrière-petit-fils du comte Jean III de Sancerre).
Le domaine est acquis (sans doute en plusieurs fois : d’abord à la fin du XVe siècle, vers 1497, pour la part des Bueil) par Martin Berthelot, † vers 1498, maître de la Chambre aux Deniers du roi, qui cède cette part à son fils Gilles, † 1529, président de la Chambre des comptes et trésorier de France, aussi acquéreur de la part de Charles de Bois-Jourdan (ex-part d’Antoine de Loubes) en 1510.
Le château actuel est bâti entre 1518 et 1523 par le maire de Tours et trésorier du roi François Ier, Gilles Berthelot, et par sa femme, Philippa Lesbahy ; il s’agit d’un des chefs-d’œuvre de la première Renaissance française. Les fondations à base de pilotis et de pierres de Saint-Aignan sont réalisées sous la direction de Denis Guillourd. Philippa Lesbahy aidée par l’abbé Guillaume Artault, dirige l’essentiel des travaux en l’absence de son mari.
Lorsqu’en 1527, le cousin de Gilles Berthelot, Jacques de Beaune-Semblançay, condamné à mort pour malversations est exécuté, le couple décide de vider les lieux et de se rendre à Metz. Gilles Berthelot décède en 1529 à Cambrai.
En juin 1528 le roi confisque un château inachevé, et bien que Philippa Lesbahy insiste pour le conserver, elle le perd en 1535 lorsque le roi l’offre à l’un de ses compagnons d’armes, Antoine Poton (de) Raffin de Pelcavary († avant 1552), capitaine de ses gardes du corps, qui l’a accompagné à Pavie. La construction reçoit de son nouveau propriétaire quelques aménagements mais l’idée de fermer sa cour ce qui lui aurait donné la forme traditionnelle d’un quadrilatère est abandonnée, ce qui lui fera conserver jusqu’à ce jour la forme « en L ».
La demeure n’est en réalité occupée qu’à partir de 1547; le fils d’Antoine, – François Poton (de) Raffin de Puycalvary, en hérite, puis sa veuve Nicole Le Roy de Chavigny (épousée en 1553 ; † 1602), fille de Guyon Le Roy du Chillou, vice-amiral de France, et de Radegonde de Maridor dame de Ballon, la tante de la Dame de Monsoreau. Sa demi-sœur Anne Le Roy a été mariée à François II ou III du Plessis de Richelieu : ils sont les arrière-grands-parents du cardinal. Devenue veuve en 1570, Nicole Le Roy de Chavigny s’est remariée avec Artus de Cossé-Brissac (1512-1582), maréchal de France.
Façade ouest
Comme les autres façades, la façade ouest s’articule en cinq travées de fenêtres disposées sur trois niveaux. Elle est encadrée de deux tourelles en surplomb. L’ouverture sur une galerie voûtée, dont la façade a conservé les traces, formait un passage vers la cour d’honneur. Ce passage entre cour et jardin permettait d’accéder au « Grand jardin » aujourd’hui disparu. Philippe Lesbahy, maîtresse des lieux, pouvait en apprécier le tracé régulier depuis sa chambre située à l’étage. Le pont-levis y donnant accès enjambait un vivier, le « gardoire à poissons » aménagé à proximité de la cuisine et alimenté par l’eau de l’Indre. Il fut préservé jusqu’au début du XIXe siècle puis élargi et enfin transformé vers 1855 en miroir d’eau en même temps que celui situé au sud.
La petite-fille d’Antoine Raffin, – Antoinette, fille de François de Raffin et Nicole Le Roy, ancienne dame d’honneur de Marguerite de Valois, s’installe au château en 1583 et entreprend d’actualiser les décors de l’édifice avec l’aide de son époux, le diplomate Guy (de Lusignan) de Saint-Gelais, seigneur de Lansac, premier baron d’Angoumois, gouverneur de Blaye et de Brouage, vice-amiral de Guyenne, sénéchal d’Agenais, négociateur de l’élection du duc d’Anjou au trône de Pologne., fils de Louis de St-Gelais (1513-1589, réputé bâtard de François Ier) et de Jeanne de La Roche-Landry.
