Visité un après-midi de forte chaleur, la fraicheur qui règne dans les écuries était la bienvenue. Il faut l’avouer la restauration de cette aile et la mise en valeur de cette collection sont vraiment superbement réalisées. De plus l’entrée est gratuite (chose assez rare pour être soulignée).
Dans la Grande Écurie, la visite de la galerie des Carrosses permet aussi de découvrir le plus grand chantier royal jamais entrepris pour loger des chevaux (lire aussi Les Écuries Royales). Carrosses majestueux ou petites voitures des enfants de Marie-Antoinette, chaises à porteurs ou traîneaux formant un bestiaire étrange et merveilleux : la découverte de ces œuvres constitue un témoignage exceptionnel de la vie de Cour et des fastes sous l’Ancien Régime, l’Empire et la Restauration.
MODÈLE DE CARROSSE
Chobert, joaillier du roi, actif dans la Ière moitié du XVIIIe siècle Bois sculpté et doré, or, brocart d’argent, métal, verre Ce type de modèle était présenté au commanditaire d’un carrosse afin de lui permettre de visualiser le rendu et d’exprimer avec plus de précision ses souhaits pour d’éventuelles modifications. Cette précieuse maquette passa longtemps pour être le modèle d’après lequel a été exécuté le carrosse du sacre de Louis XV, en 1722. Cependant, la présence au centre du pavillon d’amours couronnant un dauphin dressé sur un socle, plaide pour un carrosse exécuté pour une cérémonie dans laquelle le Dauphin, premier fils de Louis XV, fut honoré : soit en 1729, à l’occasion de la visite de Louis XV à l’hôtel de ville de Paris peu après sa naissance, soit en 1737 à l’occasion de son baptême. Le modèle est celui d’un grand carrosse moderne.
Au coeur de la grande écurie
Érigés par Hardouin-Mansart entre 1679 et 1682, les bâtiments de la Grande Écurie et de la Petite Écurie sont identiques, leur dénomination ne tenant pas de leurs dimensions mais de leur affectation sous l’Ancien Régime.
Au nord, la Grande Écurie, sous l’autorité du Grand Écuyer de France, appelé « Monsieur le Grand », a la charge des chevaux de main, parfaitement dressés pour la chasse et la guerre. Les voitures ainsi que les véhicules de fantaisie, traîneaux et gondoles étaient sous l’Ancien Régime à la Petite Écurie dirigée par le Premier Écuyer, appelé « Monsieur le Premier », qui avait aussi le soin des chevaux d’attelage et des montures servant à l’ordinaire.
La galerie des Carrosses se situe au rez-de-chaussée de la Grande Écurie. Elle est constituée de deux galeries voutées permettant un important redéploiement des collections sur près de 1000 m2.
GRANDES ÉCURIES
Vue de face. La galerie des Carrosses se trouvant à droite de la carrière.
Les trônes ambulants de la galerie des carrosses
La collection des carrosses de Versailles ne comprend pas de véhicules de voyage mais se compose uniquement de grandes berlines de cérémonie. Ainsi, chaque voiture raconte une page de l’Histoire de France à travers un événement dynastique ou politique : mariage de Napoléon Ier, baptême du duc de Bordeaux, sacre de Charles X, funérailles de Louis XVIII. Conçus pour frapper les esprits, ces carrosses sont des œuvres d’art total. D’un luxe ostentatoire, ornés à profusion d’ors et de sculptures, réunion éblouissante de tous les arts décoratifs, ils ont été réalisés par les meilleurs artistes et artisans : architectes, menuisiers, sculpteurs, peintres, bronziers, doreurs, tapissiers, brodeurs, etc. Le carrosse du Corps, destiné à montrer le souverain, et les nombreux carrosses de suite roulent au pas, environ 3 km/h. Il faut aujourd’hui s’imaginer la splendeur de ces grandes cavalcades au milieu d’une foule en liesse, ces cortèges réunissant une quarantaine de voitures recouvertes d’or et aux dimensions impressionnantes, la beauté des centaines de chevaux empanachés et le grondement des sabots sur les pavés.
