Son histoire
Le Trianon de porcelaine est le premier édifice construit, en 1670, sur ordre de Louis XIV, sur l’emplacement du village de Trianon.
À mi-chemin entre un château et une fabrique de jardin, l’édifice est un ensemble de constructions légères, à ossature de bois, revêtues de carreaux de céramique (d’où le nom de « Trianon de porcelaine »), qui sont consacrées aux collations du roi.
Cette construction éphémère ne résista pas aux intempéries et fut détruite en 1687 pour être remplacée par le Grand Trianon.
Historique
Alors que Versailles est devenu un haut lieu du Royaume de France, Louis XIV nourrit le désir de créer un endroit réservé à sa détente et à ses plaisirs. Dans ce but, le Roi achète, entre 1662 et 1665, les fiefs et les fermes du village de Trianon, situé au nord-ouest du domaine de Versailles, en vue d’annexer ces terres au domaine royal. L’église et les chaumières sont détruites en 1668 et les terres du cimetière sont transférées dans celui de Choisy-aux-Bœufs en 1670.
Le chantier, qui se déroule en 1670-1671, est confié au premier architecte du roi Louis Le Vau. Sur les plans dressés par celui-ci, François d’Orbay bâtit une série de cinq pavillons aux façades recouvertes de carreaux de faïence bleue et blanche dite « à la chinoise ». La mode est en effet inspirée des narrations des missionnaires de Chine et d’Inde sur la fameuse tour de Nankin, qui passe alors pour la huitième merveille du monde. À défaut de porcelaine, on fait produire des carreaux de faïence dans les manufactures de Hollande, de Rouen, de Nevers, de Lisieux ou de Saint-Clément, comme plus tard les cache-pots du Hameau de la Reine. Quelques carreaux jaune pâle ou vert clair animent le décor et des vases en faïence, décorés d’épis dorés, d’amours chassant ou d’oiseaux, garnissent le faîtage du bâtiment. Ces ornements sont d’ailleurs issus d’une seconde phase de décoration entre 1672 et 1674.
Avec cette décoration et ces jardins, Louis XIV fait aussi un acte politique, en exposant sa rivalité envers le monopole des Provinces-Unies dans le domaine floral.
À partir de septembre 1671, le lieu change de vocation. Il est dès lors destiné à abriter les amours du Roi et de Madame de Montespan. Mais dès 1687, Louis XIV ordonne la destruction du Trianon de porcelaine. En effet, son magnifique décor de faïence résiste mal au temps et des fissures apparaissent rapidement sur les murs. Cette destruction suit de quelques années la disgrâce de Madame de Montespan, pour laquelle celui-ci a été construit. L’édifice ennuie le Roi qui veut désormais des palais.
Le chantier du nouveau Trianon, ou « Trianon de Marbre », est confié à Jules Hardouin-Mansart.
Du premier Trianon, il ne reste aujourd’hui que le tracé du jardin. Le mobilier a presque entièrement disparu, à l’exception d’une table à écrire, de quelques panneaux de stuc et de plusieurs vases.
Description du lieu
Le Trianon de Porcelaine est un lieu réservé aux collations et est composé de cinq pavillons. Le pavillon central est destiné à la détente du roi, les quatre autres pavillons, qui entourent la cour, sont affectés à la préparation des plaisirs culinaires du roi. Un dispositif, que nous appellerions aujourd’hui barbecue, a été installé dans l’une des cours.
Le château est meublé à la « Chinoise ».
Le pavillon du roi
La décoration intérieure du Trianon de Porcelaine est assez peu connue. On sait cependant que les plafonds sont décorés par François Francart, peintre des Gobelins, et son frère Gilbert. Le sol est pavé de faïence. Le pavillon du roi, d’un seul étage simplement surmonté de combles très élevés, est composé d’un salon central, de vingt-deux pieds de long par dix-neuf de large, donnant sur deux appartements : l' »Appartement de Diane » et l' »Appartement des Amours ». Chacun d’eux avait une chambre avec une cheminée ainsi qu’un cabinet. Un petit escalier disposé dans ces derniers permettait l’existence d’un entresol.
La totalité des décors, des stucs, des boiseries et du mobilier est peinte en bleu et blanc à la manière de la faïence qui orne les murs du pavillon. Un dessin des panneaux conservé au Nationalmuseum de Stockholm montre des bergers, des seigneurs et des oiseaux. Le sculpteur Pierre Mazeline a modelé des stucs qui furent ensuite peints par Francart. Les lits sont en bois sculpté et doré, puis incrustés de miroirs de Venise. L’Appartement des Amours abrite la « Chambre des Amours », réservée à l’intimité de Louis XIV et de Madame de Montespan, et dont le décor somptueux a inspiré de nombreux restaurateurs.
Dans la chambre de Diane, on voulut imiter les faïences extérieures, tables et guéridons étant peints en bleu et blanc tandis qu’un brocart de Chine ornait les murs du Cabinet. Les meubles furent livrés par l’ébéniste Pierre Gole.
