Visitée il y a 4 ans, j’y suis retourné pour le tournage de la vidéo. Le site est toujours aussi bien entretenu et il se dote d’un nouveau bâtiment flambant neuf pour l’accueil des visiteurs. De plus la scénographie est bien faite et dynamique, et l’avion (d’époque) ne manquera pas de ravir vos enfants. L’équipe est toujours aussi serviable et agréable, d’ailleurs, un grand merci à eux et à la direction pour leur gentillesse et disponibilité lors de ma venue pour le tournage. Si vous êtes limité dans le temps et ne pouvez pas visiter les 3 sites majeurs du secteur, n’hésitez-pas, faites ou commencez par la batterie.

La batterie de Merville est l’une des batteries côtières du mur de l’Atlantique, construite par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Située sur la commune de Merville dans le Calvados, à 2 km de la mer et orientée vers la baie de l’Orne, elle fut désignée par le haut Commandement allié comme l’un des objectifs prioritaires et vitaux du débarquement de Normandie : dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, elle sera l’objet d’un inimaginable assaut et sa prise par 150 hommes du 9e bataillon des parachutistes britanniques (6th Airborne division) est l’un des exploits du jour J.

Description

La batterie de Merville était l’une des batteries côtières de tir longue portée disposées le long du littoral normand, plus ou moins en retrait de celui-ci. La batterie était constituée de quatre grosses casemates prévues pour abriter des canons longue portée de 150 mm (il se révélera qu’elles n’abritaient que des canons Škoda datant de la Première Guerre mondiale et d’un calibre de 100 mm). Batterie d’artillerie hippomobile au début 1941, elle doit se protéger des attaques aériennes à compter du printemps 1942. L’organisation Todt, chargée de l’édification du mur de l’Atlantique, planifie la construction des casemates août 1942 (pour les casemates 1 et 2) et à mai 1944 (pour les casemates 3 et 4). Bien dissimulées du repérage aérien, celles-ci étaient prolongées par deux ailes en béton pour protéger l’embrasure des bombardements. Dans le même temps, furent construits soutes à munitions, abris, chambrée et poste de commandement avec périscope. L’ensemble était protégé par deux ceintures de barbelés hautes de 2 mètres et larges de 4 mètres et par un champ de mines. Il est à noter qu’il s’agissait d’une batterie « aveugle ». Ses cibles potentielles étaient connues sous des noms de code et les angles de visée et quantités de poudre préétablis. Un poste d’observation à Franceville sur le rivage relié à la batterie par téléphone permettait de préciser et de rectifier les tirs.

Plans de coupe des casemates de la batterie

Attaque aéroportée

Menaçant le secteur de débarquement de Sword Beach et toujours opérationnelle en dépit de plusieurs raids aériens, il fut décidé de la neutraliser par un bombardement aérien intense suivi d’une opération aéroportée dans la nuit précédant le débarquement. Cette opération fut confiée au lieutenant-colonel Terence Otway, à la tête du 9e bataillon parachutiste de la 6e division aéroportée britannique. Mais le plan complexe élaboré par Otway ne se déroula pas du tout comme prévu.

Photographie aérienne prise le 27 mai 1944. Elle montre l’ensemble du secteur de la batterie couvert par les bombardements de la Royal Air Force. Elle permet de constater qu’aucune casemate n’a été détruite.

Le plan

Un lourd bombardement aérien par une centaine de Lancaster et de Halifax de la Royal Air Force devait intervenir à h 30, quelques heures avant l’opération aéroportée. Les bombardiers devaient essayer de détruire la position ou au moins d’infliger des dégâts considérables à ses défenses, facilitant ainsi l’action des troupes aéroportées. Quatre hommes devaient être parachutés avant ce bombardement non loin de la batterie puis une fois le bombardement effectué s’en approcher et nettoyer discrètement un passage au travers des barbelés et des mines.

