Géographie

La forteresse est située à proximité de la capitale, à environ huit kilomètres de l’île de la Cité. Contrairement à la majorité des châteaux forts, elle n’est pas implantée sur une butte, une colline ou sur le haut d’une falaise, mais sur un plateau calcaire. Elle n’est pas à proximité d’une rivière, juste d’un petit cours d’eau, le ru de Montreuil, ruisseau descendant du plateau de Montreuil qui alimentait les douves dont le trop-plein se dirigeait ensuite vers Paris et se jetait dans le lac de Saint-Mandé.

Au Moyen Âge, époque de la construction, le site était couvert par une forêt pleine de gibier. Depuis le XIXe siècle, les alentours du château sont urbanisés, il ne reste de la forêt que le bois de Vincennes.

Architecture

Cette forteresse a plus l’apparence d’une vaste cité fortifiée ou d’une « résidence royale fortifiée » que d’un château fort. Si ce château n’est à l’origine qu’un simple manoir, il a très tôt vocation à abriter, pendant de longues périodes, la famille royale avec toute sa domesticité, une partie de l’administration du royaume et l’armée nécessaire pour sa défense.

Il est composé d’un long mur d’enceinte, flanqué de trois portes et de six tours de 42 mètres de hauteur, qui se développe sur plus d’un kilomètre et qui protège un espace rectangulaire de plusieurs hectares (330 × 175 m). La place ainsi protégée est occupée par le donjon haut de 52 mètres au-dessus du sol de la cour, des bâtiments civils, administratifs et militaires et une chapelle. Au Moyen Âge, l’ensemble permettait de vivre sur place à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Quand Jacques Androuet du Cerceau dessine le château dans l’album Le premier volume des Plus excellents bastiments de France, en 1576, l’enceinte est encombrée ; « elle renferme une véritable ville ». Le donjon a été conçu pour abriter le roi de France en cas de danger. Il est à lui seul une place forte. De larges douves, un châtelet et deux ponts-levis assurent sa défense. Le niveau le plus bas sert de réserve d’eau et de vivres. Le premier et le deuxième étage sont les appartements royaux. Les trois autres niveaux supérieurs accueillent les domestiques et les militaires.

Les circulations

Au Moyen Age, l’accès au donjon se faisait uniquement par le premier étage : on empruntait d’abord l’escalier hors oeuvre adossé au châtelet d’entrée, puis la passerelle en bois. Les deux portes du rez-de-chaussée du donjon n’ont été percées qu’au XVIIIe siècle. Au sein du donjon, le roi se déplaçait entre les deux premiers étages par un large escalier en vis, de plan octogonal, aménagé dans une des tourelles d’angle. Cet escalier lui permettait ainsi une circulation confortable entre la grande salle du conseil au premier étage et ses appartements privés au deuxième étage. Un escalier secondaire placé dans l’épaisseur du mur sud, dessert tous les niveaux, du rez-de-chaussée à la terrasse.

Donjon médiéval

À partir du XIIe siècle, les rois occupent une résidence de chasse à Vincennes, appelée le manoir capétien en référence à la dynastie des rois qui l’a édifiée. Saint Louis y séjourna régulièrement au XIIIe siècle. Ce bâtiment, dont il ne subsiste que quelques vestiges, fut détruit en 1654.

Le XIVe siècle, une période d’instabilité

Durant la guerre de Cent Ans, le roi de France, Jean II le Bon, est prisonnier à Londres. La population parisienne, sous la conduite d’Étienne Marcel, se révolte alors et conteste, en 1357-1358, l’autorité du dauphin, le futur roi Charles V. Ces troubles conduisent ce dernier à ordonner dans tout le royaume des travaux de mise en défense et à achever à Vincennes, la construction du donjon.

Le donjon, d’une hauteur de 50 m, est alors le plus haut d’Europe. Il a la forme d’une tour carrée de 5 étages, de 16,20 m. de côté et dont les murs ont une épaisseur de 3,25m. Il est flanqué de quatre tourelles d’angle qui assurent une fonction de contrebutement. Son sommet est pourvu d’une terrasse pouvant accueillir des machines de guerre de type catapulte et d’une tourelle de guet de 8 m. de haut, aujourd’hui mutilée.

Le château de Charles V

La construction du donjon débute vers 1340. Philippe VI en pose les fondations en 1361. Jean II le Bon reprend les travaux qui s’interrompent à sa mort, au niveau du deuxième étage. Son fils, Charles V, donne une tout autre ampleur au projet en décidant de bâtir à Vincennes une véritable ville royale fortifiée, nouveau siège du royaume de France. Il fait achever la construction du donjon dans ce sens en apportant d’importantes modifications au projet originel. On sait que le roi s’y installe dès 1367, deux ans avant son achèvement. Il ordonne ensuite la construction d’une enceinte rectangulaire de près d’un kilomètre de périmètre, réalisée entre 1373 et 1380, rythmée par neuf tours et entourée d’un profond fossé.

L’architecture défensive du donjon

Édifié pendant la Guerre de 100 ans, le donjon de Vincennes est la forme la plus aboutie de l’architecture défensive du milieu du XIVe siècle. Un pont dormant en pierre (inamovible) complété par un pont-levis en permet l’accès. Un châtelet pourvu d’une herse et d’un assommoir et précédé d’une barbacane en protège l’entrée ; une chemise aux murs crénelés, armée de meurtrières, de mâchicoulis, d’escarpes talutées afin de faire rebondir les projectiles, et entourée de douves vient en assurer la protection. Il est une véritable forteresse destinée à mettre à l’abri le roi en cette période trouble.

Le châtelet et son décor sculpté

Le châtelet protège l’accès principal à la cour du donjon. Il est le point de fermeture du système défensif formé autour du donjon par la chemise, les fossés profonds et le pont-levis.
Outre sa fonction défensive, le châtelet était aussi au Moyen Âge une belle entrée qui conduisait à la résidence du souverain et était orné à ce titre d’un décor remarquable. Logées dans des niches, au dessus du portail, les statues de Charles V et de son épouse Jeanne de Bourbon qui encadraient celle de saint Christophe ont malheureusement disparu. Au-dessus, la fenêtre centrale en arc brisé, qui éclaire le cabinet de travail du roi, était surmontée d’une statue de la Trinité. Le roi, d’une grande dévotion, travaillait ainsi sous sa protection.

Les sculptures du couple royal, qui accueillaient les visiteurs à Vincennes, devaient, très certainement, comme celles conservées au Louvre, être réalisées dans un style très réaliste qui servait la mise en scène publique de l’image du souverain. Charles V est le premier roi dont les sujets voient et connaissent le visage. La statue de Saint Christophe qui complétait cet ensemble, avait, pensait-on alors, la vertu de protéger de la « mal mort » (la mort subite) la journée durant celui qui l’avait regardée.

De chaque côté des niches subsistent les contours de quatre blasons. Leur décor a été bûché en 1793. S’y trouvait le dessin des armes de France, par un écu aux fleurs de lys surmontant un dauphin.

La présence du dauphin sur le blason de Charles V s’explique par le fait qu’Humbert II de Viennois avait cédé au roi de France, en 1349, ses terres du Dauphiné à condition que le titre de Dauphin soit porté par l’héritier du trône. Le futur Charles V fut le premier prince à être ainsi désigné.

