Cette forteresse, qui a plus que rempli sa part dans l’histoire de France, est à l’abandon depuis des décennies. Non fermée et non sécurisée, des gens s’y rendent régulièrement de façon sauvage et la dégradent, la végétation la recouvre inexorablement altérant de plus en plus le bâti.

Cela doit cesser ! Nous devons tout faire pour lui re donner vie et faire perdurer l’histoire dont elle est porteuse.

Projet "Montaiguillon"

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Association "French Bardoudeur"

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Photo Litographie du château de Montaiguillon – Louan-Villegruis-Fontaine.

Les origines de la Seigneurie de Montaiguillon

(D’après l’ouvrage du Général Délivré)

Premières mentions toponymes :

  • Le nom de Montaiguillon apparaît pour la première fois en 1160 dans une copie d’un cartulaire de Saint-Jean de Sens.
  • Un acte de 1212. Mahaut de Retel épouse Thomas de Coucy et apporte en dot les seigneuries de Brie et de Montaiguillon.
  • Cartulaire de l’abbaye de Nesle-la-Reposte (Octobre 1250). Il nous apprend l’existence d’une seigneurie de Montaiguillon, le seigneur étant Simon, sire de Châteauvillain.
Les premiers seigneurs de Montaiguillon

Simon de Châteauvillain, connu également sous le nom de Simon de Broyes-le-jeune. Son père est Hugues III de Broyes, son oncle Simon de Broyes ou de Beaufort. Ses grands-parents paternels Simon Ier de Broyes et Félicité de Brienne, au début du XIIe siècle, possédaient divers biens dans la région (Villenauxe, Montaiguillon). Cette seigneurie viendrait de Simon Ier de Broyes ou de sa femme, Félicité de Brienne. Simon Ier de Broyes appartient à une importante maison de Champagne (seigneurie de Broyes, de Beaufort, entre autres).

Mais au début du XIVe siècle, Montaiguillon relève du fief de la seigneurie de Prés du Bus attenant au nord. Est-elle un apport de Félicité de Brienne à son mari ? C'est très possible aussi.

La construction du château

En 1251, le mot "maison" est employé dans des actes par Thomas de Coucy (le sens de maison étant un petit édifice faiblement fortifié).

En 1275, un sire de Thourotte est seigneur de Montaiguillon. Le dernier seigneur au XIIIe siècle est Gaucher de Thourotte. Il n'est pas impossible que, dans la période de 1230-1250, Simon de Châteauvillain ait obtenu l'autorisation de construire à Montaiguillon en même temps qu'il recevait celle de restaurer celui de Châteauvillain.

En 1328, un acte de vente nous apprend pour la première fois l'existence d'un château à Montaiguillon.

Richard de Montbéliard jusque vers 1337.
Miles VI de Noyers, le plus prestigieux des seigneurs de Montaiguillon.

Armé chevalier en 1291, il combat en Gascogne en 1296. En 1301, il est mandé avec ses vassaux par le roi Philippe le Bel pour combattre les Flamands. Il se distingue surtout à la bataille de Courtrai en 1302. À celle de Mont-en-Revele (1303), il relève l'oriflamme de France, il est nommé maréchal de France, bouteiller du duc de Bourgogne et gouverneur de Champagne et de Brie. Après quelques temps de disgrâce, dès son avènement, Philippe de Valois le prend à son service. À Saint-Denis, il lui confie son oriflamme pour une nouvelle campagne en Flandre.

Rencontre au Mont Passel (1328) où Miles de Noyers, aux cris de "Monjoie Saint-Denis" tue le chef des Flamands révoltés, Polin Hannequin. Il prend part à la bataille de Crécy (1346), porteur de l'oriflamme, malgré son grand âge. Il est blessé et se retire à Noyers où il meurt en 1350. Il est inhumé en m'église de Marcilly.

Jean Ier de Noyers-Joigny

Fils de Miles VI et de Jeanne de Montbéliard, il est, à la mort de son père, comte de Joigny, sire d'Antigny et seigneur de Montaiguillon. Il est gouverneur de Bourgogne en 1355.

Il prend part à la bataille de poitiers où il est fait prisonnier. Après sa libération, moyennant rançon, à la demande de Jean le Bon il se rend en Angleterre prendre la place d'un cousin décédé. Libéré, il repart en campagne et trouve la mort à la bataille de Brignais, le 6 avril 1363.

Jeanne de Noyers

Fille de Jean Ier et de Jeanne de Joinville, elle a deux frères : Miles de Joigny-Noyers et Jean II de Noyers-Rimaucourt. Elle épouse Guy de Choiseul, seigneur d'Aigrement et tous deux sont, quelques temps après, les seuls possesseurs de Montaiguillon.

Guy de Choiseul

Un aveu de 1304 donne la preuve que lui et sa femme Jeanne vivent encore à cette date.

Aimé de Choiseul

Leur fils aîné, dès 1412 est bailli de Chaumont? Comme son père, il sert le duc de Bourgogne. Jean sans Peur est son protecteur. Ce qui explique la présence d'une garnison bourguignonne à Montaiguillon, au début de la période de guerre qui va s'ouvrir. Il meurt en 1439 ; dans son testament, les terres de Montaiguillon restent dans la famille d'Aimé de Choiseul.

Jeanne de Choiseul

Sa fille. Elle a successivement trois maris. Étienne d'Anglure, Jean de Blaisy (1453) et Jacques Ier de Louan (1462).

Guillaume de Choiseul

Ses parents et grands parents étant décédés, il est placé sous la tutelle d'Aimé de Choiseul son grand-oncle qui, vraisemblablement, lui a légué la seigneurie de Montaiguillon. À sa majorité, il demande des comptes à Jeanne de Choiseul, ce qui provoque un grand procès. Il est lieutenant de Louis de Raval, seigneur de Châtillon, au gouvernement de Champagne. Marié à Jeanne du Châtelet qui décède en 1421 et remarié à Jeanne de Bournonville, il meurt le 5 mai 1479.

Pierre de Choiseul

Le 24 février 1480, le partage est fait entre les enfants de Guillaume de Choiseul, Jean, Pierre et une ou plusieurs filles, devant notaire. "Les filles ne peuvent prendre aucune chose" et Jean "chevalier de Rhodes" renonce à ses droits. Pierre est le seul héritier. Premier chambellan du duc de Bretagne François II, en 1479. Il épouse le 9 septembre 1482 Antoinette Juvénal des Ursins. Le 30 mai 1492, il passe une transaction avec les habitants de Fontaine. Endetté, il vend tous ses biens en Brie. Le 25 février 1492, il abandonne le château, la justice et divers droits pour 8750 livres tournois. Le 31 juillet 1493, il cède des terres (de Fontaine entre autres). L'acquéreur est Jean de Louan, fils de Jacques Ier. Pierre de Choiseul meurt le 4 avril 1505. Antoinette meurt le 10 octobre 1515. Ils sont inhumés dans l'église de Clémont.