La visite de la galerie des Carrosses propose également un film retraçant l’histoire de l’hippomobile depuis le règne de Louis XIV, car au-delà de leur qualité artistique, ces voitures révèlent les dernières avancées de la carrosserie française en matière d’élégance, de confort et de technique.
LA VICTOIRE
Berline de gala à sept glaces Jean Ernest Auguste Getting, carrossier Paris, vers 1804 H. 2,68 m ; Long. 5,30 m ; Larg. 2,10 m ; Poids : env. 2,5 tonnes HISTORIQUE 1804 : Réalisée pour le couronnement de Napoléon Ier 1810 : Utilisée pour le mariage de Napoléon Ier et Marie-Louise 1853 : Modifiée par le carrossier Joachim Ehrler pour le mariage de Napoléon III, puis une seconde fois pour son sacre projeté à Rome 1856 : Restaurée par les carrossiers Ehrler & Fils pour le baptême du Prince impérial, fils de Napoléon III
Une collection unique réunie par Louis-Philippe
Cette collection, l’une des plus importantes d’Europe, est réunie par le roi Louis-Philippe en 1831, au moment où il transforme le Château royal en musée dédié « À toutes les gloires de la France ». À la liquidation de la liste civile de Charles X – les carrosses appartiennent au roi et non à la Couronne –, Louis-Philippe acquiert dix voitures de cérémonie présentant un intérêt historique, avec de splendides harnais garnis de bronze doré. C’est ainsi qu’arrivent à la Petite Écurie les berlines impériales et royales et, deux ans plus tard, le char funèbre de Louis XVIII. Le roi demande alors à l’architecte Charles-Auguste Questel de créer à Trianon un bâtiment destiné à accueillir les voitures. Par des dépôts du Garde-Meuble royal puis du Mobilier national, chaises à porteurs et traîneaux de fantaisie rejoignent les collections en 1851, lorsque le premier musée des Voitures de Trianon ouvre ses portes au public. En 1978, la collection est rapatriée à la Grande Écurie et le bâtiment Questel détruit. En 1997, le musée des Carrosses de Versailles ouvre au public, un musée agrandi et redéployé en 2016 dans deux galeries de la Grande Écurie.
Le carrosse du sacre de Charles X
Le 29 mai 1825, Charles X est sacré en la cathédrale Notre-Dame de Reims. Pour cette cérémonie, fondement essentiel de la monarchie de droit divin, il ordonne la construction d’un carrosse d’une richesse extraordinaire. Après la Révolution et l’Empire, le nouveau roi veut renouer avec les fastes de l’Ancien Régime.
À peine commencée pour Louis XVIII, la construction de ce carrosse avait été abandonnée lorsque le roi, prudent politique, avait renoncé à se faire sacrer. Dès l’avènement de Charles X, le marquis de Vernon, écuyer commandant des écuries, le remet en chantier. En moins de six mois, il est achevé sous la direction de Daldringen, carrossier virtuose.
Pour le voyage à Reims, la voiture est partiellement démontée et soigneusement enveloppée dans une housse de toile qui la protège et la dissimule aux yeux des badauds massés sur son passage. Remonté pour l’entrée en ville du souverain, ce carrosse, véritable trône ambulant, ressert le lendemain pour le cortège se rendant à la cathédrale où est célébré le sacre. Il est réutilisé le 6 juin 1825 pour l’entrée de Charles X à Paris, et une dernière fois en 1856, pour le baptême du Prince impérial, fils de Napoléon III : pour lors, le décor est modifié et les insignes royaux remplacés par les emblèmes impériaux.
Cette voiture est immédiatement reconnue comme le chef-d’œuvre de la carrosserie française par l’ingéniosité de sa mécanique, la précision de ses assemblages, la richesse des ors et des ornements auxquels concourent tous les arts décoratifs. « La plus belle de toutes les voitures de couronnement jamais construites », selon l’illustre professeur et dessinateur en voiture Duchesne, et la seule aujourd’hui conservée en France.
