La basilique Saint-Michel est l’un des principaux lieux de culte catholique au coeur de Bordeaux. Bâtie du XIVe au XVIe siècle, elle est caractéristique du style gothique flamboyant. L’église a donné son nom au quartier dans lequel elle se situe.

La basilique partage avec la cathédrale Saint-André la particularité d’être dotée d’un clocher indépendant du sanctuaire ou campanile. S’élevant à une hauteur de 114 mètres, il est considéré comme le plus haut du Midi de la France et comme l’un des plus hauts de l’hexagone. Sa base conserve une crypte qui servit longtemps d’ossuaire, puis de lieu d’exposition pour des « momies » exhumées au XIXe siècle lors de l’aménagement de la place Meynard, ancien cimetière paroissial.

Classée Monument Historique dès 1846, l’église Saint-Michel — devenue basilique mineure en 1903 — est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

Son histoire

L’actuel édifice succède à une ancienne église située « hors-les-murs », c’est-à-dire en dehors des remparts de la ville. La construction de la troisième enceinte urbaine, incluant l’antique sanctuaire, contribue au développement du quartier dans le courant du XIVe siècle. Ce dernier est alors le domaine des marchands et artisans, tels que « carpenteyres » (charpentiers) ou « fustiers » (tonneliers).

Le chantier de la nouvelle église est confié par le roi Louis XI à l’architecte Jean Lebas, originaire de Saintes. En 1466, un collège de chanoines est installé dans l’église, toujours en construction. Cette dernière devient une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, ce dont témoigne notamment la chapelle Saint-Jacques. Confréries et corporations contribuent par des donations à l’avancement des travaux, lesquels ne sont pourtant pas achevés avant le XVIe siècle.

La basilique avec le clocher décapité vers 1853.

L’édifice souffre des conséquences du tremblement de terre qui frappe Bordeaux le 10 août 1759. Frappée à plusieurs reprises par la foudre, faute de paratonnerre, la flèche du campanile est emportée par un ouragan en septembre 1768, ramenant sa hauteur à « seulement » 99 mètres. Un projet de restauration avait été réalisé en 1755 qui demeura sans suite. En janvier 1769, la fabrique de l’église décide de confier la restauration de son campanile à l’architecte du roi Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778), dernier des Mansart, petit-fils de Jules Hardouin-Mansart, venu à Bordeaux dans l’espoir de se voir confier la réalisation du nouvel hôtel de ville. Daté du 21 janvier 1769, ce projet n’eut guère plus de succès que le précédent, faute de fonds suffisants pour sa réalisation et ce, malgré la quête décidée en avril 1771 par la fabrique auprès des fidèles. Sa construction était en effet estimée à 50 000 livres.

Le projet de Mansart de Sagonne est définitivement écarté lorsqu’en 1811, la paroisse adopte le projet de l’architecte Louis Combes. La reconstruction de la flèche attendra cependant 1860, date à laquelle Paul Abadie, architecte du Sacré-Cœur à Paris, entame les travaux dans le style gothique de l’édifice. Ils seront achevés en 1869.

Le clocher présentait jusqu’alors un aspect tronqué. Au début du XIXe siècle, il accueille le télégraphe Chappe. Lors de son passage à Bordeaux en 1843, Victor Hugo le décrit en ces termes : « La tour, quoique couronnée encore d’un bloc à huit pans et à huit pignons, est fruste et tronquée à son sommet. On sent qu’elle est décapitée et morte. Le vent et le jour passent à travers ses longues ogives sans fenestrages et sans meneaux comme à travers de grands ossements. Ce n’est plus un clocher ; c’est le squelette d’un clocher ».

En 1791, le directoire du département ordonne la suppression de l’ancien cimetière paroissial entourant l’église, l’actuelle place Meynard. Les ossements sont entassés dans la crypte située sous le clocher, puis recouverts de terre. C’est au cours de ces travaux que sont découverts plusieurs dizaines de corps momifiés, les « momies de Saint-Michel ». Ces dernières sont placées dans la crypte, laquelle est ouverte à la visite jusqu’en 1979. À cette date, les corps sont de nouveau inhumés, cette fois au cimetière de la Chartreuse.

Le 1er avril 1903, un bref apostolique fait de l’église paroissiale Saint-Michel une basilique mineure.

Le 21 juin 1940, des bombardements soufflent une partie des vitraux de la basilique, lesquels sont remplacés après le conflit par des verrières modernistes dues à l’artiste Max Ingrand et, pour les chapelles du déambulatoire, à Jean-Henri Couturat.

CHAPELLE des SAINTS-ANGES

Chapelle construite au XVe siècle. Consacrée à Saint Roch, patron des mariniers, carriers, paveurs et mesureurs de sel. Au XIXe siècle elle change de vocable et devient chapelle des Saints-Anges. Endommagée lors des bombardements de 1940, elle est restaurée en 1958 et le retable en 1965.

CHAPELLE SAINTE-APOLLONIE

Cette chapelle construite au XVe siècle fut d’abord consacrée à Notre-Dame de Verdelais. Elle était connue sous le vocable de Saint-Vincent. Il existait deux autels : Saint-Fort Sainte-Catherine et Saint-Vincent.

A partir de 1693 elle fut dédiée à Sainte Apollonie.

Architecture

Nef de la basilique.

Mesurant 75 mètres de long du chœur à l’entrée de la nef pour 38 mètres de large d’un croisillon à l’autre, la basilique est l’un des plus grands lieux de culte bordelais. Caractéristique du style gothique flamboyant, elle présente un plan en croix latine à triple vaisseau. La nef, haute de 23 mètres, compte quatre travées et est entièrement couverte d’une voûte d’ogives oblongue, de même que les bas-côtés. Un large transept saillant sépare symboliquement la nef du chœur, formé de trois travées et qui reprend les dispositions de la nef. Trois absidioles polygonales ferment l’ensemble.

Les bas-côtés sont doublés d’une série de 17 chapelles latérales, chacune d’elles étant dédiée à une confrérie ou à une corporation. Nombre de ces chapelles conservent des œuvres d’arts. Ainsi, la chapelle Saint-Jacques, construite de 1470 à 1475, possède un retable en bois du XVIIe siècle. Celui-ci est orné en son centre d’un tableau représentant « l’apothéose de Saint-Jacques » (1632). La chapelle abrite par ailleurs le tombeau d’un jacquet, la chapelle étant dédiée au pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Plus loin, la chapelle de Ferron est ornée d’une composition sculptée reprenant le thème de la déposition de croix (1493). Une autre chapelle est dédiée à Sainte Catherine, patronne des mariniers.

Parmi les autres œuvres d’art que renferme la basilique, notons également une pietà datée de la fin du XVe siècle et une sculpture représentant Sainte Ursule abritant sous son manteau les vierges martyres de Cologne. Dans la nef, une chaire du XVIIIe siècle alliant bois d’acajou et panneaux de marbre est surmontée d’une statue de Saint Michel, patron de l’église.