Le seul meuble subsistant est une petite table formant écritoire, recouverte d’ivoire et de corne peinte en bleu, attribuée à Pierre Gole. Cette table a été redécouverte par l’antiquaire Bernard Steinitz, qui l’a vendue en 1983 au Getty Museum, après que les autorités compétentes aient signé un certificat d’exportation la définissant comme travail portugais du XIXe siècle. De son côté, Jacques Garcia détient un grand cache-pot en faïence bleue et blanche provenant du Trianon de porcelaine.
Les quatre pavillons de la cour
La cour est entourée de quatre pavillons dédiés aux préparations culinaires destinées au Roi, à raison de deux de chaque côté de la cour. Le premier pour les entremets, le deuxième pour les confitures, le troisième pour les potages, les entrées et les hors-d’œuvre, et le quatrième pour dresser les fruits, la table des princes et des seigneurs, ainsi que pour les dessertes et les buffets.
Les jardins
Les jardins du Trianon de Porcelaine sont divisés en trois parties, qui perdurent encore aujourd’hui : la terrasse qui borde le pavillon central ; la pente douce qui descend vers le Grand canal et le Jardin bas.
Sur la terrasse sont dessinés deux grands parterres de fleurs ornés d’une fontaine décorée de faïences. Un astucieux système a été imaginé par le jardinier Michel II le Bouteux, petit-neveu par alliance d’André Le Nôtre pour permettre de présenter différentes compositions de parterres en un minimum de temps. Les fleurs sont plantées dans des pots et les pots enterrés dans le sol ce qui permet de changer les pots de place à volonté. Les compositions florales peuvent ainsi être modifiées au cours d’une même journée, offrant au roi et à ses invités un spectacle totalement renouvelé.
La pente qui descend vers le Grand canal, étant exposée plein Sud, permet la culture d’orangers.
Dans le Jardin bas, séparé de la terrasse par un mur orné de faïence, les fleurs et les arbres fruitiers sont protégés de l’hiver par un système de serres démontables. Il existe alors aussi un « Cabinet des parfums » (à l’emplacement de l’actuel Salon des jardins du Trianon de marbre) destiné à la collection d’essences rares des fleurs des jardins de Trianon.
La vie au Trianon de Porcelaine
Le château n’étant pas destiné à être occupé en permanence, il reçut toutefois des hôtes de marque comme les ambassadeurs du Siam ou encore le Doge de Gênes Francesco Maria Imperiale Lescari. L’endroit fut propice aux divertissements et aux fêtes. Le roi y donna un grand souper en l’honneur des fiançailles du duc de Bourbon et de Mademoiselle de Nantes, le 27 juillet 1685. Le 11 juillet 1674 on joua l’Églogue de Versailles à l’occasion de la conquête de la Franche-Comté.
« J’ai fait Versailles pour ma Cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi ».
— Louis XIV, Errances et parcours parisiens de Rutebeuf à Crevel (P39) – Par Jeannine Guichardet
Le Trianon de Marbre est reconstruit sur les gravats de l’ancien Trianon de porcelaine, Jules Hardouin-Mansart, premier architecte du Roi, est chargé de sa construction. Le projet est établi en juin-juillet 1687. Louis XIV est de factol’auteur de tous les choix architecturaux, c’est lui qui refuse les grands toits à la française que lui proposait Mansart et opte pour les toitures basses qui disparaissent derrière le couronnement, à l’italienne, et même les souches de cheminées n’en dépassent pas. Il est également l’auteur du « péristyle », si le dessin de l’arcade est de Robert de Cotte, l’idée de la percée centrale qui permet de voir le jardin est de Louis XIV, les arcades sont prévues pour être fermées par des menuiseries, mais la décision de ne pas les poser a été prise alors que Mansart était allé prendre les eaux. La tradition voulait qu’on adaptât la qualité de la pierre à la nature de la partie traitée, Louis XIV impose l’emploi d’une seule qualité de pierre pour l’unité de couleur.
Le Roi se rend régulièrement sur le chantier, où il gère les affaires du Royaume, installé sous une tente tout en inspectant l’avancement des travaux. Attentif au moindre détail et ayant une idée précise en tête, il fait abattre des murs déjà montés, car les plans ne lui conviennent pas. Saint-Simon rapporte que le Roi est le seul à avoir vu le défaut d’une fenêtre, plus petite que les autres. Louvois niait qu’une erreur si grossière se soit produite, alors le Roi demanda à André Le Nôtre de vérifier ces impressions par des mesures précises de géomètre. Ces dernières donnèrent raison au Roi, obligeant Louvois à s’excuser,Saint-Simon rapporta alors que Louvois, en tant que secrétaire d’État de la Guerre, planifia un conflit afin de détourner le roi de ses préoccupations architecturales et pour remonter dans son estime.
