Une visite du donjon en 3D ?

Le donjon de Houdan fut édifié sur une ancienne nécropole mérovingienne utilisée du VIe au VIIIe siècle. Il a été réalisé à la fin du XIIe siècle par la famille de Montfort. C’est un donjon circulaire de 21 m de haut, il est flanqué de tourelles circulaires aux quatre points cardinaux. Ses escaliers sont construits dans l’épaisseur des murs.

Son emploi n’était pas tant militaire mais plus comme une marque de présence féodale et une affirmation de puissance. Un soin tout particulier a été apporté à son architecture : fenêtres géminées à niches, coussièges, chambres voutées en cul de four. Le donjon, patrimoine des comtes de Montfort, a été associé tantôt au duché de Bretagne, tantôt à la couronne de France en fonction des alliances de la famille. Il revient en droit à la couronne de France en 1532.

Gravure Claude Chastillon Houdan, au XVIe siècle.

Avant

Après !

Avant

Après !

Restauration

Il faut le signaler, car ce n’est malheureusement pas toujours le cas, la restauration du donjon a été pensée de façon intelligente et bien exécutée.

Avant

Après !

Architecture

La porte ogivale que l’on voit près de la tourelle Est n’est pas l’ancienne entrée de la tour, mais une brèche pratiquée dans le mur, comme on s’en aperçoit facilement à l’intérieur. L’entrée se faisait dans la tourelle nord, à environ 04 mètres du sol. On y accédait par un pont incliné ou escalier en bois, reposant sur deux corbeaux. C’est en partant de cette entrée que nous allons visiter la tour, en suivant sa distribution primitive.

Au fond d’un vestibule, une brèche, basse et étroite creusée au travers la muraille va joindre l’escalier, qui conduit du Rez-de-Chaussée au premier étage. Avant l’ouverture de cette brèche, il n’y avait en face de la porte qu’un enfoncement peu profond dans les parois duquel on remarque deux trous, indiquant la place d’un treuil destiné sans doute à retirer le pont-levant.

Un escalier droit de vingt marches, aménagé dans l’épaisseur du mur et éclairé par deux meurtrières, conduit à un palier autrefois séparé par un gros mur du cabinet de la tour de Est et ne communiquant qu’avec la grande salle du donjon. Le mur a été détruit pour permettre la circulation après la destruction des planchers de la tour.

La grande salle mesurait 8 m de côté sur une hauteur égale. Son plancher a pu être restitué dans le plan d’après les trous laissés par les poutres dans les murs. On voit dans la coupe de la tour, faite sur l’axe de la poutre maîtresse, les corbeaux destinés à porter ses extrémités, et d’autres, à surface inclinée, qui recevaient les puissantes jambes de force qui la soulageaient. On remarque aussi sur les murs les restes de deux enduits de chaux superposés, représentant tous deux un simple appareil de pierre de taille. Cette salle, à laquelle tout aboutissait et qui interrompait toute communication entre les différentes parties du donjon avait huit ouvertures, quatre, une sur chaque façade et autant dans les angles.

1° C’était d’abord la porte de l’escalier par laquelle on arrivait de l’extérieur.

2° Une arcade donnant accès dans le cabinet de la tourelle Est. Cette pièce, de près de 04 mètres de long sur 2 mètres 50 de large, est éclairée par une fenêtre et voûtée en cul-de-four.

3° La fenêtre, large de 2 mètres 50, est couverte par un berceau ogival qui traverse la construction. Un mur de 1 mètre 50 d’épaisseur la ferme, ne laissant que deux ouvertures voûtées en plein-cintre, terminées par deux meurtrières rectangulaires, de 30 centimètres de large sur 1 mètre 20 de haut. De même que l’on a abattu la partie de mur entre l’escalier et le cabinet, pour pouvoir circuler après la destruction des planchers, on a percé une brèche étroite, pour passer de ce point à une fenêtre; et, de là pour se rendre à la tourelle sud, on a pratiqué une large entaille dans la muraille. Mais telle est la cohésion de toute la construction, que ces coupures, à la hauteur où la section des murs est le plus diminuée par les ouvertures, n’ont produit aucune fissure dans la masse; et que les archivoltes des arcades et les lourds linteaux des portes restent suspendus dans le vide, sans avoir descendu depuis que leurs pieds-droits ont été enlevés.

