L'église en 3D ?

L’existence d’une église à Margaux est attestée dès le 14e siècle, notamment en 1398 dans la nomenclature des paroisses du diocèse sous son nom latin « Sanctus Michael de Margaus ». Après avoir appartenu longtemps à l´archevêché de Bordeaux, elle passe entre les mains de l’abbaye de Vertheuil à une date inconnue. Des éléments de description de l´édifice sont présents dans les rapports de visites épiscopales réalisées au 18e siècle, ainsi que dans les Variétés bordelaises de l’abbé Baurein (1784-1786).

La partie la plus ancienne est certainement le chevet avec les vestiges d’arcade brisée à voussures et chapiteaux corinthiens pouvant dater du 15e siècle. L’abside d’origine présentait une forme semi-circulaire et a été transformée en sacristie au cours du 17e siècle. Le mur qui constitue aujourd’hui le chevet marquait donc cette séparation entre l’église et la sacristie. Il semble qu’à cette époque, l’église n’était composée que d’une nef unique. Un clocher « constitué d’une espèce d’arceau de pierre auquel sont attachées les deux cloches » est également mentionné. L’ajout d’un bas-côté, aussi large que la nef primitive, est attesté peu avant 1734 : on ne sait pas s´il correspond au bas-côté sud ou au bas-côté nord actuel. Deux vestiges donnent des indications complémentaires pour dater les murs de ces bas-côtés : une pierre portant la date 1761 est insérée dans la maçonnerie du mur nord ; un décor de litre seigneuriale a été découvert sous l´enduit dans le bas-côté sud : il s´agit des armes de Jean-Denis d´Aulède de Lestonnac, baron de Margaux et seigneur du Cros, premier président du Parlement de Guyenne à partir de 1673 et mort en 1694. Cette partie de l’édifice daterait donc du 17e siècle. Pourtant, il semble bien que l´église ait été largement reconstruite peu avant 1784-1786, comme l´indique l´abbé Baurein dans son ouvrage. Le portail (sans le clocher) daterait de cette époque, tout comme les arcades intérieures entre nef et bas-côtés. Ces aménagements peuvent être rapprochés du chantier contemporain de l´église de Cantenac, mené par René Montpontet, « maître architecte » demeurant à Margaux. Les similitudes stylistiques entre les deux façades pourraient tendre vers l´attribution des travaux de l´église de Margaux à cet architecte. Selon Édouard Guillon (1866), l´église aurait été édifiée en 1829, date inscrite sur la grille des fonts baptismaux et correspondant donc plutôt à un aménagement secondaire. A la même époque, une délibération du conseil municipal montre que la reconstruction de l´église n´était pas achevée du moins en ce qui concerne le clocher « qui attend encore une flèche ». Le clocher a été ajouté à la façade préexistante en 1856, date inscrite dans un cartouche. Il est dessiné par J. Hosteing aîné, architecte à Lesparre, et construit par l´entrepreneur Jean Déjean. A cette époque, la sacristie est également décrite en mauvais état. Des plans sont alors dressés par Déjean en 1858 mais rejetés par la commission des Monuments historiques, qui s’oppose la destruction de l´ancienne abside présentant un intérêt archéologique. Finalement l´idée est abandonnée puisque, à partir de 1861, apparaît celle de déplacer et de reconstruire l’église trop isolée du village : un projet, présenté par l´architecte Auguste Labbé, reste plusieurs années en suspens en raison du manque de moyens. En 1876, la question est à nouveau évoquée : un emplacement en forme de losange pris chez MM. Feuillebois, Miquau et Dubignon est envisagé mais l´église serait alors trop proche des habitations. Un autre emplacement semi-circulaire au Mayne de Jeannet est étudié avec le projet d’ouvrir une nouvelle voie (avenue Jeanne-d’Arc). A cette époque, l’église est en mauvais état et de nombreuses réparations y sont nécessaires (restauration de la charpente, du clocher, construction d’une sacristie, etc). Mais le projet de reconstruction est à nouveau ajourné. En 1879, l´architecte Ernest Minvielle adresse un projet de sacristie et de restauration de l´église qui est refusé par la commission des Monuments historiques. La toiture de l´église est alors dans un état de délabrement avancé. Finalement, le projet de sacristie est accepté et réalisé en 1882 selon les plans d´Ernest Minvielle et par l´entrepreneur Émile Lestage. On renonce alors définitivement au projet de nouvelle église. Des travaux sont effectués sur le clocher en 1887 : la croix en pierre qui a été détruite par la foudre est remplacée par une croix en fer. En 1887-1888, on mentionne les réparations apportées au chevet, à la toiture, au porche, à l´escalier du clocher, le dallage des chapelles et du chœur, la décoration des murs des chapelles, fonts baptismaux, chaire, autels latéraux. Des travaux sont également menés à l´intérieur de l´église : en 1889, les décors peints sont réalisés par l´entreprise Vincent Frères, entrepreneurs de peinture à Bordeaux. Les vitraux non datés sont signés G.P. DAGRANT BORDEAUX. Une baie a été percée dans le mur du chevet au cours du 20e siècle par la famille Ginestet, propriétaire du château Margaux.