Construites au XIXe siècle à l’abri des remparts, ces casemates exposent trois maquettes. La première permet de situer l’ensemble palatial avec le donjon et sa chemise, la Sainte Chapelle, l’enceinte extérieure et les pavillons royaux du XVIIe siècle. La seconde est un écorché du donjon. Il permet de visualiser la disposition des espaces dans l’appartement royal au deuxième étage, avec la salle centrale, l’oratoire, la chapelle, la salle du trésor, l’étude et les latrines.

Les moulages tactiles représentent le lion ailé et un ange musicien, deux éléments du décor architectural des premier et deuxième étages du donjon.

Cet escalier extérieur, véritable escalier d’honneur permettant l’accès au châtelet et à la courtine depuis la cour, est ouvert de cinq baies superposées qui lui procurent un éclairage naturel. Le somptueux décor sculpté qui existait à l’origine a malheureusement disparu ; il contribuait à la mise en scène des allées et venues du roi et de sa cour, visibles par les claires-voies.

Cet escalier hors-œuvre, conçu par Raymond du Temple, « maître des œuvres du roi » Charles V, et auteur d’un escalier similaire, « la Grande vis », commandé par le roi en 1364 pour le Louvre, a connu une grande postérité dans l’architecture française de la Renaissance. Il a inspiré, en particulier, le superbe escalier du château de Blois.

La chemise du donjon assure une double fonction :
– défensive d’une par et à laquelle participent les mâchicoulis, les créneaux ainsi que les échauguettes des 4 angles et les archères. Les gardes assuraient la surveillance du site depuis la courtine.

– de plaisance d’autre part : à l’époque médiévale, ce chemin de ronde servait de promenoir au roi, d’où il pouvait scruter les alentours. Au sol, au centre du passage, on remarque des petits trous ronds : ils servaient à l’évacuation de l’eau de pluie qui était récupérée dans des citernes placées dans la cour du donjon. Le chemin de ronde n’était donc pas couvert au temps de Charles v et les tourelles étaient coiffées d’un toit-terrasse crénelé.

C’est au XVIIe siècle que l’on a dressé cette belle charpente et coiffé les tourelles d’un toit en poivrière.

Les nervures de la croisée d’ogives conservent encore quelques traces de polychromie. On y distingue des fleurs de lys.

De cette terrasse, le point de vue dégagé permet d’embrasser du regard l’ensemble du château : à gauche, la tour du Village ; au centre, la Sainte-Chapelle ; à droite, le portique Le Vau et les pavillons royaux classiques. Nous voyons également une partie de l’enceinte avec ses neuf tours.

L’enceinte

Cette enceinte mesure plus d’un kilomètre et protège une surface équivalente à celle d’une ville médiévale. Plusieurs centaines de personnes y vivaient. Son ampleur traduit la volonté d’établir un nouveau centre décisionnel qui rassemble autour de Charles V ses proches, sa cour et ses collaborateurs.

L’enceinte est scandée de neuf tours : trois voies d’accès fortifiées (les tours du Village, du Bois et des Salves), qui sont des tours d’entrée, et six tours de flanquement qui permettaient les tirs de projectiles. Au nord, la tour du Village, construite vers 1375, constituait l’entrée principale du château au Moyen Âge. C’est la plus grande des neuf tours de l’enceinte. Deux tourelles comportant des créneaux coiffent le sommet.

Les tours du château de Vincennes

 l’origine, toutes les tours mesuraient environ 40 m de haut et assuraient des fonctions résidentielles, domestiques ou de stockage. Pourvues de cheminées, de nombreuses fenêtres, d’escaliers, et de latrines, parées d’un très beau décor sculpté, elles constituaient un ensemble résidentiel d’environ 33 chambres, d’une superficie totale de 3000 à 3500 m2, qui était destiné à la famille et aux proches du roi. En 1796, le Directoire installe à Vincennes l’arsenal de Paris. C’est le début de l’implantation militaire dans le château. En 1808, Napoléon décide d’agrandir l’arsenal. Les tours servent alors d’entrepôts et sont écrêtées entre 1805 et 1820, afin de pouvoir recevoir de l’artillerie. Seule la tour du Village conserve sa hauteur d’origine. La tour du Bois, elle, avait été transformée au XVIIe siècle par l’architecte le Vau en arc de triomphe pour le roi Louis XIV.

La cloche canoniale

En 1369, Charles V commande la cloche placée sur le campanile qui domine la terrasse. Elle sonnait les heures canoniales, c’est-à-dire les heures de la journée correspondant à la récitation de certaines parties du bréviaire (livre de prière). Cette cloche est une copie fondue en l’an 2000 ; l’originale se trouve à l’intérieur de la Sainte-Chapelle.

L’implantation systématique d’horloges par Charles V dans ses résidences correspond à une préoccupation religieuse. Le roi divisait la journée de vingt-quatre heures en trois parties de huit heures : une consacrée aux oraisons et à son travail intellectuel, une autre aux affaires du royaume, la dernière à son divertissement personnel et à son repos. Selon la femme de lettres Christine de Pisan, fille du médecin de Charles V, le roi se rendait à la messe chaque jour et relisait la Bible chaque année.

Une architecture programmatique

Au Moyen Âge, le donjon s’organise autour de quatre grandes fonctions :
– la fonction politique. Le roi gouvernait dans les pièces du premier étage : le cabinet d’étude du châtelet et la salle du conseil du donjon qui lui est reliée par une passerelle.
– la fonction résidentielle. Les appartements du deuxième étage comportent la chambre, la garde-robe, l’étude et la chapelle du roi.
– la fonction militaire. Aux quatrième et cinquième étages séjournaient les gardes et étaient stockées les munitions.
– la fonction logistique. Le rez-de-chaussée et le troisième étage étaient dédiés aux serviteurs et domestiques de l’hôtel du roi.

Les sculptures de la façade Est du donjon

Les culots des encadrements de fenêtres sont ornés de décors sculptés. Ce sont des copies mises en place lors de la restauration du donjon afin de protéger les originaux. Ces sculptures, qui sont avec celles de l’intérieur du donjon les plus anciennes du site, peuvent être classées selon trois types de représentation : des scènes réalistes comme le tailleur de pierre au travail, un bestiaire fantastique de monstres et de sirènes, et enfin des sculptures religieuses qui figurent des anges musiciens.

Les anges musiciens constituent un thème iconographique courant à la fin du Moyen Âge. Ils représentent la Jérusalem céleste et sont associés au culte de la Vierge. La présence de ces anges à l’étage de la chambre royale (deuxième étage) a donc une signification religieuse importante : ils chantent les litanies de la Vierge et veillent sur la chambre du roi.

Cette salle de plan carré était le lieu de travail quotidien du roi. Les tourelles latérales étaient occupées par ses notaires secrétaires. Au nombre de huit, ils se relayaient deux par deux auprès du souverain pour rédiger les ordonnances au bas desquelles il apposait sa signature. De ce petit cabinet de travail, le roi dirige donc tout le royaume.

Cette pièce est équipée aujourd’hui d’une animation numérique appelée « réalité augmentée ». Des capteurs accrochés au mur permettent de voir sur une tablette numérique la pièce reconstituée virtuellement telle qu’elle était au Moyen Âge, avec ses couleurs chatoyantes, son mobilier et ses décors peints.