4° Le cabinet de la tourelle Sud , plus rétréci que les autres, est voûté en coupole et éclairé par une fenêtre.

5° Un pont léger conduit maintenant à une fenêtre, il y en a deux ponts comme ceci, l’autre a conservé son banc de pierre.

6° Le même pont se prolonge jusqu’à la porte de l’escalier de la tourelle Ouest, par lequel ou parvient aux étages supérieurs. Au bas de cet escalier se trouve une pièce, éclairée par une large fenêtre moderne et dans laquelle le docteur Aulet, propriétaire de la tour, avait rassemblé un petit musée. Le soin avec lequel elle est séparée de la grande salle porterait à croire que les latrines du donjon devaient s’y trouver.

7° Une arcade, formant un cabinet dans le mur sans trace de fenêtre.

8° Enfin, une porte ouvrant dans la tourelle nord, au-dessus de l’entrée du donjon. Dans ce cabinet se trouve un passage qui conduit à un escalier, seule communication avec le Rez-de-Chaussée de cet escalier, de même qu’un autre qui est de construction romane, c’est-à-dire que les marches sont portées par une petite voûte rampante.

Cette distribution compliquée avait pour but non seulement de dérouter l’ennemi, qui aurait pu s’introduire par surprise dans le donjon, mais surtout de concentrer toutes les communications dans la salle occupée par le baron, et de faciliter sa surveillance sur la garnison de manière à rendre toute trahison impossible.

Le Rez-de-Chaussée auquel, avant l’ouverture d’une brèche on ne pouvait parvenir qu’en passant par le premier étage, se compose, comme celui-ci,  d’une seule salle de même dimension aussi élevée, éclairée par deux larges fenêtres placées à 5 mètres du sol.
Une seule est actuellement ouverte, l’autre est murée.
A l’angle Sud, le pan coupé ne descend pas jusqu’au sol, mais est porté par une trompe, ce qui donnerait à penser qu’un puit pourrait bien se trouver dans cet angle.
Si,au lieu de descendre au rez-de-Chaussée par l’escalier nous montions celui de la tourelle Ouest, nous n’y trouverions pas de porte donnant dans la salle du second étage, et c ‘est plus haut qu’un couloir coudé et étroit y descend; encore fallait-il un escalier ou une échelle pour monter du plancher de la salle à ce couloir. Sans doute, une autre échelle fournissait une communication plus directe entre les deux étages et permettait à la garnison chassée de la grande salle, de se réfugier à l’étage supérieur. Si les défenseurs devaient abandonner encore cette pièce, ils pouvaient, en obstruant le couloir, continuer quelque temps la résistance dans les combles.

Ce second étage était éclairé par trois fenêtres que le dessin de Châtillon, à la fin du XVIe siècle, nous montre garnies de Hourds saillants en bois. Malgré le talus des murs à l’extérieur et une retraite à l’intérieur, ils conservent encore à cet étage une épaisseur très-considérable. Les ouvertures y sont moins nombreuses qu’au premier et les tourelles sont pleines, sauf celle de l’escalier, on est frappé du poids énorme amassé inutilement à une hauteur que les projectiles pouvaient à peine atteindre, et l’on se demande dans quel but, au lieu de ménager de nouvelles pièces dans ces épais massifs, on a dépensé tant d’efforts pour accumuler à cette hauteur une pareille montagne de pierres.
La largeur des murs au sommet du donjon permet à ceux qui ont la tête sûre d’en faire le tour, quoique le couronnement soit complètement ruiné. Le dessin de Châtillon nous prouve qu’un toit conique recouvrait la tour, accompagne de quatre toits pointus surmontant les tourelles.

