Le château en 3D ?
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Prenons de la hauteur...
Lorsque Thil parle de ses actuels hôtes
Ami visiteur, arrête-toi là un moment afin de faire une brève connaissance de mes hôtes actuels. Puisque c’est aussi leur démarche que tu viens aujourd’hui découvrir.
Catherine et Perceval sont mes hôtes depuis septembre 2007. Comédiens, ils créent en 2001 leur compagnie de théâtre : « Les Enchanteurs de l’an Mil » avec laquelle ils sillonnent les routes de France afin d’enchanter petits et grands de leurs spectacles mélanges de théâtre et de magie et de réveiller l’enfant qui sommeille au plus profond de chacun d’entre nous.
Du Moyen Âge ils en ont fait leur quotidien.
Durant plus de 10 ans Perceval a parcouru la France à la recherche de la ruine médiévale (entre le 11e et le 15e siècle) à laquelle il était prêt à consacrer sa vie. Je croisai sa route au tout début de sa quête mais mon coeur n’était pas à prendre. Perceval continuait donc sa recherche et c’est à l’issue de la visite de près de 1500 ruines qu’il pouvait enfin poser ses malles et besaces en mes murs et me vouer sa vie. Catherine l’avait rejoint entre temps dans sa quête.
Leurs passions pour le Moyen Âge et la restauration de monuments appartenant à l’histoire les ont amené à suivre différentes formations auprès d’organismes reconnus par l’État.
Ils appartiennent à la catégorie des châtelains passionnés d’histoire, d’architecture, des traces de nos ancêtres, qui investissent leur vie dans la sauvegarde d’un monument de notre histoire à tous. Propriétaires ils ne le sont que par l’acte authentique qu’ils ont signé car j’appartiens en fait à l’histoire : si aujourd’hui je reste debout c’est pour témoigner à chacun de vous que dans ce lieu se sont déroulés, en des temps immémoriaux, des événements qui ont marqué notre pays.
L’objectif de Catherine et Perceval étant de me redonner vie afin de me transmettre aux générations futures. Et c’est toute la passion qu’ils ont dans les vieilles pierres, dans leurs activités, qu’ils tenteront de partager avec vous.
La butte de Thil constitue pour la collectivité, à laquelle nous appartenons TOUS un bien précieux, témoignage de la vie de nos ancêtres, de notre civilisation et d’un certain art de vivre. Ce lieu unique nécessite respect et observation.
N’oublions pas que nous sommes tous dépositaires d’un bien que nous devons transmettre aux générations à venir dans son entité. Le protéger c’est restituer sa mémoire et son histoire.
Histoire
La question des origines du site est traitée de manière presque systématique par les auteurs et érudits ayant écrit sur Thil. Certains auteurs évoquent la présence d’un oppidum ou d’un poste romain, voire une occupation depuis le Bronze final ou la Tène. Or, face au manque d’éléments tangibles venant accréditer l’hypothèse d’une occupation sur la longue durée du site, les recherches actuelles réfutent ces considérations.
Si l’on s’en tient à la période médiévale, les premières mentions du château de Thil dateraient de 886, date à laquelle le lieu aurait été offert à l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre ; mais cette mention est depuis démentie car le terme Tilius désignerait plutôt Theil-sur-Vanne, dans l’Yonne. Le premier personnage connu possédant cette terre est Miles de Thil, fondateur d’un prieuré à Précy-sous-Thil en 1007.
Le château de Thil apparaît plusieurs fois dans les archives concernant le duché de Bourgogne. En 1307, Guillaume de Thil, fils de Ponce de Thil, confesse tenir le château jurable et rendable au duc.
Le XIVe siècle est marqué par plusieurs événements importants. Aux alentours de 1340, Jean de Thil fonde une collégiale à l’extrémité opposé de la butte de Thil. En 1366, le château est assiégé par les écorcheurs qui sévissent dans la région. Si l’épisode a sans doute été fortement romancé, des lettres portées au duc en mai évoquent une occupation temporaire du château. Ce dernier aurait été rendu contre une somme de 3500 francs.
Après cette période troublée, le conseil ducal dépêche Jacques de Courtiambles pour visiter le château de Thil et estimer les réparations nécessaires.
Avec l’extinction de la famille de Thil, le château change de propriétaire. Au début de l’époque moderne, il est néanmoins difficile de retracer clairement la chronologie des propriétaires successifs. Selon certains auteurs, c’est un financier italien proche de la famille des Médicis, dénommé Vincent d’Adjacette, qui en devient l’acquéreur.
En 1591, le château, en ruine, est pris par le comte de Tavannes.