La rationalisation du gouvernement

Les institutions du royaume se composent, à l’époque de Charles V, du Parlement, de la Cour des comptes, des sénéchaux, des baillis des régions et des conseillers (chancelier, connétable…). Ces derniers ne sont plus choisis selon leur naissance mais pour leurs compétences. Ce sont des universitaires, des légistes ou des financiers. Ils sont pairs ecclésiastiques ou laïcs. Avec Charles V et la naissance de l’État moderne, l’impôt – « les aides » – devient permanent et il est renforcé par « la décime » prélevée sur le clergé.

Le cabinet de travail du roi

Lors de ses séjours à Vincennes, deux à trois mois par an, Charles V (1364-1380) dirigeait son royaume depuis cette petite salle. De là il entreprit la reconquête des territoires, la restauration du pouvoir royal et le redressement de la France. Dans les salles attenantes se tenaient ses collaborateurs chargés de rédiger les textes.


« Ce roi, par son sens, sa magnanimité, sa force, sa clémence et sa libéralité désencombra son pays de ses ennemis tant qu’ils n’y firent plus leurs chevauchées. Et lui (Charles V), sans se mouvoir de ses palais et sièges royaux, reconquit, refit et augmenta son royaume qui, auparavant, avait été désolé, perdu et dépris par ses devanciers portant les armes et très chevaleureux ».

Christine de Pisan, Livre des fais et bonnes meurs du sage roi Charles V, début XVe siècle.

Ce cabinet est le seul lieu de travail attesté d’un souverain médiéval conservé en France. Dans cette petite pièce, achevée en 1369-1370, travaillait le roi Charles V. En 1371-1372, Charles V y conduit la guerre contre les Anglais. Les grands personnages de l’époque, comme le connétable Duguesclin, chef de l’armée royale, sont venus ici pour rendre compte au souverain, le consulter et prendre ses ordres. En 1372 Charles V a reconquis la moitié de son royaume, cédé aux Anglais en 1360 par le traité de Brétigny.


Aucun texte ne nous décrit le décor intérieur de l’étude. Par analogie avec la chambre de Charles V au deuxième étage du donjon, qui a gardé des traces de cette disposition, et en utilisant les sources écrites qui décrivent des lieux comparables, il est proposé sur la voûte un décor peint. Le modèle retenu est celui de la voûte de la chapelle de la Vierge de la cathédrale du Mans, décorée dans la décennie 1370 pour l’évêque, conseiller de Charles V. Ce décor peint montre des anges musiciens, un thème iconographique que l’on retrouve sous forme de culots sculptés à l’extérieur et autour des fenêtres des deuxième, troisième et quatrième étages du donjon de Vincennes.

Charles V travaillait dans ce cabinet au milieu d’un grand nombre d’objets précieux, comme dans son études du deuxième étage du donjon. L’inventaire de 1380 indique qu’étaient conservés ici des objets d’art exceptionnels. On y trouvait des objets liturgiques comme des calices ou une navette à encens et plusieurs reliquaires. Il y avait aussi plusieurs statues de la Vierge ou de saints en argent doré, des tableaux de bois peints ou des triptyques en ivoire, mais aussi des objets plus fonctionnels comme une horloge, des plats d’argent ou deux astrolabes qui rappellent l’intérêt de Charles V pour l’astronomie.


Le cabinet de travail de Charles V est présenté lambrissé. Dans le donjon, les murs et les voûtes des pièces des premiers et deuxièmes étages qui constituaient le logis de Charles V étaient revêtus de lambris. Le bois provient, d’après l’analyse dendrochronologique, de chênes coupés en 1367-1371 dans les forêts de la rive est de la Baltique. Les sources écrites montrent qu’un tel lambrissage est habituel au XIVe siècle dans les logis royaux anglais et français et dans les résidences de la haute aristocratie.

Donjon : rez-de-chaussée

Au Moyen Âge, le niveau bas du donjon n’était accessible que depuis le Ier étage par le petit escalier en vis. Ceci indique qu’il ne relevait pas des espaces nobles, fréquentés par le souverain, mais des espaces communs réservés à sa domesticité. Pour des raisons défensives, il n’y avait aucune issue vers l’extérieur ; la seule entrée du donjon était la passerelle amovible du premier étage. L’espace de ce niveau s’organise comme ceux des étages supérieurs : une grande pièce centrale de plan carré, depuis séparée en deux parties par un mur, et des petites pièces attenantes dans les tourelles d’angles.

Les portes qui ouvrent sur la cour ont été percées au XVIIIe siècle lors d’aménagements liés à la fonction carcérale du donjon.

Sade fut enfermé à deux reprises à Vincennes. Après un premier séjour de quinze jours, il est de nouveau incarcéré à la demande de sa famille le 13 février 1777, pour le protéger d’une condamnation à mort. On peut lire une lettre adressée à sa femme du 17 septembre 1780 qui évoque ses conditions de détention.

Ce puits, ainsi que les deux autres qui se trouvaient dans l’enceinte du château ne pouvaient assurer à eux seuls l’approvisionnement en eau du château. C’est pourquoi un réseau d’adduction d’eau fut construit depuis Montreuil, permettant, en particulier, de maintenir en eau les douves du donjon.

L’eau, une nécessité

Dans une forteresse, la présence d’un puits est indispensable : sans eau, impossible de tenir un siège. Mais l’eau était aussi une nécessité de la vie de cour : le roi ne se déplaçait pas sans « l’hôtel royal », c’est-à-dire environ 500 personnes, grands seigneurs ou serviteurs qu’il hébergeait, nourrissait et désaltérait. La reine avait elle-même son hôtel quoique plus réduit. L’eau était donc nécessaire à la cuisine, aux étuves (les bains), à l’arrosage des jardins, mais aussi et surtout à abreuver les très nombreux chevaux qui servaient de monture ou d’animal de trait. La présence d’eau assurait également la sécurité des lieux : elle servait à éteindre d’éventuels débuts d’incendie dans les cuisines ou dans les forges.

Les panneaux et les vitrines présentés dans cette pièce témoignent du passé carcéral du donjon.

Les prisonniers célèbres

Au XVIIe siècle :
– Le futur Henri IV est maintenu en prison à Vincennes en 1754, pendant les guerres de Religion.
– Le prince Henri II de Bourbon Condé est enfermé à Vincennes en 1616 pour avoir participé à la Fronde menée par les Grands du royaume contre la régente Anne d’Autriche pendant la minorité de Louis XIV.
– Nicolas Fouquet, surintendant des finances, accusé de détournement de fonds publics, est arrêté en septembre 1661 et emprisonné dans le donjon par d’Artagnan sur ordre du roi Louis XIV.

Au XVIIIe siècle :
– Denis Diderot est enfermé du 24 juillet au 3 novembre 1749, pour avoir écrit La Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient dont le matérialisme choque.
– Jean-Charles-Guillaume Le Prévost de Beaumont a passé vingt-deux ans en prison dont quinze à Vincennes de 1769 à 1784 pour avoir découvert et signalé l’existence d’un « pacte de famine ».
– Les marquis de Sade et le comte de Mirabeau (cf plus haut) sont deux autres hôtes de marque de la prison sur demande de leur famille, pour mœurs dissolues.

