Son histoire

L’église primitive est fondée au IIIe siècle. Le lieu de culte aurait subi des destructions pendant les invasions médiévales : Wisigoths lors des invasions barbares à la fin du Ve siècle, par les Sarrasins en 725, lors des invasions normandes en 848 et 864. Reconstruite au cours du XIe siècle, la cathédrale est consacrée en 1096.

La nef, de style gothique angevin, date du XIIe siècle et fut modifiée au XIIIe siècle. Le déambulatoire, entrepris vers 1280, fut raccordé à la nef vers 1330. Le chœur et les chapelles rayonnantes ont été réalisés au XIVe siècle. C’est aussi à cette époque que furent érigées les façades des bras du transept. Le gros-œuvre était alors entièrement réalisé. Le clocher, les tours et les flèches du transept Sud furent terminés au XVe siècle. On commença aussi à pourvoir l’édifice d’une ceinture d’arcs-boutants, achevée au siècle suivant. À l’extérieur, l’impossibilité d’établir un portail sur la façade occidentale explique le dépouillement de celle-ci ; en revanche, les façades latérales au niveau du transept ont connu un développement important. Sur la façade nord, la porte royale est réalisée vers 1250. Le contrefort de Gramont marque le début de la Renaissance à Bordeaux. La façade Nord est surmontée de deux tours de 81 mètres de hauteur.

La cathédrale est flanquée d’une tour du XVe siècle à l’est du chevet : le clocher ou tour Pey-Berland, construite sur ordre de l’archevêque du même nom. Par ses lettres patentes, Louis XI confirme les privilèges de cette église, d’abord après son sacre en 1461, puis, à la suite de la mort du duc de Guyenne, son frère, en 1472.

Un tremblement de terre provoque l’effondrement d’une partie des voûtes le . La charpente du chœur est détruite par un incendie le à la suite d’un accident de soudure.

Le décret impérial du concernant la ville de Bordeaux prévoit le financement des travaux de restauration de la cathédrale.

Le , un ouragan renverse le fronton de la façade nord sur les voûtes qui s’écroulent en partie, la foudre tombe sur l’une des flèches.

La cathédrale est classée au titre des Monuments Historiques par la liste des monuments historiques de 1862.

Le , l’Assemblée Générale de l’UNESCO, réunie à Kyōto (Japon) a adopté la proposition d’inscrire sur la liste du patrimoine mondial, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France. Parmi 71 monuments associés au pèlerinage et retenus par la commission, 19 figurent en Aquitaine, dont trois à Bordeaux :

Architecture externe

Le tympan

Le tympan du portail nord de la cathédrale de Bordeaux se décompose pour Jacques Gardelles en trois registres. En bas, sur le linteau est représentée la Cène. Un nébulé, c’est-à-dire un cordon de nuage sépare ce registre du suivant, qui présente une ascension du Christ au milieu des douze apôtres. Aux pieds du Christ figure un mont des oliviers symbolique. Au sommet de ce tympan, Dieu le père est représenté sous les traits d’un Christ trônant entre deux anges. L’un tient un linceul, l’autre une couronne d’épine. Les deux anges qui encadrent ce tympan portent une lune et un soleil comme on a coutume de faire dans les jugements derniers.

Architecture intérieure

Dimensions

  • Longueur intérieure : 124 mètres.
  • La nef unique sans collatéral a 18 mètres de large au transept.
  • La hauteur sous voûte est de 23 mètres dans la nef et de 29 mètres dans le chœur.

Les chapelles

À gauche de l’autel se trouve la chapelle dédiée à saint Simon Stock, général des Carmes, connu et vénéré pour avoir reçu le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel, dans une vision. Les reliques du saint sont exposées sur l’autel.

Bas-reliefs

Les deux panneaux sculptés provenant de l'ancien jubé et placés dans le mur du fond de la cathédrale ont un réel intérêt. L'inspiration chrétienne se mêle à l'inspiration païenne. Ces reliefs, qu'on peut dater autour de 1540.


