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Château et Tour de Montaigne

Le château de Montaigne se situe sur la commune de Saint-Michel-de-Montaigne, dans le département français de la Dordogne. C’est une maison forte du XIVe siècle, qui fut la demeure familiale du philosophe et penseur de la Renaissance, Michel de Montaigne. La Tour de la librairie est classée Monument historique par arrêté du  alors que le reste du château est inscrit par arrêté du 

Le château est bâti à la frontière du Périgord et du Bordelais, à proximité de Bergerac et de Saint-Émilion, dans le petit village de Saint-Michel-de-Montaigne.

Un château s’élève sur ces lieux depuis le XIVe siècle. Plusieurs fois remanié et partiellement reconstruit à la suite de l’incendie qui le ravage en 1885, il présente un style néo-Renaissance. Propriété privée, il se visite, de même que la tour, épargnée par les flammes. Montaigne en fit son refuge.

Après avoir franchi le portail, on arrive dans une cour carrée entourée de remparts. La tour ronde de la « librairie » est le seul vestige du XVIe siècle et est bien sûr l’objet de beaucoup d’attentions de la part des visiteurs, puisque c’est ici que séjourna Michel de Montaigne et qu’il y écrivit ses célèbres Essais.

Construite en plein cœur d’un parc majestueux, dont les tracés ont été dessinés par le philosophe lui-même, la demeure avait été acquise en 1477 par l’arrière-grand-père de Montaigne, Ramon Eyquem, négociant bordelais, qui accédait ainsi au statut de « Seigneur de Montaigne », qu’il transmettra à ses enfants et petits-enfants.

Le père de Michel, Pierre Eyquem, vint s’y installer avec sa famille, et le philosophe passa là une enfance studieuse — il parlait couramment le latin dès l’âge de sept ans —, avant d’aller poursuivre ses études au collège de Guyenne à Bordeaux.

En 1554, Pierre Eyquem expose à son suzerain, l’archevêque de Bordeaux, qu’il avait fait construire un château et avait commencé à rendre le lieu « fort et assuré » et qu’il avait l’intention de le fortifier et de le mettre en état de défense avec tous les engins nécessaires.

En 1584, Montaigne reçut en son château le roi de Navarre Henri de Bourbon, le futur Henri IV, à qui le liait une solide amitié, en même temps que Condé, Rohan, et Turenne. Henri IV l’avait déjà nommé Gentilhomme de sa Chambre par lettres patentes en 1577).

C’est dans ce lieu au décor inchangé que Michel de Montaigne rédigea de 1571 à sa mort en 1592 ses célèbres Essais, œuvre majeure de l’humanisme de la Renaissance, fruit d’une vie de réflexion et de lecture. Ses considérations sont en permanence étayées de citations des classiques grecs et romains. Il s’en explique par l’inutilité de « redire plus mal ce qu’un autre a réussi à dire mieux avant lui ».

Il travaillait dans une tour ronde, qu’il nommait sa « librairie », où cet extraordinaire observateur des méandres de l’esprit de ses congénères fit graver en lettres de feu sur les solives du plafond le fruit de ses réflexions et de ses lectures, nous laissant une véritable leçon de sagesse et le testament d’un humanisme universel, dont l’influence est encore réelle de nos jours.

On peut y lire sur un des murs l’inscription suivante en latin : « L’an du Christ 1571, à l’âge de 38 ans, la veille des calendes de mars, anniversaire de sa naissance, Michel de Montaigne, depuis longtemps déjà ennuyé de l’esclavage de la Cour du Parlement et des charges publiques, se sentant encore dispos, vint à part se reposer sur le sein des doctes vierges, dans le calme et la sécurité. Il y franchira les jours qui lui restent à vivre. Espérant que le destin lui permettra de parfaire cette habitation, ces douces retraites paternelles, il les a consacrées à sa liberté, à sa tranquillité et à ses loisirs. »

Montaigne écrit à propos de sa librairie dans Les Essais (III, 3) :