Les prisonniers célèbres de Vincennes

De gauche à droite :

  • Henri de Navarre (futur Henri IV), et le duc d’Alençon, frère du Roi, durent suivre Catherine de Médicis et la Cour à Vincennes. Tentant de s’évader pour rejoindre le soulèvement du parti des Malcontents, Navarre et Alençon sont jugés, leurs complices capturés et décapités. Les deux princes demeurent prisonniers à Vincennes jusqu’à la mort de Charles IX en 1574.
  • L’abbé de Saint-Cyran, défenseur de Jansénius, condamné par Richelieu sous prétexte d’hérésie, fut l’un des premiers captifs célèbres de Vincennes, retenu pour ses théories religieuses et une critique implicite de l’Église et du pouvoir.
  • Durant la Fronde des princes, le Grand Condé (1621-1686), prince du sang farouchement opposé à Mazarin, est emprisonné en 1650.
  • Le Cardinal de Retz (1613-1679), autre célèbre frondeur et auteur de fameux mémoires, fut également prisonnier ici de 1652 à 1654.

Donjon : 1er étage

Cette vaste salle voûtée de plan carré est une prouesse de l’architecture gothique : une grande partie du poids des voûtes en croisées d’ogive repose sur une colonne centrale dont la finesse signale la qualité de la pierre. Ce dispositif se retrouve à tous les étages du donjon : la retombée de charge des voûtes, sur les 6 niveaux, s’effectue en grande partie sur cette colonne vertébrale centrale tandis que les murs, corsetés de ceintures de fer cachées dans l’épaisseur des parois, absorbent le reste (on peut apercevoir des barres de fer dans le couloir de l’entrée). Â chaque étage, autour de la pièce centrale, des pièces sont aménagées dans les tourelles d’angle.

Le soin apporté au décor et au confort de cette salle est encore visible : les crochets servaient à fixer les lambris qui couvraient intégralement les murs au XIVe siècle.

La salle du Conseil est le cœur de la vie politique : le roi donnait ici des réceptions officielles ou organisait des séances de travail avec ses conseillers. Les lambris, qui d’ailleurs subsistent encore au niveau des voûtes, avaient une fonction pratique – ils assuraient l’isolation thermique de la salle – et esthétique : ils étaient peints et ornés de tapisseries.

Le décor sculpté des consoles d’où partent les nervures des voûtes se répète du rez-de-chaussée au troisième étage. Il représente, aux angles, les évangélistes sous la forme du tétramorphe – le lion ailé (Marc), le taureau ailé (Luc), l’aigle (Jean), et l’homme ailé (Matthieu) – et au milieu des murs, les prophètes Isaïe, Jérémie, Daniel et Ezéchiel.

Dans cette première salle est projeté un diaporama présentant des enluminures qui illustrent des scènes de la vie quotidienne du roi Charles V.

Sous l’ancien Régime, pour adapter le donjon à son usage carcéral, les fenêtres des 3 premiers étages furent murées ou munies de barreaux. De 1777 à 1780, le comte de Mirabeau est enfermé à Vincennes à la demande de son père. Il résida très certainement dans cette même cellule mais c’est à Monseigneur de Boulogne, le confesseur de Napoléon Ier, incarcéré en 1810, que l’on doit les fresques sur les murs de cette tourelle.

Vincennes, symbole de l’arbitraire royal

A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Vincennes, qui est une prison royale depuis le début du XVIe siècle, devient, avec la Bastille, le lieu de détention des écrivains contestataires. Diderot et d’autres penseurs des Lumières font les frais de la justice extraordinaire du roi, qui peut décider une incarcération sans procès, uniquement par lettre de cachet. Des graffitis gravés – souvent dans l’embrasure des fenêtres lorsque le cachot était trop sombre – ou peints parfois avec talent, couvrent les murs des pièces du donjon. La plupart datent du XVIIIe et XIXe siècle et rappellent de manière émouvante ces prisonniers, connus et moins connus qui ont été enfermés dans ces salles.

Sur les murs de Vincennes

Les décors peints de cette cellule ont probablement été effectués par Etienne Antoine de Boulogne, archevêque de Troyes, alors enfermé dans le donjon du château de Vincennes. Pour avoir pris parti pour le Pape Pie VII dans le conflit qui l’oppose à l’Empereur Napoléon, il est mis au secret de sa geôle de juillet à décembre 1811 puis à nouveau de 1813 à 1814. Il lui était strictement interdit de communiquer avec les autres ecclésiastiques enfermés au sein du dortoir aménagé dans la grande salle du donjon adjacente. Sous ce décor apparaissent des inscriptions gravées antérieures à ce sujet religieux.

Donjon : 2nd étage

Contrairement au premier étage, le second est un espace résidentiel dans lequel se trouvent les appartements du roi. La pièce principale correspond à sa chambre. On y observe les vestiges d’un très beau décor peint datant du XIVe siècle : les motifs rouges, bleus, jaunes sur les nervures des voûtes en croisée d’ogives, les rinceaux du manteau de la cheminée laissent deviner le raffinement de cette chambre royale. Certaines sculptures sont encore polychromes, comme la clef de voûte portant l’emblème royal : les deux dauphins et les trois fleurs de lys. Le beau chapiteau finement sculpté du pilier central est une copie. La dépose de l’original, qui s’était fendu lors de la restauration, a révélé qu’il était aussi coloré.

Comme dans la salle du Conseil, les murs et les voûtes de la chambre du roi étaient entièrement lambrissés.

Un inventaire datant de 1380 indique que le roi conservait à Vincennes 56 manuscrits de sa précieuse collection (l’essentiel de la « librairie royale » se trouvait au Louvre) dont certains étaient placés dans des écrins dans l’embrasure de la fenêtre ouest. Il fait aussi état d’un riche mobilier et de pièces d’orfèvrerie.

Cellule du Cardinal de Retz

Pour son rôle pendant la Fronde et son opposition à Mazarin, La cardinal de Retz fut incarcéré à Vincennes, dans cette chambre, du 19 décembre 1652 au 30 mars 1664. Les grosses portes datent de cette période.

Cette petite pièce dont les lambris du haut des murs et de la voûte sont encore en parfait état, renfermait des coffres dans lesquels le roi conservait son linge de corps, de table et de literie. Ses serviteurs – en particulier son chambellan –, issus de la haute noblesse, dormaient ici.

Au sommet de trois bornes, se trouvent des sculptures originales d’anges musiciens. Au XIVe siècle, elles décoraient les culots à la base de l’encadrement des fenêtres de la façade du donjon. Aujourd’hui, des copies les remplacent. Les anges jouent d’instruments de musique du Moyen Âge : la cornemuse, l’orgue portatif et la vielle à roue.

Cette pièce, qui renfermait des réserves d’argent et des objets précieux, fait partie des espaces strictement réservés au roi qui seul en possédait la clé. En son absence, elle était cachetée à la cire.

Charles V veut disposer dans ses résidences d’une somme importante d’argent en cas de besoin. Il fait de Vincennes le lieu de dépôt du trésor royal. Les sacs de pièces d’or et les objets d’art étaient disposés sur des étagères fixées au mur.

Comme la plupart des châteaux médiévaux, le donjon de Vincennes était équipé de latrines. Leur présence à chaque étage témoigne d’un souci de confort et d’hygiène qui s’amenuise dès la fin de la Renaissance. A droite sur le mur, un renfoncement dans la pierre indique la présence d’un lavabo. La pièce, à l’origine, était séparée en deux par une cloison de bois.

Ce petit espace ne figurait pas dans le projet originel. L’architecte Raymond du Temple réalisa cet ajout sur ordre de Charles V qui souhaitait disposer d’un lieu de travail, de lecture, et de loisirs personnel. Construite en encorbellement, la pièce, qui était entièrement lambrissée, est orientée vers l’ouest pour que le roi puisse bénéficier le plus longtemps de la lumière du jour.