En 1596, le fief de Thil est repris par Jehan de Conighan et Pierre de Conighan, coseigneurs d’Arcenay.
Dans les années 1620-1630, la seigneurie de Thil est acquise par Pierre de Sayve. Le château demeure alors dans les mains de la famille de Sayve jusqu’en 1777, date à laquelle la dernière descendante, Marie-Victorine-Eléone de Sayve lègue Thil à son cousin, appartenant à la famille de Voguë.
En 1640, le château est démantelé par Richelieu. Les seigneurs abandonnent alors cette forteresse pour le château du Brouillard, résidence plus conforme au confort du XVIIe siècle.
La succession des propriétaires peut expliquer l’absence de modifications architecturales du château de Thil durant l’époque moderne. En effet, l’ensemble ne garde aucune trace de construction de rénovation. Pour les archéologues, cette donnée confirmerait que le château de Thil n’était pas un lieu de résidence pour les différentes familles qui l’acquièrent.
Au XXe siècle, les différents propriétaires du château opèrent de nombreux travaux. Si le château est classé Monument Historique en 1905, plusieurs modifications transforment en profondeur le site. La plus grande opération, réalisée par Roger Guibert, architecte et propriétaire du château, menace même le classement du château en 1980. Parallèlement à cela, plusieurs campagnes de fouilles sont menées sur le site (1968,1969,1978).
Depuis 2008, le propriétaire actuel du château organise chaque année une fête médiévale. Pendant deux jours, le château de Thil accueille animations et exposants sur le thème du Moyen Âge.
Origines
L’origine de la famille de Thil n’est pas connue, mais il semblerait que ses premiers membres soient liés à la famille des Mont-Saint-Jean comme les Charny. Leur nom est en tout cas lié à la butte de Thil où se trouvait la demeure historique des seigneurs de Thil : le château de Thil.
Les premières traces du lignage remontent à un certain Miles de Thil, chevalier du duc Robert Ier de Bourgogne. Ce premier représentant de la famille est notamment connu pour ses liens avec l’abbaye de Flavigny. En 1000, il octroie aux moines une propriété allodiale dans le comté de Beaune pour son défunt neveu Aymo Pilo, titré comte d’Auxois, tué à Grignon. En 1007, il est à l’origine d’une donation en faveur, là encore des moines de l’abbaye de Flavigny. Dans ce dernier, Miles de Thil, appelé nobilis vassallus de castello quod vocatur Tilium, fonde le prieuré de Précy-sous-Thil le 22 juillet selon la nécrologie de l’abbaye.
A l’origine, les Thil portaient, semble-t-il, le titre de vicomte, titre partagé avec un autre vicomte résidant à Semur-en-Auxois.
Une famille au service des ducs de Bourgogne
Dans les deux premiers siècles de leur histoire, c’est-à-dire les XIe et XIIe siècles, les seigneurs de Thil se distinguent en participant à la vie politique et religieuse du duché de Bourgogne. Le 18 août 1019, l’un des fils de Miles de Thil, Guy de Thil, confirme la donation précédente de son père en faveur de l’abbaye de Flavigny. Il y ajoute notamment des droits de pâture pour une centaine de cochons dans le bois de Brenil, près d’un domaine nommé villa Mascerollus.
Selon les sources, Gauthier de Thil succède à son père en 1106. Néanmoins l’éloignement chronologique pose problème et supposerait plutôt une filiation. En 1106, Gauthier de Thil est mentionné comme présent à la dédicace de Saint-Bénigne de Dijon par le pape Pascal II. En 1113, il participe à une assemblée à Semur-en-Auxois. Enfin, il assiste à l’accord fait par Bernard de Clairvaux entre Hugues, évêque d’Auxerre, et Guillaume, comte de Nevers, en 1145. Les enfants de Gauthier de Thil ne sont pas connus.
Le prestige de la famille de Thil s’accroît fortement au début du XIIe siècle avec Guy de Thil (appelé aussi Otbert ou Odon). Membre de la cour d’Eudes III, duc de Bourgogne, son sceau apparaît sur une charte concernant Semur-en-Auxois en 1198. D’autre part, il reçoit des papes Eugène III et Anastase IV l’office de défenseur de l’abbaye de Vézelay. Son mariage avec Bonne de Nolay en 1194 lui permet de devenir seigneur de la Roche-Nolay. Quant au frère dudit seigneur, Hugues de Thil, il accompagne le duc de Bourgogne à la cour du roi Philippe-Auguste. Ces deux événements manifestent bien le prestige grandissant des seigneurs de Thil.