À h 50, le gros du 9e bataillon parachutiste toucherait le sol et devait atteindre la batterie vers h. Avec eux, se trouveraient des soldats du 591e escadron parachutiste des Royal Engineers, les troupes de génie britannique, et une pléthore d’équipements dont des dispositifs anti-mines, des torpilles Bangalore contre les barbelés et deux canons de la 4e batterie anti-tank aéroportée, qui seraient utilisés pour détruire les portes blindées d’accès aux casemates.

À h 30, l’escadron no 4 devait faire une attaque de diversion à la porte principale tandis que deux groupes de tireurs d’élite devaient faire feu sur les troupes ennemies occupant les différents emplacements de tir : canons, nids de mitrailleuses et canons antiaériennes. Ensuite trois planeurs Horsa transportant le gros de la compagnie A du bataillon et des troupes supplémentaires du génie devaient se poser à l’intérieur même de l’enceinte de la batterie et leurs troupes attaquer chacune des casemates. Au même moment la compagnie C procéderait à l’assaut par les passages nettoyés dans les champs de mines, rapidement suivie par le reste de la compagnie A puis de la compagnie B.

En cas d’échec ou si aucun signal du succès de l’opération aéroportée n’était reçu, le croiseur léger britannique HMS Arethusa croisant au large ouvrirait le feu sur la batterie à h 30 précise.

L’opération

À cause d’erreurs de navigation (confusion entre le cours de l’Orne et celui de la Dives), d’un ciel bas, du nuage de poussière dégagé par le bombardement intense sur la Batterie et de pathfinders lâchés dans une mauvaise direction et qui furent incapables de marquer la zone de largage, les parachutistes du 9e bataillon se trouvèrent dispersés jusqu’à 16 km de la zone. Le lieutenant-colonel Otway attendit au point de rendez-vous mais vers h 50 seuls 150 des 600 hommes étaient arrivés. Aucun des jeeps, canons anti-chars, mortiers, détecteurs de mines, personnel médical, sapeurs ou personnes responsables de la liaison navale n’était arrivé. Comme l’a dit lui-même Otway, « Nous n’avions presque rien… Si ce n’est un sacré groupe d’hommes ».

Le temps pressant, Otway se résolut en dépit du pessimisme ambiant à attaquer avec les troupes dont il disposait. Quand le 9e bataillon arriva sur la batterie, il trouva le groupe de reconnaissance de 4 hommes qui avait, lui, réussi sa mission, ayant étudié les positions allemandes et nettoyé quatre passages à travers le champ de mines. Le bombardement de la RAF avait complètement raté sa cible, les avions lâchant leurs bombes trop au sud, n’avait infligé que peu de dégâts à la batterie et à ses défenses mais avait manqué de tuer le groupe de reconnaissance.

Vers h 30, le bataillon fut réorganisé en 4 groupes d’assaut, menés par le major Parry et comprenant les compagnies A et C, qui allaient opérer en passant par deux des chemins ouverts à travers le champ de mines. Alors qu’ils se regroupaient, ils furent repérés et 6 mitrailleuses allemandes ouvrirent le feu sur le flanc du bataillon. Un petit groupe de parachutistes mené par le sergent Knight engagea alors trois des mitrailleuses près de la porte principale, chargeant leurs servants allemands à la baïonnette et à la grenade, tandis que la seule mitrailleuse disponible, une Vickers, engageait le feu sur l’autre flanc. Knight mena alors son groupe aux abords de la porte principale, improvisant une diversion en attaquant et tirant avec tout ce dont il disposait, ce qui focalisa momentanément l’attention et la riposte des Allemands.