La Résurrection et l’Ascension du Christ (au sud, à gauche)

L’ange annonce la résurrection aux saintes femmes. Au-dessus, le Christ s’élève au plus haut des cieux, sur un aigle à l’image des héros antiques, qui montent dans l’Olympe sur des animaux psychopompes, aigle, phénix…

La descente aux enfers (au nord, à droite)

En haut, l’artiste a représenté les enfers mythologiques : Pluton, Proserpine, et Cerbère, avec ses trois têtes. Le Christ traverse le monde des enfers. Il s’abaisse au plus bas par amour pour l’humanité déchue par le péché, et saisi la main d’Adam pour la relever.

Les grandes orgues

En 1427 un orgue est construit par Jacques de Rasta. En 1535 et selon un chroniqueur anglais : « Dans la cathédrale Saint-André, se trouvent les plus belles et les plus grandes orgues de toute la chrétienté ». Elles sont restaurées en 1619 par le facteur toulousain Antoine Lefèbvre, restauration suivie d’un long procès. En 1627, le célèbre facteur Valéran de Héman, venu du nord de la France, vient travailler à Bordeaux et, notamment, construit pour la cathédrale un nouvel orgue somptueux. Malheureusement, sous la Révolution, les orgues, déjà dégradées par le temps, sont vendues et les tuyaux fondus pour les besoins de l’armée. En 1795, un rapport indique qu’il n’en reste que « quelques débris de sommiers et différents morceaux de bois épars ». En 1805, l’orgue de l’église Saint-Pierre de La Réole, œuvre du facteur toulousain Jean-Baptiste Micot (1766), est transféré à Saint-André. Mais cet orgue s’avère insuffisant pour la primatiale. En 1812, l’orgue est à nouveau démonté afin de permettre la réfection de la tribune et l’on en profite pour en échanger l’intérieur avec l’orgue de l’abbatiale Sainte-Croix construit par Dom Bédos de Celles entre 1744 et 1748.

Les buffets restent cependant à leurs places respectives. À cette occasion, le buffet de Micot installé à la cathédrale est modifié pour permettre à l’instrument de Dom-Bedos d’y prendre place. Le résultat est extrêmement décevant : autant l’orgue de Dom Bédos sonnait magnifiquement à Sainte-Croix, autant l’instrument transféré à la cathédrale semble perdu dans cette grande nef d’un volume de huit à dix fois supérieur.

De 1837 à 1841, le facteur Henry effectue une nouvelle restauration et modifie l’agencement des ailes latérales du grand buffet. Entre 1875 et 1877, le facteur Georges Wenner remplace l’ancien récit de deux jeux par un grand récit expressif de 14 jeux et substitue la mécanique directe du clavier du grand orgue et celle des basses du récit par des machines pneumatiques Barker.

Par la suite, l’orgue est modifié à plusieurs reprises tout au long du XXe siècle avant que la restitution du Dom Bédos à Sainte-Croix, et la construction d’un orgue neuf à la cathédrale ne soient décidés.

Les nouvelles grandes orgues, construites par la société Danion-Gonzalez dans l’ancien buffet restauré et décapé, sont inaugurées en 1982. Les tractions mécaniques, au fonctionnement aléatoire, sont électrifiées dès 1987. Actuellement, la réfection de la partie instrumentale est à l’étude.

L’imposant buffet, classé Monument Historique, compte parmi les plus grands de France avec une envergure de 15 mètres.

L’orgue de chœur

L’orgue de chœur a été construit en 1873 par Georges Wenner. Il fut électrifié par Joseph Beuchet en 1970 et révisé par Claude Berger en 1992.

Chapelle du Mont-Carmel

Les décors muraux de la chapelle ont été peints en 1861-1862 par Alexandre Dominique Denuelle.

Au-dessus de l'autel, les figures peintes en 1868-1869 par Savinien Petit représentent la Vierge remettant à saint Simon Stock le scapulaire. Autour des grands saints de l'ordre du Carmel.