Leur fils Artus de Saint-Gelais de Lansac marquis de Ballon, en hérite avec sa femme Françoise de Souvré (vers 1585-1657 ; mariée en 1602), gouvernante du futur Louis XIV et fille du maréchal Gilles. Ensuite la succession d’Azay devient quelque peu confuse :
- Leur fils – Gilles de Saint-Gelais est tué au siège de Dole en 1636 : il avait épousé Françoise Fouquet de Marcilly, d’où Marie-Madeleine de Saint-Gelais, dame de Ballon, de Marcilly et d’Azay, qui épouse en 1651 Henri-François Groignet marquis de Vassé et baron de la Roche-Mabile, † 1684 ; leur fils – Louis-Alexandre de Vassé, né en 1656, mourut aussi dès 1684, et de sa femme Anne-Louise-Julie fille du maréchal Louis de Crevant d’Humières, il eut – Emmanuel-Armand de Vassé (1683-1710), marié en 1701 à Anne-Bénigne de Beringhen (1684-1749), fille de Jacques-Louis Ier(1651-1723), avec postérité : notamment leur fils – Armand-Mathurin marquis de Vassé (1708-1782), marié en 1743 à sa cousine Louise-Madelaine de Courtavel, fille d’Hubert de Courtavel marquis de Pezé (1680-1734) et de Lydie-Nicole de Beringhen soeur d’Anne-Bénigne : parents, entre autres enfants, d’Adélaïde-Euphémie-Geneviève de Vassé dame de La Roche-Mabile, femme en 1767, de Jean-Baptiste-Alexis Le Maire marquis de Courtemanche. Ainsi, les Courtemanche auront Azay-le-Rideau juste avant la Révolution, et la succession semble donc passer des Raffin aux St-Gelais, puis aux Vassé par mariage en 1651 jusqu’en 1787, enfin aux Courtemanche jusqu’en 1791.
- Mais on trouve aussi qu’à une date indéterminée, Henri de Beringhen aurait acquis Azay, et qu’il y aurait même accueilli Louis XIII : le roi aurait été reçu au château le 27 juin 1619 par son ami Henri de Beringhen (1603-1692), seigneur d’Armainvilliers et de Grez (en Seine-et-Marne ; son fils Jacques-Louis Ier obtint de Louis XIV le titre comtal en 1747), issu d’une lignée de gentilshommes aventuriers protestants d’origine hollandaise, et dont le père, Pierre de Beringhen, domestique d’un seigneur normand (Henri-Robert Aux-Épaules de Sainte-Marie-du-Mont) dont il entretenait la collection d’armes, fut remarqué par Henri IV qui en fit ensuite son premier valet de chambre. Henri de Beringhen, exilé en Hollande et en Allemagne à la suite d’un différent avec le cardinal de Richelieu (il sert alors Gustave-Adolphe dans la guerre de Trente Ans). Il revient en France à la mort du cardinal en 1642 et reçoit alors la charge de premier écuyer de la Petite Écurie. Par ailleurs, cette famille possède jusqu’en 1710 le domaine de La Rivière en Seine-et-Marne. Après Henri, son fils et successeur dans la charge de Premier Écuyer et voit en juin 1702 ses grandes terres bretonnes de Châteauneuf érigées en marquisat.
Cité par des historiens d’art comme collectionneur d’estampes de Rembrandt, il reçut Louis XIV à Azay, dont il fait édifier les communs actuels. Puis – Jacques-Louis (II) de Beringhen (1680-1723), son fils homonyme, 2e marquis de Châteauneuf, comte du Plessis-Bertrand et d’Armainvilliers, dit « le marquis de Beringhen », marié le à Marie-Louise-Henriette fille d’Henri-Charles de Beaumanoir marquis de Lavardin, meurt maréchal de camp le (voir le portrait exposé au château). Dans la vente de la collection du marquis de Beringhen, premier écuyer de Louis XV, qui eut lieu à Paris le 2/07/1770, figura la série des Quatre Éléments de Nicolas Lancret (qui fut gravée), qui ornait une chambre de son hôtel parisien de la rue Saint-Nicaise, ainsi que sous le numéro 36 deux tableaux ovales commandés à Boucher, Les Amusements de la campagne et La Musique pastorale (1743), qui furent vendus 1 400 livres; ces deux oeuvres figurèrent aux ventes Dangé, fermier général (7/02/1778,) de Pange (5/03/1781), baron de Cassin, puis Polo (« Vente de 26 chefs-d’oeuvre de la peinture française du XVIIIe siècle ») à Paris le 30/05/1988 (reprod. coul p 62 et 65 du catalogue).