Le décor sculpté manifeste ici encore le raffinement et la piété du souverain : les consoles, aux quatre angles, figurent les images zoomorphiques des évangélistes tandis que la clef de voûte représente la Trinité.

La chapelle, qu’on identifie immédiatement à ses baies trilobées ornées de vitraux, typiques de l’architecture religieuse médiévale, est située à proximité immédiate de la chambre du roi et de son étude. Chaque matin, le roi assiste depuis l’oratoire, grâce à une petite ouverture aménagée dans le mur appelée « hagioscope », à l’office célébré dans la chapelle par un chapelain particulier.

Le campanile et l'horloge

En 1369, le campanile qui surmonte la terrasse du châtelet accueille la première horloge publique française, un an avant celle du Palais de la Cité à Paris. Cette innovation coûteuse annonce les horloges municipales qui apparaîtront dans les grandes villes européennes à partir de la fin du XIVe siècle. Le campanile actuel, restitué en 2000, abrite une copie de la cloche, dont l'original est conservé dans la Sainte-Chapelle. C'est la seule cloche subsistant de toutes les horloges installées par Charles V dans ses résidences parisiennes. L'horloge, située au dessus du cabinet de travail du roi dans le châtelet et au même niveau que sa chambre du deuxième étage du donjon, rythmait sa vie selon les heures canoniales, marquant les offices quotidiens consacrés à la prière. Elle porte une inscription indiquant que sa fonte fut ordonnée par Charles V.

La Sainte-Chapelle

La dénomination de « Sainte-Chapelle » suppose que l’édifice remplisse cinq caractéristiques : celle d’être une chapelle palatine ou castrale, d’être fondée par Saint Louis ou l’un de ses descendants, d’adopter le plan de la première du genre, celle du palais de la Cité à Paris, de sonner les heures canoniales en même temps que la Sainte-Chapelle de Paris et enfin d’abriter des fragments des reliques de la Passion du Christ.

La façade occidentale, construite lors de la dernière tranche des travaux, est décorée d’une rosace centrale et d’un gâble de style flamboyant (XV-XVIe siècles). Ce dernier gothique tient son nom des jeux de courbes et de contrecourbes du motif de la mouchette qui anime le réseau de pierre. Une partie du portail fut remaniée au XVIIIe siècle faisant disparaître le tympan et le trumeau sculpté représentant la Vierge. Sur les pinacles érigés au sommet des contreforts, hérissés de crochets et de fleurons, on peut observer les salamandres et les lettres « F », emblèmes de François Ier. Cette partie supérieure de la chapelle est donc bien postérieure au début des travaux, ce que l’homogénéité architecturale ne laisse pas deviner.

L’ambitieux projet de Charles V de créer une véritable ville royale à l’est de Paris ne pouvait être achevé sans la construction d’une Sainte-Chapelle, à l’image de celle du Palais de la Cité. En 1379, il fonde donc la Sainte-Chapelle de Vincennes et crée un collège de quinze chanoines chargés de desservir ce lieu de culte dédié à la Trinité et à la Sainte Croix. Elle doit abriter une épine de la Couronne du Christ déposée par saint-Louis à la Sainte-Chapelle de l’île de la Cité.

La construction débute vers 1390 sous le règne de Charles VI, mais s’arrête vers 1410, au sommet des murs gouttereaux. Pendant un siècle, la chapelle n’a ni voûte ni toit, mais les offices ont tout de même lieu. Cent ans plus tard, en 1520, François Ier reprend les travaux, en reconnaissance à Dieu de lui avoir donné un fils. En 1548, Henri II charge Philibert Delorme, l’architecte responsable des chantiers royaux, alors en activité à Fontainebleau, d’achever l’édifice. L’inauguration a lieu en 1552. Alors que la Renaissance avait déjà tourné la page de l’art gothique en s’inspirant du modèle antique, l’architecte respecte le style d’origine de la chapelle. Cette continuité stylistique adresse un message politique fort : la monarchie française affirme ainsi sa propre continuité.

Une partie du décor d’origine, du XVe siècle, dans l’archivolte du portail (actuellement cachée par une structure de renfort de protection) représente la hiérarchie céleste avec, au centre, la Trinité (qui fait l’objet d’une dévotion particulière de la part de Charles V en raison notamment de son sacre le jour de Sainte Trinité) entourée par les neuf chœurs d’anges. On reconnaît parmi eux les séraphins et les chérubins à leurs corps couverts de leurs six ailes.

Ce décor montre la qualité du travail réalisé par les sculpteurs au tout début du XVe siècle. La pierre, finement ciselée, figure de nombreux détails inspirés de la nature : feuilles de choux, d’érable, sarments de vigne, petits escargots… Les visages des personnages sculptés, aux physionomies variées, sont empreints d’expressions très réalistes.

Après l’achèvement des travaux, les sculpteurs du chantier de Vincennes iront se mettre au service des riches seigneurs du nord et de l’est de l’Europe, à l’instar du grand sculpteur néerlandais Claus Sluter appelé à la cour du duc de Bourgogne après avoir très probablement œuvré au décor de la tour du Village. Cet art du XVe siècle, qui fait la transition entre le gothique et la Renaissance, et qui se diffuse alors en Europe.

Mesurant 40 m de longueur, 12 m de largeur et 20 m de hauteur, cette chapelle castrale a un plan très similaire à son modèle, la Sainte-Chapelle de l’Île de la Cité.

Constituée d’un vaisseau unique de cinq travées, coupé au milieu du XVIe siècle d’un jubé, la nef se termine par un chœur absidial à cinq pans de style rayonnant (XIIIe-XIVe siècles). En effet, les remplages des baies en forme de roses trilobées et quadrilobées sont d’un style plus ancien que les réseaux à mouchettes flamboyants des baies de la nef. Ce dernier gothique tient son nom des jeux de courbes et de contrecourbes du motif de la mouchette qui semble s’inspirer des flammes, et qui anime le réseau de pierre. Comme de coutume, la construction de la chapelle avait donc commencé par le chevet avant d’atteindre la façade ouest, de style plus tardif. Les baies sont séparées les unes des autres par de très fines colonnettes. Les consoles, qui ponctuent la frise végétale qui court le long de la nef, sous les baies, figurent très certainement des saints et des prophètes.

La sculpture, très fine et vivante, témoigne de la virtuosité des artistes qui ont travaillé sur ce chantier à la fin du XIVe siècle. Celui-ci étant postérieur à celui du donjon d’une trentaine d’années, le style du décor marque une évolution. Les figures qui ornent les consoles, saillantes, sont moins volumineuses et plus détaillées que celles du donjon. De petites scènes parfois pleines de fantaisie, prennent place là où l’on préférait représenter des personnages uniques.

Une annexe au nord sert de sacristie au rez-de-chaussée et d’une salle du trésor à l’étage, destinée aux fragments de reliques de la Passion.

La voûte de la nef datant du XVIe siècle, porte les armoiries d’Henri II, celles de Catherine de Médicis et un croissant de lune en référence aux devises d’Henri II (« Cum plena est, (sit) emula Solis », quand elle est pleine, elle peut rivaliser avec le Soleil, puis « donec totum impleat orbem », jusqu’à ce qu’elle remplisse tout l’Univers).