Les vitraux du XIXe siècle de Joseph Villiet représentent des scènes de la vie du Christ, de la Vierge et Saint Joseph avec des figures de l'ancien testament.

Sur le mur, bas relief en bronze, oeuvre du sculpteur Giacomo Manzoni, dit Manzu. Est représenté le cardinal Paul Marie Alexandre Richaud (1887-1968).

Au fond, le tombeau de Mgr de la Bouillerie coadjuteur de l'archevêque de Bordeaux de 1872 à 1882 et archevêque de Perga. Au-dessus la Crucifixion de Saint Pierre, copie de Guido Reni (XVIIe siècle).

Chapelle de l'Annonciation

Deux peintures monumentales décorent la chapelle : l'Annonciation et l'Adoration des bergers par Jules Richomme réalisées en 1869.

Dans cette chapelle, icône de "Notre Dame du perpétuel secours", et statues de Sainte Bernadette Soubirous, et du Saint Curé d'Ars.

Chapelle Sainte Marguerite

La statue dite de sainte Marguerite (en réalité probablement de sainte Marthe), placée au-dessus de l'autel, provient de l'ancien hôpital saint André.

De chaque coté de l'autel deux bas-reliefs en albâtre du XVe siècle. Ils représentent la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, et l'Assomption de la Vierge.

Le cénotaphe de pierre et de marbre est celui d'Antoine de Noailles, lieutenant du roi à Bordeaux au XVIe siècle.

Le lutrin en fer forgé et bronze doré, provient de l'ancienne abbaye bénédictine de La Réole, comme les grilles du choeur de la cathédrale. Son pied est surmonté de deux aigles qui se font face et dont les ailes servent de porte livre.

Chapelle Sainte Anne

Autel et groupe, sainte Anne et la Vierge enfant proviennent de l'ancienne église Saint Projet.

A gauche de la porte d'entrée : un tombeau, le seul qui ait échappé à la destruction révolutionnaire, oeuvre du XIVe siècle. Longtemps attribué au chanoine Pons de Pomiers, ce serait finalement celui de Pierre Barot, mort en 1368.

Des peintures médiévales y ont été dégagées en 1999 : elles constituent une prédication par l'image, en lien avec la liturgie des funérailles. A gauche, l'âme du chanoine est portée au ciel par Saint André et Saint Jacques. A droite les anges accueillent le défunt au paradis.

Chapelle Saint Charles Borromée

Au dessus de l'autel, le tableau, copie de 1807 de Le Brun, représente saint Charles Borromée, archevêque de Milan (1538-1584) implorant la miséricorde divine pour sa ville épiscopale affligée par la peste. Sur l'autel le rochet de Saint Charles Borromée.

A gauche, tombeau monumental de Mgr Charles d'Aviau du Bois de Sanzay, archevêque de Bordeaux de 1802 à 1826. C'est l'oeuvre du sculpteur Romagnesi.

Chapelle Saint Joseph

Dans cette chapelle, autel d'argent sur âme de bois de Charlier (1859). Au dessus, peintures de Savinien Petit (1860), représentant la fuite en Egypte, la mort de saint Joseph, et la sainte Famille à l'atelier.

Les vitraux de Villiet en hommage à Saint Joseph qui fut charpentier, évoquent les métiers, les anciennes corporations et saints patrons des métiers.

Tableau du chanoine Lacombes, Supérieur du Petit Séminaire, oeuvre de L.-A. de Coëffard de Mazerolles.

Grande toile de Jacques Silbert représentant le Martyre de Saint Bernard Louis Beaulieu et ses compagnons, martyrisés en Corée, le 8 mars 1866. Saint Louis Beaulieu était originaire de Langon. Au dessus, Saint Thomas de Villeneuve distribuant l'aumône (fin XVIIe, début XVIIIe siècle).

Le sanctuaire

Avant d’en regarder les détails, on peut en admirer l’ampleur et la finesse. Il mesure 31 mètres de long. On peut remarquer les 42 baies du triforium correspondant aux fenêtres du choeur. Les verrières placées dans les hautes fenêtres sont du XIXe siècle.