De larges baies à remplage flamboyant éclairent la basilique. Les vitraux qui s’y trouvent datent pour l’essentiel des XVIe siècle, XIXe et XXe siècles. Parmi les plus anciens notons ainsi un « arbre de Jessé » où dominent les tons rouges, jaunes et bleus. Les vitraux du chœur, dus à l’artiste Max Ingrand, remplacent des verrières du XIXe siècle détruites par les bombardements.

Plusieurs dalles numérotées ou gravées situées dans la nef témoignent de la coutume longtemps en vigueur consistant, pour les plus aisés, à se faire inhumer dans l’église. Cette pratique tombe peu à peu en désuétude au cours du XVIIIe siècle pour des raisons de salubrité publique.

Clocher

Le clocher forme une structure indépendante du sanctuaire. Situé à plusieurs dizaines de mètres du portail principal, il est dû à l’architecte Jean Lebas. Cantonné de contreforts et de pinacles, il supporte une flèche ajourée édifiée de 1861 à 1869 par Paul Abadie. Haute de 114,60 mètres, la flèche Saint-Michel de Bordeaux est le plus haut clocher du midi de la France.

Le campanile de la basilique Saint-Michel est doté d’un carillon de 22 cloches (bien que ce nombre soit inférieur à celui de 23 requis par la fédération nationale des carillons). Après restauration, le carillon est à nouveau fonctionnel depuis le 17 septembre 1999.

Orgues

Orgue de la basilique.

Le buffet d’orgue, de style Louis XV, est construit de 1762 à 1765 par Cessy et Audebert. Les grandes-orgues, œuvres de l’organier Micot, ont été restaurées à plusieurs reprises, et notamment reconstruites par Joseph Merklin en 1865. Elles comptent 41 jeux pour trois claviers et un pédalier.

En 2008, les grandes-orgues sont démontées pour être de nouveau restaurées. Cette tâche, confiée aux facteurs d’orgue Bernard Hurvy, Olivier Robert et Stéphane Robert assistés par Michel Jurine, est achevée en 2011. L’inauguration de l’orgue restauré a lieu le 16 septembre 2011 ; l’organiste Thierry Escaich y improvise et y interprète son concerto pour orgue et orchestre no 2 et le concerto pour orgue, cordes et timbales de Francis Poulenc avec l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine sous la direction de Pieter-Jelle De Boer.

Le buffet est classé par les monuments historiques en 1846, tandis que la partie instrumentale l’est depuis 1987. Le titulaire de l’instrument est Paul Darrouy.

CHAPELLE SAINT-JACQUES

Chapelle du XIVe siècle longtemps connue sous le vocable de Sainte Apollonie. Au début du XVIIe siècle le Cardinal François de Sourdis l’octroie à l’importante Confrérie de Saint-Jacques de Compostelle. Elle change alors de vocable.

CHAPELLE SAINT-JEAN-BAPTISTE

C’est l’une des plus anciennes chapelles avec celle du Saint-Sépulcre et de Notre-Dame des Anges. Elle date du XIVe siècle mais fut refaite au XIXe siècle lors des grands travaux de restauration du choeur par l’architecte Charles Burguet. Elle fut le siège de la Corporation des charpentiers de barriques et de celle des remueurs de sel.

Pèlerinage

Origines du pèlerinage

La notion de pèlerinage apparaît dans les calendriers liturgiques. Le plus ancien est inséré dans le code de l’Alliance : « Toute la population mâle se présentera trois fois l’an devant le seigneur Yahé » (Exode XXIII – 14/19). Le pays d’Israël est peuplé de tribus nomades qui ont chacune leur sanctuaire.

Les premières communautés chrétiennes conservent pendant un certain temps les pratiques juives des pèlerinages. Mais après les destructions faisant suite aux révoltes juives (66/70 et 132/135) les pèlerinages disparaissent et l’on voit apparaître une conception du culte plus spiritualisée : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est pas ici. Il est ressuscité » (Luc XXIV. 5/6).

Au IVe siècle, la situation change. La religion chrétienne, sous le règne de Théodose (379 – 395) devient la religion officielle de l’Empire. De nombreux édifices sont construits sur les « lieux saints ». Ce sont d’abord des lieux rapportés dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament puis des lieux sanctifiés par les reliques de saints ou de martyrs.

Tous ces sites attirent de nombreux fidèles. Le pèlerinage chrétien est né.

Les grands pèlerinages

L’Orient

  • Jérusalem : Le véritable essor de ce pèlerinage ne débute qu’au IVe siècle après le triomphe du Christianisme dans l’Empire Romain. Vers 333 est rédigé l' »Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem ». En raison de la présence du Tombeau du Christ, Jérusalem est un site très célèbre qui ne cesse d’être visité. L’emplacement de celui-ci est difficile à localiser. Après le Concile de Nicée (325) des fouilles sont entreprises pour retrouver le lieu que la tradition a situé. Après sa découverte l’Empereur ordonne de bâtir une basilique. Un grand ensemble architectural va s’élever composé d’une Rotonde, du Golgotha et du Martyrium. Tout autour de Jérusalem il y a des lieux de prière comme la Colline de Sion où le Christ apparaît à ses disciples au VIIIe siècle. Mais l’invasion musulmane perturbe fortement le pèlerinage au cours des siècles suivants. La situation s’aggrave avec la destruction du Saint Sépulcre (1009) et la prise de Jérusalem (1071 – origine de la 1ère croisade). De la fin du XIe au XVe siècle c’est une succession de luttes et d’accalmies.

L’Occident

L’invasion arabe ralentit les pèlerinages. Si la terre Sainte reste encore un but de pèlerinage, le voyage devient de plus en plus risqué tant sur terre que sur mer. On assiste à une amorce de repli vers les régions plus occidentales du monde chrétien. Trois grands pèlerinages vont prendre un essor considérable : Rome, Saint-Jacques de Compostelle et Saint-Michel.

  • Rome : En raison des reliques des apôtres Pierre et Paul, c’est le pèlerinage le plus important de la Chrétienté occidentale vers où convergent toutes les routes d’Europe. Les rois, évêques et grands personnages des royaumes d’Occident, se rendent à Rome pour prier mais aussi pour acheter des reliques.
  • Saint-Jacques de Compostelle : Les origines du culte rendu à l’apôtre restent entourées d’obscurité. C’est entre le VIIe siècle et le XIIe siècle que s’élabore la légende dans un climat de lutte contre les musulmans. Jusqu’au IXe siècle ce n’est qu’un culte local propre au royaume de Galice. Le véritable essor se situe au milieu du Xe siècle. Au XIIe siècle est rédigé le célèbre guide d’Aimery Picaud. Pour expliquer le succès de ce pèlerinage il faut souligner l’action des rois espagnols favorisant les constructions d’édifices et le rôle des grands ordres religieux pour leur implantation tout au long des routes.
  • Pèlerinage à Saint-Michel : Trois grands centres dédiés à l’archange attirent les pèlerins de toute l’Europe : Mont Gargan (Italie, Pouilles), La Sacra di San Michele sur le Mont Pirchiriano (Italie, Piémont), Mont Saint-Michel (France, Normandie).