Le chantier progressant rapidement, Louis XIV y prend son premier dîner le , le gros œuvre et quelques aménagements intérieurs sont en place. Le Grand Trianon, ou Trianon de marbre, est inauguré à l’été 1688 par Louis XIV et Madame de Maintenon, qui en font leur résidence privée. Le Roi aime Trianon, comme le rapporte Madame de Maintenon : « Le Roi a toujours Trianon en tête ».
Les premières années, le Roi ne s’y rend que durant la journée. Il faut attendre le pour qu’il puisse y dormir, la résidence étant enfin meublée. Si l’extérieur est de marbre, en raison des difficultés financières, le Royaume étant alors en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg, les aménagements intérieurs sont moins luxueux. En revanche, plusieurs milliers de fleurs en pot seront disposées, ces dernières pouvant être changées jusqu’à deux fois par jour en raison du bon vouloir des occupants et pour maintenir une floraison constante ; « jamais on ne voit de feuilles mortes ni arbrisseaux qui ne soient en fleur » (Le Nôtre). Pour compléter la décoration intérieure, une commande de 24 tableaux est faite en 1687 dont 21 au seul Cotelle ; ils sont disposés dans la galerie des Cotelle.
De 1691 à 1705, l’aménagement intérieur est continuellement modifié. Si initialement le Roi occupe la partie sud du Trianon, avec vue sur le Grand Canal, il l’abandonne en 1703 au profit de son fils et s’installera dans l’aile nord, attiré par sa fraîcheur. Cette installation se fait en lieu et place du théâtre.
Aller à Trianon ne se faisait que sur invitation royale, souvent pour la journée. Le Roi y organisait régulièrement des dîners dont la finalité était de contrôler la Cour. Peu d’invités y couchaient, cela en raison du nombre limité de logements. À la fin de son règne, Louis XIV ouvre plus largement Trianon.
Les lambris des salons ont accueilli de nombreux princes de la maison royale : le Grand Dauphin, la duchesse de Bourgogne, le duc de Berry et duchesse de Berry, le duc de Chartres, la duchesse de Bourbon et la duchesse d’Orléans, Madame Palatine.
Louis XV se désintéresse totalement du lieu, mais y vient pour chasser. Il y éloigne donc la reine Marie Leszczyńska, qui y réside dès août 1741. D’après Jérémie Benoît, l’idée a pu venir au roi quand les parents de la reine y ont logé en 1740. La reine, bien qu’y habitant, ne peut entretenir convenablement ce grand palais. En avril 1747, Charles Lenormant de Tournehem et Ange-Jacques Gabriel y font des constatations qui aboutissent à une modernisation des toitures et un remplacement de certains éléments architecturaux délabrés.
Ne possédant plus de lieu de retraite, et poussé par sa favorite, la marquise de Pompadour, Louis XV décide de reprendre possession du palais de Trianon en 1749. Il y fait bâtir le Pavillon français, doté d’une basse-cour, et le jardin français, ordonné par Bernard de Jussieu. Le pavillon frais complète l’ensemble en 1753. Enfin, la construction du Petit Trianon, entre 1761 et 1768, donne son nouveau nom au Trianon de marbre, le Grand Trianon.
Marie-Antoinette préfère de loin le Petit Trianon au Grand ; elle y donne malgré tout quelques représentations dans la galerie des Cotelles. Pendant la Révolution, les deux Trianons (particulièrement le Petit Trianon) sont occupés et dégradés par une succession de bals et fêtes.
Il faut attendre le Premier Empire pour que le domaine reprenne de l’importance. En 1805, Napoléon Ier ordonne la restauration des deux domaines. On commence par ravaler les façades et boucher les lézardes. Dès 1808, on réalise de plus gros travaux. Un projet de doubler l’aile à droite de la cour d’honneur n’aboutit pas, pas plus que la réunion des deux Trianons. En revanche, le péristyle est fermé de vitres, afin d’éviter à l’Impératrice les courants d’air, et tout l’intérieur est remis en état, des cheminées aux carrelages et des parquets aux lambris. De 1809 à 1810, le château est remeublé. L’Empereur fait de nombreux séjours à Trianon entre 1809 et 1813. Afin de garantir sa sécurité et de faciliter un accès direct à Trianon sans passer par le grand château, il fait ériger la grille d’entrée de l’avant-cour et les deux pavillons réservés à sa garde personnelle d’une cinquantaine d’hommes.
Sous Louis XVIII, aucun changement n’est effectué au château, seuls les symboles impériaux sont enlevés. Le 31 juillet 1830, Charles X s’y arrête quelques heures sur la route de son exil. De 1830 à 1848, Marie-Amélie de Bourbon-Siciles confie à Frédéric Nepveu le soin de mettre le château au goût du jour pour y résider, et y marie sa fille, Marie d’Orléans, avec Alexandre de Wurtemberg, le 18 octobre 1837. Comme son prédécesseur, Louis-Philippe Ier fait halte à Trianon sur la route de l’exil, le 24 février 1848.