Au pied des marches du sanctuaire, une pierre noire dans le dallage de la nef, marque l’emplacement du coeur d’un célèbre archevêque de Bordeaux : le cardinal François de Sourdis (1599-1628).

L’autel

Placé au centre du choeur, il est de facture récente (1955) et remplace un autel de style baroque peu en harmonie avec le style du sanctuaire.

Il est en haut des marches, car il est en haut lieu, cultus, d’où s’élève vers Dieu l’offrande des hommes. C’est la table sur laquelle le prêtre célèbre la messe en mémoire du dernier repas de Jésus avec les apôtres.

La clôture du choeur

En fer forgé du XVIIIe siècle, elle provient du prieuré de Saint Pierre de La Réole. De la même origine proviennent les portes latérales du choeur s’ouvrant sur le déambulatoire, les deux crédences et un lutrin (actuellement dans la chapelle Sainte Marguerite). L’auteur de ces belles ferronneries est connu : Blaise Charlut, artisan à La Réole.

Pavement du sanctuaire

Au pied des marches de l’avant choeur, est insérée une mosaïque octogonale du IVe siècle. Cette mosaïque fut extraite au XIXe siècle de la basilique d’Hippone, en Algérie et offerte par Mgr Dupuch, vicaire général de Bordeaux, qui reçut la consécration épiscopale dans la cathédrale de Bordeaux en 1838 ; en devenant le premier évêque d’Alger, Mgr Dupuch fut le successeur de saint Augustin, évêque d’Hippone.

L’arrière choeur

Il possède de nombreuses stalles (on les voit bien depuis les portes latérales du sanctuaire).

A gauche et à droite, stalles épiscopales, de Queva.

Les autres stalles adossées à des dossiers de style Louis XVI, et ornées de très belles miséricordes, proviennent du prieuré de Saint Pierre de La Réole.

La porte de clôture du choeur à deux vantaux, vient de l’ancien couvent des Chartreux actuelle église Saint Bruno.

Tour Pey Berland

La tour Pey Berland, du nom de l’archevêque Pey Berland, est le clocher séparé de la Cathédrale Saint-André, situé à Bordeaux sur la Place Pey-Berland. Elle fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques par la liste de 1862. Elle est également classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

La tour Pey Berland à Bordeaux comme une centaine d’autres monuments, propriété de l’État, est gérée, animée et ouverte à la visite par le centre des monuments nationaux.

Sa construction s’échelonna de 1440 à 1500 à l’initiative de l’archevêque du même nom. Couronnée d’un clocher, elle est toujours restée isolée du reste de la Cathédrale. Superbement sculptée, elle fut vendue comme bien national pendant la Révolution et transformée en fabrique de plombs de chasse et magasin à fourrage. La tour redevient édifice religieux par décret du .

La flèche, tronquée par une tempête ayant donné des vents de force d’ouragan au XVIIIe siècle, est aujourd’hui coiffée par la statue dorée d’une Vierge à l’enfant appelée Notre-Dame d’Aquitaine (réalisée par Jean-Alexandre Chertier et installée en 1863), et abrite un fameux bourdon de plus de 8 tonnes. La statue de la vierge au sommet est tournée vers le village de Saint Raphaël, situé dans le Médoc, d’où était originaire Pey Berland.

La situation isolée de cette « tour-clocher » n’a rien de bien étonnant en Gironde, où les exemples sont légion. En particulier du fait des vibrations des cloches et du sol marécageux, qui auraient pu fragiliser la cathédrale. Cependant, il faut rappeler que la tour était autrefois reliée à la cathédrale par les maisons des chanoines, selon une coutume en vigueur dans tout l’Ouest de la France.

Il faut escalader deux-cent trente trois marches dans un étroit escalier à vis pour atteindre la terrasse située au sommet de la tour et qui a la forme d’une galerie autour de la flèche. Elle se trouve à environ cinquante mètres du sol. La base de la statue se trouve à 60 mètres, et la hauteur de cette dernière est de 6 mètres.

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