« Chez moy, je me destourne un peu plus souvent à ma librairie, d’où, tout d’une main, je commande mon mesnage […]
Elle est au troisiesme estage d’une tour. Le premier, c’est ma chapelle, le second une chambre et sa suitte, où je me couche souvent, pour estre seul. Au-dessus, elle a une grande garderobe. C’estoit au temps passé, le lieu plus inutile de ma maison. Je passe là et la plupart des jours de ma vie, et la plupart des heures du jour. Je n’y suis jamais la nuict. […]
La figure en est ronde, et n’a de plat, que ce qu’il faut à ma table et à mon siege : et vient m’offrant en se courbant, d’une veuë, tous mes livres, rengez sur des pulpitres à cinq degrez tout à l’environ. Elle a trois veuës de riche et libre prospect, et seize pas de vuide en diametre. En hyver j’y suis moins continuellement : car ma maison est juchee sur un tertre, comme dit son nom : et n’a point de piece plus eventee que cette cy : qui me plaist d’estre un peu penible et à l’esquart, tant pour le fruit de l’exercice, que pour reculer de moy la presse. C’est là mon siege. »

C’est dans une chambre de cette demeure, encore imprégnée de l’atmosphère de celui qui fut, outre un grand écrivain, conseiller de plusieurs rois, magistrat et maire de Bordeaux, que Michel de Montaigne s’éteignit le 

Michel de Montaigne

Né le 28 février 1533 au château de Montaigne en Périgord, Michel Eyquem de Montaigne est issu d’une famille de négociants bordelais.

Son arrière grand-père, Ramon Eyquem, fait l’acquisition en 1477 de cette maison forte du XIVème siècle, et accède ainsi au noble statut de Seigneur de Montaigne qu’il lèguera à ses enfants et petits-enfants.

De ces derniers, Pierre Eyquem est le premier à quitter le comptoir familial pour venir s’installer dans la demeure périgourdine qu’il fait aménager et fortifier.

De son mariage avec Antoinette de Louppes, fille d’un marchand toulousain, il aura huit enfants dont Michel est l’aîné.

Elevé en nourrice dans le petit village voisin de Papassus, le jeune Michel Eyquem reçoit à son retour au château familial une éducation peu ordinaire : Réveillé chaque matin au son de l’épinette « afin de ne pas lui abîmer sa tendre cervelle », il apprend très tôt le latin qu’il parle couramment dès l’âge de sept ans, conversant tout naturellement avec les domestiques employés à Montaigne.

Scolarisé au collège de Guyenne à Bordeaux, il y brille rapidement par son aisance à pratiquer la discussion et la joute rhétorique, et par son goût pour le théâtre.

Après des études de droit, il débute sa carrière en 1554 en tant que conseiller à la Cour des Aides de Périgueux, puis au Parlement de Bordeaux où il siège durant presque 15 ans.

C’est donc au palais de l’Ombrière qu’il fait la connaissance d’Etienne de la Boétie, de trois ans son aîné, humaniste et poète, auteur du discours de la servitude volontaire, hymne véhément à la liberté civique.

Leur amitié profonde inspirera à Montaigne cette célèbre phrase ; « Parce que c’était lui, parce que c’était moi » (Essai I, 28).

La mort prématurée de la Boétie, emporté par la peste en 1563, met un terme tragique à cette noble affection, et laisse Montaigne dans une grande solitude que son mariage en 1565 avec Françoise de la Chassaigne, fille d’un de ses collègues au Parlement, ne viendra pas apaiser.

De cette union tendre et fidèle, « à la vieille françoise », naquirent six filles dont une seule, Eléonore, survécut.

La mort de son père en 1568, « le meilleur des pères qui furent oncques », le laisse à la tête d’une grosse fortune et du domaine de Montaigne.

Il s’y retire deux ans plus tard, après avoir vendu sa charge de parlementaire, dans le but de « se reposer sur le sein des doctes Vierges dans la paix et la sérénité » et d’y franchir « les jours qui lui restent à vivre ».

Il consacre alors la plupart de son temps à la méditation et à la lecture des quelque mille ouvrages rassemblés dans sa « librairie », « belle entre les librairies de village », aménagée au dernier étage de cette tour qui devient son repaire.

Il s’y retire souvent, fuyant les contraintes familiales et professionnelles : « C’est là mon siège. J’essaie à m’en rendre la domination pure, et à soustraire ce seul coin à la communauté conjugale, et filiale, et civile ».