CARROSSE DU SACRE DE CHARLES X
Berline de grand gala à huit glaces Percier et Hittorff, architectes ; Duchesne, dessinateur-carrossier ; Daldringen, carrossier ; Ots, menuisier-carrossier ; Roguier, sculpteur ; Denière et Matelin, bronziers-ciseleurs ; Gauthier, doreur ; Delorme, peintre ; Vauchelet, peintre ; Delalande, brodeur Paris, 1816 et 1825 H. 4,48 m ; Long. 6,70 m ; Larg. 2,60 m ; Poids : env. 4 tonnes HISTORIQUE 1816 : Commencé pour le sacre projeté de Louis XVIII 1825 : Achevé pour le sacre de Charles X 1853 : Modifié par le carrossier Joachim Ehrler pour le sacre projeté de Napoléon III à Rome 1856 : Restauré par les carrossiers Ehrler & Fils pour le baptême du Prince impérial, fils de Napoléon III, le carrosse devant transporter le couple impérial
Le char funèbre de Louis XVIII
Le 16 septembre 1824, après dix ans de règne, Louis XVIII s’éteint.
Les Chambres votent des crédits exceptionnels pour les pompes funèbres dont la magnificence doit rehausser le prestige d’une dynastie contestée. Le 23 septembre a lieu le cortège des funérailles les plus fastueuses de la monarchie française.
La levée du corps a lieu un peu avant onze heures au palais des Tuileries. Le char funèbre attend dans la cour. Les gardes du corps y déposent le cercueil sur le grand manteau royal de velours violet fleurdelisé et le couvrent du drap mortuaire en velours noir bordé d’hermine, croisé de moire d’argent et frappé aux angles des armes royales. Le départ est annoncé par 101 coups de canon. Le char s’ébranle, au pas, en direction de l’abbaye de Saint-Denis, nécropole royale depuis le Moyen Age. Attelé à huit chevaux caparaçonnés de velours noir brodé de larmes d’argent et ourlé de franges, il crée, selon les témoins, « une impression de majesté et de tristesse ». Le décor est en bois sculpté et doré or blanc : anges-cariatides porteurs de palmes symbolisant l’espérance de la Résurrection, couronne de France soutenue par un bouquet de lys au naturel, génies funèbres renversant une torche, symbole de la mort.
Ce char funèbre est le seul corbillard royal conservé en France ; avant sa redécouverte, ce type de voiture n’était connu que par des descriptions ou par de rares représentations. Les successeurs de Louis XVIII étant morts en exil, ses funérailles furent les dernières d’un roi de France.
CHAR FUNÈBRE DE LOUIS XVIII
Lecointe et Hittorff, architectes ; Prelot, carrossier (flèches du train) ; Devaux, carrossier (ressorts) ; Daldringen, carrossier (roues) ; Roguier, sculpteur ; Gauthier, peintre ; Renault, tapissier ; Dallemagne, brodeur ; Denevers, plumassier Paris, 1809, réalisé à partir d’une ancienne berline H. 4,66 m ; Long. 5,70 m ; Larg. 2,58 m ; Poids : env.2,5 tonnes UTILISÉ ET MODIFIÉ POUR LES FUNÉRAILLES 1809 : du maréchal Lannes, duc de Montebello 1820 : du duc de Berry 1824 : de Louis XVIII (état restitué) 1830 : de Louis VI Henri Joseph de Bourbon-Condé, dernier prince de Condé 1835 : du maréchal Mortier 1842 : du duc d’Orléans 1860 : de Jérôme Bonaparte 1894 : du Président Sadi Carnot 1899 : du Président Félix Faure Restauré grâce au mécénat des Pompes Funèbres Générales
Les traîneaux de la cour
Lorsque les allées du parc de Versailles sont couvertes de neige et que le Grand Canal est pris par les glaces, le roi et la cour s’offrent le plaisir de courses de traîneaux.
