Prenons de la hauteur...
Au Moyen Âge, La Ferté-Nabert (alias La Ferté-St-Aubin) doit son nom à un seigneur Nabert (ou Norbert ? issu de la famille de Meung ?), puis tombe par mariage aux mains de la famille des Nids, Alix/Adélaïde de La Ferté épousant Raoul des Nids vers 1150, d’où leur fils Raoul des Nids le Jeunequi épouse Pétronille, enfante Hervé des Nids, et décède peut-être vers 1200.
Il semble qu’il y ait ensuite un mariage avec un sire de La Ferté-Hubert, les deux seigneuries ayant alors le même seigneur (peut-être Edelinde, qu’on dit fille d’Hervé des Nids, convole-t-elle vers 1240 avec un sire Hubert de La Ferté-Hubert ?). En tout cas, l’héritière des deux seigneuries, Isabeau de La Ferté, les transmet vers 1269 à son mari Renaud de Lisle-en-Vendômois (sur le Loir), vicomte de Blois. Leur fils Jean de Lisle hérite, mais décède après 1306 sans postérité ; la succession est disputée entre ses deux sœurs :
- Alix de Lisle reçoit La Ferté-Nabert, Vouzon et Lamotte-Beuvron, Cléry, plus la vicomté de Blois avec Lisle, et marie vers 1310 Etienne IV de Graçay. Succède alors leur fils Guillaume de Graçay, père de Pierre — qui épouse en 1365 sans postérité Isabelle de Sancerre, remariée à Guichard IerDauphin de Jaligny — et de Renaud de Graçay, père lui-même d’autre Pierre de Graçay, † 1403, aussi sans postérité ;
- Isabeau de Lisle, femme de Jean Ier de Mornay (frère du chancelier Pierre), est gratifiée de La Ferté-Hubert, avec sans doute aussi des droits sur La Ferté-Nabert : leur fils Jean II de Mornay, vers 1350, est dit seigneur des deux fiefs.
Finalement, les Mornay héritent de l’ensemble, la branche d’Alix étant épuisée, mais l’héritage se divise à nouveau :
- le fils de Jean II, Pierre Ier de Mornay, sénéchal de Quercy, Périgord et Saintonge, garde La Ferté-Nabert (2° moitié du XIVe siècle) ; il est le père de Pierre II Gauluet, † 1423, sénéchal de Carcassonne, 1er époux sans postérité légitime de sa cousine Robine de St-Brisson, dame de La Ferté-Hubert et fille de Jeanne de Mornay ci-après ; Pierre Gauluet est l’auteur d’une branche bâtarde de Mornay ;
- alors que la fille de Jean II, Jeanne de Mornay, sœur de Pierre Ier, femme de Jean III de St-Brisson du Chéray et mère de Robine de St-Brisson, reçoit La Ferté-Hubert qui deviendra La Ferté-St-Aignan (voir à cet article la succession de ce fief) ;
- le frère cadet de Pierre Gauluet, Bouchard de Mornay, continue les sires de La Ferté-Nabert ; il est aussi seigneur de St-Germain-sur-Indre par leur mère Jeanne de St-Germain dite de Vendôme (car issue des prévôts de Vendôme ?), et il épouse Jeanne des Essarts dame d’Ambleville, La Chapelle-la-Reine, Achères et Villiers-le-Châtel, fiefs venus de son père Julien des Essarts (sa mère était Isabelle de Vendôme-La Châtre-Chartres, fille du vidame Robert, † 1401, lui-même fils d’Amaury de Vendôme et de Marie de Dreux-Bossart.
À la fin du XVe siècle, les Mornay vendent La Ferté-Nabert aux d’Estampes/d’Etampes.
La famille d’Estampes possède La Ferté-Nabert (alias La Ferté-St-Aubin) depuis Jean Ier, † 1484, fils puîné de Robert Ier d’Estampes (vers 1360-vers 1420 ; seigneur de Salbris) et de Jacquette Rolland, maître d’hôtel de Louis XI, seigneur de Sancergues et des Roches, marié en 1451 à Marie, fille de Jean Ier de Rochechouart-Mortemart et Jeanne de Torsay.
Leur fils Jean II d’Etampes de La Ferté-Nabert épouse en 1493 Madeleine de Husson-Tonnerre, fille du comte Charles († 1492) et d’Antoinette de La Trémoïlle. Postérité de Jean II et Madeleine Husson : leur fils – Claude épouse en 1520 Anne, fille de Florimond Ier Robertet, d’où Louise d’Estampes qui meurt en juillet 1575 sans postérité de ses deux mariages ; leur fille – Gilberte épouse sans postérité Jean de Lévis-Ventadour-La Voulte de Châteaumorand ; et leur autre fille – Marguerite d’Etampes assure la succession par son mariage avec Nectaire de Saint-Nectaire en 1522 d’où la suite des sires de La Ferté.
La construction du château débute à la fin du XVIe siècle sur ordre de leur petit-fils Henri de Saint-Nectaire (1573-1662) selon les plans de l’architecte Théodore Lefèvre. Elle se poursuit sous le règne de son propre fils, le maréchal Henri de La Ferté-Senneterre (1599-1681).
Le maréchal Ulrich Frédéric Woldemar de Löwendal l’acquiert en 1748 ; il est confisqué à son fils lors de la Révolution française.
François-Victor Masséna, fils du maréchal d’Empire André, achète le château en 1827.
Jacques Guyot, frère de Michel, acquiert le château en 1987 et l’ouvre au public pour notamment financer les travaux de rénovation.