En 1873, le procès de François Achille Bazaine, devant le conseil de guerre présidé par Henri d’Orléans, se tient au sein de la galerie. Le maréchal est accusé d’avoir manqué aux devoirs et d’avoir livré à l’armée allemande près de 150 000 soldats et une place de guerre de premier ordre.
Après le Traité de Versailles et le traité de Saint-Germain-en-Laye, signés en 1919, et avant le Traité de Sèvres signé en août 1920, le traité de Trianon, qui redécoupe les Balkans, est signé au Grand Trianon par les puissances belligérantes de la Première Guerre mondiale le 4 juin 1920.
Dès 1959, le général de Gaulle pense à faire du Grand Trianon une résidence présidentielle. Seulement, les frais à engager pour cela sont très importants : l’estimation de 1961 fait état d’un montant nécessaire de 20 millions de francs français pour restaurer le bâtiment et le mobilier. Le président souhaite toutefois le restaurer pour redonner son lustre à Trianon pour recevoir des hôtes de prestige. Une loi-programme de restauration est votée le et, à partir de 1963, le bâtiment est restauré par Marc Saltet et remeublé par Gérald Van der Kemp (sont notamment installés la climatisation, l’électricité et des cuisines modernes). Il sert de cadre aux réceptions officielles de la République, dont le sommet du G7 de 1982, les invités présidentiels résidant dans l’aile du Trianon-sous-bois ; parmi les chefs d’État accueillis, on note également le couple présidentiel américain John et Jackie Kennedy, la reine Élisabeth II et le prince Philip, le dernier étant le président russe Boris Eltsine, en 1992. La chambre occupée par le général de Gaulle est restée en l’état, avec deux lits séparés, très longs (en raison de sa taille).
Plan et architecture
Dessiné par Jules Hardouin-Mansart suivant les ordres de Louis XIV, et construit sous la supervision de Robert de Cotte et du roi lui-même, le Grand Trianon est de style classique français mêlé d’italianisme, à dominante rose. Dès le XVIIIe siècle, le Grand Trianon est qualifié d’élégant et considéré comme un modèle de composition.
On entre dans la cour par une grille basse : à droite, se trouve le bâtiment nord ; à gauche, celui du midi. L’ensemble est couvert d’un toit plat masqué par une balustrade. Les murs sont en une pierre blonde, la pierre de Saint-Leu, comme pour le château de Versailles et de nombreux monuments de la région parisienne; l’originalité du bâtiment réside dans la magnifique mise en valeur du marbre. Les pilastres, les piliers et les quatorze colonnes porteuses principales du péristyle du côté jardin, ainsi que le décors de marbre des arcades de ce péristyle, sont en marbre incarnat de Caunes-Minervois, un des plus beaux et célèbres marbres de France. Le Grand Trianon a d’ailleurs beaucoup participé à la renommée de ce marbre en France et à l’étranger. Contre les arcades du péristyle du côté de la cour, huit colonnes non porteuses de marbre de Campan, groupés deux par deux, viennent compléter cet ensemble très harmonieux. Le « péristyle » est une loggia qui relie les bâtiments du Nord et du Midi ; cette ouverture fut voulue dès l’origine par Louis XIV et prit, dès l’élaboration du projet, par volonté royale, sa dénomination de « péristyle », bien qu’en termes d’architecture cette appellation soit inappropriée. Entre 1687 et 1701, la loggia était fermée du côté de la cour par de hautes portes-fenêtres. La Cour des Offices se situe derrière l’aile du Midi. L’aile nord dissimule le Jardin du roi qui bordait l’appartement de Madame de Maintenon et le troisième appartement que Louis XIV occupa à Trianon à partir de 1703. L’aile du nord est prolongée par une aile perpendiculaire, orientée est-ouest, abritant une galerie. Enfin, une aile perpendiculaire faisant suite à celle de la galerie est appelée Trianon-sous-Bois et a subi un traitement architectural résolument différent du reste du bâtiment. Cette aile abritait une suite d’appartements.
Situé dans l’aile sud, cet appartement fut d’abord occupé par Louis XIV de 1691 à 1703, puis par son fils le Grand Dauphin, de 1703 à sa mort en 1711. Sous le règne de Louis XV, la reine Marie Leszczynska s’y installe en 1740. Sous l’Empire, Napoléon Ier fait aménager les lieux pour sa mère en 1805, pour sa seconde épouse, l’impératrice Marie-Louise qui y réside de 1810 à 1814. Sous la Monarchie de Juillet, c’est la reine Marie-Amélie qui occupe les lieux.
Premier Salon
Aménagé à l’emplacement de pièces de service, le premier salon ouvre l’appartement de l’Impératrice. Les meubles proviennent de l’ancien château de Saint-Cloud tandis que les tableaux qui y sont accrochés, peints par Noël Coypel, évoque l’histoire d’Hercule. Il s’agit du Combat d’Hercule contre Acheloüs, des Nymphes présentant une corne d’abondance à Amalthée, l’Enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus, Déjanire envoyant la chemise empoissonné de Nessus à Hercule et L’Apothéose d’Hercule, commandées au peintre en 1688 par Louis XIV.