C’est par la sœur de Jacques-Louis II, – Anne-Bénigne de Beringhen rencontrée plus haut, épouse en 1701 d’Emmanuel-Armand de Vassé, qu’Azay serait revenu aux Vassé.
Le jardin du prieuré
Ce jardin doit son nom à l’ancien prieuré situé auparavant à cet emplacement. Acheté avec le château et son domaine par Charles de Biencourt, il est démoli par son fils en 1794. En ces lendemains de Révolution, les biencourt, gestionnaires prudents, s’appliquent à étendre les surfaces cultivables à des fins vivrières. Ils font ainsi « semer en lin et pommes de terre » le terrain réaménagé. À la fin de sa vie, le marquis de Biencourt reconsidère la parcelle pour créer, « un jardin anglais délicieux », valorisant la chapelle seigneuriale (1) adossée au flanc sud de l’église paroissiale. Cette chapelle quadrangulaire, couverte d’un dôme (2) coiffé d’un lanternon (3), avait été édifiée vers 1603 pour Antoinette Raffin. Le marquis Henri François de Vassé et plusieurs membres de la famille Biencourt y reposent encore aujourd’hui.
Décrit par Balzac qui y déjeune une fois, comme « un diamant taillé à facettes serti par l’Indre », Azay-le-Rideau est un des plus célèbres châteaux de la Loire.
Relativement petit, le corps de logis s’articule en un corps principal et une aile en équerre, quadrillés de bandeaux horizontaux, entourés par l’Indre et par un parc boisé. Chaque angle est pourvu d’une tourelle. Le centre du bâtiment est désigné par l’entrée monumentale, ainsi que par l’escalier d’honneur à rampes droites qui dérègle le rythme des fenêtres : il dispose en effet de trois étages de baies jumelées formant des loggias et un fronton ouvragé, décalés par rapport au réseau des fenêtres du reste de l’édifice. Cet élément à grande valeur décorative est composé de plusieurs ornements à la mode italienne : colonnes, pilastres, coquilles, médaillons, etc.
La porte d’entrée, semblable aux arcs de triomphes romains est orné des initiales de Gilles Berthelot et de sa femme, tandis que la partie inférieure des baies est décorée de la salamandre et de l’hermine, en référence au roi François Ier et à son épouse Claude.
Les volées portant le plafond de l’escalier d’honneur sont ornées de caissons encadrant des médaillons sculptés représentant des visages ou bustes de personnages vus de profil, certains du XVIe siècle, série qui fut continuée par l’ajout de « la filiation des rois et reines de France de Louis XII jusqu’à Henri IV » commandée par Armand-François de Biencourt. Les clés d’arc présentent des sculptures très travaillées.
Mais cette inspiration italianisante alterne avec des références féodales devenues éléments de décor. Ainsi, on observe la trace de mâchicoulis sur les toits et d’un chemin de ronde sur les murs extérieurs dont la disposition – courant sur trois côtés et se prolongeant derrière les fenêtres ouvertes dans le parapet – rappelle celle du château de Montsoreau. Tout cela mêlé à de hautes toitures, ornées de poivrières effilées et de longues lucarnes.
L’intérieur reste celui d’un château de la Renaissance italienne, avec ses décors sculpturaux riches, où restent des traces de la Renaissance flamande avec les tapisseries du XVIe siècle et XVIIe siècle exposées dans plusieurs pièces du château.
On note des « verdures » d’Anvers et Tournai, des scènes de l’Ancien Testament tissés à Audenarde, ‘l’Histoire de Psyché’ réalisée à Bruxelles, ou encore la tenture de ‘Renaud et Armide’, exécutée à Paris dans les ateliers du faubourg Saint-Marcel d’après des cartons de Simon Vouet. Le mobilier et le décor sont également très riches : chaire à dais en chêne de la fin du XVe siècle, crédences, etc. ainsi que plusieurs tableaux, dont une Dame au bain (Diane de Poitiers ?) de François Clouet, le portrait de Catherine de Médicis, ou encore un tableau représentant la scène du «Camp du Drap d’Or».
