Quatre étapes majeures jalonnent l’histoire de l’édifice.

Les deux premières concernent, l’une, la fondation et la construction de l’église ou chapelle, l’autre, la construction du château ou logis. Elles sont analysées à partir des documents provenant des Archives départementales de Toulouse. Toutefois, une étude des caractéristiques architecturales des deux parties de la commanderie et le fait qu’en 1860 le mur nord de l’église ait conservé une fenêtre romane et ses contreforts extérieurs permettent d’établir que l’église fut élevée plus d’un siècle avant le château.

Quoique nous ne connaissions pas la date exacte de sa fondation, Sallebruneau appartient avant le XIIIe siècle à la seigneurie de Benauges. La commanderie jouit d’une importance locale prépondérante. Elle possède de nombreux biens dans le diocèse de Bazas, notamment la commanderie de Montarouch, le moulin fortifié de Cavignas, l’église du Puch, le maine de Guiton.
En 1244, en marge d’un acte de fief le nom de Salabrunel est mentionné sur un morceau de parchemin presque effacé…
En 1280, Jean de Grailly, seigneur de Benauges et de Castillon, lègue après sa mort, les biens de Sallebruneau et le droit de justice à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
En 1297, la commanderie s’agrandit par suite de libéralités de voisins : les terres du Puch, le moulin de Frontenac.
Abandonnés par les riches seigneurs partis en pèlerinage, le nombre de pauvres augmente chaque jour.
De nombreuses bandes de routiers dévastent le pays, tuant les habitants, pillant les récoltes, incendiant les maisons qui se trouvent sur leur chemin. Outre son rôle d’accueil et d’assistance, elle doit, de plus, gérer les biens de la communauté (récolte et argent) et former les convois en direction de la Terre Sainte. L’importance de la commanderie ainsi que l’insécurité du moment amènent l’Ordre à fortifier l’édifice. Une partie fortifiée est accolée à l’église et un large fossé entoure probablement le tout, peut-être plus pour affirmer la puissance de l’Ordre que pour protéger les biens de celui-ci.
Le 13 octobre 1307, arrestation en France de tous les templiers et confiscation de leurs biens. Leurs biens sont alloués aux hospitaliers contre une lourde redevance. De nombreux conflits vont naître suite à cet héritage avec les différents voisins de Sallebruneau.
Au fil des années et des donations, l’importance de la commanderie s’accrut, elle possédait des dépendances (Buch, Saint-Sulpice, …).
A la fin de la guerre de Cent-Ans, Sallebruneau a ses terres ravagées à plusieurs reprises, ses propriétés usurpées.
En 1477, de vils agissements, fréquents et nombreux, toujours de la part des seigneurs de Rauzan ont lieu à l’encontre de Sallebruneau : dévastation des terres, vol du bétail, enlèvement des vassaux du commandeur, et ce jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Les deux autres étapes correspondent au démantèlement du château et à l’abandon de l’église. Il est très probable que les troubles liés aux Guerres de Religion, particulièrement au cours des années 1574-1575, ont amené la ruine du château puisque les rapports des visites au XVIIIe siècle montrent que cette partie de la commanderie était délabrée. L’un d’eux précise même que dans le logis ne subsistent que « les masures d’un ancien château seigneurial qui fut détruit par les guerres civiles ».