Cette mode importée des cours nordiques est suivie durant les trois règnes, de Louis XIV à Louis XVI. Ces frêles et luxueux véhicules sont tirés par un cheval ferré à crampons, caparaçonné d’un harnais brodé de grelots d’argent dont le joyeux tintement rompt le silence feutré de la neige. Ils sont menés par les seigneurs de la cour en bonnet et redingote fourrés, assis sur la sellette à l’arrière de la caisse et tenant les guides. Les dames, en casaquin à la polonaise, se laissent mener et parfois conduisent elles-mêmes, privilège unique en Europe. Si es courses de traîneaux font fureur dès la fin du règne de Louis XIV, l’engouement est encore plus fort sous Louis XV : le roi est un formidable meneur, conduisant son traîneau à toute bride. Partant de la grande terrasse, la joyeuse troupe descend les allées du jardin, contourne le Grand Canal, gagne la ménagerie avant de revenir par Trianon et de terminer par un grand galop sur le Tapis vert en remontant vers le Château.
Marie-Antoinette remet au goût du jour les parties de traîneaux au souvenir de celles de sa jeunesse à Vienne. La reine fait alors rechercher dans les dépôts des écuries les anciens traîneaux de la cour. Créatures fantastiques, animaux rares ou légendaires, les traîneaux composent un bestiaire étrange et merveilleux. Ces véhicules de pure fantaisie dépendent des Menus Plaisirs, l’institution chargée des fêtes et décors de théâtre.
La berline du Duc de Bordeaux
En 1820 le duc de Berry, fils du futur Charles X et seul susceptible de donner un héritier à la dynastie des Bourbons, est assassiné. La France royaliste est ébranlée. Aussi, la naissance posthume du duc de Bordeaux provoque une immense ferveur populaire et, le 1emai 1821, Louis XVIII donne au baptême de l’enfant un faste extraordinaire.
Partant de la cour des Tuileries, vingt-sept carrosses longent les quais du Louvre devant les façades pavoisées, puis traversent le Pont-Neuf en direction de Notre-Dame. Au centre, la riche berline transporte l’enfant, placé sur les genoux de sa gouvernante, auprès de sa sœur aînée Mlle d’Artois. En début d’après-midi, le cortège arrive au parvis de la cathédrale parée pour l’occasion d’un décor éblouissant. S’il s’agit de célébrer « l’enfant du miracle », celui qui porte toute la charge de la destinée des Bourbons de France, la splendeur particulière de ce cortège prétend aussi éclipser le souvenir d’un autre baptême fastueux qui eut lieu dix ans auparavant, celui du roi de Rome, fils de Napoléon 1er.
Cette voiture, la plus riche qui existe alors, est ornée d’une ceinture de bronze ciselé et doré d’une finesse admirable et, à l’intérieur, d’un ciel d’impériale brodé de soie, d’or et de clinquants par les demoiselles de la Légion d’Honneur. Aux angles, quatre grands aigles rappellent sa réutilisation sous Napoléon III à l’occasion du baptême du Prince impérial en 1856.
BERLINE DU BAPTEME DU DUC DE BORDEAUX
Berline de grand gala à sept glaces (huit glaces à l’origine) Jean Ernest Auguste Getting, carrossier Paris, vers 1804 H. 3,57 m ; Long. 5,60 m ; Larg. 2,16 m ; Poids : env. 2,5 tonnes HISTORIQUE 1808 : Réalisée pour Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, frère de Napoléon Ier 1821 : Enrichie par le carrossier Prelot pour le baptême du duc de Bordeaux 1853 : Modifiée par le carrossier Joachim Ehrler pour le mariage de Napoléon III, puis une seconde fois pour son sacre projeté à Rome 1856 : Restaurée par les carrossiers Ehrler & Fils pour le baptême du Prince impérial, fils de Napoléon III, la berline devant transporter l’enfant
La berline du mariage de Napoléon 1er
Le 2 avril 1810, moins d’un mois après avoir divorcé de l’impératrice Joséphine qui ne peut lui donner d’héritier, Napoléon 1er épouse l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche. Cet événement donne lieu à trois jours de festivités dont l’éclat doit beaucoup à la somptuosité des cortèges. Franchissant la barrière de l’Étoile, passant sous la voûte de l’Arc de Triomphe encore inachevé, quarante berlines du plus grand luxe descendent les Champs-Élysées jusqu’au jardin des Tuileries sous les vivats d’une foule en liesse.