L’intérieur est notamment constitué de plusieurs salons et appartements d’apparat, dont la plupart ont été redécorés dans le style néo-Renaissance au XIXe siècle :
- Une « chambre blanche », meublée d’un lit de satin brodé de la fin du XVIIe siècle et de tapisseries représentant des scènes de chasse du XVIIe siècle ainsi qu’un portrait ornant la cheminée ;
- La « chambre bleue », au deuxième étage, fut occupée par Louis XIII, qui y a dormi deux nuits. Elle est notamment meublée d’un cabinet en poirier noirci orné de scènes gravées sur ivoire, représentant la guerre de Trente Ans ;
- La bibliothèque possède une cheminée, des lambris bas un riche décor mural, et abrite un ensemble de gravures plans et dessins montrant les différentes restaurations menées par les Biencourt (projet de restitution de l’état XIXe siècle) ;
- La salle à manger ;
- Le salon, ouvert par des vitraux des XVIe et XVIIe siècles, et orné de portraits royaux et tableaux de la Renaissance et du XVIIe siècle, dont un portrait de Diane de Poitiers tiré de l’atelier de François Ier, un portrait du duc et de la duchesse de Longueville, un portrait de Marie d’Autriche, sœur de Charles Quint, et de Catherine de Médicis. Cette salle possède une cheminée monumentale décorée d’une salamandre ;
- Les appartements royaux, composés d’une antichambre dans laquelle sont exposés des portraits représentant certains rois de France comme François Ier, Henri III ou encore Louis XIII, et murée de tentures rouge et or ; la grande chambre royale, est décorée d’une tapisserie du début du XVIIe siècle ;
- La grande salle du premier étage, est décorée de tapisseries des XVIe et XVIIe siècles, et d’une cheminée qui est ornée de la Salamandre de François Ier et d’une frise de feuillages. Les murs sont teints de bleu ;
- Un cabinet espagnol du XVIe siècle et un autre portugais du XVIIe siècle ;
- La vaste cuisine voûtée en croisée d’ogives est rehaussée au XIXe siècle et possède une cheminée qui est ornée du sceau des Berthelot ;
- Chambre du maître de maison, meublée et tapissée à la mode du XVIe siècle ;
- La salle de billard (beau meuble du XIXe siècle) a une cheminée du XVIe siècle, avec un moulage dont l’original est au château de Montal (Lot). Cette salle est ornée de deux tapisseries de Beauvais du XVIIIe siècle : Chasse au canard et Chasse au cerf.
Depuis 2012, le château est progressivement remeublé suivant un partenariat scientifique entre le Centre des monuments nationaux et le Mobilier national. En se fondant sur les inventaires de 1854 et de la fin du XIXe siècle (ameublement des marquis de Biencourt), le Mobilier national a déposé 140 meubles, bronzes et tableaux équivalents à ceux d’origine. Ce dépôt a permis de remeubler l’intégralité du rez-de-chaussée (bibliothèque, grand salon, salle à manger, salle de billard) avec des objets des XVIIIe et XIXe siècles. Rideaux, tapis de table et bandeaux de cheminée ont été refaits par les ateliers du Mobilier national, en se fondant sur les sources d’archives et les photographies anciennes. La nouvelle présentation des salles a été inaugurée le .
Communs
Les communs s’inscrivent dans un aménagement défini vers 1670 par Henri François de Vassé. Courtisan mondain et cultivé, il désire pour son château (7) une entrée de prestige dans le goût architectural de Versailles et de Vaux-le-Vicomte. Une grande allée (1) est percée dans l’axe de l’escalier d’honneur du château. La perspective est accentuée par la création d’une ample cour en demi-lune (2), bordée au sud par les deux communs symétriques (3), avec en leur centre, une grille monumentale en fer forgé (4) portée par des piliers à bossage surmontées de vasques de fruits. Cet aménagement raffiné se substituait aux anciens bâtiments de service : grange, pressoir, écurie, pigeonnier, étable, lavoir. Cet ensemble architectural abrite aujourd’hui les espaces d’accueil et d’interprétation du château.