Au XVe siècle, le dénombrement de la seigneurie démontre :

  • que Montaiguillon, en plus du château, est un hameau, peut-être une paroisse, avec habitations dans la basse-cour, plus à l'ouest et probablement aux alentours,
  • que la superficie représente 1 500 ha, soit Louan, Fontaine, une partie de Villenauxe et Montpotier,
  • que maisons et moulins sont en ruines, les "héritages en désert", les redevances impayées, plus encore en 1414 qu'en 1403. Le pays est ruiné par la guerre.
Jean de Louan

Acquéreur de Montaiguillon, il devient l'un des compagnons les plus fidèles de Louis XII. Il reçoit en récompense les charges de capitaine et gouverneur de Saint-Germain-en-Laye, de garde des chasses du lieu, puis celle de capitaine de Cherbourg. Enfin il est nommé bailli et gouverneur d'Orléans. Il meurt en 1500.

 

Madeleine Cléret, Jacques II de Louan

La veuve de Jean Ier de Louan, Madeleine Cléret, est à la cour de France auprès d'Anne de Bretagne à partir de 1498.

Au début de 1512, elle et son fils (Jacques II de Louan) se déclarent seigneurs de Montaiguillon et de Villenauxe par indivis. Un peu plus tard, Jacques II est en possession du tout, il porte les titres de chevalier et d'échanson du roi. François d'Angoulême monte sur le trône. Jacques II doit abandonner la cour et vivre quasiment en exil, tantôt à Montaiguillon, tantôt à Dormans, suite à une querelle de jeunesse qui l'a opposé à François d'Angoulême.

Violent d'instinct et querelleux, par un procès il se voit confisquer ses biens en 1529. Par la suite, il entre en possession de ses biens, mais il garde rancune contre les gens de la justice, pour preuve, un jour un huissier se présenta au château, Jacques II le fit piquer, lui et son cheval, par ses "mouches à miel". L'huissier faillit mourir. Il a également une vie conjugale pour le moins tumultueuse et deux filles reconnues légitimes, Madeleine et Barbe.

À la fin du XVIe siècle, Montaiguillon et Villenauxe seront de nouveau mis en vente. La forteresse est encore entretenue, c'est un édifice en fort bien bon état qui change de propriétaire.

La fin

Selon certains historiens, François de Villemontée aurait cédé en 1613 le château à Louis XIII pour le faire raser, moyennant un dédommagement de 60 000 écus.

D'autres pensent qu'il aurait fait la cession à Louis XIII et à Richelieu, pour le faire raser et reçu un dédommagement de 60 000 écus du sieur Bourthiller.

Cette somme a probablement servi au financement de la construction du château de Villenauxe.

On prétend que, par la suite, le château trop solide, résistant aux coups de pioches, aurait été miné pour le rendre inutilisable. Mais rien n'est sûr. Cette destruction ne semble pas être une mesure d'application de l'ordonnance relative à la démolition des places fortes situées à l'intérieur du royaume.

En effet, c'est au cours de l'été 1626 que Richelieu suggère au roi Louis XIII de promulguer trois édits : l'un contre le luxe vestimentaire, le second contre les duels, le troisième ordonnant la démolition de certaines anciennes forteresses.

Richelieu fit donc raser plusieurs milliers de châteaux forts jugés inutiles à la défense du royaume (ces forteresses avaient été bâties au Moyen Âge, à une époque où la France était morcelée entre plusieurs milliers de seigneuries).

Au XVIIe siècle, avec la construction d'un château à Villenauxe, Montaiguillon commence à se dégrader, tandis que le nom de Montaiguillon acquiert une grande renommée, la terre et seigneurie étant érigées en marquisat (7 septembre 1649) par lettre de Louis XIV, à la requête de son serviteur François de Villemontée.

Le 20 septembre 1651, les seigneuries de Montaiguillon et de Villenauxe sont vendues à François Hannibal d'Estrée, maréchal de France, moyennant la somme de 296 000 livres.

François de Villemontée meurt à Paris le 16 octobre 1670 et le décès devait entraîner la disparition du titre de marquis de Montaiguillon.

Démantelé et écroulé de lui-même, le château fort est abandonné de ses maîtres. La basse cour de la forteresse se vide de ses habitants. Plus tardivement, ses bâtiments sont dits "en ruines" ; en 1674, année du transfert de la chapelle du château dédiée à sainte Marguerite à Villenauxe, le hameau de Montaiguillon disparaît, tandis qu'apparaissent les métairies de la grande et petite Bertauche et la ferme de la Baronnie.

Les seigneurs de Montaiguillon abandonnant la vieille forteresse en ruine, vivront au château de Villenauxe. Le titre de seigneur de Montaiguillon sera porté par Hercule de Belloy de 1660 à 1678, puis par Hercule II de Belloy jusqu'en 1688. De 1708 à 1714, en indivision par Joseph-Remy II de Livron et Anne-Evrard-Jean de Livron , puis celui-ci seul jusqu'en 1718.

Après la vente de la seigneurie, Antoine Galliot de Saint-Chamant sera seigneur de Montaiguillon de 1718 à 1731, puis en indivision Aimable et Armand de Saint-Chamant de 1779 à 1780. Armand de Saint-Chamant né le 6 mai 1754 sera le dernier seigneur de Montaiguillon de 1780 jusqu'à son émigration en 1793. Ses biens seront confisqués.

Les motivations de la construction du château

Sécurité des communications. Protection du chemin « perré » qui relie Troyes (capitale du comté de Champagne) à Senlis par Pont-sur-Seine et Meaux. Axe d’échange entre les foires de Bar-sur-Aube, Troyes, Provins et Lagny.

Édifié sur un monticule aux confins de la falaise d’Île-de-France, sur la ligne de partage des eaux en bordure du plateau briard, il protège les avancées de Provins par le nord-est. À vues directes ou par des relais à signaux (tour de Fresnoy, églises), le château était en communication avec Provins (tour César), Villenauxe, Nogent-sur-Seine, Pont-sur-Seine, Bray et le château de Foujon bâti par Blanche de Navarre en 1190.

En 1180, la falaise de l’Île-de-France correspondait, à travers le comté de Champagne, à la limite des terres inféodées au roi de France, Philippe Auguste. À la mort de Thibault III de Champagne en 1201 et dans l’attente de la majorité de son fils, le futur Thibault IV, la régence du comté fut assurée par sa mère blanche de Navarre jusqu’en 1221. Dure période de succession revendiquée par une autre branche de la famille comtale, Erald de Brienne soutenu par ses partisans, réclamant l’héritage de son beau-père par le mariage avec Philippine en 1215, une des filles du comte Henri II, décédé en 1197 et frère de Thibault III. Philippe Auguste devait se couvrir contre les Plantagenêts et contre l’invasion par Othon IV, empereur d’Allemagne.

Dans cette conjoncture, Blanche de Navarre dut garantir, par le traité de 1209, une structure militaire des places fortes en sa possession.

Faute de preuves écrites certaines, on peut attribuer à celle-ci, ou à l’un de ses vassaux (Thomas de Coucy), dans le premier quart du XIIIe siècle, la construction du château de Montaiguillon remplaçant « la haute maison » faiblement fortifiée, des seigneurs de Broyes et de Beaufort.