Les vitraux du chœur ont été posés entre 1557 et 1559. Certains sont d’origine. Ils ont été réalisés d’après des cartons de l’architecte Philibert Delorme. Ils illustrent le thème de L’Apocalypse de saint Jean. Ces panneaux témoignent de l’évolution de l’art du vitrail au XVIe siècle : la virtuosité du dessin l’emporte sur le jeu des couleurs. La précision des décors traités en perspective, le rendu des mouvements, la justesse anatomique relèvent de l’art de la Renaissance.

– Baie au-dessus de l’oratoire nord : l’âme des saints criant vers Dieu.
– Baie 1: l’ange et saint Jean ; vision des deux témoins ; sainte Anne et un roi mage.

– Baie 2 : l’amertume des eaux ; l’obscurcissement des astres ; héraldique royale.
– Baie 3 : les sauterelles ; les anges exterminateurs ; Henri II.

– Baie 4 : l’incendie des arbres et des plantes ; la mer changée en sang ; héraldique royale.
– Baie 5 : les anges marquent au front les serviteurs de Dieu ; les sept trompettes données aux sept anges ; la vierge et saint François.

– Baie au-dessus de l’oratoire sud : les anges vendangeant et moissonnant.

Les vitraux

La splendeur des vitraux qui illuminent le choeur de leurs couleurs éclatantes est mise en valeur par le dépouillement du décor. Ils ont été réalisés en 155-1556 à la demande d’Henri II par le célèbre maître verrier parisien Nicolas Beaurain. Tandis que ceux de la nef ont été en grande partie détruits à la fin de l’Ancien Régime, ceux-ci ont été préservés et restaurés au XIXe siècle.

Les vitraux de l’abside ont été inspirés du texte de l’Apocalypse de saint Jean. L’Ange fait retentir la trompette qui annonce les châtiments divins. Il occupe l’espace supérieur céleste tandis que, au-dessous, les hommes sont livrés aux flammes.

La chapelle royale est dédiée à la sainte Trinité et à la Vierge Marie. Cette représentation de la Vierge à l’Enfant donne aux vitraux une sérénité qui contraste avec l’Apocalypse. Les couleurs vives et chatoyantes du rouge et du bleu sur fond blanc cassé font entrer une lumière chaleureuse.

La baie centrale fait cohabiter deux éléments : la scène apocalyptique des hommes subissant les supplices annoncés, tandis que le roi Henri II est agenouillé en prière.

La première occupe une large part de l’espace supérieur, où ni feu ni lumière n’apparaissent.

La seconde, en soubassement, montre la position de droit divin occupée par le souverain.

Merveille céleste, la voûte de la nef, construite sous la direction de Philibert Delorme au XVIe siècle, est ornée d’un décor peint par Charles Carmoy, où les lettres H et K font référence à Henri II et à son épouse, Catherine de Médicis. La présence de la Lune dans l’iconographie fait allusion aux deux devises du roi :

« Lorsqu’elle est pleine, elle égale le soleil… Jusqu’à ce qu’elle emplisse tout le cercle… ».

Tout en évoquant aussi, discrètement, la belle Diane de Poitiers.

Le revers de la façade ouest montre la galerie intérieure restaurée et terminée sous François Ier au XVIe siècle après une longue interruption de la construction. La grande rose, elle aussi réalisée sur le modèle de celle de la Sainte-Chapelle parisienne, a été achevée à l’initiative de Catherine de Médicis.

La partie classique

Entre 1648 et 1653 les troubles de la Fronde – révolte des parlementaires, des nobles et des princes, pendant la régence causée par l’arrivée de nouveaux impôts et la suppression de certains privilèges – conduisent Mazarin, alors premier ministre, à rechercher un endroit pour assurer sa sécurité ainsi que celle de la famille royale ayant dû fuir le Louvre. Ce sont les qualités protectrices mais aussi la portée symbolique du vieux donjon comme incarnation de la royauté française, qui fixent son choix. Il se fait nommer gouverneur de Vincennes et engage l’architecte Le Vau pour y mener le plus important chantier de construction depuis Charles V.

Les travaux débutent en 1654. En moins de huit ans, autour d’une vaste cour au sud du donjon, s’élèvent face à face les pavillons de la Reine (à l’intention d’Anne d’Autriche et de Mazarin) et du Roi (à l’intention du jeune roi Louis XIV et de son épouse l’infante d’Espagne Marie-Thérèse) parfaitement symétriques. Sur les deux autres côtés du quadrilatère, deux arcs de triomphe mettent en scène l’entrée dans le périmètre royal. Le chantier est terminé pour les 20 ans de Louis XIV. Pendant quelques années, préfigurant les magnificences de Versailles, Vincennes devient alors le décor de la vie de cour et de ses fastes : en 1659, le roi donne un opéra à Vincennes devant la Cour : La Pastorale d’Issy, de Pierre Perrin et Robert Cambert.

Les pavillons déploient une façade classique sur trois niveaux, rythmée par des pilastres colossaux. Les hautes fenêtres du premier étage sont ornées de balustrades, et le niveau supérieur s’appuie sur un puissant entablement. A la base du toit brisé, de petites lucarnes éclairent les combles, en alternance avec un décor de pots à feu. Les deux corps aux extrémités, légèrement en saillie, encadrent le corps central. Une même ordonnance unifie toute cette façade.

Construits par Le Vau en même temps que Vaux-le-Vicomte et avant Versailles, les pavillons du Roi et de la Reine posent les principes de l’architecture classique : symétrie, ordre et harmonie, vocabulaire antique mis au service d’édifices spacieux et imposants. Ils préfigurent une esthétique architecturale qui, par sa splendeur et sa rigueur, incarnera l’absolutisme louis quatorzien. Aujourd’hui ils sont occupés par le Service historique de la défense, centre d’archives du ministère de la défense.

A l’époque classique, des jardins à la française (aujourd’hui détruits) dessinés par Le Nôtre s’étendaient le long de l’enceinte occidentale à l’arrière du pavillon du Roi (à l’ouest) ; le château débordait de l’enceinte médiévale et selon les usages palatiaux du XVIIe siècle voyait son « côté cour », complété par un « côté jardin ».

Les deux portes d’accès à la cour sont des arcs de triomphe qui marquent le passage dans l’espace royal de manière magistrale.

Pourquoi des arcs de triomphe à Vincennes ? Â Rome, ils étaient érigés pour célébrer les victoires militaires des généraux et des empereurs. Au XVIIe siècle, après les révoltes de la Fronde, ce symbole politique et militaire permet de réaffirmer la suprématie de la monarchie victorieuse.

La porte du Bois, ainsi nommée en raison de son orientation du côté du bois de Vincennes, est construite au centre d’une courtine qui relie le pavillon du Roi et celui de la Reine. Son décor est symétrique et antiquisant : on distingue balustrade, entablement, frise, bas reliefs, baie en plein cintre, colonnes, frontons et niches. Il s’agit d’une des neuf tours médiévales de l’enceinte, arasée puis transformée en arc de triomphe au XVIIe siècle par l’architecte Le Vau selon le goût classique. Elle devient alors la nouvelle entrée principale du château.

En face, le portique Le Vau, reconstruit en 1967, comporte en son centre un second arc de triomphe plus modeste et plus épuré. Ce portique vient séparer la partie classique de la partie médiévale reléguée à des fonctions plus utilitaires. L’horizontalité des lignes accentuée par la balustrade, la régularité des arcades, la délicatesse des ornements marquent visuellement l’opposition du moderne à l’ancien.