Conclusion

A côté de ces grands courants, il existe en Europe une multitude de pèlerinages plus localisés résultant de la Christianisation de certaines régions comme pour les pays scandinaves dès le XIe siècle ou la Hongrie au Xe siècle qui permet l’ouverture d’un itinéraire terrestre plus sûr vers les lieux saints. Certains autres événements sont également importants. Ainsi, l’assassinat de Thomas Becket (1170) déclenche un pèlerinage à Canterbury qui a un rayonnement important non pas seulement en Angleterre mais aussi dans tous les pays nordiques et le nord de la France.

Il faut souligner dès le XIe siècle l’existence des pèlerinages mariaux qui se développent d’une façon considérable en France et dans toute l’Europe.

Le phénomène du pèlerinage subit des fluctuations dans le temps et l’espace. Certains courants se renforcent, d’autres déclinent. Cependant le monde oriental et occidental est sillonné de routes empruntées par les chrétiens malgré l’insécurité et les difficultés. Ces grands déplacements sont aussi source d’échanges commerciaux et culturels.

Si le véritable spiritualité du pèlerinage est liée à l’idée de pénitence et de renoncement, beaucoup de ceux qui partent sur les routes ont aussi comme objectif de demander l’intercession d’un saint en allant prier sur ses reliques. Le culte des reliques est l’un des supports du pèlerinage médiéval.

En ce qui concerne Saint-Michel le problème est différent. Saint-Michel est un archange, être immatériel qui n’a pas laissé de traces. Ce sont ses apparitions qui sont à l’origine de la fondation de sanctuaires qui donnent lieu à de grands pèlerinages vers les trois grands centres : Mont Gargan dès le Ve siècle, le Mont Saint-Michel puis le Mont Pirchiriano.

En 1998, l’UNESCO a inscrit sur la Liste du patrimoine de l’humanité les « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ». Ce bien culturel en série est constitué par la sélection de 7 segments d’un itinéraire et de 71 édifices. Cette reconnaissance fait écho au renouveau dont jouit la pérégrination vers Compostelle depuis les années 1950, en célébrant sa valeur universelle exceptionnelle.

Tout au long du Moyen Âge, Saint-Jacques-de-Compostelle fut une destination majeure pour d’innombrables pèlerins de toute l’Europe. Pour atteindre l’Espagne, les pèlerins traversaient la France. Quatre voies symboliques, partant de Paris, de Vézelay, du Puy et d’Arles et menant à la traversée des Pyrénées résument le grand nombre d’itinéraires empruntés par les voyageurs. Églises de pèlerinage ou simples sanctuaires, hôpitaux, ponts, croix de chemin jalonnent ces voies et témoignent des aspects spirituels et matériels du pèlerinage. Exercice spirituel et manifestation de la foi, le pèlerinage a aussi touché le monde profane en jouant un rôle décisif dans la naissance et la circulation des idées et des arts.

A Bordeaux, les basiliques Saint-Seurin et Saint-Michel ainsi que la cathédrale Saint-André appartiennent à cette inscription car elles constituent des édifices emblématiques des trois âges d’or de l’histoire du voyage vers Compostelle.

Aux origines du pèlerinage – Le rayonnement de la Basilique Saint-Seurin (IXe – XIIe siècle)

La basilique Saint-Seurin de Bordeaux est un rare témoignage de l’époque carolingienne (VIIIe – Xe siècles). Elle sert déjà de lieu de culte depuis la fin de l’Antiquité. Son ancienneté lui valut sa réputation de berceau du christianisme bordelais. Les Chanoines de Saint-Seurin revendiquèrent d’ailleurs dès cette époque la primauté de leur basilique sur toutes les autres églises de la ville.

Réputée dès l’époque romane pour ses reliques, Saint-Seurin devient rapidement une étape attractive pour les pèlerins. Sa crypte fait l’admiration des jacquets. Au XIIe siècle, le Codex Calixtinus, dont le cinquième livre est attribué au moine poitevin Aimery Picaud, mentionne que la basilique est le principal édifice de culte bordelais fréquenté par les jacquets.

« Puis, à Bordeaux, il faut rendre visite au corps du bienheureux Seurin évêque et confesseur ; sa fête se célèbre le 23 octobre ».

Aimery Picaud, « Guide du pèlerin », Codex Calixtinus, (trad. Jeanne Viellard, 1938) XIIe siècle.

Saint-Jacques au temps des cathédrales – L’affirmation de l’église Saint-André (début du XIIe – fin du XIIIe siècle)

Le XIIe siècle annonce une nouvelle ère pour la foi et les arts. Le succès de la réforme grégorienne stimule la transformation des grands édifices de culte dans le style gothique. S’ouvre alors une période faste durant laquelle l’institution ecclésiastique se consolide.

C’est dans ce contexte que la cathédrale Saint-André est restructurée. Ces travaux confortent son statut, alors disputé par les chanoines de Saint-Seurin, celui de berceau du christianisme à Bordeaux. Bien qu’elle ne puisse rivaliser avec les reliques conservées à la basilique, l’église Saint-André parvient toutefois à légitimer son statut de cathédrale de la ville.

Seconde station de l’étape bordelaise, les pèlerins apprécient particulièrement son prestige et son histoire. Étroitement liée au pouvoir, la cathédrale témoigne encore des riches heures de la Guyenne historique.

La chapelle Saint-Jacques

Dans la basilique, la chapelle Saint-Jacques est, depuis le XVIIe siècle, le siège d’une ancienne confrérie qui célébrait l’apôtre. Elle aurait été créée en 1612 par le cardinal François Sourdis (1574-1603), qui finança le retable et une partie du mobilier liturgique.

Parmi les nombreuses représentations de saint Jacques dans la chapelle, les vitraux figurent les derniers épisodes de sa vie. Ils sont consignés par le maître-verrier Jean Henri Couturat, qui en reçut commande après les destructions de la Seconde Guerre Mondiale. Dans la première partie du vitrail à gauche, on trouve saint Jacques en compagnie de son frère saint Jean et de deux autres apôtres, saint André et saint Pierre. Ils ont été disciples du Christ puis ses témoins. Saint Jacques fut l’un des premiers apôtres arrêtés par Hérode. Dans la deuxième séquence du vitrail, on le voit, sur le chemin de son supplice, guérir miraculeusement un infirme sous les yeux du prêtre Abiathar et du scribe Josias. Ce dernier, convaincu par l’action divine, le supplie de le baptiser. La troisième partie du vitrail est alors consacrée au baptême de Josias qui, ainsi converti, connaît le même sort que saint Jacques. Ils sont tous les deux décapités, devenant martyrs sur la dernière scène du vitrail.

La Confrérie Saint-Jacques

Les traces de la confrérie remontent à 1404. Elle assurait la protection de ses membres en échange de quelques devoirs : don de terres, financement de cérémonies… Les fidèles devaient, en plus d’effectuer le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, assurer une procession vers la chapelle Saint-Jacques, rue du Mirail lors de la fête du saint, le 25 juillet. Les pèlerins avaient un droit de sépulture dans la chapelle. Quelques plaques tombales, gravées des attributs de saint Jacques, sont toujours accrochées aux murs de la chapelle.