Boudoir
Tout comme la pièce précédente, le boudoir a été aménagé à l’emplacement d’une pièce de service. Il est meublé d’un bureau en forme d’arc de triomphe, réalisé en 1796 par les frères Jacob pour l’hôtel particulier parisien de Joséphine de Beauharnais, futur impératrice, qui l’apporta à Trianon en 1809. Les sièges, recouvert d’un gourgouran, proviennent du boudoir de l’impératrice Marie-Louise au Petit Trianon. Un métier à broder, livré pour cette pièce en 1810 par l’ébéniste Alexandre Maigret et le bronzier Louis-François Feuchère, est également présenté. Sur la cheminée, est posé un vase de porcelaine commandé en 1805 par Napoléon Ier à la Manufacture de Sèvres pour cette pièce. Deux tableaux de Michel Corneille sont accrochés aux murs : Le Midi, peint en 1688, et Le Jugement de Midas, peint en 1706, tous deux commandés par Louis XIV pour Trianon.
Salon des Glaces
Situé à l’angle de l’aile gauche, cette pièce offre une vue sur la branche transversale du Grand canal du parc du château. Louis XIV s’en servait comme salle du Conseil. La décoration du salon est composée de miroirs enchâssées dans des boiseries sculptées de guirlandes de fleurs réalisées en 1687-1688 pour Louis XIV et modifiées en 1706. En 1806, il sert de Grand cabinet à Madame Mère puis à l’impératrice Marie-Louise qui l’utilise comme son salon d’étude. C’est pour elle que sont livrés le piano-forte (réalisé en 1810 par les frères Erard), le chevalet et les différentes petites tables (une table à dessiner, une table à jeux et une table boîte-aux-lettres réalisées par Jacob-Desmalter en 1810) encore présentes dans cette pièce aujourd’hui. Arrivé au pouvoir en 1830, le roi Louis-Philippes’en sert de Cabinet du Conseil.
L’ensemble des sièges, composés de chaises, de fauteuils et de bergères fut livré en 1805 par Jacob-Desmalter. Ils sont recouverts d’un lampas bleu, gris et blanc, retissage moderne (réalisé en 2006 par la Maison lyonnaise Tassinari et Chatel) de la soierie d’origine, les Quatre parties du monde. Sur les consoles (réalisées en 1805 par Jacob-Desmalter), sont posés deux petits temples, réalisés à la manufacture du Buen-Retiro par le bronzier Giovanni-Battista Ferroni, qui faisaient partie d’un surtout de table offert à Napoléon par le roi Charles IV d’Espagne en 1808. Sur un guéridon au centre de la pièce est posée une horloge en bronze dorée, réalisée en 1823 par l’horloger Jean-Paul Chapuy-Lépine, et représentant une corbeille de fleurs soutenue par une coupe reposant sur quatre cariatides ailées tenant dans leurs mains fruits et guirlandes de fleurs. Acquise en 1827 par le Garde Meuble et envoyée à Trianon en 1851. Le temps y est marqué par un cadran tournant inclus dans le bord de la corbeille pour les minutes et la couronne de feurs juste au-dessus pour les heures. Le lustre fleurdelisé (réalisé par le bronzier Jean-François Chaumont et le lustrier Charles-Clément Baucacour à la Manufacture de Cristaux de Montcenis) date de 1817 tandis que les torchères en bronze doré sont des copies modernes, réalisées en 1965 par la Maison Baguès à l’occasion de la restauration du Grand Trianon ordonnée par le général de Gaulle, fabriqué sur le modèle de celles réalisées par Thomire pour le grand cabinet de l’Empereur aux Tuileries.
Chambre de l’Impératrice
Divisée sous l’Empire pour former une chambre et un salon destinée à l’impératrice, cette pièce a été restitué dans ses dimensions d’origine. Son décor, composé de colonnes et de boiseries sculptés aux emblèmes d’Apollon date de 1700. La balustrade du lit, les coffres à linge et les sièges ont été exécutés par Marcion pour l’impératrice Marie-Louise. Les autres meubles en bois clair, en particulier la commode de Werner, furent amenées par la reine Marie-Amélie, de même que le lit. Exécuté par Jacob-Desmalter sur un dessin de Percier et Fontaine pour la chambre de Napoléon Ier au palais des Tuileries, il présentait à l’origine un écusson aux armes de l’Empire soutenu par deux aigles. Durant la Restauration, Louis XVIII le conserva aux Tuileries mais fit supprimer les symboles impériaux. Ainsi, en 1819, Jacob-Desmalter y sculpta les armes royales entourés de deux cornes d’abondance tandis que la soierie rouge de l’Empire était remplacée par un velours de soie bleu. C’est dans ce lit que Louis XVIII mourut en 1824. Retourné au Garde Meuble après la mort du monarque, il est envoyé dans la chambre de la reine Marie-Amélie au Grand Trianon en 1837. A la demande du roi Louis-Philippe, son dossier est à nouveau transformé
Le vase en porcelaine de Sèvres, placé sur la commode, montre Napoléon dans les jardins du château de Sans-Souci à Potsdam. La pendule, La Liseuse, est celle de Marie-Louise.
