Château de l'Île d'Yeu

Au XVIe siècle, soit environ 200 ans après sa construction, le château de l’île d’Yeu fut doté d’une ceinture défensive avancée, mieux adaptée à l’évolution de l’artillerie. Elle se déploie devant vous.

L’arrivée de la poudre à canon transforma radicalement l’architecture militaire. Auparavant, le risque majeur était l’escalade des murs du château plutôt que l’ouverture de brèches. D’où la nécessité, au Moyen-Âge, de construire une forteresse avec de hautes murailles et une multiplication d’obstacles et de dispositifs de défense (pont-levis, meurtrières, mâchicoulis, etc…)

Cependant, au XVIe siècle, le canon devint une arme mobile pouvant tirer à une cadence de plus en plus rapide. Par conséquent, la forme circulaire des tours du château laissait de nombreux angles morts à l’assaillant et les hauts murs étaient de plus en plus vulnérables. Pour pallier ces défauts, une ceinture avancée fut aménagée devant le château, inspirée des défenses italiennes rencontrées par François 1er et son armée pendant les campagnes d’Italie.

Elle fut construite sur le plan d’une demi-étoile à cinq branches avec des remparts bas (offrant moins de prises aux impacts), plus épais (absorbant les chocs produits par les projectiles), et à pans inclinés (déviant les boulets à l’impact). Chaque branche de cette étoile possédait une salle de garde équipée d’une cheminée. Un puits d’eau potable se trouvait près de l’entrée et des espaces de stockage s’organisaient à l’ouest.

Cette architecture angulaire, ancêtre des bastions, fut une innovation capitale. Sa forme permettait un feu croisé sur les assaillants et les défenseurs pouvaient se couvrir les uns les autres, retardant ainsi au maximum l’attaque contre la forteresse elle-même. Vauban améliorera ce système sous le règne du Roi Soleil. Au même titre que le château, cette ceinture défensive est classée Monument Historique depuis 1890.

Cette fortification a été érigée côté terre car les débarquements ennemis ne pouvaient se faire que sur la côte sableuse de l’Île (entre Port Joinville et la Pointe des Corbeaux), à l’opposé du château. Les ennemis devaient donc, après le débarquement, traverser l’Île à pied pour venir attaquer le château, ce qui laissait le temps à ce dernier d’organiser sa défense.