Pendant les guerres de Religion le lieu de Sallebruneau est pris et dévasté. Le commandeur ne réside plus à Sallebruneau, la plus puissante des commanderies de la région mais à Bordeaux. Seuls y demeurent les prêtres, les serveurs, les fermiers.
En 1789, l’Assemblée Constituante vote la confiscation des biens du clergé. L’Ordre de Malte perd toutes ses commanderies, maisons et possessions de France. Les biens sont vendus à des particuliers. L’église est achetée par la commune de Sallebruneau et le château par un propriétaire privé.
1813, la commune de Sainte-Présentine est rattachée à celle de Sallebruneau. L’église est abandonnée à la fin du siècle dernier au profit de la petite chapelle de Sainte-Présentine mieux adaptée à la population réduite du village de Sallebruneau.
1837, suite à un orage, la toiture s’effondre.
1936, les fonds baptismaux, classés monuments historiques, sont déplacés à Sainte-Présentine, le gisant à l’église de Frontenac et le bénitier pour une destination inconnue à ce jour
1965, la commune de Sallebruneau est rattachée à celle de Frontenac.
1987, inscription de l’édifice sur la liste supplémentaire de l’Inventaire des Monuments Historiques.
Juillet 1974, l’Association Les Recherches Archéologiques Girondines, après avoir sauvé de l’oubli et de l’indifférence le château de Rauzan ; décide de sauver cet édifice totalement à l’abandon en effectuant des travaux de restauration, notamment par l’organisation de chantiers estivaux de bénévoles, sensibilisant les autorités compétentes sur le caractère remarquable de ce site de l’Entre-deux-Mers.
Décembre 1987, inscription en totalité sur l’inventaire des monuments historiques des vestiges.
Juillet 2005, acquisition du site par la commune de Frontenac avec le concours financier du Conseil Général de la Gironde.
Juillet 2008, les fonds baptismaux quittent la chapelle Sainte-Présentine pour retrouver sa place initiale à Sallebruneau.

Architecture

La commanderie est constituée par deux édifices accolés : l’église au sud et le château au nord dont le plan s’inscrit dans un quadrilatère a pour dimensions extérieures approximativement : 19,5 mètres sur 24,6 mètres. La disposition du logis au nord est mentionnée à plusieurs reprises dans les commanderies de Saintonge et d’Aunis. Étant donné que cet élément d’architecture a disparu de presque tous les établissements d’Aquitaine, il est difficile d’établir le même constat pour notre région.

Malgré les dommages apportés par les vicissitudes de l’histoire locale : fin de la guerre de Cent Ans, conflits locaux avec les seigneuries voisines et guerres de religion, Sallebruneau est un témoin remarquable de la fin du Moyen Age. L’une des raisons qui justifie les mesures de sauvegarde prises pour Sallebruneau réside précisément dans la présence de ce logis et de ses éléments défensifs d’un grand intérêt.

L’édifice a fait l’objet de trois mesures de protection au titre des Monuments Historiques : l’une de tentative de classement en 1845 puis en 1960 qui ont abouti à l’inscription d’une mention dans le casier archéologique et une inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1985.

L'église

Le plan est simple : une nef unique, rectangulaire. La nef fut séparée du chœur par un arc triomphal retombant sur un faisceau de colonnes dont il reste la base et des chapiteaux intéressants. Le chevet plat, encadré de colonnes engagées dans les murs, est percé de trois fenêtres hautes en plein cintre à double ébrasement. Des restes de peintures sont encore visibles sur l’intrados de l’arc. Près de l’angle sud-ouest du mur sud de la nef, un enfeu associé à un ossuaire fut rajouté sous une niche en arc brisé orné de moulures. Dans la façade occidentale très sombre, sans ornementation, s’ouvre une porte ogivale. Au dessus du portail s’élève le clocher pignon qui est percé de deux baies d’inégale largeur. Sur le mur sud, s’appuient deux contreforts. Le chevet est protégé par trois contreforts presque plats et dans celui situé au centre a été percée la fenêtre axiale du triplet.

Le château

C’est au XVIe siècle, lorsque la nécessité se fit sentir de protéger leurs domaines, que les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem construisent une petite forteresse qui s’appuie sur le flanc septentrional de l’église dont elle a à peu près les dimensions. A l’angle nord-ouest, une tour carrée possède en son rez-de-chaussée une petite porte très basse ouvrant sur une cellule voûtée qui devait servir de cachot. Elle est surmontée de deux étages percés d’archères cruciformes. Deux larges brèches ouvrent les murs nord et ouest. Étant donné que les autres éléments purement défensifs ont été assez bien conservés, on peut suggérer que ces deux destructions correspondent à une décision de démantèlement du château. L’angle nord-est est renforcé par un contrefort saillant servant d’assise à une tourelle hexagonale formant une échauguette.