Dans les environs du château, des vestiges d’ouvrages militaires ont été préservés par le couvert forestier :

  • Redoute terrassée à 300 m au sud, c’est une motte de 60 m de diamètre à la base et de 5 m de hauteur (témoin du siège);
  • Route « sommière » de Nesle-la-Reposte au chemin perré passant par le château, avec un ouvrage pierré sous la route au lieu-dit « Les Cent Pieds »;
  • Camp dit romain « Le Châtelet » (vraisemblablement médiéval), en bordure de la route sommière à mi-chemin de Nesle-la-Reposte, c’est une plateforme de 80×90 m, entourée d’un fossé et d’un épaulement de 1,5 à 2m de hauteur.

Afin d’orienter le lecteur, les tours ont été numérotées par A. Jorré. (Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Provins, 1964)

Sa construction

Il a été érigé vraisemblablement entre 1220 et 1225, selon la « formule de Philippe Auguste », qui est à la base de presque toutes les constructions défensives bâties en France au XIIIe siècle. Comme le Louvre, Dourdan, Brie-Comte-Robert, Coucy, Nesle-en-Dôle, Yère-le-Chatel et bien d’autres encore, la forteresse de Montaiguillon dérive du modèle capétien.

En effet c’est après son retour de la Troisième Croisade que Philippe II Auguste (1165-1223) se lance dans une importante campagne de construction.

Avec l’aide de ses ingénieurs, il établit un nouveau type de plan de forteresse. Ce plan qui fait florès après 1200, se caractérise par sa rigueur et sa contraction. La géométrie et la symétrie priment, ainsi que la concentration des lignes de tir et la recherche systématique du flanquement avec des tours exclusivement circulaires, saillant fortement des courtines. Ainsi se dessinent les quadrilatères à enceintes rectilignes et tours d’angles, dont l’ensemble des bases sont, en outre, talutées, tel qu’à Yère-le-Châtel.

Les plus élaborés des châteaux ont des tours supplémentaires renforçant le milieu des courtines et souvent une porte-châtelet (porte médiane encadrée de tours semblables) comme au Louvre, à Dourdan et à Montaiguillon. Les tours sont percées de véritables archères à fente étroite au nu des murs.

Ce plan rationnel dégage au centre de la place une aire totalement libre, puisque les bâtiments nécessaires à la garnison sont toujours adossés aux courtines. Cette disposition très caractéristique suggère de donner à ce nouveau type de forteresse le nom de « château-cour ».

Le plan ou devis de construction, fort précis, est contenu dans le recueil dit « Cartulaire A de Philippe Auguste ». Il concerne les travaux de fortification à exécuter dans les villes telles Paris, Melun et Montargis. Dans les textes, on relève également les noms de divers maîtres-maçons qui apparaissent comme responsables de l’exécution des travaux. Mais un historien a fait remarquer qu’il semble qu’on eût affaire ici, moins à de véritables ingénieurs militaires travaillant d’après leurs propres idées, qu’à des personnes qualifiées, chargées de veiller à ce que les prescriptions royales fussent dûment exécutées.

L’emplacement du château de Montaiguillon n’est pas le fruit du hasard. Point stratégique pour contrôler un axe ou une route, édifice permettant d’affirmer à la vue de tous son pouvoir et son autorité, son implantation résulte d’une logique précise. Le choix du terrain a été déterminé notamment par la ressource de ce dernier en matières premières. En effet, au Moyen Âge, les transports coûtent cher, les nombreuses taxes et péages peuvent faire doubler la valeur du matériau.

De plus, réalisé avec une traction animale, ils rallongent considérablement le temps de construction. Il était donc nécessaire de trouver un terrain sur lequel les ouvriers auraient à disposition l’essentiel des matériaux. Or, le site de Montaiguillon les rassemble : forêt, ancienne carrière de pierre située à 500 m, terre, sable et eau.

Le château fort est construit sur plan barlong (forme allongée), orienté ouest-est. Défendu par neuf tours dont une de forme pentagonale, il est entouré d’un fossé sec avec un mur de contrescarpe. Ce fossé, remarquable par ses dimensions, dispose dans sans angles d’un mur en courbe qui lui donne une meilleure résistance à la poussée des terres.

Comme matériau de construction, les bâtisseurs ont utilisé du grès quartzite de Fontainebleau, une pierre dure qui se fend et se taille facilement. Mais cette roche est peu indiquée pour un emploi en linteaux ou dalles posées en appuis, car elle se casse sous une forte charge. À titre de comparaison, au château de Dourdan, c’est du calcaire de Beauce, plus solide, qui est utilisé.

L’utilisation du grès quartzite explique donc pourquoi les plafonds-rampants au-dessus des escaliers, les linteaux des portes et les dalles reposent sur des corbeaux (pierres encastrées en saillies, voir ci-contre).

Le château est bâti sur du sable de Fontainebleau. Ce sable, considéré comme un excellent sol de fondation, a un inconvénient : quand il est sec, il « coule ». C’est pourquoi, lors de la destruction de Montaiguillon, sous les explosions de mines, la tour T1 s’est soulevée et s’est penchée en se reposant au niveau du sable non affouillé. Elle a trouvé un nouvel état de stabilité qui, depuis ce temps, n’a pas bougé.

Montaiguillon dans la tourmente de la guerre de Cent ans

Au moyen Âge, les terres en bordure du plateau briard furent longtemps déchirées entre le royaume de France et le duché de Bourgogne. Fier gardien de cette région, le château de Montaiguillon, pendant la guerre de Cents Ans, va participer et se distinguer dans ces durs moments. Jusqu’en 1417-1418, la forteresse de Montaiguillon ne semble pas avoir été inquiétée.

En 1418, le château est aux mains des Armagnacs, favorables au dauphin Charles. Elle est assiégée par des bandes pro-bourguignonnes. Ils firent un énorme tas de fascines (fagots) pour arriver à la hauteur des murs. Le bailli Roger de Meaux le sut et rassembla des gens de guerre qui, rapidement, se portèrent au secours aux cris de « notre Dame d’Armagnac ». Ils taillèrent en pièce leurs ennemis et les brûlèrent sur leur tas de fascines.

C’est la période dure de la guerre de Cent Ans qui divise les français. D’un côté les tenants de la famille d’Orléans avec Charles, fils de Louis, et son beau-père le connétable d’Armagnac. De l’autre, les partisans de Jean sans Peur, les Bourguignons.

Les Bourguignons gagnent du terrain. Provins tombe malgré ses fortifications. En mai 1418, par trahison, ils entrent dans Paris, le connétable d’Armagnac est victime de ces journées sanglantes, le dauphin est emmené à Melun. Il se rend à Bourges où il installe son gouvernement provisoire, ayant des partisans en Picardie, en Île-de-France, en Brie et en Champagne.