Pendant ce temps, deux des planeurs d’assaut approchaient de la batterie, le troisième avait rompu son attache au-dessus de l’Angleterre. Ils devaient être guidés depuis le sol par des balises Eureka mais aucune d’elles n’ayant pu être récupérée lors du parachutage, les pilotes devraient donc atterrir à vue. Mais celle-ci était réduite par les nuages et la fumée due au bombardement. L’un des planeurs confondit le village de Gonneville, bombardé par la RAF et en feu, à 3 km de leur objectif, avec celui de Merville. À la vue des flammes, le pilote pensa que la cible avait été détruite et atterrit bien au-delà. Le second trouva la batterie mais alors qu’il faisait son approche finale, il fut ciblé et tiré par un canon antiaérien de 20 mm, blessant quatre des hommes à l’intérieur et détournant le planeur de sa course qui alla se poser très brutalement 700 mètres au-delà. Le planeur était à l’état d’épave et plusieurs hommes furent blessés dans l’accident. Cependant ils débarquèrent à temps pour repérer et attaquer par surprise des Allemands qui se dirigeaient vers la batterie.

Alors que les planeurs s’approchaient, Otway donna l’ordre d’attaquer en hurlant « Get in, Get in! », injonction reprise par les parachutistes. Il n’y avait pas de torpilles Bangalore pour ouvrir les barbelés et les premiers hommes se jetèrent dessus et ainsi de suite jusqu’à former des ponts humains sur lesquels les suivants coururent pour pénétrer dans la batterie. Les groupes d’assaut chargèrent. Dans l’obscurité, les passages marqués dans le champ de mines n’étaient pas clairement visibles et certains hommes s’en écartèrent et marchèrent sur des mines. Trois canons allemands firent feu sur les groupes d’assaut mais ils furent engagés par les mitrailleurs du bataillon et les tireurs d’élite. Au milieu du feu ennemi et de l’explosion des mines, les parachutistes tiraient à la mitraillette à la volée et lançaient des grenades sur tous les points fortifiés qu’ils rencontraient tout en chargeant vers les casemates. Au départ prise par surprise, la garnison allemande se reprit rapidement, en premier lieu en tirant des fusées éclairantes dans le ciel pour illuminer la zone, puis en menant un bombardement d’artillerie au-delà de la ceinture de barbelés et même en organisant un tir d’une batterie allemande de Cabourg vers le champ de mines.

Otway ordonna à ses réserves de s’occuper des derniers canons allemands qui tiraient sur les groupes d’assaut, qui commençaient alors à forcer les casemates et engageaient un combat au corps à corps avec leurs défenseurs. Les canons devaient initialement être détruits avec des explosifs spéciaux, mais ceux-ci n’avaient pu être récupérés lors du parachutage. Ils furent donc mis hors d’usage un par un en utilisant les bombes Gammon anti-chars que chaque parachutiste avait avec lui. Le combat commença à diminuer d’intensité au fur et à mesure que la garnison allemande faiblissait et à 5 h 00 il était terminé. Partout à l’intérieur et autour de la batterie se trouvaient allongés des morts et des blessés des deux camps. La garnison allemande comprenait environ 50 hommes mais à la fin du combat, six soldats seulement étaient encore en état de combattre, une trentaine blessés, et le reste morts. Sur les 150 parachutistes britanniques ayant mené l’assaut, 65 furent tués ou blessés.

La destruction des canons, même s’il ne s’agissait que de 100 mm à la menace moindre que les calibres de 150 mm attendus, permit néanmoins de sauver de nombreuses vies sur les plages. L’assaut sur la batterie de Merville, par une petite force aéroportée mal équipée, restera l’un des exploits du jour J et l’un des faits de gloire du régiment parachutiste britannique.

Dans les 48 heures qui suivront, les Allemands seront de retour dans la batterie et deux canons engageront le feu contre les plages. Mais pendant les heures critiques des premières heures du débarquement, la batterie de Merville aura été réduite au silence.

Statue de Terence Otway à la batterie de Merville.