S’appropriant la pièce, il fait graver sur les poutres du plafond des maximes du scepticisme antique et des sentences tirées de l’Ecriture Sainte, qui forment encore aujourd’hui un témoignage émouvant de sa pensée humaniste : « Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger » (Térence).

Il commence également à coucher par écrit le fruit de ses réflexions, ses « Essais » dont il publie le premier recueil en deux tomes en 1580 : « Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c’est moi que je peins ».

Afin de soigner sa gravelle, maladie héréditaire, dont il souffre depuis quelques années, Montaigne décide de tenter les cures thermales dans les villes d’eaux réputées à travers l’Europe.

Il quitte sa retraite en juin 1580, accompagné de son frère et de trois autres jeunes nobles. Après un passage à Paris où il présente ses Essais au roi Henri III, il se rend en Suisse, puis en Allemagne et enfin en Italie.

Il y apprend l’italien et obtient la citoyenneté romaine.

Il rapporte son périple dans son Journal de voyage, dont le manuscrit, conservé pendant presque 200 ans au château à l’insu de tous, sera découvert en 1770 et publié en 1774. Le coffre en cuir clouté dans lequel il a été retrouvé est encore visible dans le chambre de la tour.

Le 7 septembre 1581, une lettre de France l’informe de son élection à la mairie de Bordeaux.

Pressé par Henri III, il entreprend le voyage de retour. Bien que réélu à la fin de son mandat en 1583, sa charge ne l’accapare point et il continue la rédaction de ses Essais : Il publie en 1582 une seconde édition enrichie d’additions.

Nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France en 1573, Montaigne a servi fidèlement Henri III.

Après avoir pris activement part à la guerre civile jusqu’en 1577, le nouveau maire de Bordeaux entretint des relations amicales avec le maréchal de Matignon, lieutenant général du roi de Navarre et par ses qualités de négociation et de diplomatie, tenta de rapprocher Henri III et son beau-frère Henri de Navarre, futur Henri IV.

Ce dernier vint même trouver Montaigne chez lui à deux reprises, à la recherche des sages conseils qu’il ne manquait pas de lui donner.

Le maître des lieux mettait alors à la disposition du futur roi et de sa suite le gîte et le couvert, et pour leur loisir, les deux hommes se lançaient à la chasse au cerf dans les bois du domaine.

A la mort d’Henri III, le Béarnais devenant alors le roi de France légitime, Montaigne lui témoigne son attachement.

Ses charges politiques ne l’empêchent pas d’écrire : A la fin de son second mandat, en 1585, il se remet à la tâche et prépare une nouvelle édition des Essais qu’il publie à Paris en 1588, additionnée d’un troisième tome.

C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance d’une jeune fille originaire de Picardie, Marie Le Jars de Gournay, avec qui il se lie d’amitié ; une amitié faite de tendresse et d’admiration qui vient éclairer ses dernières années.

En effet, très affaibli par sa gravelle, il reste le plus souvent en sa librairie où il prépare une quatrième édition des Essais qui ne verra le jour qu’après sa mort, en 1595, grâce au travail de celle qu’il appelait sa « fille d’alliance », Marie de Gournay, qui en assura ainsi la postérité.

Les deux dernières années de sa vie, c’est de sa chambre aménagée au second niveau de sa tour qu’il écoute les offices célébrés dans la petite chapelle seigneuriale au rez-de-chaussée, grâce à un conduit acoustique aménagé dans le mur, n’ayant plus la force de descendre ses escaliers.

Le 13 septembre 1592, sentant ses derniers instants arriver, il fait venir auprès de lui ses plus proches voisins afin de prendre congés d’eux.

En leur présence il fait dire une dernière messe et rend le dernier soupir à l’instant même de l’Elévation. Il a 59 ans.

« Que sais-je ? » était sa devise et quand on lui demandait d’où il était, il répondait, suivant l’exemple de Socrate : « je suis du monde », refusant toute étiquette géographique et par la même toute discrimination entre les Hommes.

Il n’était pas à cheval sur les principes d’une rigueur étriquée, mais bien plus enclin à la tolérance entre les êtres et au respect de la différence tant sociale que religieuse.