Selon toute vraissemblance, le château de Montaiguillon est aux mains des Bourguignons, puisque le seigneur d’alors, Aimé de Choiseul, est favori du duc de Bourgogne. Il sera vite enlevé par les Armagnacs. Trois preuves appuient cette conquête (mais toutefois sans certitudes) :

  • Le fait relaté plus haut, des bandes pro-bourguignonnes.
  • Une proposition d’échange des prisonniers, en 1429 échange du frère du duc d’Orléans contre Huguelin de Saubertier, capitaine du château de Montaiguillon.
  • Paiement par le duc de Bourgogne de la rançon d’un de ses serviteurs fait prisonnier par les Armagnacs à Montaiguillon.
Chronique de Charles VI, une bande brigands (ou Routier) tentent de prendre le château alors gardé par une petite garnison

Il y avait dans le voisinage, à six milles de Provins, un important château fort, appelé Montaiguillon, qui n’était gardé que par une faible garnison, parce qu’on le réputait imprenable, comme le précédent, à cause de la hauteur et de l’épaisseur de ses remparts flanques de grosses tours et environnés d’un fossé large et profond garni intérieurement et des deux côtés d’un fort revêtement en pierre. Une bande considérable de Brigands de la campagne, qui occupait les bois voisins, et qui commettait toutes sortes de dégâts daus la Brie, résolut de s’emparer de cette place, afin d’avoir une retraite sûre, quand ils revenaient de leurs courses dévastatrices. Après avoir vainement sommé la garnison de se rendre, si elle ne voulait être tout entière passée au fil de l’épée, ils firent un amas énorme de fascines pour combler les fossés, et parvenir plus facilement à hauteur des murs. Mais la fortune déjoua leur projet. Le bailli royal de Meaux, en ayant eu connaissance, rassembla aussitôt un nombre de gens de guerre et marcha vers le château en toute hâte. Il détacha en avant trente de ses hommes, armés de pied en cap. Ceux-ci, ayant trouvé les Brigands épars çà et là, comme un troupeau « le moutons, et sans défiance, car ils croyaient ces hommes de la garnison de Provins, fondirent tout à coup sur eux la lance en arrêt, et on criant de toutes leur forces : Aotrc-Dame et Armagnac ! En entendant ce cri redoutable, les paysans s’enfuirent avec la plus grande précipitation. Mais les autres hommes d’armes, survenant au même instant, en tuèrent quatre cents sans faire merci à aucun, quoique plusieurs offrissent à genoux de payer une bonne rançon. Puis, pour brûler les cadavres, ils firent mettre le feu aux fascines qui avaient été préparées. Le château fort fut ainsi mis pour longtemps à l’abri d’un coup de main.

Assassinat de Jean sans Peur au pont de Montereau. Enguerrand de Monstrelet, Chroniques (abrégé). Maître de la Chronique d’Angleterre, vers 1470 – 1480. Paris, BNF, Mss, fr. 2 680, fo 288.

En 1419, sur le lieu de rencontre (le pont de Montereau), en vue d’une réconciliation entre le dauphin Charles et Jean sans Peur, celui-ci est tué dans une embuscade par un coup de hache.

Philippe le bon, son fils, venge son père en signant une alliance qui aboutira au mariage d’Henri V d’Angleterre avec Catherine de France et une alliance militaire contre les entreprises du dauphin.

Le conflit Armagnaco-Bourguignon devient Franco-Anglais. L’armée anglaise bien organisée est forte, bien payée et occupe la Normandie, l’Île-de-France, et entre en Champagne. De plus l’armée bourguignonne n’est pas négligeable et possède une bonne artillerie. L’armée française du sud de la Loire, est composée de pillards, vrais brigands, mal payés, vivant de vols, ainsi que de contingents Écossais et Lombards. Les partisans de l’île-de-France et alentours sont de meilleures valeurs. Aux soldats de métiers (en majorité des Bretons), se joignent nombre de paysans lassés des pillages.

En brie champenoise dans l’ancien diocèse de Troyes, Sézanne est la capitale des partisans du dauphin. Cette région s’étend de Vertus au nord-est, Trainel au sud, Montaiguillon à l’ouest et Romilly à l’est. Pays de forêts, cette zone de résistance, avec Montaiguillon en première ligne, commande le croisement de l’ancien chemin perré reliant Troyes à Senlis et la route de Provins à Sézanne. De plus, il sert aussi de refuge, de base de repos pour de nombreux coups de mains effectués dans la région, ainsi que sur la Seine (Nogent, Bray, Pont, etc…). Cette menace permanente incite les Anglo-Saxons à réagir en décidant le siège de Montaiguillon.

Premier siège en 1420


Il est mené par Claude de Beauvoir de Chastellux, maréchal de de France, au service du duc de Bourgogne. Malgré d’importants moyens mis en oeuvre, Montaiguillon reste aux mains des dauphinois. Pourtant, les Bourguignons avaient prouvé leur force en réduisant à néant le château d’Allébaudière à 30 km à l’est, château construit par Jean de Thourotte au XIIIe siècle.

Henri V invite ses alliés à marcher sur Paris. Sens est prise le 11 juin, Montereau le 23 juin. Melun résiste, mais se rend le 17 novembre. Philippe de Melun se réfugie à Montaiguillon, en décembre 1420. Henri V et le duc de Bourgogne entrent triomphants à Paris.

La guérilla s’est installée au nord de la Loire, conquêtes, reprises de places fortes, l’occupation devient pesante, la misère règne dans les campagnes.

Le siège de 1423 

Chronique d'Enguerrand de Monstrelet : Comment le Comte de Salisbury assiégea la forteresse de Mont-Aiguillon, laquelle se rendit à lui ; et autres matières.

« En ce temps, alla le comte de Salisbury, atout grand’ puissance, assiéger la forteresse de Mont-Aiguillon, en Champagne, par l’ordonnance et commandement du duc de Bedford qui se disait régent de France ; lequel Salisbury était pour lors gouverneur du pays de Champagne et de Brie : lequel siège il continua par moult longue espace de temps, en faisant plusieurs assauts par divers engins et autres instruments de guerre. Et y fut bien six mois environ. Toutefois, ce temps durant, furent livrés plusieurs assauts àla forteresses, et, par diverses manières de les assiéger, furent moult oppressés. Et pouvoient être dedans jusques à six vingts combattants ; desquels étaient capitaines le seigneur de la Bourbe, le seigneur de Cotigny, et un homme d’armes nommé Bourghe-non. Desquels six vingts combattants se départaient grand’ partie, et en la fin n’y demeurèrent que trente ou environ, lesquels, en conclusion, furent contraints de manger leurs chevaux. Et en la fin se rendirent audit comte de Salisbury ».(3)

Les décès d’Henri V d’Angleterre le 31 août 1422, et de Charles VI le 21 Octobre 1422, ont des conséquences politiques et militaires.

Le dauphin Charles prend le titre de roi de France sous le nom de Charles VII. Le duc de Bedford, oncle du nouveau roi d’Angleterre Henri VI, prend le titre de régent de France. Charles VII reçoit des renforts, sa position est meilleure. Les dauphinois multiplient les succès : la prise de Pont-sur-Seine le 13 octobre 1422 et une tentative d’occupation de Provins. La population appuie les dauphinois par des coups de mains créant l’insécurité chez l’Anglais.

Celui-ci, pour assurer sa sécurité et ses voies de communications, décide de réduire le coeur de la résistance champenoise « Montaiguillon ». Bedford charge Thomas de Montagu, gouverneur de Champagne et de Brie, de conduire le siège. Mille hommes arrivent d’Angleterre venant s’ajouter à l’occupant, des impôts sont levés à Provins, à Troyes, non sans difficulté.

