Prenons de la hauteur...
Source DRAC
En remontant le Ciron, à 500 mètres du château de La Trave, sur la même rive et dans l’angle rentrant d’une sinuosité de cette rivière, on rencontre les ruines d’un tout petit château qu’on appelle La Fue ou La Travette. Je n’ai trouvé aucun fait historique le concernant, et personne dans le pays n’a pu me donner de renseignements sur l’usage auquel il était destiné.
C’était peut-être un fort avancé du château de La Trave, ou plutôt un poste destiné à loger les hommes chargés de recevoir des droits pour le passage du Ciron ; la route qui allait directement de Préchac à Bazas passait à côté de La Travette.
Si ce petit château n’a pas laissé un souvenir aussi brillant que son voisin, il a du moins éprouvé le même sort que lui. Sa démolition date de la même époque, et le même procédé, la mine, a été employé pour accomplir sa ruine ; la preuve en est dans les gros blocs de maçonnerie tombés d’une seule pièce, et dont quelques-uns ont été lancés à une assez grande distance du lieu où ils s’élevaient.
Son plan est extrèmement simple. C’est un bâtiment carré de 20 mètres de côté qui a été divisé en quatre salles de dimensions diverses. Dans le sens de la hauteur, il était divisé en deux étages et entouré d’une couronne de machicoulis qui supportaient un étroit chemin de ronde au-dessus des murs, de 1m25 d’épaisseur seulement. Il ne parait pas avoir été entouré de fossés, du moins on n’en voit pas de traces. Dans les portions des courtines encore debout, on ne voit pas de portes, peut-être même n’y en avait-il pas au rez-de-chaussée ; ce qui pourrait le faire croire, c’est l’existence d’un escalier rampant, dans le genre de celui signalé à La Trave, placé extérieurement contre le mur nord, et devant communiquer à une porte s’ouvrant au premier étage, dans lequel avait d’ailleurs été réservé tout le luxe de l’ornementation.
Les parois du rez-de-chaussée sont, en effet, parfaitement nues et paraissent n’avoir été garnies que de meurtrières, semblables, à l’extérieur, à celles de Roquetaillade, mais s’ouvrant à l’intérieur sous un linteau droit renfermé dans une niche recouverte d’une voûte en arc bombé. Dans le bas de cette meurtrière est percé un orifice circulaire destiné, sans aucun doute, à laisser écouler l’eau lorsqu’on lavait la chambre. Certaines excavations paraissent prouver que des caves existaient au-dessous de ce rez-de-chaussée.
Des corbeaux placés à mi-hauteur indiquent que le premier étage était séparé du rez-de-chaussée par un plancher supporté par des corbeaux en pierre ; qu’une meurtrière recouverte d’une embrasure ogivale était placée au-dessus et à droite de celle du rez-de-chaussée ; qu’une porte ogivale près de l’angle, dans la paroi du sud, communiquait avec la chambre voisine au midi ; qu’à côté de cette porte est une petite armoire double, c’est-à-dire divisée en deux par une cloison en pierre. On voit encore les gonds qui en assujétissaient les portières. À la suite de l’armoire existe une grande cheminée surmontée d’une hotte ogivalo-conique dont on ne voit plus que les arrachements. Le manteau, qui n’existe plus, s’appuyait sur des consoles supportées par des pilastres épannelés, dont les bases elles-mêmes étaient supportées par des consoles fort simples. Dans chacun des angles formés par le manteau et le mur de la chambre s’avance une autre charmante console, appuyée sur un cul-de-lampe orné de deux rangs de belles feuilles à crochets. Ces consoles paraissent avoir été destinées à placer les flambeaux pendant les longues veillées d’hiver. De l’autre côté du mur, une cheminée moins riche est adossée à celle-ci ; ce qui me fait supposer que le premier étage de ce fragment de mur, devait clore la chambre principale de cette petite forteresse.