Une visite du château en 3D ?
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Prenons de la hauteur...
Avant toute chose, le site de Commarque est l'oeuvre d'une vie ainsi que l'amour et le dévouement d'une famille
En visitant Commarque vous allez découvrir l’histoire du sauvetage et de la réhabilitation d’une forteresse, mais plus encore d’un site complexe qui illustre d’une manière marquante l’aventure des hommes au cours des temps.
Après avoir dégagé la végétation et les cônes d’éboulis qui ont permis de mettre à jour progressivement les ruelles, les escaliers taillés dans la roche et les restes de maisons englouties, j’ai mené obstinément, depuis 1962, avec l’aide de l’administration des Monuments Historiques, des travaux de consolidation et de restauration qui ont permis à une grande partie des murs en élévation mis à nu d’être sauvés, en particulier grâce à des reprises de brèches et de béances sur le château proprement dit, qui était en grand danger d’écroulement.
Parallèlement, aidé par des Fondations américaines et l’État, j’ai conduit un programme ambitieux de fouilles et de recherches archéologiques faisant appel à de nombreuses disciplines, qui est venu enrichir continûment la connaissance sur la vie et l’organisation d’un Castrum au long du Moyen Âge. De 1973 à 1993, le site a servi de terrain de recherches, d’études et de formation au Centre Permanent d’Initiation à l’Environnement créé à proximité.
À ce jour, mon ambition consiste à révéler toujours plus de richesse de ce site avec la constante exigence de préserver son intégrité et sa magie. Pour ce faire, des dégagements, des recherches archéologiques et historiques et des travaux monumentaux s’imposent encore, afin d’offrir aux générations futures un lieu de rêve et d’émotion aux enseignements multiples sur leur passé.
En partageant notre passion, en nous donnant vos suggestions, en nous aidant à mieux faire connaître ce site, vous répondrez au défi qu’il nous presse de relever.
Hubert de Commarque, Conservateur et propriétaire
Commarque : 15 000 ans d'histoire
La Grotte Préhistorique
Sous le château, à droite, une porte blindée protège la grotte de Commarque trop étroite pour être ouverte au public. Une carte topographique de la grotte, une carte présentant le positionnement des gravures et sculptures, ainsi que des représentations de certaines d’entre elles sont présentées dans la salle du premier étage du donjon.
Cette grotte aux gravures préhistoriques découverte par l’abbé Breuil et Pierre Paris en août 1915 (classé Monument Historique en 1924) s’enfonce au bas de la falaise dissimulée par un grand abri rocheux, exactement au pied du donjon roman.
De la voûte, très haute à certains endroits, partant des galeries supérieures avec d’impressionnants champignons stalagnitiques. Une autre grotte latérale donnant sur l’extérieur rejoint celle-ci non loin de l’entrée ; à cette jonction existe un passage qui rejoint le grand habitat troglodyte situé entre le château et la grotte.
Parmi les dizaines de figures de l’époque Magdalénienne (15000 ans avant J.C.), représentées dans cette grotte, l’une d’elles est considérée comme une des plus belles représentations de l’art pariétal, à savoir un cheval grandeur nature en bas-relief dont la tête en particulier, souvent représentée, est d’un réalisme saisissant. L’animal semble vivant, ses nasaux dilatés frémissent dans le mouvement. Pour André Leroi-Gourhan (Préhistorien, Professeur au Collège de France et à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne) : « c’est la meilleure tête de cheval en bas-relief de tout le Magdalénien… une figure absolument bouleversante, la tête mesure plus de 70 cm et le corps se perd sur deux mètres de long dans les reliefs de la paroi, la qualité du modelé est exceptionnelle ».
Parmi les figures représentées et positionnées d’une manière semble-t’il intentionnelle (elles regardent toutes vers l’entrée de la grotte) on trouve une grande majorité d’animaux, de nombreuses représentations féminines, une dizaine de vulves et deux visages humains.
La période Néolithique
Au Néolithique, vers 6000 ans avant J.C. et jusqu’au Moyen-Âge tardif, dans la falaise et sur tout le pourtour du site, des habitats troglodytes ont abrité hommes et bétail. « Bien avant que naisse l’art de la charpenterie, qui permettra à la maison de se développer au-dessus du sol ou les savoir-faire liés à un matériau quasi universel, la terre crue, s’élaborait déjà un pan entier de l’architecture rupestre, creusée, enterrée ou troglodytique, recouvrait un patrimoine étendu ».
Du Moyen-Âge à aujourd'hui
Pourquoi avoir construit un château ici ?
« L’explication la plus satisfaisante pourrait être celle-ci : sur la falaise dominant la grande Beune, un certain Comarc reçut en garde une tour. Par la suite, l’un de ses descendants fut abbé de Sarlat durant le troisième quart du XIIe siècle. En outre, sa postérité assurait encore, vers 1300, avec deux familles de la région des Beunes, les fonctions de viguiers héréditaires de cette abbaye ».
En 1170, le pape nomma Garin de Comarque 12e Abbé de l’Abbaye Bénédictine de Sarlat.
Commarque se trouve sur la route qui mène de Montignac à l’Abbaye de Sarlat, aux marches du territoire de cette dernière. L’Abbaye Bénédictine de Sarlat assure la sécurité de son territoire en faisant garder la tour de Commarque par « un milites castri », membre de la famille de Commarque.