Du Berry, les dauphinois viennent en renfort vers la Champagne. L’armée anglaise quitte Troyes le 4 juin, elle prend Pont-sur-Seine qui, par représailles, est « arse et démolie ». La rive gauche de la Seine tombe à son tour. Le pont réparé permet le passage des vivres et machines de guerre, veuglaires et bombardes. L’armée anglaise, forte de 2000 à 3000 hommes, se présente devant Montaiguillon fin juin 1423, aux ordres de Thomas de Montaigu, comte de Salisbury.

Dans la forteresse, se trouvent 120 combattants, auxquels se joignent des paysans résistants des environs, commandés par Philippe de Melun rescapé du siège de Melun, seigneur de la Bourde, Tugdual le Bourgeois, écuyer breton de bonne réputation et courageux, et Prégent de Coëtivy, gentilhomme breton qui se trouvait dans la région et chercha refuge dans la forteresse : il en prend le commandement.

Début du siège par les Anglais

Tout est tranquille aux alentours : renfermés dans leur forteresse, Prégent de Coëtivy et ses compagnons s’occupent à vider quelques brocs de vin pour se reposer de leurs fatigues, en devisant de la longue guerre qui décime la France. Chacun sent que l’avenir, comme le présent, comme le passé, est gros de malheurs ; qu’il y a dans l’air quelque chose de lourd et de terrible, comme lorsqu’un orage se forme ; et ils se disaat que l’orage venant à éclater, il pleuvra encore bien du sang. Sur la ligne des tours qui enserre le colosse de granit, on distingue de distance en distance les gardas et le bruit monotone de leurs pas. De temps en temps ces mots : Sentinelles, veillez ! s’élève d’un point, et comme un écho, parcourent de jalons en jalons toute la ligne circulaire pour revenir mourir à l’endroit d’où us sont partis. Tout à coup, une sentinelle crie d’une voix puissante : Aux armes, aux armes ! Voici l’ennemi ! O Montaiguillon ! à ce cri, tout en toi vient tressaillir : un souffle de guerre t’a fait frissonner comme la feuillée sous le vent précurseur de l’orage. Voici les hommes d’armes qui se dressent à la herse, aux créneaux, aux mâchicoulis ; voici les lances, les piques, les épées ! le fer s’agite, se heurte ; tout va, chef et soldats ; la bannière se gonfle à la brise sur la tour du beffroi.

La trompette sonne : Aux armes ! Voivi l’ennemi !

En effet, à droite et à gauche du château tourbillonne un nuage de poussière, au milieu duquel les armures scintillent çà et là comme des éclairs. – Procc/la equestrisl une tempête à cheval ! – Ce sont les Anglais. « En ce temps-là, dit Enguerrand de Monstrelet, alla le comte de Salisbury, atout grand’ puissance, assiéger la forteresse de Mont-Aiguillon, en Champagne, par l’ordonnance et commandement du duc de Bedford qui se disait régent de France ; lequel Salisbury était pour lors gouverneur du pays de Champagne et de Brie : lequel siège il continua par moult longue espace de temps, en faisant plusieurs assauts par divers engins et autres instruments de guerre. Et y fut bien six mois environ. Toutefois, ce temps durant, furent livrés plusieurs assauts àla forteresses, et, par diverses manières de les assiéger, furent moult oppressés. Et pouvoient être dedans jusques à six vingts combattants. »

Montaiguillon est défendu par cent vingt hommes d’armes, contre une armée anglaise commandée par Salisbury. Déjà, depuis plusieurs mois, les assiégés tiennent les ennemis. – « Ceux de dedans écrit des Ursins, non esbahis, ni effrayez de tout cela, ayant bonne volonté et résolution de se défendre, souvent saillloient sur leurs ennemis et fort les grevoient tant de traicts que austrement, dont ils tuoient plusieurs. »

Contre attaque des assiégés par Prégent de Coëtivy

Mais Prégent de Coëtivy a résolu de déchirer cette ceinture de fer qui étreint le château à travers sa ceinture de murailles et une sortie est décidée. Les chevaux sont sellés, et en un instant tous sont prêts. La herse de la porte se lève et laisse sortir une poignée de braves. Celui qui s’avance le premier, couvert d’une épaisse armure, monté sur un cheval de bataille, c’est Coëtivy. Aux arçons de sa selle de guerre pend, du côté droit, une masse d’armes pesante et dentelée. – « En avant ! » s’écrie-t’il, et son cheval est parti au galop. Aussitôt, tous, répétant ce cri, s’élancent en suivant leur pennon et arrivent ainsi à grande course et la lance en arrêt au milieu du camp ennemi.

Les Anglais, voyant fondre sur eux cette poignée de Français, se préparent à la hâte à les charger. Le terrain vide qui séparait les combattants a disparu sous le sabot des chevaux, et tous se rencontrent avec un grand bruit. Ils se heurtent, coursier contre coursier, fer contre fer. L’agilité des Français leur a donné l’avantage, et déjà sont renversés nombre d’ennemis tués ou blessés. Les lances sont brisées, et voici que la hache et l’épée sifflent, flamboient, et ouvrent un combat d’homme à homme, de corps à corps, avec ses ruses d’adresse, ses efforts de géant.

Prégent de Coëtivy est au plus fort delà mêlée, culbutant hommes et chevaux. Cependant, la muraille de fer qu’il a ouverte devant lui s’est refermée sur lui, effaçant sa trace comme la vague efface le sillage d’un navire, et le presse comme pour l’étouffer. Il a vu le péril : il est temps de rentrer dans la forteresse. Il jette son épée, laisse tomber la bride de son cheval, puis, saisissant à deux mains sa lourde masse d’armes, il crie aux siens : « A moi ! » s’élance en frappant sur les rangs ennemis comme un batteur dans une aire, et se retrouve bientôt à la herse, qui se lève de nouveau et le laisse rentrer avec sa troupe, sans que les Anglais osent le poursuivre. Les quelques hommes d’armes demeurés sur les tours, témoins anxieux de cette horrible mêlée, racontèrent qu’à chaque coup que frappait le chevalier breton, il abattait un Anglais ; car, lorsque sa masse ne fendait pas l’armure, elle assommait l’homme. Il balaya ainsi des rangs entiers. Salisbury songe à lever le siège, et auparavant il veut tenter un dernier moyen de s’emparer de Montaiguillon. Il fait percer une mine ; elle approchait déjà du mur, lorsqu’un homme d’armes du château, placé dans le souterrain, entend un bruit de pioche. Coëtivy ordonne une contre-mine. Après quelques heures de travail, les Anglais et les Français ne se trouvent séparés que par un espace à peu près de l’épaisseur d’un mètre. Cet espace est effondré, et de part et d’autre les hommes d’armes commencent de se charger rudement dans cet étroit passage, où l’on peut à peine se tenir debout et où les éclairs des épées jettent seuls une lueur fauve et fuT gitive. Les Anglais prennent la faite, et « il y eust ésdictes mines, dit toujours des Ursins, de beaux faicts d’armes faicts. »