Dissoute à la Révolution, la confrérie de Saint-Jacques a été recréée en 2008 avec l’approbation de l’archevêque de Bordeaux qui reste son autorité principale. Elle réunit les pèlerins qui ont effectué le voyage vers Compostelle et qui peuvent fournir leur compostela ou leur credencial.

La chapelle Saint-Jacques est encore aujourd’hui le lieu des activités de la confrérie. Elle y organise chaque 25 juillet une grande assemblée générale. Ses membres s’y retrouvent également le deuxième dimanche de chaque mois pour l’office dans la basilique.

CHAPELLE NOTRE DAME DES ANGES

Lors de la restauration du choeur en 1860 par l’architecte Charles Burguet la chapelle a été refaite, le retable démonté et réinstallé dans la chapelle des Saints-Anges.

Auparavant la chapelle a changé plusieurs fois de vocable et fut le siège de l’une des plus anciennes Confréries, celle du Saint-Sacrement.

CHAPELLE DU SAINT-SÉPULCRE

Chapelle fondée par les comtes d’Ambrus vers la fin du XIVe-début du XVe siècle sous le vocable du « Calvaire ».

La famille Carbonnieux se joignit aux Ambrus (leurs armes sont sur les consoles).

Les vitraux

L’église gothique

Avec une architecture toute entière tendue vers l’élévation et l’allègement, le visiteur, dans un édifice gothique, ne peut qu’éprouver un sentiment de démesure et d’infini respect. Les voûtes, très hautes, portées par de fins piliers qui jaillissent du sol vers les retombées des nervures, captent le regard. Et la lumière, filtrée par les vitraux, « doit chanter sur les pierres comme sur un psaume » (saint Bernard).

Pour mesurer l’audace, l’intelligence, le savoir-faire des bâtisseurs, il faut pouvoir prendre conscience de cet extraordinaire cheminement des forces à travers les pierres suspendues dans l’espace. Au XIIIe siècle, l’innovation apportée dans la construction des voûtes par la croisée d’ogives répartit la poussée entre les retombées et limite ainsi l’appui aux piliers.

Le perfectionnement du système de contrebutée par les arcs-boutants va permettre d’évider les murs et de lancer les voûtes de plus en plus haut. La fenêtre s’agrandit d’où le prodigieux développement du vitrail laissant pénétrer une plus grande lumière, symbole de la présence divine.

La lumière

Pour les bâtisseurs gothiques la cathédrale transcrit l’image terrestre du monde céleste.

Dans l’Ancien Testament, le thème de la lumière, comme signe de Dieu, est présent. Il permet aussi, par l’affrontement lumière – ténèbres, d’illustrer une bonne part des récits bibliques. « Dieu est lumière », proclame le psaume, « en toi est la source de vie, par ta lumière nous voyons la lumière » (Ps 36-10).

Dans le Nouveau Testament, la lumière devient objective par l’expérience de la rencontre avec le Verbe fait chair :

« Jean vint pour rendre témoignage. Il n’était pas la lumière mais témoin de la lumière… Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde » (Jean, 1, 9).

Depuis saint Augustin (354 – 430), la lumière est considérée comme le complément indispensable à la gloire de Dieu qui est lumière. Cette croyance s’est développée tout au long du Moyen Age. L’évêque Durand de Mende au XIIIe siècle pouvait écrire :

« les fenêtres vitrées sont les écritures divines qui versent la clarté du vrai soleil c’est-à-dire Dieu dans l’Église, c’est-à-dire dans le coeur des fidèles tout en les illuminant ».

Le vitrail

Le vitrail, intermédiaire entre deux mondes, point ultime de la métamorphose, est le signe sensible d’un au-delà invisible. Il transmue la lumière physique en une lumière spirituelle au rythme des heures du jour et de l’écoulement des saisons.

Le pouvoir de fascination (capacité de provoquer l’émerveillement et de susciter le sacré), est sans doute la plus importante fonction du vitrail médiéval.  Plusieurs textes du XIIe siècle expriment cette -esthétique- et ses fonctions essentielles. L’un des premiers texte est celui du moine Théophile qui développe les thèmes principaux : importance du phénomène lumineux, éclat du verre, précocité du travail, lisibilité iconographique en raison de la valeur éducative et morale des images.

L’abbé Suger de Saint-Denis, lors de la dédicace de son église le 11 juin 1144, imprégné de la mystique néo-platonicienne, écrit :

« La beauté de l’oeuvre doit illuminer l’âme de celui qui la contemple. Dieu est lumière et la lumière donne la beauté aux choses et cette beauté élève l’âme ».

La maison de Dieu doit être illuminée par les rayons du soleil comme le paradis lui-même, et la lumière, porteuse du message divin, doit pénétrer de toute part dans l’édifice.

Les vitraux anciens : XVIe siècle

Dans cet édifice gothique, les larges ouvertures laissent pénétrer une lumière abondante. Qu’en était-il au début de sa construction vers 1350 ? Aucun texte à ce jour ne le précise. Cependant il est possible de penser qu’à la fin de l’édification de la nef, deux siècles plus tard, la Basilique avait l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui avec ses hautes fenêtres, ses nombreuses verrières du choeur et des dix sept chapelles.

Les archives bordelaises ont fourni des documents sur les maîtres verriers. La ville de Bordeaux devait avoir suffisamment d’ateliers pour faire face aux besoins locaux qui étaient importants en raison du nombre d’édifices en construction ou en restauration. Au XVIe siècle, les mentions deviennent de plus en plus précises et c’est ainsi que le 2 décembre 1510 un verrier de Bordeaux promet à un ouvrier de Saint-Michel de poser deux vitres :

« l’une en verre blanc, l’autre devant représenter un crucifix, Notre-Dame, saint Jean avec de bonnes et vives couleurs » (A.D. 3E 804).

Une autre commande de la même année concerne maître Jean de la Saulsaye. Il s’engage à fournir une vitre à « six jours » représentant une Annonciation, un saint François, un saint Jérôme, un saint Michel et un saint Bonaventure avec un priant à ses pieds (A.D. 3E 12512).

Les textes, commandes ou quittances, s’ils nous permettent d’approcher l’activité dans cette Basilique, ne donnent pas de précisions sur la répartition ou l’organisation de l’iconographie.

Cependant, tous les vitraux ou éléments de vitraux du XVIe siècle en place dans l’édifice révèlent la qualité d’exécution, le savoir-faire des maîtres verriers. Ils nous permettent aussi d’imaginer la splendeur de la lumière qui pénétrait dans ce lieu lorsque le soleil traversait tous ces verres colorés.