La puissance de l’Empereur se mesure, ce jour-là, à la splendeur de ses équipages.
La garde impériale ouvre la marche, suivie des trente-quatre voitures de la cour (dont La Cornaline et L’Améthyste). Viennent ensuite la voiture de l’Impératrice qui, selon une ancienne tradition royale, participe vide au cortège, puis celle de l’Empereur attelée à huit chevaux, entourée des maréchaux de l’Empire et des grands écuyers sur de superbes montures. Enfin, les berlines du grand aumônier, des dames d’honneur et de la famille impériale, plus riches et d’une forme encore plus élégante. Le faste de ce cortège – quarante voitures de gala et plus de deux cent quarante chevaux – surpasse celui du couronnement en 1804. Il éclipse surtout la magnificence des anciens cortèges royaux : en pareille circonstance, les Bourbons n’utilisaient qu’une trentaine de voitures.
L’AMÉTHYSTE
Berline de ville et de gala en faux landau à trois glaces Paris, 1810 H. 2,56 m ; Long. 4,90 m ; Larg. 1,88 m ; Poids : env. 1,5 tonne HISTORIQUE 1810 : Réalisée pour le mariage de Napoléon Ier et Marie-Louise 1853 : Modifiée par le carrossier Joachim Ehrler pour le sacre projeté de Napoléon III à Rome
Voitures d’enfant
Dans l’antiquité romaine, pour les Saturnales, on offrait aux enfants de familles fortunées des petits chars tirés par un mouton.
A l’époque moderne, la voiture est toujours le jouet le plus convoité des enfants : tous les jeunes princes possèdent leur carrosse miniature. Louis XIII, à l’âge d’un an et demi, en reçoit plusieurs dont un rempli de quatre poupées et un autre, automate, « qui marchait à ressort ». Plus tard, le jeune Louis XIV s’amuse à chasser des canes près du canal des Tuileries dans un petit char attelé à deux chiens barbets. Puis ce sont les fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette qui reçoivent chacun une petite berline et une petite calèche à la dernière mode. Ainsi, les futurs souverains peuvent-ils, dès leur premier âge, mener en grandes guides.
Ces petites voitures, utilisées pour la promenade, sont tirées à bras d’homme ou attelées à des animaux, moutons ou chèvres, tandis qu’un enfant de la suite du prince joue au valet de pied debout sur la plate-forme arrière. Confectionnées dans les matériaux les plus précieux, et réalisées par les plus grands carrossiers, ces voitures d’enfant ne sont pas de simples jouets mais de véritables réductions des modèles les plus modernes auxquelles ne manque aucune innovation technique.
PETITE CALÈCHE DU DAUPHIN LOUIS CHARLES DE FRANCE, FUTUR LOUIS XVII (1785-1795)
Anonyme, vers 1785-1789 Bois sculpté, peint et doré, bronze ciselé et doré, fer peint et doré, garniture en cuir rouge Cette petite calèche élégante et luxueuse a appartenu au Dauphin Louis Charles qui l’utilisa dans les jardins du château de Saint-Cloud. Son avant-train est pourvu d’une barre de volée permettant d’atteler deux animaux, sans doute des chèvres, tandis que le train arrière porte une plateforme d’entretoise où peut se tenir un enfant de la suite du prince. Dotée des dernières nouveautés, la voiture est l’exacte réplique d’une véritable calèche : flèches à col de Cygne, ressorts en C et caisse conforme à la nouvelle mode « à l’anglaise » présentant à l’avant un profil concave et sinueux. Le décor adopte un vocabulaire gracile et champêtre parfaitement au goût du jour. Sur la traverse de dossier figure une fleur de lys entre deux enroulements d’acanthe. Au centre des portières, en camaïeu d’or, des dauphins enlacés évoquent le jeune destinataire du véhicule.