Un tableau de Charles Le Brun, peint pour le duc de Richelieu et acquis par Louis XIV vers 1662, représente Saint Jean l’évangéliste. Les dessus-de-portes sont des natures mortes peintes par Jean-Baptiste Monnoyer (Vase et fleurs) et Jean-Baptiste Blin de Fontenay(Aiguière d’or, fleurs et fruits et Aiguière d’or entourée de fruits en guirlande) qui ont remplacé les tableaux du Lorrain qui s’y trouvaient sous Louis XIV.
Salon de la Chapelle
D’abord chapelle (bénite le 29 août 1688), ce salon devient en 1691 l’antichambre de l’appartement de Louis XIV. Il conserve toutefois sa destination primitive puisque la porte du fond s’ouvre sur un autel surmonté d’un tableau, L’Assomption de la Vierge, peint en 1688 par François Verdier. Une fois la messe dite, la porte était refermée et la pièce reprenait sa fonction de salon. Aux mur, la corniche représentant des grappes de raisin et des épis de blé, renvoyant au vin et au pain de l’eucharistie rappelle la fonction première de la pièce, de même que les deux tableaux Charles de la Fosse représentant les évangélistes Saint Luc et Saint Marc. Deux autres tableaux sont également accrochés dans la pièce: un portrait de Louis XV par Jean-Baptiste van Loo et un portrait de la reine Marie Leszczynskapeint en 1746 par François Stiémart, longtemps attribué à Van Loo. Peint un an après son mariage avec le roi de France, ce premier portrait officiel de la jeune reine Marie vient rappeler les séjours de la reine à Trianon. Sous l’Empire, la pièce devint le premier salon de l’impératrice et c’est alors que fut installée la table à thé, réalisée en 1809 par l’ébéniste Marcion dont le plateau tournant est orné d’une marqueterie représentant les signes du zodiaque.
Salon des Seigneurs
Dernière salle avant le Péristyle, ce salon des Seigneurs devint ensuite la première antichambre du roi puis de l’impératrice. Cette pièce brille par sa cheminée au-dessus de laquelle se trouve un tableau représentant Le Grand Dauphin et sa famille. Copie d’une oeuvre de Pierre Mignard, peinte en 1693 par Jérémie Delutel à la demande du duc d’Orléans, elle représente le fils de Louis XIV, entourée de sa femme, Marie-Anne de Bavière, et de leurs trois enfants: Louis, duc de Bourgogne, Philippe, duc d’Anjou et Charles, duc de Berry. De part et d’autre de la cheminée, sont accrochés deux petits tableaux de René-Antoine Houasse: Minerve et Arachné, peint en 1706, à droite, et Minerve et Tirésias, peint en 1698, à gauche. Sur les murs latéraux, sont exposés deux autres grands tableaux de François Verdier : Vénus prenant congé d’Adonis, sur le mur droit, et La Naissance d’Adonis au mur gauche, peints respectivement en 1696 et 1698 pour l’aile de Trianon-sous-Bois. Les dessus-de-porte sont des natures mortes de Jean-Baptiste Monnoyer: Vase de fleurs et cassolettes, Vase et fleurs et Corbeille de fleurs.
La grande table installée au centre de la pièce a été réalisée en 1823 par Félix Rémond et installée au palais des Tuileries avant d’être envoyée au Grand Trianon en 1851. Elle est composé d’un plateau en bois de teck, de 2m77 de diamètre, supporté par un socle en orme. Sur cette table sont posés plusieurs petits groupes en terre cuite, sculptés par Bartolomeo Pinelli en 1828 et 1834: Danseuses de tarentelle, Joueurs de mora, Joueurs de cartes et Jeu de boules. Les deux consoles, réalisées vers 1802 par Adam Weisweller, proviennent du château de Saint-Cloud tandis que les sièges, réalisés en 1809 par l’ébéniste Marcion, sont ceux installés par Napoléon Ier dans le salon du billard.
Le péristyle du Grand Trianon est la galerie à colonnades reliant l’aile droite et l’aile gauche du Grand Trianon, mais aussi la cour aux jardins. Elle est formée d’arcades ouvertes sur la cour et d’une colonnade sur le jardin. Le surnom « Trianon de marbre » du Grand Trianon est notamment dû à ce péristyle dont les pilastres sont faites de cette roche.