Notre-Dame de Bonne-Nouvelle

La verrière a été restaurée à plusieurs reprises : en 1853 par Joseph Villiet lors de la reconstruction du choeur ensuite par Jean-Henri Couturat en 1963 à la suite des bombardements de 1940. C’est l’ensemble du XVIe siècle le plus complet qui soit parvenu jusqu’à nous. Le thème de la « Parenté de la Vierge » se développe sur les quatre lancettes surmontées dans le réseau par « l’Arbre de Jessé ». Dans les deux premiers panneaux en partant de la gauche : les deux soeurs de la Vierge avec leur époux et leurs enfants. Pour les deux autres, l’identification présente plus de difficultés.

Chapelle du Saint-Sépulcre

Au dessus des lancettes, oeuvre de 1963, il reste, d’une ancienne verrière consacrée au « Sacrifice d’Abraham », quelques éléments : deux anges, Abraham et Isaac portant les bûches. Le reste fut complété par Joseph Villiet en 1854 et Jean-Henri Couturat pour l’élément du sommet de l’ogive « la Sainte-Trinité » en 1963.

Galerie méridionale du choeur

Cinq figures isolées qui se trouvaient pour la plupart dans les fenêtres hautes de la nef furent transportées dans les fenestrelles de cette galerie (Marionneau « Description des oeuvres d’art », p.303, 1861) : un évêque, saint Michel terrassant le dragon, saint Pierre présentant un priant, un autre évêque, et la Vierge apprenant à marcher à l’enfant Jésus dans une « promène ».

Transept nord – Côté Occidental

La partie basse de la verrière est consacrée à « l’Adoration des Mages » en quatre compartiments : sur l’un d’eux, groupés, la Vierge avec l’Enfant, Joseph en retrait, un ange au-dessus, alors que les mages occupent chacun une lancette.

A Bordeaux, la Basilique Saint-Michel possède le plus riche ensemble de vitraux du XVIe siècle. Seule la Cathédrale Saint-André conserve quelques éléments du début du XVIe siècle.

Les vitraux au XIXe siècle

Avant 1860

Tout au long du XVIIIe siècle la Fabrique attire l’attention de l’Archevêché sur la nécessité de restaurer les vitraux. En 1754, elle intente un procès contre un serrurier qui avait été chargé de réparer les vitraux endommagés par le terrible ouragan de 1754, travail qui n’avait pas été accompli.

Quelques années plus tard, une facture est établie pour « raccommodage des vitraux en verre blanc et en couleur ».

En 1792, nouvelle supplique pour obtenir de l’aide auprès de l’Archevêché. « Il faudrait 8 à 10 000 francs, les vitraux sont en très mauvais état ».

1793 – C’est la « Terreur » – beaucoup de plombs sont enlevés des toitures pour être revendus, ce qui provoqua des infiltrations. Les pierres sont endommagées, la toiture menace ruine. Un cri d’alarme est lancé en 1813 auprès du Conseil municipal. Cet appel est renouvelé chaque année en raison d’une dégradation continuelle.

La Fabrique avance quelques sommes, s’endette terriblement pour tenter de sauver l’édifice. Elle pare au plus pressé faute de ressources financières.

Il faut attendre le 19 Novembre 1859 pour qu’une décision soit prise à la suite du rapport alarmant de l’architecte Joly. La sous-commission conclut à la prompte démolition du choeur et du transept qui commencera l’année suivante suivit de la reconstruction (Archives de la commission des Monuments Historiques de la Gironde).

Après 1860

La restauration du choeur et du transept terminée, de nouveaux vitraux sont mis en place. La plupart sont financés par des dons ou des quêtes, comme par exemple celui de la chapelle Saint-Elisabeth « produit d’une quête recueillie par Monsieur l’Abbé Amanieu ».

L’abbé Corbin, historien et archéologue, dans sa monographie sur la basilique Saint-Michel (1877) précise que « parmi les nombreuses fenêtres, il n’en est que 10 à verre blanc et 41 sont peintes et toutes ont reçu des sujets historiques ou légendaires » (p.50).

Pour reconstituer toute la vitrerie il a été fait appel à deux ateliers :

  • celui du bordelais d’adoption Joseph Villiet
  • celui du maître verrier Charles Laurent Maréchal de Metz

De toute cette oeuvre il ne reste rien de visible dans l’édifice. Les bombardements de 1940 avaient endommagé la vitrerie qui fut entièrement refaite en 1960. Quelques éléments furent sauvés et entreposés. Ce sont les seuls témoignages du XIXe siècle.

Les vitraux au XXe siècle

Peu de vitraux résistèrent à l’explosion de deux bombes dans le quartier en 1940. Quelques verrières anciennes (XVIe siècle) avaient été démontées et restaurées. Il restait en place des vitraux du XIXe siècle mais la plupart des ouvertures étaient clôturées par des planches de bois ou des carreaux de plâtre.

A plusieurs reprises la Municipalité avait demandé que des « vitraux modernes de grande qualité puissent orner cette admirable église si chère aux bordelais ».

Le Concours

Le 4 novembre 1954, l’architecte en chef des Monuments Historiques, Monsieur Mastorakis, demande l’ouverture d’un concours national pour la réfection des verrières, sur proposition de Monsieur Houlet, conservateur des Monuments Historiques.

Le 9 mars 1955, le résultat est donné. Quatre ateliers de maîtres verriers parisiens sont retenus :

  • Ets Daumont-Tournel (peintre Jean-Henri Couturat
  • Pierre Gaudin
  • Max Ingrand
  • Gérard Lardeur

Les problèmes financiers

Un devis est arrêté. Les artistes doivent réaliser des maquettes qui seront exposées dans le cadre du Mai musical au Grand Théâtre de Bordeaux.

Le 12 avril 1957 dans une lettre adressée à Pierre Gaudin, le chanoine Destouesse, curé de la Basilique Saint-Michel, fait part de son inquiétude : les travaux n’ont pas encore commencé. Les fenêtres sont toujours fermées par des planches ou des carreaux de plâtre.

Pendant plusieurs années c’est un échange de correspondances entre l’Agence des Bâtiments de France, le conservateur des Monuments Historiques, la ville de Bordeaux et le Ministère de la Reconstruction chargé des indemnités de dommages de guerre.

Il faut attendre le 24 mars 1961 pour que le Service de l’Architecture reprenne le dossier. Il donnera, trois mois après, la situation comptable de l’opération. Le 30 juin de la même année, la décision portant sur l’évaluation définitive de l’indemnité des dommages de guerre est prise. Ces indemnités seront versées à la Direction de l’Architecture. Désormais le travail de restauration des vitraux peut commencer.

La réalisation

Un plan de l’ensemble de la vitrerie a été remis à chaque maître verrier avec l’attribution précise des verrières.

En ce qui concerne l’iconographie, les artistes s’appuient dans l’ensemble, avec parfois quelques interprétations personnelles, sur les thèmes développés par les peintres verriers du XIXe siècle : Maréchal et Villiet.

Max Ingrand reprend toutes les verrières du choeur et celle du transept nord.

Pierre Gaudin doit refaire les vitraux des quatre chapelles des bas-côtés nord et sud ainsi que ceux des collatéraux nord et sud.