Et oui, la circulation des espaces privés du roi était pour le moins originale. En effet il fallait passer par la salle du trésor pour accéder aux latrines, puis des latrines on accédait à son étude…

La salle du trésor

Elle donne accès aux pièces strictement réservées à Charles V. En son absence la porte est fermée, cachetée à la cire et le roi en conserve l’unique clef. A partir de 1367 la salle conserve l’or du royaume ainsi qu’une partie de la collection de manuscrits et d’objets d’art du roi. Charles V souhaite disposer en permanence, dans ses principales résidences, d’une importante quantité d’argent et il fait de Vincennes le lieu de dépôt du trésor du royaume. Les « coffres » pouvaient contenir jusqu’à 20% du budget annuel des dépenses royales.

Les latrines

Élément d’hygiène et de confort novateur à l’époque de Charles V, les murs de ces latrines étaient entièrement lambrissés et la pièce coupée par une cloison de bois.

Son histoire en résumé

Époque médiévale

Le simple pavillon de chasse, aménagé par Louis VII vers 1150 dans la forêt de Vincennes, devint une résidence royale (manoir de villégiature) en 1180 sous le règne de Philippe Auguste. Le château est réaménagé au XIVe siècle principalement par Charles V. Au milieu du Moyen Âge, Vincennes fut plus qu’une forteresse militaire : Philippe III (en 1274), lors de ses secondes noces, s’y marie et deux rois du XIVe siècle y moururent : Louis X (1316) et Charles IV (1328). Vers 1337, Philippe VI de Valois décida de fortifier le site en construisant un donjon à l’ouest du manoir. Charles V naquit dans cette forteresse, en fit sa résidence, le siège de son gouvernement et de sa haute administration. Il fit effectuer les travaux décidés par Philippe VI, y ajoutant par la suite l’enceinte monumentale avec ses portes et ses tours. Le donjon et son enceinte furent achevés en 1371, et la muraille avec son chemin de ronde, ceinturant donjon, manoir, Sainte-Chapelle et bâtiments résidentiels, est achevée en 1380. Les travaux durèrent deux générations.

Par ailleurs, les reliques de la couronne d’épines qui étaient conservées à Vincennes ayant été transférés à la Sainte-Chapelle de Paris, les travaux d’édification d’une nouvelle chapelle furent confiés à Raymond du Temple et débutèrent en 1379. La Sainte-Chapelle de Vincennes devait recevoir un fragment de la relique demeurée à Vincennes. À la mort de Charles V en 1380, Charles VI donna l’ordre de poursuivre les travaux, qui furent plusieurs fois interrompus. Lorsque Louis XI fit de Vincennes sa résidence, il quitta les appartements royaux du donjon pour un pavillon neuf de plain-pied, édifié en 1470 dans l’angle sud-ouest du château. Il relance également le chantier de la Sainte-Chapelle.

De la Renaissance à la Restauration

Résidence royale

Les travaux de construction et d’embellissement du château se poursuivent sous les Valois. François Ier fit réaménager le pavillon construit par Louis XI pour y résider lors de ses séjours dans la capitale. Henri II, qui avait transféré à Vincennes le siège de l’ordre de Saint-Michel, confia l’achèvement des travaux de la Saint-Chapelle à son architecte favori, Philibert Delorme, et la chapelle put enfin être inaugurée en 1552. En février 1574, la cour se réfugia au château de Vincennes où Charles IX, gravement souffrant, décéda le 30 mai dans les appartements royaux du donjon. François d’Alençon et le roi de Navarre, assignés en résidence à la cour, deviennent les hôtes forcés du château.

Le jeune Louis XIII fut installé, après l’assassinat de son père Henri IV, à Vincennes dans l’ancien pavillon de Louis XI, et y passa une partie de sa jeunesse.

Le château devint ainsi la troisième résidence royale. Louis XIV se trouvait à Vincennes lorsque, le , il se rendit selon les historiographes « en habit de chasse » au parlement de Paris, faire lit de justice pour imposer ses édits fiscaux.

L’architecte Louis Le Vau construisit pour Louis XIV les ailes (abusivement qualifiées de « pavillons ») du Roi et de la Reine. Il érigea l’aile de la Reine[-Mère] en 1658 et l’aile du Roi en 1661, les deux ailes reliées par un portique au nord et au sud entourant la cour royale. Le cardinal de Mazarin y décéda le et sa dépouille fut exposée dans la Sainte-Chapelle.

Il fut envisagé de remplacer les pavillons construits par Marie de Médicis, mais les travaux de reconstruction furent cependant abandonnés, car Versailles concentrait alors tous les efforts. Le château conserva cependant quelques exemples du style Louis XIV précoce dans les grands appartements. Le jardinier Le Nôtre s’y exerça également en aménageant des jardins à la française et l’abord du bois de Vincennes, en face de la nouvelle entrée sud marquée par une porte monumentale en « arc de triomphe« .

Prison et manufacture royale

Le donjon fut aménagé en prison d’État (pour les prisonniers de haute naissance). Sa capacité ne lui permettait pas d’héberger plus de quatorze détenus. Le duc de Beaufort, principal chef de la « cabale des Importants », emprisonné sur ordre d’Anne d’Autriche, s’en évade en 1648. Le cardinal de Retz alla y méditer sur la Fronde dans l’ancienne chambre de Charles V. Nicolas Fouquet, qui avait lancé l’architecte Le Vau, eut également droit aux honneurs de la prison de Vincennes, à la suite de son procès de trois ans (1664) et avant son transfert dans la place forte royale de Pignerol.

Le château fut définitivement délaissé comme résidence royale lorsque le Roi s’installa à Versailles (vers 1670). Louis XV n’y séjourna que quelques mois (il y fut envoyé à la mort de son arrière-grand-père Louis XIV, en septembre 1715, l’air y était jugé plus sain qu’à Versailles ; le régent – Philippe d’Orléans – l’emmena ensuite à Paris). Louis XVI n’y fit aucun séjour.

Les ouvriers prennent d’assaut le donjon en 1791, d’après Christophe Muller, musée de la Révolution française.

Au XVIIIe siècle, il hébergea la manufacture de Vincennes, dédiée à la production de porcelaine, qui devint plus tard celle de Sèvres. Le donjon resta prison d’État. Y furent entre autres internés Voltaire, le marquis de Sade (de septembre 1778 à février 1784) et Mirabeau. Diderot quant à lui ne fut pas emprisonné dans le donjon mais dans un bâtiment attenant à la Sainte-Chapelle et désormais détruit.

A travers un édit de février 1788, il décide d’aliéner — par la vente ou la démolition — le château parmi plusieurs résidences royales ou bâtiments indépendants de la Couronne qui ne sont plus utilisés et dont l’entretien constitue un gouffre financier, dont ceux de Choisy-le-Roi, Madrid, la Muette et Blois.

Le 28 février 1791, les ouvriers du faubourg Saint-Antoine ne voulant pas d’une nouvelle Bastille, tentent de prendre d’assaut le donjon afin de le démolir. Mais l’arrivée des troupes de Lafayette venant épauler la garde nationale parisienne permet de sauver le donjon.

Malgré le changement de régime, le donjon retrouvera sa destination au XIXe siècle. Seules les conditions pénitentiaires vont radicalement se durcir. Ainsi, à la suite des journées des 23 au 25 février 1848, y séjourneront de nombreux républicains de gauche comme Barbès, Blanqui et Raspail (qui y sortira à la faveur de son élection au parlement et dont les écrits témoignent de son séjour dans l’ancienne chapelle de Charles V).