Terence Otway

Otway naît le 15 juin 1914 au Caire puis arrive très tôt en Angleterre pendant que son père combat en France. De fin 1918 à l’automne 1921, il vit à Rushbrooke, en Irlande. Sa famille revient en Angleterre et il intègre l’école à Thame, puis le collège. En 1923, il est atteint de coqueluche et, devant la dégradation de son état de santé, il est décidé de le laisser partir pour Douvres, où il termine ses études secondaires en 1932. En janvier 1933, Otway intègre l’Académie royale militaire de Sandhurst et obtient le grade de sergent en se classant 18e sur 200 ; ce qui lui permet de servir dans l’armée des Indes. Mais il opte pour le 2e bataillon des Royal Ulster Rifles basé à Gravesend. Durant l’été 1935, il doit subir une opération de l’oreille moyenne à l’hôpital naval de Chatham. À l’automne 1935, Otway est affecté au 1er bataillon des Royal Ulster Rifles à Hong Kong. En août 1937, il est promu lieutenant et rejoint son bataillon à Shangaï. Son bataillon qui perd 20 hommes à la suite de quatre mois de bombardements de l’armée Japonaise. En décembre 1937, le bataillon est affecté à Rawalpindi en Inde, puis à Razani. Otway est nommé officier de transmissions.

En août 1939, il épouse Stella Whitehead, fille d’un ancien officier de police colonial en Malaisie. En novembre 1940, Terence Otway est promu au grade de Major. Il commande le 31st Independant Squadron Reconnaissance. Plus tard, cette unité deviendra le 1st Airborne Reconnaissance Squadron. Il est basé au pays de Galles.

En décembre 1940, Otway est promu commandant. En 1942, Terence Otway est nommé, en Islande, Brigade Major de la 156e brigade d’infanterie des « Ours polaires ». Ce passage en Islande ne durera que quelques mois.

Terence Otway est de retour en Angleterre. Durant l’été 1942, il est officier de liaison au ministère de la Guerre à Londres. En juin 1943, il réintègre le Royal Ulster Rifles en tant que capitaine. Le bataillon appartient désormais à la 6th Airborne Division.

En août 1943, il est affecté comme commandant en second au 9th Battalion puis il est promu lieutenant-colonel en mars 1944 et prend le commandement du 9th Battalion en avril 1944. Comme nous le verrons, le 10 juin, un obus éclate à faible distance du commandant du 9th Battalion.

Otway est tellement commotionné qu’il doit effectuer un séjour prolongé à l’hôpital et est évacué le 19 juillet à Cardiff, au pays de Galles. En octobre 1944, il est décoré de la DSO pour son action héroïque à Merville. À l’issue de son hospitalisation prolongée, à partir de mai 1945, Otway n’est apte au service actif dans l’armée que sous strictes conditions, mais est néanmoins envoyé en Extrême-Orient où il sert comme commandant de régiment.

En septembre 1945, alors que le Japon vient de capituler, il est envoyé comme officier du corps d’état-major au War Office à Karachi. Trois ans plus tard, ayant quitté l’armée, Otway travaille pour la Colonial Development Corporation en qualité d’Assistant General Manager (directeur général adjoint) en Gambie, et l’année suivante, en 1949, comme General Manager (directeur général) au Nyassaland (nom du Malawi de 1907 à 1964). Toujours perturbé par ses commotions subies en Normandie, il retourne en Grand-Bretagne la même année, avec une pension d’invalidité. Ensuite, l’ancien officier des parachutistes travaille dans la gestion des ventes, tout d’abord dans les assurances vie, puis il devient General Manager du journal Kemsley Newspapers, et enfin directeur commercial chez Empire News, un journal dominical britannique à grand tirage. Il fonde plus tard une entreprise d’import-export de jouets et de cadeaux. En 1966, il intègre une société par actions, Scotia Investments Ltd. Treize ans plus tard, il se retire de cette affaire, tout en conservant certaines activités commerciales et financières.

Retraité, Otway s’adonne à l’assistance des soldats britanniques et des veuves de soldats – connu pour cette activité bénévole sous le pseudonyme de « Colonel X » – et à la mise en valeur de l’histoire des paratroopers, notamment au travers de l’érection de monuments en Normandie. En 1990, son « histoire officielle » des forces aéroportées (Army Airborne Forces in the Second World War), commencée dès la fin de la guerre, reçoit une autorisation de publication.