Projet de la sacristie à reconstruire à l’église de Margaux, Déjean, 2 mai 1858.

Plan général de l´église et du cimetière de la commune de Margaux, Déjean, 2 mai 1858.

Elévation de la façade occidentale (état actuel), plan de l’architecte Labbé (28 février 1867).

Coupe (état actuel), plan dressé par Labbé (28 février 1868).

Projet d’église pour Margaux, A. Labbé, 1867 : élévation latérale.

Projet d’église pour Margaux, A. Labbé, 1867 : élévation principale.

Située à distance du village mais à proximité du château Margaux et entourée du cimetière, l´église est composée d´un clocher-porche, d´une nef principale encadrée de deux bas-côtés et d’un chevet plat avec sacristie. Le clocher-porche est composé d´un premier niveau percé d´une porte en plein-cintre, surmontée d´un entablement et encadrée de pilastres qui soutiennent un fronton triangulaire avec deux pots à feu en amortissement. Au-dessus s´élève le clocher carré, percé sur chacune de ses faces d´une baie en plein cintre avec un remplage à deux lancettes et oculus. Il est coiffé d´un dôme en pierre et lanternon avec pots à feu en amortissement. Le flanc sud, percé de quatre fenêtres en plein-cintre aux ébrasements concaves, correspondant aux quatre travées intérieures de la nef, est scandé de jambes traitées en bossage. L´ensemble est couronné par une corniche moulurée et une génoise. La chapelle sud abritant l´autel latéral est individualisée avec un décrochement de niveau et de toiture, et percée également d´une baie en plein-cintre. Le flanc nord n’est pas traité de manière identique : on ne retrouve pas les jambes en bossage, ni la corniche moulurée. Une date figure sur une pierre insérée dans la maçonnerie : 1761. Le chevet présente une arcade brisée à triple voussures reposant sur des chapiteaux corinthiens, qui correspond à l´ancien chœur de l´église arasé et remplacé par la sacristie. A l´intérieur, la nef est séparée des bas-côtés par des arcades supportant un entablement et le lambris de couverture. Le bas-côté nord abrite les fonts baptismaux installés derrière une grille datée 1829. Un autel secondaire est entouré d´un décor peint portant les monogrammes de saint Michel et de saint Joseph. On trouve également le monogramme de sainte Anne. La chapelle latérale nord abrite un autel dédié à la Vierge. Au-dessus, se trouve l´inscription peinte : « Notre-Dame du Sacré Coeur, priez pour nous ». Une grille de clôture est ornée de grappes de raisin. Le bas-côté sud abrite le monument aux morts (1914-1918) et présente un décor peint orné des monogrammes de saint Michel et de sainte Thérèse. La chapelle latérale est dédiée au Sacré-cœur, une inscription peinte figure sur l´arcade de la chapelle : « Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes ». Les vitraux ont été réalisés par G.P. Dagrant (Bordeaux) et représentent des figures de saint en pied : au nord, la Vierge, saint Joseph, saint Vincent-de-Paul et saint Augustin ; au sud, le Sacré Coeur, sainte Monique, saint Michel et saint Vincent ; sur ces deux derniers vitraux figurent à l´arrière-plan l´église de Margaux et le château Margaux. Le chœur conserve des vestiges de l’ancienne abside avec cette arcade brisée à double voussure retombant sur des chapiteaux corinthiens. On y trouve un bel ensemble de sculptures en bois, don de la famille Cruse et provenant de la chapelle du château Rauzan-Ségla.

Informations utiles

-

Tel: 05 57 88 42 60

-

Route de l'Église, 33460 Margaux