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Prenons de la hauteur...
Le nom : Montastruc
Le nom du château, à l’étymologie latine, et qui se retrouve dans d’autres monuments ou villes du Sud-Ouest de la France, est d’une interprétation contestée.
Parmi les plus probables : le mont fortifié (mons adstructum), ou bien le mont sous les astres…
La vallée du Caudeau, au pied de Montastruc, garde de nombreuses traces d’habitat, de la préhistoire à l’époque romaine
Ve siècle
A partir du Ve siècle, l’invasion des Germains (407) puis celle des Wisigoths, et enfin l’annexion de l’aquitaine au royaume des Francs par Clovis (507), font renter Montastruc dans le haut Moyen-âge.
Ces époques troublées conduisent ses habitants dans les cluseaux et grottes de son éperon rocheux, plus tard fortifié et séparé par le creusement de profonds fossés.
Ascension et chute des d’Abzac
La Monzia (La Moinerie) est mentionné sur des documents du XIIIe siècle, sous la protection de Montastruc, fief relevant du Castrum de Montclar. En 1309, Hugues 1er d’Abzac, seigneur de Clerans et chevalier pour Montclar, reçoit donation de biens et immeubles à La Monzia, incluant le « domus » de Montastruc.
En 1329, son fils Hugues II d’Abzac fortifie Montastruc sur les bases plus anciennes existantes. Rudel IV de Mouleydier, seigneur et baron de Montclar, permet l’achèvement des travaux et en reçoit l’hommage solennel comme suzerain, devant l’autel de Sainte-Catherine de Lamonzie. Montastruc et les d’Abzac deviennent alors une menace permanente pour Montclar et ses barons.
En 1437, il est fait mention du « Reppayrium de Monte Astruco », fief de Bertrand d’Abzac. Le 14 février 1439, Amaury d’Estissac, héritier de la châtellenie de Montclar, fait don a Bertrand d’Abzac de tous les droits de haute, moyenne et basse justice qui pouvaient lui appartenir, sous la condition de l’hommage symbolique d’une paire de gants blancs. Mais Bertrand d’Abzac, fait prisonnier après son occupation de Domme, est décapité à Limoges le 1 mars 1439 par ordre de Charles VII et la démolition de Montastruc, à « hauteur de l’infamie », est ordonnée à la suite du procès criminel de 1438.
En 1449, Jean de Bretagne rend à Jeanne de Beynac, veuve de Bertrand d’Abzac, le domaine de Montastruc moyennant soumission à l’autorité royale. Le château est reconstruit à partir de 1480, en vertu de lettres patentes de Louis XI de septembre 1475.
XVIe – XVIIe
En 1568, le jour de Noel, Blaise de Monluc, investi par Catherine de Médicis du maintient de l’ordre en Guyenne, assiège Montastruc. Deux cannons obligent la garnison huguenote a se rendre. Nouveau siège par le sénéchal du Périgord en 1569 qui le reprend aux protestants et le rend aux d’Abzac.
En 1637, la seconde révolte des croquants est menée en foret, non loin de Montastruc, par La Mothe La Foret, beau-frère de Charles d’Abzac, et Grellety, laboureur des terres de ce dernier.
XVIIe – XXe
Le 26 mai 1650, les murs de Montastruc voient à leur pied la défaite de l’arrière garde de Monsieur de La Valette, par les ducs de Bouillon et de La Rochefoucauld, lorsque ceux-ci accompagnèrent Madame la Princesse de Condé et son fils, le duc d’Enghien à Bordeaux, lors de la dernière grande fronde.