Le 7 juin 1997, les Francevillais décident de l’honorer par un buste le représentant, qu’il dévoile lui-même sur le site de la batterie, en présence de Raymond Triboulet, résistant et ancien ministre. Le buste est l’oeuvre de Vivien Mallock.

En 2001, il est décoré de la Légion d’honneur, et plus tard la rue conduisant du bourg de Merville jusqu’à la batterie prendra son nom, avec son dernier grade de l’armée britannique : rue Colonel-Otway.

Terence Otway décède le 23 juillet 2006, à l’âge de 92 ans. L’année suivant sa mort, sa femme fait don de son maroon beret et de ses décorations au musée et site de la batterie de Merville.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1944, Otway ne parvient pas à trouver le sommeil, étant donné le poids de l’engagement qui approche et l’immense responsabilité qui lui incombe. Le lendemain, le Jour J est décalé de 24h, ce qui permet au commandant de Bataillon, épuisé, de prendre enfin un peu de repos. Le dimanche 4 juin, le général James Hill avait, au cours d’une réunion, prononcé cette phrase prémonitoire : « Ne soyez pas surpris si le chaos règne, il régnera sans doute ! ».

Nous sommes au soir du 5 juin 1944, sur l’aérodrome de Broadwell, le débarquement est confirmé et, avant le décollage pour la Normandie, le commandant du 9th Battalion tient à échanger quelques mots personnels avec ses hommes. Il est 22h30. Les hommes du 9e bataillon parachutiste montent à bord des 32 Dakota du 512nd Squadron de la RAF. Une fois dans l’avion, Otway s’endort…

Glen, le chien Para

Le Private Emile Servais Corteil, 19 ans, était l’un des maîtres-chiens du 9th Battalion. Le 6 juin 1944, il saute donc sur la Normandie avec Glen, son fidèle équipier. Tous deux sont tués dans la journée.

Ils reposent ensemble au cimetière de Ranville. Comme Glen, d’autres chiens ont servi dans la 3th Parachute Brigade à partir de janvier 1943. L’idée venait du Brigadier Hill, ils étaient officiellement utilisés comme messagers, mais de l’aveu de James Hill, « ils étaient surtout une attraction pour amuser les hommes ».

Chacun de ces bergers d’Alsace sautait avec un parachute pour vélo spécialement adapté et accompagnait son maître au combat.

Témoignages de quelques uns de ces héros...

« À la différence du claquement sec et saccadé des armes à feu à l’extérieur, j’ai perçu des détonations étouffées provenant des casemates. Il y avait des hurlements, des cris atroces et des nuages de fumée qui sortaient de l’embrasure des portes ».

Officier commandant le 12 Platoon de la C Company dont l’objectif était la casemate n°1.

« Otway était assis juste derrière moi et il hurla : « En avant, en avant ! » Je me souviens de cris venant de la gauche : « Mines, mines ! », suivis d’explosions. Nous avancions en zigzagant, nous exposant aux tirs croisés. On avait de la chance ou on n’en avait pas… En arrivant à la casemate, nous avons lancé deux grenades et, tout à coup, nous avons entendu des mouvements à l’intérieur. Dans le compartiment de gauche, les Allemands commençaient à se pousser à l’extérieur les uns les autres et ils s’alignèrent face à nous ».

Soldat Sid Capon (1924-2006) qui a donné l’assaut à la casemate n°1.

« La Flak commença à tirer. Ça traçait de bas en haut. J’étais assis près de Foster, qui était porteur de l’autre lance-flammes. Alors que nous approchions du sol, ils ouvrirent la porte du planeur. Afin que je ne sois pas ejecté à travers l’ouverture, je suis allé m’asseoir de l’autre côté. Aussitôt après, à l’endroit même où se trouvait ma tête auparavant, quelque chose traversa le planeur de part en part ».

Soldat Gordon Newton, qui faisait partie des parachutistes dont les planeurs devaient se poser sur la batterie à l’instant de l’assaut.