En 1424, forcé de marcher à la rencontre des troupes de Charles VII, vers Auxerre, le comte de Salisbury laissa devant Montaiguillon assez de monde pour surveiller la place, et parti avec son armée. Pendant son absence, une partie de la garnison, pour éviter la faim, sortit. Les assiégés manquaient de vivres depuis longtemps ; ils n’avaient plus de pain et avaient mangé leurs chevaux. Réduits à une trentaine d’hommes, les Français tenaient ainsi, lorsqu’ils virent un matin foisonner, s’agiter, marcher l’horizon, – un horizon d’hommes ! Ils crurent d’abord que c’était un renfort qui leur arrivait, mais ils s’aperçurent bientôt de leur méprise : c’était Salisbury qui revenait avec le duc de Suffolk et toute l’armée anglaise. Le siège durait depuis plus d’un an. Désespérant d’être secourus, les assiégés entamèrent des négociations, et les restes de la garnison se rendirent prisonniers, « par condition qu’ils payeroient pour sauver leurs vies vingt-et-deux mille saluts d’or, dont pour ladicte somme fournir, demourèrent en hostage quatre des principaux jus-ques l’accomplissement d’icelle. Et se partirent les compagnons sous bon sauf couduict, réservé ceulx qui austres fois avoient faict serment de la paix finale qui avoit esté jurée entre les roys de France et d’Angleterre. Et quand tous s’en furent partis (connue dict est), la forteresse fut abattue et du tout démolie. » Des Ursius ajoute que « prisoit fort le dict comte (Salisbury) la vaillance de ceux de dedans. »

Architecture etreconstitution 3D


Malgré sa destruction, cette forteresse médiévale est restée dans son état d’origine, car il n’y a jamais eu de restauration, sauf la réparation de la tour T9 par les Anglais après le siège de 1423 et celle de la courtine entre les tours T1 et T2 par l’association « Les Amis des Monuments et des Sites de Seine-et-Marne » en 1975.

Nous devons le travail de restitution 3D suivant à Christian Jolly, travail restitué de façon plus complète dans son ouvrage « Montaiguillon Sa renaissance » disponible à la mairie de Louen au prix de 10 euros.

Pour ce travail, il a utilisé un logiciel de graphisme 3D, effectué des visites et photographies du château, consulté, avec l’aimable autorisation de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Provins, l’étude archéologique d’André Jorré de 1964, examiné des documents relatifs à l’architecture militaire du XIIIe siècle, fait des comparaisons avec d’autres châteaux de même style comme Coucy, Villandraut, Nesle et surtout Dourdan où est exposée une maquette du site tel qu’il était au XIIIe siècle.

L’auteur de ce travail attire notre attention sur le fait que cette reconstitution est avant tout un essai, tant il existe encore des zones d’ombres. Toutefois nous pouvons le remercier pour cet excellent travail, qui de plus, est le seul de ce type à avoir été effectué sur la forteresse jusqu’ici.

L'avant-cour

L'avant-cour ou bayle, est de grande dimension (54 m sur 47 m). Entourée d'un mur de 7 m de hauteur, elle servait de défense avancée, de place d'armes et de gîte d'étape.


À l’origine, la porte d’entrée était du côté sud.

Aux angles du mur ouest, étaient cantonnées des échauguettes, sortes de petites loges destinées aux sentinelles. On voit encore l’amorce d’une trompe qui constitue l’assise de l’échauguette nord-ouest.

Dans l’avant-cour, se trouvent également un puits maçonné surmonté d’une petite margelle, un four à cuire le pain, avec son revêtement intérieur en briques-tuileaux, intégré dans le mur situé à côté de l’ancienne porte. Et enfin, un double cellier souterrain, voûté en berceau plein-cintre et aéré.

Le château


La porte charretière de la porte-châtelet était fermée par un pont-levis où on voit encore les assises de pierre taillée qui recevaient les tourillons de l’abattant.

Sur l’embasement en talus au pied de la tour T1, est visible le départ d’un mur évidé en arc dont l’autre retombée prenait appui sur l’un des piliers au bout du pont dormant. Les vestiges de ces piliers sont toujours visibles. Ces deux constructions cintrées servaient de mur de soutènement quand le pont-levis était abaissé. Cette disposition était rare et exceptionnelle. Le château de Villandraut, de construction postérieure à Montaiguillon, avait ce même type d’ouvrage.

Sur les flancs des tours T1 et T9, il reste des épaulements verticaux qui servaient de coulisses pour une ancienne herse d’un côté et de l’autre côté, d’appui quand le pont-levis était relevé.

Sous ce pont-levis, se trouve une poterne. C’est une porte secrète qui permet aux habitants du château de sortir et de rentrer à l’insu de l’assiégeant. Olacé au niveau du fossé, elle est fermée par une porte avec une sécurité par barres transversales engagées dans les murs des fondation. Un assommoir ouvert dans la porte charretière complète le dispositif de protection. Il est possible qu’il y ait eu un deuxième assommoir en haut dans le plancher en bois de cette entrée. Il y a une autre poterne du côté est du château. Celle-ci est défendue par les archères disposées dans les tours T5 et T6.

Les hourds

Ce sont des ouvrages en bois, dressés au sommet des courtines ou des tours, destinés à recevoir des défenseurs. Ils surplombent le pied de la maçonnerie et donnent un flanquement plus étendu, une saillie qui est très favorable à la défense.


En effet, contrairement à ce que l’on voit au cinéma, les défenseurs des châteaux forts ne se protégeaient pas à l’abri des merlons (intervalles pleins) et ne se battaient pas depuis les créneaux (espaces vides). Avec des armes de jet à tir tendu, par exemple des arbalètes, il devient impossible de se présenter ainsi exposé aux créneaux, car il serait suicidaire de s’y pencher pour atteindre les assaillants parvenus au pied du mur.

Les défenseurs se plaçaient donc dans les hourds en bois. Les planchers étaient percés de trappes à couvercles mobiles qui permettaient d’observer le pied de la muraille et de faire tomber des projectiles sur les assaillants. Les parois latérales des hourds étaient aussi ajourées, ce qui permettait de tirer ou de lancer des projectiles. Le bois étant cher et putrescible, ces ouvrages étaient presque toujours démontés et entreposés en temps de paix.

À Montaiguillon, les hourds n’étaient installés que sur les tours et auraient été de même modèle que ceux de Dourdan.

Les latrines ou l'hygiène dans les châteaux forts au Moyen-Âge


Parler de l’hygiène dans le château a peut-être, aux yeux de certains, quelque chose de trivial par ce que ce thème implique. Pourtant, quoi de plus banal que d’évoquer ce qui constitue aujourd’hui le minimum du confort ? Nul ne saurait aujourd’hui habiter un espace sans s’assurer au préalable que les conditions d’hygiène y soient respectées. Songera-t-on que, jusqu’à des années pas si éloignées, beaucoup de maisons de nos campagnes (et parfois même des villes) se contentaient d’une modeste bicoque abritant le siège percé, si possible au fond du jardin.