Originellement, le projet de Jules Hardouin-Mansart prévoyait de menuiser les arcades sur la cour, ce qui faisait qu’on ne devinait pas le jardin depuis la cour, mais Louis XIV décida en cours de chantier de les laisser libres, mettant en relation visuelle la cour et les jardins. Les arcades portent les traces de cette hésitation. Le péristyle fut vitré par Napoléon Ier en 1810, ajouts supprimés un siècle plus tard, en 1910.
Le maréchal François Achille Bazaine y fut jugé par un tribunal militaire à la fin 1873.
Salon rond
Également nommé « Salon des colonnes » à cause des huit colonnes qu’il abrite, il est situé dans l’aile droite et donne accès au péristyle central. Il est réaménagé par Ange-Jacques Gabriel en 1750, puis servira de chapelle sous Louis XVI. Sous l’Empire, il deviendra une salle de garde, avant d’être utilisé en tant que salon des huissiers sous Louis-Philippe.
Salon de musique
Ce salon a servi d’antichambre pour le premier appartement de Louis XIV. Le roi y prenait son dîner, en musique. Installés dans un entresol au-dessus des portes, les musiciens pouvaient être, suivant le bon vouloir du roi, visibles ou non grâce à des jeux de volets.
Pendant le règne de Napoléon Ier, il est utilisé comme salon pour les officiers et sous Louis-Philippe comme salle de billard. On y trouve des remarquables boiseries ainsi que des chaises parsemées de tapisserie de Beauvais.
Salon de famille de Louis-Philippe
Constitué en 1838 par Louis-Philippe, il provient de la fusion de deux pièces: le salon des Grands Officiers et le salon des Princes de l’Empereur (1re antichambre de Louis XIV). Les peintures sont de Bon de Boulogne et de François Verdier. Le mobilier est l’œuvre de Pierre-Gaston Brion, tandis que les tables sont de Jacob-Desmalter.
Salon des Malachites
À l’origine, cette pièce a servi de chambre à la Duchesse de Bourgogne. Devenue Salon de l’Empereur sous Napoléon Ier, cette pièce contient en particulier, les objets d’art (candélabres, vases, vasque) fabriqués avec les blocs de malachite de Sibérie, offerts par le tsar Alexandre Ier de Russie à Napoléon Ier en 1808, après la signature du traité de Tilsitt de . On remarque aux murs trois chefs-d’œuvre de Charles de La Fosse : Apollon et Thétis, Diane et ses nymphes et Clytie changée en tournesol.
Salon frais
Ce salon est nommé ainsi car il est exposé au nord. Napoléon s’en servait pour réunir son conseil et Charles X y tint son dernier conseil. On remarque aux murs quatre vues de Versailles par Jean-Baptiste Martin et au-dessus de la cheminée Zéphire et Flore de Jean Jouvenet.
Galerie des Cotelle
La galerie des Cotelle, située dans l’aile nord, comporte onze portes-fenêtres et cinq fenêtres et est reliée au salon des jardins. Elle tient son nom du peintre Jean Cotelle le Jeune, portraitiste et miniaturiste de Louis XIV qui réalise vingt et une des vingt-quatre toiles qui y sont accrochées. Ces tableaux témoignent de l’état des bosquets du jardin, tels qu’ils étaient en 1687, certains ayant aujourd’hui disparu. Napoléon Ier, peu adepte de ces nymphes et putti, souhaite les faire disparaître et les remplacer par des tableaux à sa gloire, mais n’en a pas le temps. Louis-Philippe Ier les transfère à Versailles. Ce n’est qu’en 1913 que les œuvres retrouvent leur galerie d’origine. Le traité de paix avec l’Autriche-Hongrie y est signé le .
Napoléon Ier fait aménager par Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine une suite de cinq pièces situées dans l’aile nord, côté cour. L’occupation des lieux est supervisée par l’impératrice Joséphine de Beauharnais jusqu’à son divorce en 1809. Ce dernier s’installe alors à Trianon pour une période transitoire, où, le , il ordonne le remeublement du château de Versailles afin d’y installer sa cour.
Des cinq pièces (antichambre, chambre, cabinet particulier, salon de Déjeun et salle de bains), seul le cabinet particulier fut réaménagé suivant le goût de l’époque, les autres pièces restant un mélange du style Empire et des décors floraux chers à Louis XV.
Salon du Déjeun
Après avoir formé avec une partie du cabinet particulier de l’empereur la salle des Buffets, la pièce a atteint sa forme actuelle sous Louis XV. Le décor actuel a été réalisé pour Napoléon, sous le règne duquel la pièce devient le salon du déjeun, c’est-à-dire la pièce où l’on déjeune.
Trianon-sous-Bois est l’aile nord du Grand Trianon. Construit à l’origine pour pallier un manque de place, cette aile est construite peu avant 1708 et est occupée par Madame Palatine, belle-sœur du roi Louis XIV, et sa famille. Elle est constituée, non pas d’une enfilade de pièces comme cela se faisait à l’époque, mais d’un couloir, côté jardins, desservant l’ensemble des pièces.