« Il n’y avait pratiquement aucun bruit et la batterie se dessinait dans l’obscurité. Nous devions passer les barbelés et il y avait un chemin périphérique menant à la batterie. J’ai commencé à me déplacer près du chemin et simultanément les mitrailleuses ouvrirent le feu des deux côtés ».

Sergent Sid Knight (1913-1998), leader de l’attaque de diversion.

« Notre Dakota est touché dans le moteur. Le pilote tente une nouvelle approche. Les éclats d’obus criblent la carlingue de l’avion et tout le monde est plus pressé de pouvoir s’élancer vers l’extérieur. Enfin, la lumière verte. Je m’élance hors de l’avion et tout devient calme. Les balles traçantes déchirent la nuit et quelques-unes traversent mon parachute. J’entends quelqu’un sur ma droite qui est touché et hurle dans la nuit. Je tombe dans près de 89 pieds d’eau (2,40 mètres). Je me noie pratiquement et parviens à m’extirper qu’en escaladant les poteaux téléphoniques. Je rencontre finalement un autre para qui tourne en rond et est perdu. Nous ne savons pas où nous sommes tombés. Nous nous apercevons que nous sommes tombés à l’est de la batterie, près de la Dives ».

Caporal Robert Ferguson, Medical Ordely, C Company, 9 para.

« Nous avons tous peur car nous n’avons jamais combattu auparavant. Nous tentons de nous rassurer en chantant. Tous le stick saute de manière dispersée et j’attends dans l’eau. Je perds mon kit bag et donc tout mon équipement. Je suis seul et trempé. Celui qui dit qu’il n’avait pas peur ne dit pas la vérité ».

Private James Baty, A Company, 9 Para.

« Tandis que la Flak nous arrose, je mets un certain temps avant de pouvoir sortir de l’avion jusqu’à ce que l’on me pousse. Alors que je suis expulsé, je perds tout mon équipement et notamment mon mortier. Je touche enfin le sol qui s’avère être de l’eau. Je panique car je ne sais pas nager. Je tombe dans 3 à 4 pieds d’eau (1 à 1,20 mètre) et mon parachute me recouvre. Je bois beaucoup d’eau avant de pouvoir me lever ».

Private Joe Hugues, Mortor Platoon, C Company, 9 Para.

Après guerre

Dès 1969, l’idée de préserver cette batterie revient à Françoise Gondrée et au général Sir Richard Gale, ancien commandant de la 6e division aéroportée britannique, fondateur, président de l’Aspeg, Musée de Pegasus Bridge. En 1977, Françoise Gondrée fait racheter les terrains par le Conservatoire du Littoral en vue de restaurer la Batterie et l’idée d’avoir une antenne de l’Aspeg en Grande-Bretagne « Assault Airborne Normandy ». Le général Michael Gray est désigné par l’Aspeg pour assurer la coordination.

La batterie est classée au titre des monuments historiques depuis le 25 octobre 2001. Sur près de 5 hectares, ce site-musée parfaitement authentique est ce qu’il était au matin du 6 juin et accueille chaque année près de 75 000 visiteurs.

Depuis 2008, un Douglas C-47 Skytrain américain, le SNAFU Special, un avion emblématique des troupes aéroportées est exposé sur site.

Le musée est géré depuis 1990 par l’association franco-britannique de gestion du musée de la batterie de Merville qui compte à parité parmi ses administrateurs des représentants de l’AAN et du conseil municipal ainsi que les membres de l’association. Celle-ci est présidée depuis 1989 par Olivier PAZ qui a été distingué comme membre de l’Ordre de l’Empire Britannique en 2006. Depuis décembre 2017 l’association a été remplacée par un GIP (Groupement d’Intérêt Public) comprenant 7 membres nommés par le conseil municipal de Merville-Franceville-Plage, 4 membres britanniques de l’association Amis de la Batterie de Merville et 2 membres de l’association Merville-Batterie.

Ouvrages de référence

Informations utiles

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Tel: 02 31 91 47 53

Place du 9ème Bataillon, 14810 MERVILLE-FRANCEVILLE