La période de la révolution ne touchera guère Montastruc. Plus récemment, en mai 1940, SAR la grande duchesse Charlotte de Luxembourg et sa famille s‘exilèrent au château de Montastruc, exfiltrés du Luxembourg in extrémis par la France avant l’arrivée des troupes allemandes. Ils y restèrent pour quelques mois sous la protection de d’une section de tirailleurs Sénégalais, avant de gagner le Portugal… le 16 juin 1940, ils furent rejoints à Montastruc par la dernière impératrice – reine d’Autriche-Hongrie Zita, sœur de Félix de Bourbon-Parme, époux de Charlotte de Luxembourg. En chemin d’exil vers l’Espagne via Bordeaux, Zita passa par Montastruc avec ses 8 enfants dont son aîné Otto de Habsbourg, archiduc d’Autriche.
Ajourd’hui
Fief des d’Abzac depuis le XIIIe siècle, Montastruc est ensuite passé par alliance aux Ferrand de Mauvezin, aux Peruse des Cars, aux du Garrich d’Uzech, puis en 1849, aux marquis de Lostanges de Saint-Alvere, suivis des Loeff en 1936.
Après la dernière guerre, il est aux Ordonneaux, puis change brièvement de mains avant d’échoir en 1998 à Philippe Raynaud de Fitte et Ségolène de Marcellus, son épouse.
Commence alors un long travail de restauration… Ségolène de Marcellus est descendante de Marie-Louis Jean André Charles (alias Lodoïs) de Martin du Tyrac, 4e comte de Marcellus (1795-1861), qui après de difficiles et mouvementées négociations, acheta la statue dite aujourd’hui vénus de Milo, et la remmena en France ou elle fut présentée et offerte le 1er mars 1821 au roi Louis XVIII qui en fit don au Louvre.
Un grand chantier de restauration
Quand Philippe et Ségolène Raynaud de Fitte reprirent Le château de Montastruc en février 1998, il trouvèrent une demeure assoupie depuis près de 250 ans et certains dommages conduisant progressivement à une ruine prochaine, aucun chantier majeur d’entretien ou de restauration n’ayant été entrepris depuis l’extension du 18e siècle.
La tempête historique « Martin » du soir du 27 décembre 1999 aggrava considérablement l’état des toitures et de certaines structures, et abattit une grande partie des arbres du domaine.
Dès janvier 2000, le Directeur Régional de Affaires Culturelles (DRAC), l’Architecte en Chef des Monuments Historiques (ACMH), l’Architecte des Bâtiments de France, et l’Architecte D.P.L.G. Alain de La Ville, futur Maître d’œuvre, inspectent le site avec les jeunes propriétaires. Le grand projet de restauration est alors élaboré, qui verra au cours des années suivantes :
- La reprise partielle des toitures du château et la réfection complète de celles des communs,
- La restauration des remparts et restitutions des mâchicoulis du bastion supportant le château et la cour d’honneur, ainsi que du pont d’accès et des remparts en retour,
- La restauration de toutes les façades Nord, Est et Sud-Est, ainsi que le remplacement à l’identique de 80% des huisseries,
- La modernisation intégrale de l’installation électrique et l’aménagement de salles d’eau incluant l’élimination complète des tuyauteries de plomb installées au cours des siècles précédents,
- L’installation d’un chauffage central et d’un système de détection intrusion et feu, relié à une centrale de télésurveillance…
- L’intégration d’un grand bassin classique auprès du pigeonnier faisant fonction de piscine,
- La restauration progressive des décors intérieurs dans un souci de préserver les décors installés au 18e siècle et les vestiges plus anciens encore visibles dans certaines pièces,
- La restauration des salles des grandes cuisines voûtées du 18e, incluant le fournil du château.
D’importants travaux sont encore à prévoir :
- La restauration des remparts des bastions Nord et terrasses en surplomb des grottes, et la protection du site troglodytique,
- La remise en état des douves et des sources et conduits qui les alimentent, ainsi que du bief conduisant les eaux au moulin de Peychenval,
- La reprise des imposantes façades Sud-Ouest et Nord-Ouest et des toitures correspondantes,
- La fin de la restauration des divers communs, incluant le remontage des parties ruinées dans l’esprit des parties restées en place,
- La restructuration planifiée du parc et des bois,
- Et l’achèvement des derniers décors intérieurs des pièces restant à restaurer.