Le château en 3D ?
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Prenons de la hauteur...
L’imposant château de Cercamp est à l’origine le quartier des étrangers de l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Cercamps fondée en 1137 par Hugues III de Campdavaine, surnommé « la Bête Canteraine ». L’abbaye devient le lieu de sépultures des puissants comtes de Saint-Pol.
Relevés après le pillage subi en 1415, lors de la campagne d’Azincourt, les bâtiments reçoivent en 1537 la visite de François 1er au lendemain de la prise de Saint-Pol.
Vingt ans plus tard, ils servent de cadre aux négociations préliminaires menées entre le duc d’Albe, le connétable de Montmorency, les envoyés de Marie Tudor et ceux d’Antoine de Bourbon, qui cherchent à pérenniser une fragile suspension d’armes. Négociations qui aboutirent aux traités du Cateau-Cambrésis.
Pendant la guerre de 30 ans (campagne de 1638-1640), l’abbaye est occupée, les cloîtres convertis en écuries, le réfectoire en hôpital et les religieux contraints à la dispersion. La restauration, entreprise à partir de 1677, est interrompue par les évènements de 1710. Occupés par les Français, puis par les Impériaux du prince Eugène, les bâtiments servent de cantonnement aux troupes du maréchal d’Harcourt.
C’est seulement sous Louis XV que le retour de la paix et la revalorisation des revenus fonciers permettent d’entreprendre leur reconstruction totale. Le quartier de l’abbé est élevé en 1741, suivi du quartier des étrangers et de l’église abbatiale qui vient fermer au sud le quadrilatère des bâtiments.
Saisis à la révolution, ces derniers sont adjugés en octobre 1791 au citoyen Louis-Marie Liger, ancien receveur de l’abbaye Saint-Vaast, reconverti dans la spéculation à grande échelle sur les biens nationaux. Avant même d’en avoir acquitté le prix, ce douteux personnage commençe à en vendre les matériaux. Déchu de son acquisition, puis arrêté, il est condamné par le tribunal révolutionnaire pour intelligence avec l’ennemi et tentative de corruption, et exécuté en avril 1794.
Un moment utilisés pour incarcérer des suspects, les bâtiments font l’objet d’une nouvelle adjudication, prononcée en mai 1795 au profit des frères Thélu, drapiers à Dunkerque, qui les font en partie abattre. Ils sont abandonnés depuis de longues années lorsqu’en 1823, François-Luglien, baron de Fourment, s’en rend acquéreur.
Originaire du Santerre, haut fonctionnaire sous l’empire, le nouveau propriétaire du Cercamp est convaincu de l’avenir de l’industrie textile naissante. Il fait abattre les ruines de l’église et des bâtiments trop délabrés, ne conserve que le quartier des étrangers dont les salons servaient d’écurie et dont les sols étaient défoncés. Il le fait réparer et, sur les fondations de la grange, fait élever un bâtiment long de cent mètres, haut de quatre étages. Il y installe une filature de laine, qu’il équipe d’une grande roue motrice actionnée par la Canche et de métiers importés d’Angleterre.
Son fils Auguste, membre du conseil supérieur du Commerce et de l’Industrie, est maire de Frévent de 1855 jusqu’à sa mort en 1891. Il fonde un hôpital, une école religieuse, favorise la création de la ligne de chemin de fer, crée un haras, collectionne les peintures et ne cesse d’embellir son domaine.
Foch
Au cours de l’été 1915, le château abrite l’état-major du général Foch qui y reçoit le roi George V, Alexandre Millerand, ministre de la guerre, les généraux Joffre et French, ainsi que le président Poincaré qui lui remet les insignes de Grand-croix de la Légion d’honneur. Légué à l’Assistance Publique de la Seine, le domaine est affecté à des établissements liés à la santé ou à l’enseignement. Vendu en 2012, il est désormais ouvert au public et fera dans les années qui viennent l’objet d’une restauration complète.