Jean-Henri Couturat s’occupe des chapelles du déambulatoire.

Gérard Lardeur crée pour les verrières des fenêtres hautes des motifs géométriques ainsi que pour le transept sud côté méridional. Dans ce même transept il donne une interprétation très personnelle du « Pèsement des âmes », thème traité par Maréchal au XIXe siècle – ainsi qu’une Vierge à l’Enfant.

Laurent-Charles Maréchal

Laurent-Charles Maréchal naît à Metz, en Moselle, le . Intéressé par l’art, le jeune Laurent-Charles suit les cours de l’école municipale de dessin, de 1820 à 1825. Un autoportrait de cette époque, nous montre un jeune homme sûr de lui et déterminé. Fasciné par l’Italie, Laurent-Charles Maréchal vouera une admiration sans limite à la peinture italienne, et l’Italie, qu’il considère comme la patrie des artistes.

Laurent-Charles Maréchal s’intéresse à des genres variés, allant des paysages aux grands tableaux d’histoire. Mais la demande locale l’oriente bientôt vers la peinture sur vitrail, où il excelle dans le vitrail-tableau. En 1838, il ouvre à Metz un atelier de peinture sur verre avec son beau-frère Gugnon. De 1838 à 1853, Laurent-Charles Maréchal a ses ateliers dans l’hôtel de Malte, sur la colline Sainte-Croix. Travaillant les arts appliqués, au contact d’une industrie en plein essor, Maréchal se distingue particulièrement dans l’art du vitrail. Laurent-Charles Maréchal place bientôt son ancien élève Louis-Théodore Devilly à la tête de son atelier de vitraux peints. Travailleur infatigable, Maréchal ne donne son temps qu’à une poignée d’élèves véritablement doués et réellement volontaires.

En 1853, Laurent-Charles Maréchal installe au numéro 4 de la rue de Paris, dans le prolongement du pont des Morts, ses ateliers de maître verrier. Il perfectionne les techniques et la fabrication industrielle des vitraux, devenant l’un des peintres verriers les plus importants de France, dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Signe de sa réussite, Laurent-Charles Maréchal crée les vitraux de l’exposition universelle de 1855. Avec Gugnon, son beau-frère, il crée les vitraux néo-gothiques de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris. Parmi ses 12000 verrières, dont 4600 à figures, on lui doit la restauration des vitraux de la cathédrale Saint-Étienne de Metz, ou encore celle de la petite église Sainte-Brigide à Plappeville, qu’il connaissait pour s’être souvent promené du côté du Mont Saint-Quentin. À côté des commandes publiques, il travaille aussi pour des particuliers, notamment le baron Haussmann ou Eugène Viollet-le-Duc.

Après la Guerre franco-allemande de 1870, Laurent-Charles Maréchal opte pour la France et quitte sa ville natale, rattachée à l’Empire allemand. Il s’installe alors à Bar-le-Duc, dans la Meuse, où il refonde son atelier sous la houlette de son cadet, le verrier Louis-Charles-Marie Champigneulle. Après une vie de labeur bien remplie, Laurent-Charles Maréchal décède le , à Bar-le-Duc son dernier refuge.

L. Mouilleron et F. Étienne ont été ses élèves à Bar-le-Duc. Ils ont fondé à Bar-le-Duc l’atelier de vitraux Étienne et Mouilleron dont l’activité est attestée, de 1884 à 1904, par plusieurs œuvres identifiées dans le Lot-et-Garonne, la Haute-Saône et la Somme.

Laurent-Charles Maréchal est le père du peintre Charles-Raphaël Maréchal (1818-1886).

Son œuvre est multiple. On connait de lui des dessins, des pastels, des cartons, mais aussi et surtout des vitraux, facilement identifiables. Au cours de sa carrière, Laurent-Charles Maréchal a réalisé près de 57 000 m2 de vitraux, pour plus de 1600 édifices.

Joseph Villiet

Il est le fils d’Amable Villiet, secrétaire général de la sous-préfecture de Gannat en 1827, et de Catherine Fougerel.

Après avoir fait ses études au collège de Gannat, il décide en 1841 de devenir peintre-verrier et entre dans l’atelier d’Émile Thibaud et d’Étienne Thevenot, à Clermont-Ferrand. En 1842, Émile Thibaud lui confie la réalisation des vitraux de l’église de Gannat. Membre d’une association religieuse, il rencontre l’évêque de Clermont, Louis-Charles Féron. En 1844, Émile Thibaud lui confie la direction de son atelier et le représente à Lyon et Bourges. Il participe à la pose des vitraux dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux où il a dû rencontrer l’archevêque de Bordeaux, Ferdinand-François-Auguste Donnet.

Il se marie le 6 août 1850 avec Virginie Burin dont il a quatre enfants.

En mai 1851, il demande au peintre-verrier Laurent-Charles Maréchal, de Metz, de travailler dans son atelier. Devant son refus, il décide en juillet 1852 de s’installer à Bordeaux avec une recommandation de l’évêque de Clermont pour Mgr Donnet.

De 1852 à sa mort, son atelier était installé 66, rue Saint-Jacques. Entre 1852 et 1860, il aurait travaillé sur 150 églises et chapelles dans le Sud-Ouest.

Il défend le vitrail « archéologique ». Il reçoit en 1855 la médaille de bronze de la Société française d’archéologie. En 1858, il obtient la médaille d’or de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Il en devient membre en 1859. Il reçoit les médailles d’argent dans les expositions régionales de Clermont, Périgueux et Bordeaux. Il publie la même année un Essai sur l’histoire de la peinture murale dans le Recueil des actes de l’Académie.

Entre 1857 et 1860, il réalise un programme de 70 vitraux pour la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Bazas. Il prend le peintre Jean-Louis Augier (1825-1893) comme collaborateur. Il réalise avec lui les peintures murales et les vitraux de l’église Saint-Ferdinand de Bordeaux avec l’aide de son contremaître, Henri Feur, entre 1862 et 1867.

Comme beaucoup de peintres-verriers de son époque, Joseph Villiet s’inspire des thèmes mis à la mode en 1860 par les gravures de Johann Friedrich Overbeck (1789-1869) ou de Julius Schnorr von Carolsfeld (1794-1872). Il est cependant capable de concevoir des cycles iconographiques pour raconter une histoire comme celle de la statue de la Vierge de Buglose depuis le XVIe siècle.

Peintre-verrier, il a aussi réalisé des peintures murales.

La guerre de 1870 va diminuer le nombre de commandes.

À sa mort, l’un de ses élèves puis son collaborateur, Henri Feur, lui succéda (en association avec la veuve de Joseph Villiet au début), puis le fils de ce dernier, Marcel Feur, en 1908.

Dès 1940, dans de nombreuses régions, nos églises subissent des dommages importants. On met à l’abri dans quelques édifices des vitraux anciens mais des milliers de m2 de verrières disparaissent. Avec la paix revenue, le débat sur la place du vitrail dans l’art sacré reprend avec vigueur. Grâce à l’action menée par Maurice Denis et Georges Devallières dans les années 1920, aux Ateliers de l’Art Sacré, une certaine modernité va pénétrer chez les maîtres verriers, modernité qui refuse le pastiche.