Et oui contrairement à ce que nous dit la croyance populaire, le Moyen-Âge était une période bien plus hygiènique que les suivantes…

Garnissant les espaces de vie, la latrine devait presque forcément se trouver placée de façon privilégiée dans les espaces où des garnisons étaient susceptibles de demeurer de façon prolongée. À commencer par les chemins de ronde des fortifications : on trouve ainsi, de façon fréquente, aux angles entre tours et courtines dans les enceintes castrales et urbaines, où elles avaient l’avantage de permettre le flanquement vertical de ces raccords difficilement battus par les moyens classiques. On en trouve ainsi à Montaiguillon, sur toutes les tours sauf les T1 et T9 et également à Coucy ou à Villandraut.

Les caves souterraines


La plus grande cave devait servir à entreposer des approvisionnements de toute nature. Une poterne (petite porte intégrée dans la courtine est) en débouche dans le fossé. Cette poterne, contrairement à celle située à l’ouest, sous le pont-levis, n’était pas protégée par un assommoir. Peut-être y avait-il une bretèche (avant-corps servant à défendre la porte) en haut de la courtine ? Mais celle-ci n’est pas visible.

La seconde cave est plus petite, de forme cruciforme, voûtée en berceau et aérée par une cheminée débouchant dans la cour intérieure. Il s’agit vraisemblablement d’un chais pour l’entreposage de tonneaux.

De cette salle en croix, l’imagination populaire faisait partir deux souterrains : l’un allant à Nesle-le-Reposte et l’autre à Provins. mais il n’en est rien.

Des constructions souterraines existent bien sûr dans de nombreux bâtiments médiévaux. Nombre de châteaux forts, de places fortes, de villes et de villages médiévaux ainsi que des églises, possédèrent ainsi des aménagements souterrains à usage divers (souterrains-refuges à Provins, souterrains de fuite ou à usage militaire tactique à Coudray par exemple), voire tout simplement des lacis de caves étagées sur plusieurs niveaux ou des carrières souterraines (comme sous le château de Coucy). Mais des souterrains légendaires de trois ou quatre kilomètres de long, reliant deux châteaux entre eux, n’ont jamais été découverts. Les historiens des forteresses médiévales ne croient pas à l’existence fréquente de communications souterraines entre bâtiments ou de galeries de fuite en cas de siège. Ces dispositifs architecturaux seraient demeurés assez rares, mais existent cependant de façon incontestable comme le souterrain de fuite du château du Paluel.

Mais aucun souterrain n’a été découvert à Montaiguillon. N’oublions pas le siège de 1423. Affaiblis et malades, les dauphinois se rendirent en février 1424. S’il y avait un souterrain, soit ils auraient fui, soit ils auraient été approvisionnés en toute discrétion et auraient tenu beaucoup plus longtemps.

La tour T1 et la salle de garde


La tour T1, flanquant l’entrée charretière de la porte-châtelet, est profondément allongée en arrière par une salle de garde. Celle-ci est surmontée par une voûte en plein cintre maçonnée qui règne sur toute la longueur pour se terminer en cul-de-four dans l’avancée semi-cylindrique.

Un cul-de-four est une voûte en forme de quart de sphère, rappelant la forme du four à pain, utilisée dès l’Antiquité et jusqu’à la fin de la période romane pour couvrir les absides.

La paroi était recouverte d’un enduit à base de chaux ou de ciment-chaux, sur lequel les décorateurs ont dessiné des lignes simples, représentant des rectangles, le plus souvent de couleur brun-rouge sur un fond blanc ou jaune pâle. Cette décoration était identique dans toutes les salles, les tours et la chapelle de Montaiguillon.

Le logis du gouverneur


Entre les tours T1 et T2, se situe le logis du gouverneur. Il est éclairé par une grande baie en arc brisé, défendue par une grille en fer. C’est la seule fenêtre qui donne jour à l’extérieur du château, au-dessus du fossé.

Il reste, en partie basse des ébrasements de la fenêtre, des traces de bancs de pierre qu’on appelle des coussièges. Le logis était chauffé par une grande cheminée de type champenois. Le château lui-même était bien pourvu en chauffage : le premier étage de la tour T2, les salles résidentielles et probablement la salle par laquelle on accède aux caves étaient aussi dotées de cheminées. On voit d’ailleurs sur le bas du pignon, le conduit d’une cheminée.

Le carrelage

Il est à remarquer que, dans tous les arts et industries qui se rattachent à l’architecture, le XIIe siècle a, sur le XIIIe, une grande supériorité d’exécution. Les vitraux, les peintures, les sculptures, dallages  incrustés et carrelages du XIIe siècle et nous dirons même la construction des édifices, dénotent un soin et une recherche que le XIIIe siècle, préoccupé de ses grandes conceptions, abandonne. Le procédé de fabrication des carrelages du XIIe siècle, soit qu’ils fussent composés de pièces enchevêtrées, soit qu’ils fussent incrustés, exigeait beaucoup de temps, un grand nombre d’opérations successives, une main-d’oeuvre lente. Au XIIIe siècle, on se contente de la brique rouge estampée, incrustée d’une terre blanc-jaune et couverte d’un émail transparent.

Il n’est pas impossible que le carrelage du logis du château de Montaiguillon soit identique à celui du château de Coucy, soit un assemblage de quatre carreaux complétant un dessin circulaire. La fabrication de ces carreaux est grossière ; nous sommes ici bien éloignés de la finesse et de la pureté des carreaux du XIIe siècle. En fait, en simplifiant l’exécution, on obtient des produits plus nombreux, moins longs à fabriquer et plus économiques.

La tour T2


On peut attribuer à cette tour un rôle de tour-maîtresse. Elle est directement accessible du logis du gouverneur et dispose au rez-de-chaussée d’une citerne alimentée par les eaux de pluie des toitures, collectées par des gaines verticales pratiquées à l’intérieur des murs.

À l’étage, se situe une pièce qui pourrait être le poste de commandement, en cas de siège du château. Pourvue d’une cheminée, d’une latrine et d’une petite fenêtre, en dehors des archères, elle était bien protégée. Les planchers étaient en bois. Malgré que ce matériau soit inflammable, les bâtisseurs n’ont pas construit des voûtes sur croisée d’ogives, à cause du grès de Montaiguillon qui se prête mal à la taille des nervures.

Salles résidentielles

Entre le logis du gouverneur et la chapelle, se situent deux salles résidentielles. Elles sont équipées de cheminées construites dans le mur central.

La chapelle Sainte-Marguerite


De plan rectangulaire, elle occupe l’angle nord-est de la cour. Elle est indépendante des courtines. Son autonomie est assurée par un verrouillage intérieur des portes, que des barres de bois transversales tiennent fermées. Les fenêtres sont protégées par des grilles. Les ouvertures donnant sur la cour sont en arcs brisés, tandis que celles qui ornent le chevet consistent en trois baies formant triplet.

De la fenêtre qui donne sur la cour, on observe que l’un des jambages en ébrasement a conservé à la naissance de la voussure son claveau-sommier qui montre le départ d’un arc brisé à double ressaut.

À l’intérieur de la chapelle, il n’y avait pas de bancs, on y priait debout. le sol était carrelé jaune et vert (constat lors de fouilles archéologiques), soit en totalité, soit à l’emplacement de l’oratoire (statue de sainte Marguerite).

Après le démantèlement du château en 1613, la chapelle a été vendue aux enchères en 1652. Elle renfermait une statuette en pierre fine polychrome représentant sainte Marguerite écrasant le dragon.