Quatre générations de Biencourt au XIXe siècle
En 1791 le château « abandonné et très dégradé » est vendu pour 300 000 livres par Henry de Courtemanche au marquis Charles de Biencourt (1747-1824), page des écuries de la Reine en 1761, maréchal des camps et armées royales, député de la Noblesse aux États Généraux de 1789, puis à la Constituante. Il lui donne son aspect actuel en procédant à de profonds changements intérieurs et extérieurs. Ses descendants le conserveront jusqu’en 1899.
Famille d’origine picarde citée au XIIe siècle, les Biencourt portaient « De sable, au lion d’argent, couronné, armé et lampassé d’or ».
Époux depuis 1770 de Marie-Jeanne Chauvelin de Beauséjour, qui est peut-être La femme au miroirportraiturée au pastel par Maurice Quentin de La Tour du musée des Arts décoratifs de Lyon, le premier marquis de Biencourt possédait un hôtel rue de Richelieu à Paris ; en 1824, année de sa mort, il fit ajouter au rez-de-chaussée sud du château un « pavillon chinois » (détruit vers 1860), et vers 1825 ou 1826 aménager la bibliothèque qui, comme le salon situé à l’opposé, est alors décoré de lambris bas en bois mouluré surmonté d’une toile peinte à grands motifs végétaux.
Les Biencourt emploient ici l’architecte français Pierre-Charles Dusillion, qui avait également travaillé au château voisin d’Ussé, et vers 1835 fut l’auteur de l’hôtel particulier du 14, rue Vaneau à Paris (VIIe), dont les ornements de la façade de style néo-Renaissance sont dus au sculpteur Dominique Molknecht.
On peut citer quelques épaves de la collection d’art du couple :
- un tableau de Salomon van Ruysdael, Vue de fleuve avec la ville de Weep (vers 1650), ayant fait partie au XVIIIe siècle de la collection; a figuré à la XXVe Biennale des Antiquaires de Paris en septembre 2010;
- Louis XIV franchissant le Rhin, d’Adam François van der Meulen et une paire de tableaux, Louis XIV à la bataille de Bruxelles (?), et La défaite du comte Marsin près le canal de Bruges, atelier de Martin dit des Batailles, les trois toiles portant une étiquette de collection aux nom et armes du marquis et provenant de sa descendance dans la région, passèrent en vente aux enchères publiques à Cheverny les 6, 7 et 8 juin 2009.
Son fils Armand-François-Marie (1773-1854), 2e marquis de Biencourt, a été garde de Louis XVI et à ce titre a participé à la défense des Tuileries le 10 août 1792 ; du fait de son mariage en 1800 avec la richissime Antoinette-Marie d’Apchon, il put constituer un des premiers patrimoines fonciers de France. Maire de la commune d’Azay de 1825 à 1830, il entreprend la première grande restauration du château : rétablissement des voûtes et des lucarnes, restitution des médaillons et insignes royaux de l’escalier – bûchés sous la Révolution ?, construction d’une nouvelle tour de style Renaissance « remplaçant le vieux donjon », par Dusillion. Il fait aussi élargir le terre-plein dominant la rivière au Sud, créant ainsi une grande terrasse desservie depuis le salon par un perron, qui sont supprimés lors de la restauration du XXe siècle.
Dès 1840, le château est inscrit sur la liste des monuments historiques mais, en 1845, les derniers vestiges médiévaux sont démolis pour laisser place à deux nouvelles tours d’angle sur cour.
En 1871, pendant un mois, la demeure est occupée par le prince Frédéric-Charles de Prusse, neveu du roi de Prusse, et son état-major, les Biencourt mère et fils se réfugiant alors dans les communs. Il occupe aussi pendant six semaines avec ses soldats le village de Saint-Patrice en Indre-et-Loire, et le château de Rochecotte. Ayant pris la chute fortuite d’un lustre dans les cuisines d’Azay pour un attentat envers lui, le prince faillit faire incendier le château, avant que ses officiers l’en dissuadent.