Les acteurs de ce débat sont d’abord les ecclésiastiques qui apportent leur caution intellectuelle et théologique et ensuite les Monuments Historiques. Dans le clergé deux grands courants de pensée se sont vite dégagés dont l’un est marqué par la personnalité du Père Marie-Alain Couturier.

Père Marie-Alain Couturier (1897 – 1954)

Né le 15 novembre 1897 à Montbrison, il vient étudier la peinture à Paris (Ateliers de la Grande Chaumière). Il entre en 1919 aux Ateliers d’Art Sacré où il va trouver dans l’accomplissement conjoint de sa vocation de peintre et de sa vie spirituelle le chemin qui l’engage au service de l’Art et de sa foi. L’enseignement donné vise tout autant à la formation du chrétien qu’à celle de l’artiste. En 1925, il quitte l’Atelier pour entrer chez les Dominicains.

Depuis déjà longtemps il sait que « l’art sacré est un monde un peu trop fermé sur soi et que l’indulgence réciproque devient vite la rançon du travail en équipe. Notre art religieux ne s’inventera pas une vie propre ». D’où la nécessité de faire appel pour le vivifier à la vitalité de l’art profane. Il met l’accent sur une « certaine valeur d’humanité ». Une nouvelle ère du vitrail va s’ouvrir avec la sollicitation d’artistes aux sensibilités très diverses.

« Tout artiste vrai est un inspiré » écrit le Père Couturier.

CHAPELLE NOTRE-DAME DE BONNE-NOUVELLE

Elle fut fondée au début du XVIe siècle (1517) par le Marquis Henry de Mons.

Il obtient d’Alexandre VI une bulle autorisant une messe quotidienne pour les bateliers.

CHAPELLE DU SAINT-ESPRIT

Chapelle fondée au XVe siècle par la famille de Brivazac dont la pierre tombale est dissimulée par un confessionnal.

Il n’existe plus aucun autel ou retable. L’inventaire de 1906 signale un autel élevé sur deux marches avec retable en bois et deux statues en plâtre placées dans des niches. L’Abbé Destouesse le mentionne encore en 1964. Actuellement, chapelle consacrée au culte de Notre-Dame de Fatima.

Origine du Culte de saint Michel et sa diffusion

Le culte de l’archange est apparu très tôt, à l’aube même du Christianisme. Ses manifestations furent nombreuses tant en Orient qu’en Occident dès que cette religion fut tolérée.

Qui était saint Michel ? Quand et comment se révèle-t’il dans les textes ? Dans la bible plusieurs récits relatent sa présence et ses actions sous différentes appellations. A la différence des anges qui peuvent intercéder pour nous auprès de Dieu et ont un rôle d’intercesseurs, les archanges ont un rôle plus important et surtout saint Michel, leur chef, qui a été établi par Dieu lui-même comme protecteur et défenseur de l’Église.

Dès le IVe siècle après J.C. les écrivains chrétiens, Pseudo Denys l’Aréopagite, et Grégoire le Grand surtout, font autorité doctrinale et leurs écrits ont permis la diffusion du culte.

« Michel » signifie « qui est comme Dieu ». Dès qu’il s’agit d’évènements surnaturels c’est Michel qui en est l’auteur. De là vient qu’on lui attribue beaucoup d’actions extraordinaires. cependant si on se réfère au texte de la Bible, Michel apparaît clairement identifié seulement dans trois fonctions bien définies : Protecteur du peuple d’Israël, disputeur d’âmes qu’il arrache à Satan et vainqueur du mal.

L’Ancien Testament

Protecteur du peuple d’Israël

« L’homme vêtu de lin » qui apparaît à Daniel lui révèle :

« Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours mais voilà Michel qui est venu à mon secours » (Daniel, ch. 10 – 13/14).

Michel s’inscrit dans la lignée des anges protecteurs des nations dont parle l’Ecclésiaste : « A chaque nation, il a été préposé un chef mais Israël est la part du seigneur ». Enfin au temps de détresse il « surgira le grand chef qui se tient auprès des fils de Ton peuple et Ton peuple sera sauvé. Tous ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre se réveilleront pour la vie éternelle » (Daniel. ch. 12 – 1/2).

« L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent et les arrache au danger. Heureux l’homme qui cherche en lui son refuge » (Psaumes ch. 34 – 8).

Nouveau Testament

Passeur d’âmes

Saint Jude rappelle que Michel disputait au diable le corps de Moïse en lui disant :

« Que le seigneur te réprime. Le seigneur viendra avec ses saintes myriades pour exercer son jugement » (Epître de Jude 9).

Cette lutte annonce le rôle important de Michel au moment du Jugement dernier. Il tente d’arracher au diable les âmes en pesant les mérites de chacun avant de les conduire vers la Jérusalem céleste.

Vainqueur du Mal

L’apocalypse de saint Jean.

L’apôtre Jean raconte comment il fut « saisi par l’esprit » pour faire passer le message divin : les temps de la fin approchent avec le cataclysme final qui annoncera la venue du seigneur. Parmi toutes les catastrophes à venir il y aura la lutte entre le bien (la femme enceinte) et le mal (le dragon). C’est à ce moment là que Michel et ses anges interviendront.

« Il y eut guerre dans le ciel, Michel et ses anges combattirent contre le dragon et il fut précipité le dragon. Ils l’ont vaincu ».

Parmi tous les grands penseurs et écrivains du Moyen Age deux surtout ont marqué la pensée médiévale en développant très clairement « la Hiérarchie céleste » et la place de chaque ange et archange auprès du créateur.

Pseudo-Denys l’Aréopagite

Cet auteur dont l’identité a posé et pose encore beaucoup de questions demeure un des maîtres des mystiques de l’Orient et d’Occident. Il inspira en particulier Dante dans sa description du « Paradis ». Son oeuvre désignée sous le nom de « Corpus dionysiacum » écrite en grec semble avoir été rédigée entre 482 et 530.  Elle est devenue l’un des fondements de la philosophie médiévale. Elle comprend deux groupes de traités : « la Hiérarchie céleste » et « la Hiérarchie ecclésiastique ». Elle fut traduite en latin au VIIIe siècle par Hilduin, abbé de Saint-Denis, à la demande du roi Charles le Chauve puis par le moine irlandais Jean Scot Erigène. Cette seconde version va être largement diffusée et influencera la pensée chrétienne et en particulier définira plus explicitement la place et le rôle des archanges dont celui de saint Michel.

Grégoire le Grand (540 – 604)

Pape, érudit, théologien, philosophe et grand réformateur, il fut l’un des plus grands docteurs de l’Église latine. Il entretient une vaste correspondance avec les puissants de l’époque et surtout avec les empereurs d’Orient, cherchant à guider les consciences et le destin de la Chrétienté. Grégoire le Grand a connu l’oeuvre du Pseudo-Denys certainement lors de son séjour à Constantinople (579 – 585). Un manuscrit grec a été inventorié dans la bibliothèque des Papes en 649. Grégoire le Grand dans son « Homélie 34 » expose les neuf ordres dionysiens du monde céleste. Il distingue dans la 3e Triade les anges des archanges. Ces derniers sont porteurs de messages de la plus haute importance. Saint Michel, leur chef, est le protecteur de l’Église.