Cette statuette fut transférée à Villenauxe-la-Grande (Aube), d’abord à la chapelle de Trioux en 1674, ensuite dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul en 1797. C’est seul mobilier connu et accessible au public.

Sainte Marguerite : l’histoire de la Légende Dorée

Sainte Marguerite d’Antioche (décédée en 304) est commémorée dans l’église latine le 20 juillet.

Son histoire est très légendaire. Son existence historique fut mise en question et elle fut même déclarée « apocryphe » par le pape Gélase I en 494. Cependant, la dévotion à sainte Marguerite a ressurgi dans l’église latine à la période des croisades. Celle-ci, dont Jeanne d’Arc entendit les voix en 1426, est généralement représentée victorieuse de Satan prenant la forme d’un dragon. Elle est identifiée avec Pélage (terme grec) et Marine (terme latin).

Marguerite était fille d’un prêtre païen nommé Aedesius. Elle fut réprimandée par son père à cause de sa foi chrétienne et se retira dans la campagne chez une mère nourricière qui gardait les moutons. Un gouverneur lui demanda le mariage au prix de sa renonciation à sa foi chrétienne. À la suite de son refus, elle fut torturée cruellement et c’est alors que divers miracles sont racontés. Un de ces miracles met en place Satan sous la forme d’un dragon qui avale Marguerite vivante, mais elle survit grâce aux effets d’une croix qu’elle portait. Cette croix irrita l’estomac du dragon qui, par la suite, vomit Marguerite vivante. L’art la représente souvent en train d’échapper ou bien s’élevant au-dessus d’un dragon.

La tour T5


On appelle « tour polygonale », une tour dont le plan dessine au sol un polygone, c’est à dire un ouvrage qui possède cinq faces à pans coupés. Dans ce type d’ouvrage, les faces sont séparées par des angles obtus qui ne se coupent pas à angle droit. Plus l’ouvrage comporte de côtés et plus les angles sont aplatis et peu prononcés.

Il en existe de nombreuses variantes, selon les régions et les époques et on rencontre souvent des « tours polygonales » dans les châteaux forts médiévaux. Il semble que l’Antiquité n’a pas connu ce genre d’ouvrage, ni le haut Moyen Âge (Ve-Xe siècle), époques où l’on rencontre uniquement des tours circulaires, semi-circulaires, carrées ou quadrangulaires. Le donjon du château de Gisors, en Normandie, est l’un des plus anciens exemples de tour polygonale (XIIe siècle).

La tour T9


Dans la tour allongée T1, la voûte est couverte (comme on l’a déjà vu) d’une voûte en berceau plein cintre maçonnée sur toute sa longueur pour se terminer en cul-de-four dans l’avancée semi-cylindrique.

Mais pour des raisons d’économies, le château étant à destination militaire et non pas seigneuriale, et de rapidité, car sa construction a dû débuter pendant une période trouble, la voûte de la tour T9 n’a été construite que sur la partie côté cour. À l’avant, le plancher est en bois, comme les planchers des étages des autres tours.

Ce plancher en bois a fragilisé l’édifice. Pendant le siège de 1423, minée plusieurs fois, la tour s’écroula et tua une quarantaine d’Anglais.

Durant l’occupation du château, les nouveaux résidents réparèrent à la hâte le mur, mais il est de moindre épaisseur que celui d’origine. On remarque qu’ils ont employé des meurtrières nettement différentes des archères. Elles sont aménagées pour le tir d’armes à feu et protégées par un masque en pierre, en deux morceaux, percé d’un trou, il s’agit de canonnières.

Au premier étage, la pièce, comme les autres pièces du château, était éclairée par des fenêtres étroites. Il y avait soit des volets intérieurs, soit de la toile huilée ou cirée, ou bien rien. Elle pouvait être confortable pendant les saisons chaudes mais plus pénible en hiver, car elle n’était pas équipée de cheminée comme le logis du gouverneur ou les salles résidentielles.

Dans ce château fort, les caves, les écuries, les bâtiments de service et les logements de la garnison sont rationnellement distribués autour de la cour : celle-ci se trouve entièrement dégagée, ce qui facilite les manoeuvres de la garnison et la porte charretière est toujours bien protégée, mais des poternes sont ouvertes dans les courtines. Tout est conçu pour que la garnison puisse agir rapidement à l’intérieur du château comme à l’extérieur, où les ouvertures facilitent les sorties en cas de siège. Ainsi au premier étage, dont une des portes accède directement au chemin de ronde, pouvait très bien servir de logement aux soldats. Ils y dormaient à même le sol sur un lit de paille, alors que le gouverneur et ses invités disposaient d’un lit d’herbes odorantes ou d’une natte constituée d’un tissu de paille ou d’un lit.

Du côté de la porte-châtelet

Les toitures des tours d’angle, des tours intermédiaires, des tours de la porte-châtelet et du logis du gouverneur étaient en ardoise. Des débris ont été retrouvés lors des fouilles archéologiques. Les toitures de la chapelle et des bâtiments de service étaient en tuile (même constat de fouilles).

Vue du côté est

Malgré l’état de délabrement du château, il subsiste encore suffisamment de vestiges de murs en élévation dans la partie qui longe les courtines est et sud, pour permettre d’assigner à la plupart des locaux leur destination d’usage : le bâtiment où se trouvent les caves, les locaux adossés en appentis qui servaient d’écurie, de lieu de stockage de fourrage, d’atelier-forge. La toiture de ces locaux aurait été en chaume, à l’exemple de Dourdan.

L'escalier extérieur

La structure en arc de cercle, qui se situe au bout de la tour allongée T9, a été longtemps une énigme. Jusqu’au jour où l’on a découvert la même sur une photo du château de Villandraut. C’était un escalier extérieur qui permettait d’accéder au 1er étage de la tour allongée T9 de Montaiguillon. Une porte d’entrée située sous les marches menait au rez-de-chaussée de cette tour. L’ouverture sous l’arc (photo ci-dessus) n’est qu’une brèche.

Le chemin de ronde

De ce premier étage de la tour T9, on parvient à une coursive, une galerie de circulation entre les tours T7, T8 et T9. De cette galerie qui mène à T7, on voit un décrochement important avec le niveau du chemin de ronde qui lui, fait pratiquement le tour de la forteresse. On ne voit pas de traces de cet accès. Sur ce chemin, la garnison y circulait en passant par les tours et les escaliers menant aux derniers étages.

Il est ceinturé d’un parapet, petit mur d’une épaisseur d’environ 50-60 cm et d’une hauteur généralement de 2 m. Il n’est pas percé de créneaux comme à l’exemple du château de Yèvre-le-Châtel. On en voit encore les traces sur la courtine entre T6 et T7. Dans la restitution de 1902, Destousches n’en fait pas mention.

Afin de protéger les soldats d’une chute à l’intérieur du château, la galerie et le chemin de ronde sont bordés d’un autre muret, plus petit que le parapet, dont on voit encore des vestiges sur la courtine entre T8 et T9.

Salles résidentielles

Entre le logis du gouverneur et la chapelle, se situent deux salles résidentielles. Elles sont équipées de cheminées construites dans le mur central.

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