Arsenal

En 1796, le château fut converti en arsenal, abritant depuis lors la section historique de l’armée. Il fut profondément remanié à cette époque. Les restes du pavillon de chasse initial datant de l’époque de Saint Louis furent détruits. On construisit de nouveaux bâtiments militaires qui existent encore aujourd’hui. En 1804, le duc d’Enghien fut fusillé dans les douves du château sur l’ordre de Napoléon.

La porte blindée de l'époque !

Lambris

Contrairement aux idées reçues, les murs étaient ornée et décorés à l’époque. Dans certaines pièces du donjon, on peut observer des lambris d’époque (chose rare) comme ici. Le lambris est d’époque, il a été traité en blanc pour sa conservation mais était, à l’époque très coloré. On peut aussi observer les clous qui servaient à fixer le lambris. Ce lambris servait à décorer, mais surtout à conserver la chaleur.

Gouverneurs et lieutenants

Le commandement du château était confié à un gouverneur, aussi nommé capitaine, qui était assisté d’un lieutenant chargé spécialement de la garde du donjon et des prisonniers.

(Liste non exhaustive)

  • Vers 1400 : le comte de Tancarville, nommé par Charles V.
  • Vers 1420 : le comte d’Huntington (Anglais), nommé par Henri V d’Angleterre.
  • Vers 1472 : Olivier Le Daim, surnommé Olivier le Diable, nommé par Louis XI, qui fit planter 3 000 chênes dans le bois.
  • 1565 : Antoine de Belloy sgr. de  Houdainville et Morangle, Capitaine des gens d’armes du château.
  • Vers 1610 : capitaine de Beaulieu, nommé par Henri IV.
  • Vers 1620 : Honoré d’Albert, duc de Chaulnes, frère de Luynes, nommé par Louis XIII.
  • 1633 : Léon Bouthillier, comte de Chavigny et du Busançois, secrétaire d’État, ami de Richelieu nommé le , arrêté pendant la Fronde en 1648 et emprisonné dans le château de Vincennes.
  • 1648 : Le baron de Drouet
  • 1649 : Le comte de Broglie
  • 1652-1661 : Mazarin ; la tour du Gouverneur s’écroula en 1654.
  • 1658 : Marsac, commandant du château.
  • 1676 : Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye, époux de Hortense Mancini, nièce du Cardinal Mazarin, qui organisa dans le château un combat entre un lion et un taureau pour divertir la femme de Louis XIV.
  • 1691-1694 : Bernardin Gigault de Bellefonds, maréchal de Bellefonds.
  • 1694 : Louis Christophe de Bellefonds, marquis, fils du précédent.
  • 1696-1720 : le marquis Florent Claude du Châtelet, seigneur de la Neuville, époux de Madame du Châtelet. Il eut pour lieutenant, Charles le Fournier de Bernaville, jusqu’en 1708, quand il devint gouverneur de la Bastille.
  • Il semble que le château restât sans gouverneur pendant plusieurs années après la mort du marquis de Châtelet en 1720. Mais il y eut le lieutenant Pierre Baisle, ancien capitaine au régiment de Champagne, jusqu’en 1749 quand il sera nommé gouverneur de la Bastille.
  • 1751 : le marquis de Salières, ancien lieutenant général des armées.
  • 1754 : le marquis de Voyer, nommé le 12 septembre 1754.
  • 1767 : le chevalier de Rougement (commandant du Donjon).
  • 1784 : d’Argenson (fils du précédent)
  • 1794 : marquis de Rougemont
  • 1812 : Pierre Daumesnil
  • 1815 : Bernard-Emmanuel de Puivert

Charles V lisant dans son cabinet d’étude, miniature extraite du Policratique de Jean de Salisbury, manuscrit à peinture, 1372. (Paris BNF)

Époque récente

La porte massive de sortie du donjon provient de la prison du Temple, détruite par Napoléon. L’empereur fut également à l’origine de l’étêtage des différentes tours d’enceinte du château. Le parc fut remanié au XIXe siècle dans le goût des jardins anglais. Napoléon III confia à Viollet-le-Duc le soin de restaurer la chapelle et le donjon et légua administrativement les 9,95 km2 du bois de Vincennes à la ville de Paris.

Le , ce fut au tour de Mata Hari d’être fusillée pour espionnage près de la forteresse de Vincennes, au pied de la butte du polygone de tir, lieu habituel des exécutions militaires.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château servit brièvement de quartier général à l’état major du général Maurice Gamelin, chargé de la défense de la France contre l’invasion allemande de 1940. Le , trois divisions de la Waffen SS en retraite du front de Normandie s’installèrent dans les lieux. Le , 30 otages y furent à leur tour exécutés par les forces nazies ; lesquelles détruisirent trois dépôts de munitions installés dans des casemates, au moment de la libération de Paris, dans la nuit du 24 au 25 août. L’incendie provoqué dura alors près de huit jours et provoqua des dégâts irréversibles : une partie des collections fut détruite, le pavillon du Roi en ruines, celui de la reine partiellement détruit.

En 1964, Charles de Gaulle — alors président de la République — forma le projet de quitter le palais de l’Élysée qu’il jugeait trop enclavé dans Paris, sans perspective sur la capitale et pas assez prestigieux pour accueillir le chef de l’État. Il choisit le château de Vincennes comme nouveau logis présidentiel, mais l’opération fut abandonnée pour d’autres priorités.

Le dauphin

Et non il ne s’agit pas d’un chien au corps de poisson, mais de la représentation que se faisaient les sculpteurs de l’époque du dauphin.

Pour rappel : Dauphin fut d’abord le surnom, puis le titre, des seigneurs du Dauphiné de Viennois, comtes d’Albon-Viennois et, à partir du « Transport » du Dauphiné au royaume de France, en 1349, le titre porté par le fils aîné du roi de France. Il désigne alors l’héritier présomptif de la couronne, jusqu’à son sacre ou son décès.

Puits

Contrairement à ce que beaucoup imaginent, il ne s’agit pas d’un sombre cachot, mais du puits qui alimentait le donjon en eau.

Rôles de nos jours

Le château de Vincennes relève à la fois du ministère de la Culture (le site est classé Monument Historique en 1993 et 1999, et le Service départemental de l’architecture et du patrimoine y est situé), et du ministère de la Défense (le château abrite le Service historique de la défense, SHD).

  • Depuis 1988, un vaste programme de rénovation a été entrepris. Menacé de ruine, le donjon est fermé en 1995, et après d’importants travaux de consolidation générale de sa structure, le donjon avec ses appartements royaux rouvre au public en 2007. En 2008-2009, la chapelle royale a également subi une importante restauration, nécessitée par la tempête de 1999.
  • Depuis plusieurs années, les élus locaux tentent d’accélérer le renouveau du site, notamment en obtenant une réorganisation de la gouvernance actuelle du château et en développant le mécénat. C’est ainsi qu’est née, à l’initiative de la ville de Vincennes, l' »Association pour le rayonnement du château de Vincennes », présidée actuellement par Françoise Sampermans.
  • Le « plan Escale » serait un plan d’évacuation du palais de l’Élysée, en cas de crue centennale à Paris. Et la présidence aurait préparé dans cette éventualité un repli sur le château de Vincennes, réputé sûr et facilement aménageable.

Ouvrages de référence

Informations utiles

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Tel: 01 48 08 31 20

CHÂTEAU DE VINCENNES 1 avenue de Paris, 94300 Vincennes

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