Une étude plus approfondie de l'architecture est disponible sur la base Persée
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La cuve du château d'eau

Transformée en salle de projection, elle occupe aujourd’hui la partie supérieure du donjon. Elle est en béton armé avec une double paroi. À l’origine, ce niveau contenait un toit pyramidal encaissé à l’intérieur des murs. Sa charpente était soutenue par un système de sablière sur les retraites d’épaisseur murale. Un chêneau, large de 40 cm et haut d’un mètre, en faisait le tour et se déversait par des conduits traversant les murs. L’eau s’écoulait par une goulotte vers l’extérieur. Un passage partant de l’escalier à vis, débouche à mi-hauteur d’une pièce qui n’existe plus. Il servait d’accès de visite.

Le toit encaissé d’origine a été supprimé pour faire place à un troisième étage utilisable dès le XVIe siècle, avec un nouveau plancher et un nouveau toit mis en place sur le niveau d’arase de la tour. A cette époque, la cuve en béton n’existait pas. Trois des anciens conduits d’évacuation furent élargis pour servir d’embrasures de défense pour armes à feu de calibre moyen. On accédait à cet étage par une échelle de bois. Les murs du donjon sont maçonnés de moellons de grès, calcaire, meulière et silex. De grands blocs de calcaire taillés sont réservés pour l’encadrement des baies, les chaînages d’angles et le soubassement.

Les graffitis

Depuis sa construction au XIIe siècle, le donjon a vu passer de nombreuses vies entre ses murs. Certaines resteront à jamais inconnues mais d’autres ont laissé des traces qui sont parvenues jusqu’à nous. Pour les architectes et les glyptographes ainsi que pour les archéologues du bâti, le graffiti est un témoignage du passé guidant nos recherches à rebours vers ce temps que nous essayons de décrypter. Nous retrouvons ainsi à Houdan de nombreux graffitis datant du XVIIIe siècle, mais aussi des graffitis allemands de 1944.

On distingue aussi un graffiti représentant un navire de la Royale reconnaissable par ses trois mâts bien gréés. Plusieurs autres graffitis de ce type ont été découverts dans d’autres édifices. Ceux-ci témoignent de la présence de marins dans la région qui, aux alentours, exploitaient le bois destiné à la construction navale.

Ci-dessous : vue générale de l’abbaye de Coulombs en 1652

La Saint Matthieu, une foire qui a su évoluer au fil des siècles

Le Comte Amaury II de Montfort créa cette foire en 1065 au bénéfice des moines de l’abbaye de Coulombs. Les religieux en percevaient les droits de place, à charge pour eux d’assurer l’entretien de la chapelle Saint Jean-Baptiste de Houdan. Il y avait à cette époque deux foires dans la ville, la Saint Jean-Baptiste (le 24 juin) et la Saint-Matthieu (le 21 septembre). Celle-ci prit le nom du « patron spirituel » d’Amaury II de Montfort, Saint Matthieu.

Ci-dessus : prorogation de la durée d’une foire de la ville de Houdan, signée par Louis XVI

Son ampleur devint telle qu’elle ne put être contenue à l’intérieur de la ville et on dut à partir de 1147 la transporter « hors des murs » après la Porte de Paris sur le chemin qui menait à Saint-Lubin.

En 1560, la léproserie qui existait depuis le XIe siècle à Houdan fut supprimée. Ses terrains (situés après le pont de chemin de fer actuel) furent attribués à l’Hôtel Dieu de Houdan, la foire s’y installa et put de nouveau s’agrandir dans le quartier que l’on nomme de nos jours « Saint Matthieu ». A cette époque, les droits de place étaient perçus au profit des malades pauvres et l’adjudicataire des droits se devait d’offrir un bonnet de coton au malade le plus déshérité. Son succès fut tel qu’au XVIIIe siècle, on en prolongea la durée à 3 jours par lettres patentes du 16 juin 1777 signées par le roi Louis XVI.

Ouvrages de référence

Informations utiles

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Tel: 07 68 71 40 21

https://www.ledonjondehoudan.fr

Place de la Tour, 78550 Houdan