Il a posé les premiers fondements de l’Humanisme , ce courant de pensées qui veut que la société soit faite pour servir l’Homme et non l’inverse ; cette philosophie qui replace l’humain au centre de la réflexion et qui conduit au respect d’autrui.

Défenseur de la nécessité de communiquer, il était pétri d’esprit de justice et d’équité et a toujours prôné le dialogue comme remède à la violence et la réflexion comme préalable à l’action.

Les Essais

Montaigne est connu pour avoir écrit « Les Essais » de 1572, lorsqu’il se retire de la vie publique, jusqu’à sa mort en 1592.

Montaigne y fait un éloge à la vie. Il aborde des thèmes variés sans ordre précis, comme par exemple: les chevaux, l’amitié, la mort, la médecine, le mariage, la maladie etc. Ce sont des réflexions philosophiques sur sa propre vie et sur l’homme. En effet, Montaigne est avant tout un humaniste.

C’est un livre unique et universel qui nous accompagne tout au long de notre vie comme un vieil ami. « Les Essais » sont la description d’une vie qui passe. Chaque lecteur peut reconnaitre une idée ou une partie de son existence, car l’Homme présenté par Montaigne est modeste, commun et non héroïque. A travers l’analyse de sa propre existence, il veut comprendre « Qu’est-ce que l’Homme en général ».

Après avoir lu des passages des Essais, certains penseront : « Mais comment a-t-il su tout cela de moi ?».

Voltaire a dit de Montaigne: «  Le charmant projet qu’il a eu de se peindre, car en se peignant, il a peint la nature humaine. »

A 38 ans, tout juste retraité de sa vie politique, ses essais démontrent que l’Homme n’est pas lui-même dans la vie publique, le monde et le métier. C’est dans la solitude, la méditation et la lecture qu’il se révèle vraiment. C’est une façon de comprendre qui il est, mais aussi une manière de contrôler ses angoisses rencontrées dans cette solitude. On donnait à cette maladie spirituelle le nom de mélancolie. La perte de son meilleur ami, Etienne de La Boétie, n’ayant rien arrangé, Montaigne trouve un remède : L’écriture.

Il tient donc les comptes de ses pensées, de ses délires pour y mettre de l’ordre et reprendre peu à peu le contrôle de soi.

A celui qui n’ose pas entamer la lecture des Essais, nous pouvons donner le conseil que Gustave Flaubert donna à une amie qui ne savait comment aborder Montaigne :

Mais ne lisez pas, comme les enfants lisent, pour vous instruire. Non. Lisez pour vivre.

Sources : Sarah Bakewell « Comment vivre une vie de Montaigne en une question et 20 tentatives de réponse ».

Le château après Montaigne

La veuve de Montaigne, Françoise de La Chassaigne, continua à résider au château après la mort du philosophe. Elle y reçut Marie de Gournay, l’amie que Montaigne avait rencontrée en 1588 lors d’un voyage à Paris, à qui elle avait fait parvenir une copie annotée des Essais de 1588 la priant de se charger de leur publication, qui vint y séjourner quinze mois.

Au XIXe siècle, Pierre Magne (1806-1879), ministre de Napoléon III, acheta le château en 1860. Il s’y retira après la crise du 16 mai 1877 et éloigné le plus souvent des séances du Sénat par la maladie, il y mourut le .

En janvier 1885, un incendie détruit le château de Montaigne. Un château est rebâti dans le style néo-Renaissance. Du château dans lequel s’est éteint Michel de Montaigne, il ne subsiste plus que la « tour de la Librairie » qui comprend une grosse tour ronde, une petite tour ronde et un corps de logis carré qui ont été classés Monuments historiques le . La protection des Monuments historiques a été étendue à l’ensemble du château en 2009.

Depuis 2002, le château a fait l’objet d’une étude en vue de sa reconstitution numérique. La visite de la bibliothèque de la tour sous sa forme numérique a été rendue accessible en ligne grâce à un travail réalisé par le laboratoire Archéovision de l’Université Bordeaux-Montaigne en 2015 dans le cadre du projet Montaigne à l’œuvre.

Informations utiles

info@chateau-montaigne.com

Tel: 05 53 58 63 93

https://www.chateau-montaigne.com/fr/

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