Le salon du billard est transformé en chapelle sous Louis-Philippe Ier. Le mariage de Marie d’Orléans, fille de Louis-Philippe, avec Alexandre de Wurtemberg y a lieu le . Des colonnes dans la chapelle proviennent du bosquet des Dômes et un vitrail représentant L’Assomption de la Vierge d’après Pierre-Paul Prud’hon est une commande de la Manufacture nationale de Sèvres.
En 1963, le général de Gaulle fait remettre en état les lieux pour en faire une résidence du président de la République et de ses invités. Il y place son bureau, surnommé « bureau du général ». Les cuisines modernes sont du même modèle que celles du France, bien qu’elles servent surtout à faire réchauffer des plats commandés chez le traiteur.
L’accueil de personnalités invitées par la présidence ou le ministère des Affaires étrangères a ainsi eu lieu jusqu’en 1992, et en 2009, ces espaces ont été rétrocédés à l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.
La pièce fut créée lors des travaux de 1963-1965. Elle sert de pièces d’introduction aux appartements présidentiels de Trianon-sous-Bois. Deux de ses côtés donnent sur les jardins du château. Le sol est dallé de marbre blanc à cabochons noirs, faisant le lien avec le perron du jardin sur lequel cette salle s’ouvre. Le mobilier est composé d’un bureau plat sur lequel est posé un téléphone et une lampe de bureau, de sept fauteuils, d’une console supportant une pendule et d’un paravent.
Les jardins
Dès la construction du Trianon de porcelaine, Louis XIV fait appel au jardinier Michel II Le Bouteux, dont les parterres sont ornés de plantes en pots enterrées afin de pouvoir être changées tous les jours, à volonté, créant un spectacle fleuri et embaumé permanent et totalement unique, parfois gênant pour les visiteurs. En 1743, Ange-Jacques Gabriel rappelle au roi Louis XV que plus de 900 000 pots de terre étaient utilisés ou en réserve pour l’ornement des parterres ; d’après Le Nôtre, le nombre monte jusqu’à deux millions. 96 000 plantes sont ainsi maintenues pour la variété du spectacle et l’agrément du Roi. Ce « jardin de Flore », comme l’appellent les contemporains du Trianon de porcelaine, introduit notamment le marronnier d’Inde, une essence exceptionnelle pour les jardins de l’époque, tandis que les orangers sont cultivés en terre (un exploit pour l’époque), leur mise à l’abri hivernale étant faite par une châsse en verre, démontée quand reviennent les beaux jours.
Lors de la construction du Trianon de marbre, André Le Nôtre trace dans les jardins des figures géométriques compartimentées en salles de verdure treillagées, préservant partiellement quelques parterres de Michel II Le Bouteux. Les jardins sont achevés après sa mort, en 1700, par Jules Hardouin-Mansart qui, en 1702, les agrémente, entre autres, d’un buffet d’eau et crée des bosquets et des salles de verdure. Seule la fierté de Le Nôtre, le jardin des Sources, situé dans le creux de la galerie des Cotelle et Trianon-sous-Bois sera préservé.
Les jardins du Grand Trianon sont des jardins à la française, ordonnés et géométriques. Ils couvrent actuellement 23 hectares, enclos de 2,2 km de murs et parcourus par 8 km d’allées. Ils sont un jardin en réduction, au dessin délicat, à l’intérieur du parc de Versailles. Contrairement à ce dernier, les jardins de Trianon n’ont conservé que très peu de jeux hydrauliques, à l’exception notable du buffet d’eau. Ils sont essentiellement, et c’est leur principale caractéristique, un aménagement paysager formé d’allées, de végétation et de sculptures. Entièrement closes de murs, les perspectives ne sont cependant pas coupées : on expérimente les premiers saut-de-loup et ha-ha.
Comportant peu de structures artificielles, ils ont souffert beaucoup plus que les jardins de Versailles de l’abandon progressif et du manque d’entretien. La végétation domestiquée qui les constituait a repris ses droits et la tempête de 1999 a achevé de jeter à bas les rares vestiges des plantations initiales. Leur récente restauration, qui se déroule depuis 2003, reconstitue, à partir des nombreux documents d’époque, la succession des salles, des chambres et des antichambres de verdure qui formaient le plan initial. Une multitude de formes géométriques – triangle, hémicycle, octogone – sont articulées entre elles par des allées bordées de charmilles. La salle triangulaire, qui fut l’une des premières à être restaurée, comporte une double haie de charmilles entaillées de « fenêtres », offrant des vues variées sur les orangers en pots qui l’habillaient à la belle saison. La reconstitution, soignée, ne donne cependant qu’une lointaine idée de la variété des paysages originaux. Il faut alors imaginer les multiples plantes fleuries en pots, les structures éphémères de toiles, les meubles et statues, transportés et installés pour la journée, qui habillaient les salles de verdure pour se faire une idée de ces pièces naturelles richement ornées.