Lettres royaux de Philippe Auguste prenant sous sa protection le monastère de Sarlat et interdisant à quiconque de l’inquiéter et d’édifier dans la ville, aux environs ou dans les fiefs de l’abbaye, sans l’autorisation de l’abbé, des tours (turrim edificare) ou des châteaux (castellum construere). (1181)
Bulle d’Alexandre III nommant Garin de Comarque (Garinus de Comarca) XIIe abbé de Sarlat en remplacement de Raimond de Fénélon. (8 des ides de mai, 1170)
En 1195 Raduphe de Comarque (Cormiaci) succède à Garin de Comarque sur le siège abbatial de Sarlat (après lui Raimond de Cieurac). Il obtient la sauvegarde de Richard Coeur de Lion en 1195.
« Le château et la terre de Comarque furent l’apanage des aînés de cette Maison jusqu’à ce que Gérard de Comarque entra comme chevalier hospitalier dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Soit que ce Gérard fût le dernier rejeton de sa branche, soit que sa famille voulût donner un riche témoignage de munificence à l’ordre naissant de Saint-Jean de Jérusalem, à partir de cette époque, tous les biens de la branche aînée de la maison de Comarque passèrent à cet ordre, qui fit du château de Comarque le siège même de l’une de ses commanderies. Les commandeurs de Saint-Jean le conservèrent jusqu’au 13e siècle, et le cédèrent alors par échange à la maison de Beynac. Cependant une partie des biens patrimoniaux avait été réservée aux puînés des premiers seigneurs de Comarque. Cet apanage consistait principalement en une forteresse, dite la maison noble de Commarque, séparée du château par un large fossé taillé dans le roc, et ses possesseurs conservèrent le droit de lever des hommes dans la châtellenie de Comarque, pour former la garde de cette forteresse. Toutes ces preuves d’une possession immémoriale sont consignées dans des lettres royaux de Charles VII, du 29 janvier 1466, dans d’autres lettres royaux de Louis XII, de l’année 1509, et dans un monitoire de l’année 1600 ». (généalogie de Courcelles)
Les trois grandes campagnes de fouilles menées en 2003, 2004, et 2006 et des travaux historiques sur les archives ont montré à ce jour que plusieurs lignées identifiées cohabitaient sur le site de Commarque, dont les noms reviennent sans cesse dans les documents des XIIe, XIIIe, XIVe, et XVe siècles : les Beynac, les Cendrieux, les Commarque, les Escars, les Gondrix, les La Chapelle. Ils interviennent en qualité de propriétaire, vendeur, acheteur, donateur, récipiendaire ou témoin, pour des actes passés souvent entre ces mêmes lignées.
« Les textes concernant l’histoire de Commarque et de ses lignages s’avèrent plus nombreux que ce que l’on aurait pu penser de prime abord. Le castrum de Commarque a, semble-t-il, relevé initialement d’une logique d’agglomération avant de se réduire à celle d’un édifice unique. Ce regroupement initial, au XIIe – XIIIe siècle, se composait d’une juxtaposition plus ou moins cohérente de Maisons-Tours (ou maisons-nobles) indépendantes et disjointes – sept au moins -, rassemblées sous l’autorité d’une unique tour-beffroi.
Chaque unité y disposait de son enclos séparé et de ses accès propres, mais le tout était ceint d’un fossé qui formait une défense commune. Entre ces éléments « durs », il convient sans doute de compléter les vides par un réseau interstitiel de constructions plus légères, souvent semi-troglodytiques, dont l’essentiel paraît s’être développé sous la forme subordonnée, hors les fossés et dans la vallée, au pied des abrupts rocheux. C’est dans le courant du XIVe siècle et peut-être à la faveur de la guerre de Cent Ans, que les premiers remembrements semblent s’être opérés par acquisitions successives, au profit des deux lignages majeurs – les Beynac et les Commarque -, conduisant à une séparation du site en deux blocs antagonistes ». (Bernard Pousthomis archéologue et diretceur de la Société d’investigations archéologiques HADÈS)
Fin XIVe, les Beynac deviennent les seigneurs dominants constamment contestés en justice par les Commarque qui font valoir leurs droits liés à leur ancienneté originelle sur les lieux. Fin XIVe et XVe, les Beynac renforcent la construction du château principal. Les dernières transformations du château interviendront début XVIe et l’ensemble du site sera abandonné fin XVIe. Durant ces quatre siècles d’abandon il servit de carrière de pierres et sur les éboulis une forêt dense recouvrit l’ensemble du site. En 1942, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Monsieur Yves-Marie Froidevaux fit classer le château et organisa un chantier de sauvetage. Depuis 1962, Hubert de Commarque y poursuit les dégagements, la consolidation, la restauration, l’organisation de campagnes de fouilles archéologiques pour sauver et rendre accessible au public cet ensemble monumental.
L'entrée du Castrum
Vous empruntez un escalier en bois posé en superstructure au-dessus d’un escalier taillé dans le roc à l’époque médiévale et, sur le côté, vous pouvez distinguer les traces (saignées et trous) de la palissade néolithique.
Le passage voûté situé sous la chapelle constituait l’une des portes d’entrée du castrum. Cette entrée du castrum était protégée, car nul n’était censé passer sous un autel les armes à la main.
Le château
Isolé du reste du site par de profonds fossés taillés dans le rocher, le château proprement dit est composé de :
- un double donjon,
- un corps de logis et sa tour d’escalier octogonale
- une grande salle et sa petite tour d’escalier ronde.
Ces trois ensembles encerclent la cour d’entrée dans laquelle se trouve le puits. Le château était accessible par la barbacane (XIIIe) et le ravelin (XIVe).