CHAPELLE SAINT JOSEPH

Vers 1526 le marchand Gabriel Dalguel confie au maçon Thomas Macip la sculpture décorative du retable.

Dans les niches, une Vierge à l’Enfant entourée de sainte Barbe et sainte Catherine, due à un autre sculpteur, peut-être Rochereau (professeur Paul Roudie).

En dessous, 4 panneaux d’albâtre représentant « les Joies de la Vierge ».

CHAPELLE DU SACRÉ-COEUR

Chapelle fondée au XVe siècle sous le vocable de Saint-Marc par la famille de Belem, armateur.

Siège de la Confrérie des tonneliers et des empaqueteurs de poissons salés. Ils se réunissaient ici pour célébrer leurs offices et la Fabrique tenait ses assemblées.

En 1804 on y établit le culte du Sacré-Coeur.

Une importante restauration a eu lieu vers 1876.

Momies de Saint-Michel

À partir de 1791, et pendant près de deux siècles, une soixantaine de corps momifiés ont été exposés au public dans un caveau sous la tour de la Basilique Saint-Michel de Bordeaux. Pendant ces deux siècles les « momies de Saint-Michel«  étaient une attraction touristique majeure à Bordeaux.

En 1791, le directoire du département ordonne la suppression de l’ancien cimetière paroissial entourant l’église Saint-Michel, l’actuelle place Meynard. Certains disent que cette décision a été prise par peur de la prolifération d’épidémies, d’autres soutiennent que c’était pour aider le développement urbain.

C’est en déterrant les sépultures autour de la basilique que furent découverts plusieurs dizaines de corps momifiés, que l’on appellera par la suite les « momies de Saint-Michel ».

Entre soixante et soixante-quinze momies sont déterrées dans un état de conservation remarquable et l’on décide de les rassembler dans la crypte située sous la tour Saint-Michel. Le nombre exact de momies retrouvées reste difficile à déterminer. Mais on sait que soixante d’entre elles étaient disposées debout, et droites, sur les six côtés de la salle basse du caveau de la flèche ou elles étaient exposées aux visiteurs.

Cette exposition fut une attraction touristique majeure à Bordeaux.

En 1979, malgré le succès touristique, décision fut prise par le conseil municipal de Bordeaux de fermer ce lieu au public. Cette mesure de sauvegarde a été prise car les visiteurs abîmaient les momies en les touchant. À cela s’ajoutaient aussi des cas de vols d’ossements et de bouts de peau, sans parler des lumières artificielles installées qui détérioraient leur conservation.

En 1990, par respect pour ces défunts et suite à des tentatives de profanations, les momies ont été transférées au cimetière de la Chartreuse, dans un reliquaire dépendant de l’ossuaire général n°3.

Visiteurs et légendes

Tous les guides touristiques relaient l’information en disant que si l’on passe à Bordeaux, on doit voir absolument les momies. Durant deux siècles, il était donc possible à tout un chacun de « visiter » ces momies bordelaises, au même titre qu’un musée classique.

Parmi les visiteurs célèbres figurent Stendhal et Théophile Gautier (« un cauchemar »). Mais c’est Victor Hugo qui leur assure une célébrité nationale lors de sa visite en 1843 : (« Ces visages effrayants, cette foule de têtes sinistres ou terribles » et « Imaginez un cercle de visages effrayants au centre duquel j’étais. Les corps noirâtres et nus s’enfonçaient et se perdaient dans la nuit. Mais je voyais une foule de têtes sinistres et terribles qui semblaient m’appeler avec des bouches toutes grandes ouvertes, mais sans voix, et qui me regardaient avec des orbites sans yeux » écrit-il dans son récit de voyage entre Bordeaux et Biarritz.) et Gustave Flaubert (« J’avoue que je me suis assez diverti à contempler les grimaces de tous ces cadavres de diverses grandeurs, dont les uns ont l’air de pleurer, les autres de sourire, tous d’être éveillés et de vous regarder comme vous les regardez »).

En 1862, Allan Kardec, fondateur de la philosophie spirite, vient s’adonner à des expériences en communiquant avec la momie n°48…

On trouve également trace de ces momies dans les ouvrages de Jules Verne, comme dans son « Voyage au centre de la terre », chez Jean Cayrol, Lucie Delarue-Mardrus, ou encore chez Louis-Ferdinand Céline…

À ces écrits s’ajoute rapidement l’imagination des guides qui font visiter les lieux. Les résultats sont devenus de véritables légendes dans l’imaginaire des Bordelais :

  • Le portefaix (homme dont le métier est de porter des fardeaux), encore courbé sous le poids de sa charge qu’il transportait à grand peine. Il serait mort sous le poids trop lourd qu’il s’était imposé lors d’un défi.
  • Un général mort après un duel, dont la dépouille présentait une large plaie sur le flanc (la blessure s’agrandissait au fil des années sous le bambou agité par la guide).
  • La mère africaine inhumée avec son enfant enterré vivant.
  • Une famille entière de sept personnes, morte des suites d’un empoisonnement dû à l’ingestion de champignons vénéneux. Les adultes et les enfants avaient le visage déformé par la douleur.

Ces anecdotes avaient un immense pouvoir d’attraction touristique.

Le retour des momies

Depuis mai 2013 les momies ont fait effectivement un retour en douceur. Elles ne choquent pas comme les vraies, elles apparaissent seulement en images sur les murs du caveau. Un documentaire de huit minutes a été réalisé à partir de photographies et d’enregistrements des derniers guides. Il est projeté dans la crypte lors des visites.

Huit minutes d’archives « son et images » et un livre publié par l’Office de Tourisme de Bordeaux permettent de revivre l’histoire des momies qui, de 1791 à 1979, ont constitué un curieux trésor que l’on venait voir de très loin.

Pourquoi la conservation des corps ?

Les raisons de la conservation des momies n’ont jamais été élucidées. Rien dans leur état de préservation ne peut être attribué à quelque antique coutume d’embaumement, comme celles pratiquées dans l’Égypte ancienne. Leur originalité tient au fait que ce sont des momies naturelles. Il y a l’hypothèse que c’est le terrain argileux ou sablonneux sur lequel le clocher Saint-Michel a été construit, qui aurait maintenu les corps en bon état.

Mais aucune étude scientifique ou archéologique n’a jamais été réalisée sur ces corps. Lors des fouilles menées pendant les travaux de rénovation de la place Saint-Michel en 2010 on a retrouvé 156 nouveaux corps autour de la basilique, mais aucune momie et aucun élément nouveau sur la nature du sol qui pourraient expliquer la présence des anciennes momies.

Ouvrages de référence

Informations utiles

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Tel: 05 56 00 66 00

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