Chaises à porteur
Si la chaise portée existe depuis l’Antiquité, c’est à la fin du XVIe siècle qu’elle réapparaît en Europe. Particulière ou locative, elle est le moyen de transport le plus utilisé pour les courts trajets. Dans les grandes villes encombrées de carrosses, la chaise offre une alternative séduisante : elle est moins coûteuse, plus maniable et tout aussi rapide dans les rues étroites et mal pavées. Elle est aussi plus commode : portée par deux hommes munis de bricoles de cuir, nul besoin d’harnacher des chevaux ne de préparer l’équipage, et une fois la course terminée, elle se range aisément contre un mur, dans un vestibule ou sur un palier. Comme les voitures, la chaise est fabriquée par les selliers-carrossiers et porte chiffres et armoiries de son propriétaire. A Paris, depuis 1617, des chaises publiques se louent pour des courses dont les trajets et les tarifs sont fixés à l’avance.
A Versailles aussi se côtoient chaises particulières et publiques. Le service des « Chaises bleues », selon la couleur des porteurs à la livrée du roi, propose des courses pour six sols. La chaise est utilisée à travers les cours, dans les jardins mais aussi à l’intérieur du Château. Toute personne peut pénétrer en chaise bleue jusqu’au pied des escaliers du Roi. En revanche, elles sont formellement prohibées dans la cour de Marbre, et seules les chaises de la famille royale peuvent gagner l’étage.
CHAISE À PORTEURS DITE « AUX MARINES »
Paris, vers 1720-1730 Bâti : bois mouluré, sculpté et doré ; poignée en bronze ciselé et doré Panneaux : toiles peintes à l’huile, tendues et clouées sur les montants ; peintures attribuées à Adrien Manglard (1695-1760) ; encadrement de peinture dorée dans le style de Bérain, probablement d’une autre main ; vernis de protection Impériale : galerie ornée de vases en bronze doré ; pavillon bombé recouvert de cuir clouté Intérieur : garniture de velours cramoisi à franges d’or (après 1830) Cette chaise, entièrement couverte de marines et d’un encadrement virtuose de peinture dorée en trompe l’œil, est un admirable spécimen de la production carrossière de l’Ancien Régime. Elle est décorée d’une scène de bataille navale (panneau de dossier), de vues portuaires (panneaux de portière et de côtés), de tritons, monstres marins et dieux fleuves en camaïeu (cartouches latéraux inférieurs). L’utilisation de toiles peintes, remplaçant les panneaux de bois, permet d’alléger la chaise.
Les voitures de la présidence
En 1870, après la chute du Second Empire et la proclamation de la IIIe République, les prestigieuses écuries de Napoléon III sont démantelées, les carrosses remisés ou dispersés en vente publique.
Les temps démocratiques récusent le faste et l’ostentation. Les exigences de représentation imposent cependant à la Présidence de la République de se doter de nouveaux véhicules adaptés aux diverses circonstances officielles : réceptions d’ambassadeurs, visites dans les départements, expositions universelles, voyages officiels de souverains étrangers. L’État passe alors commande auprès des plus prestigieux carrossiers parisiens comme la maison Ehrler, ancien carrossier de Napoléon III, Mühlbacher ou Rothschild & Fils.
Une nouvelle production carrossière voit le jour, des voitures sobres jusqu’à l’austérité dans leur aspect extérieur, mais du plus grand luxe dans les détails : lignes profilées, mains de ressort sculptées en forme de serpent, roulettes de glace en ivoire, intérieurs capitonnés, éclairage de l’habitacle et suspension à huit ressorts au confort incomparable. En cette fin de siècle, la carrosserie hippomobile parisienne est à son apogée, dominant l’Europe par la perfection technique et l’élégance de ses productions. Mais elle brille de ses derniers feux.
Après la Grande Guerre, vers 1920, une page se tourne : l’automobile a définitivement triomphé.
BERLINE DE GALA DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
Berline de gala à housse et huit ressorts Hooper & Co, carrossier Londres, vers 1890 H. 2,42 m ; Long. 4,47 m ; Larg. 1,95 m ; Poids : env. 1,8 tonne HISTORIQUE 1896 : Rapatriée de l’ambassade de France à Londres pour la venue à Paris du tsar Nicolas II
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