A proximité de la commanderie, se trouvent un lavoir, un puits, un cimetière et aux alentours, une allée de charmilles, une motte féodale, un réseau souterrain et des maisons assez pittoresques.

Le puits

Si la commanderie n’a révélé aucun point d’eau dans son enceinte, au sud, à proximité du chemin actuel menant au monument, un puits a été construit et a dû servir longtemps à l’approvisionnement en eau du hameau. Il est couronné par une margelle ronde en cinq pierres. Son diamètre intérieur est de 2 mètres et sa profondeur avoisinerait les 12 mètres. Il n’est jamais à sec même lors des plus fortes chaleurs d’été. Il n’y a plus de trace du linteau de pierre auquel la poulie aurait été suspendue

Le réseau souterrain

La commune de Frontenac possède le réseau souterrain le plus vaste du département. Découvert en 1950, le Grand Antoine est une immense cavité souterraine formée par trois rivières souterraines de plus ou moins grande importance. La totalité des galeries représente plus de onze kilomètres de développement. Une des trois galeries appelées «galerie Sallebruneau» est accessible par la grande fosse ou la perte de Sallebruneau. Pour la parcourir, il faut cheminer les cent premiers mètres à plat ventre dans l’eau et après deux cent mètres de passage délicat elle devient plus spacieuse. A un endroit précis, elle se partage en deux voies, l’une reste active avec un ruisseau qui implique quelques baignades, l’autre est une galerie sèche avec des fossiles. Puis les deux voies se rejoignent dans une grande galerie qui est le point de jonction avec les autres galeries. Régulièrement, des spéléologues ne viennent s’exercer malheureusement pas toujours dans le respect des règles de protection de l’environnement.

Le cimetière

Le sol est parsemé de sarcophages et de tombes dont certaines sont fleuries chaque année. La dernière inhumation remonte en 1976. La forme des sarcophages qu’affecte la cuve de ces coffres offre des différences marquées selon l’époque à laquelle ils remontent. C’est ainsi que jusque vers la fin du VIe siècle les cuves sont massives à bord épais et aussi larges et hautes aux pieds qu’à la tête, tandis que de la fin du VIe jusqu’au VIIIe siècle elles ont leurs bords plus amincis et sont plus étroites et surtout moins élevées aux pieds qu’à la tête.

Le lavoir

Une pièce d’eau, située en contrebas par rapport à la commanderie, a été nettoyée à partir de 1990 et ces travaux ont permis de dégager un lavoir. Il est constitué d’un bassin taillé dans la roche mère constituée de calcaire et de grès dolomitique. Il est de forme quadrangulaire et ses côtés sont tous différents. L’un d’eux est maçonné, le second l’est partiellement et comprend un bassin dans lequel s’écoule l’eau d’une source. Le troisième côté correspond à un nivellement du socle rocheux à un niveau supérieur à celui du lavoir. Enfin, le quatrième côté a conservé deux dalles légèrement inclinées vers le lavoir et qui représentent très probablement les éléments subsistants de l’ancienne surface de lavage. Ce lavoir n’a subi aucune des transformations auxquelles ont été très souvent soumises ces installations aux XIX et XXe siècles

Le hameau de Sallebruneau

D’une superficie de 537 hectares et de la dizaine de fermes qui composaient le bourg au siècle précédent, aujourd’hui il n’est reste que quatre. La commune de Sallebruneau a été rattachée à celle de Frontenac en 1965. Lors de la fusion de Sallebruneau avec Frontenac, toutes les archives municipales ont disparu lors d’un banquet de chasseurs.

La motte féodale

Elle est située à un kilomètre au sud-ouest de l’édifice par le bord sud du chemin qui conduit à Sainte-Présentine. C’est une enceinte longue de douze mètres sur dix. Le talus mesure sept mètres et le fossé comblé, sauf au sud-ouest, cinq mètres. Il était alimenté par un ruisseau venant du sud. Actuellement, elle a entièrement disparu sous une végétation intense.

Ouvrages de référence

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