Le 1er novembre 1265, Hugues ou Huguenin de Thil, seigneur de Saint-Beury, accorde une charte de franchise aux habitants de Saint-Thibault, cédant aux sollicitations du duc Hugues IV. Les habitants de Saint-Thibault, fief de la seigneur de Saint-Beury, sont alors affranchis de la mainmorte et obtiennent les mêmes droits que ceux de Mont-Saint-Jean.
XIVe–XVe siècles : apogée et déclin de la famille de Thil
La famille de Thil connaît son apogée au XIVe siècle, notamment avec Jean de Thil et son fils Jean II de Thil.
Connétable de Bourgogne, exécuteur testamentaire du duc Eudes IV de Bourgogne, conseiller du roi Philippe de Valois, Jean de Thil marque l’histoire de la famille par son interventionnisme en faveur du monde ecclésiastique. Premièrement, en 1306, le seigneur de Thil accepte de protéger le prieuré de Saint-Thibaut. En échange de sa protection, Jean de Thil se voit attribuer certaines redevances dues au prieuré. Secondement, il initie la construction de la collégiale de Thil le 10 mars 1340. Son second mariage avec Jeanne de Châteauvillain donne naissance à la branche des Thil-Châteauvillain. Il est finalement inhumé vers 1354 dans le choeur de l’église de Saint-Thibaut.
Son fils Jean II de Thil (1346-1420) lui succède à son père et continue de servir activement les ducs de Bourgogne. Chevalier banneret accompagné de deux écuyers, il porte secours à Philippe II de Bourgogne contre les Gantois en 1382. Durant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, il fait le siège de la forteresse de Larrey pour le compte de Philippe III de Bourgogne. Son mariage avec Jeanne de Grancey lui permet de réunir trois baronnies : Thil, Châteauvillain et Grancey. De son mariage avec Jeanne de Grancey, trois enfants nous sont connus : Guillaume, Bernard, seigneurs de Châteauvillain et Marie Henriette.
En dépit de ces deux parcours exceptionnels, la famille de Thil connaît un déclin progressif au cours de cette période. Victime des écorcheurs qui parcourent la Bourgogne, le château de Thil est occupé en 1366. Quant à la faveur des ducs de Bourgogne, elle décroît sous Jean III de Thil, fils de Bernard de Thil et petit-fils de Jean II de Thil. Partisan du roi Charles VII, ce dernier est puni par le duc de Bourgogne qui fait assiéger sa forteresse de Grancey en août 1434. Après la capitulation du seigneur de Thil, la forteresse est libérée. Cet événement n’empêche pas les seigneurs de Thil de demeurer dans l’orbite de la cour ducale. Jean III de Thil épouse ainsi en secondes noces Louis Rolin, fille du chancelier Nicolas Rolin.
Jacques de Thil, fils de Jean IV de Thil, est le dernier représentant mâle de la famille. À sa mort en 1507, les terres de Thil sont récupérées par sa sœur Anne ; laquelle transmet la seigneurie de Thil à son époux Marc de La Baume.
Architecture
Le château de Thil a subi de nombreuses modifications dictées à la fois par sa faible occupation durant l’époque moderne et la succession des propriétaires à l’époque contemporaine ; lesquels se sont efforcés de consolider l’édifice tout en y apportant des transformations importantes. L’étude du bâti permet néanmoins de discerner différentes phases de construction s’échelonnant du XIIIe au XVIe siècle.
L’enceinte et la basse-cour
L’enceinte du château de Thil est un vaste polygone irrégulier de 125 m. du nord au sud et de 70 m. d’est en ouest. La partie nord conserve les traces de seize canonnières, système qui se poursuit de manière plus irrégulière à l’est. Ces modifications sont apportées, selon les fouilles les plus récentes, aux XVe et XVIe siècles. Deux tours flanquent cette enceinte au nord et à l’est. Si l’on s’en tient aux traces archéologiques laissées entre la tour de guet et le tronçons ouest de l’enceinte, l’hypothèse d’un accès par le sud est envisageable. L’entrée, complètement reconstruite, est difficilement descriptible.
La basse-cour est, elle, composée de deux restes de bâtiments. Il s’agissait sans doute de bâtiments de confort, deux belles cheminées étant visibles ainsi que des latrines. Les modifications apportées par les propriétaires successifs rendent compliquées toute identification.
Le réduit seigneurial
Le réduit seigneurial comprend actuellement le bâtiment d’habitation, la tour de guet et le cellier. La tour de guet est sans doute l’édifice le plus emblématique du château de Thil. Elle se distingue par sa très grande élévation de 25 m et ses quatre niveaux. Quant au cellier, il est sans doute le témoignage le plus ancien de l’occupation du site de Thil. Selon les fouilles archéologiques réalisées, les plus anciennes traces dateraient du XIIIe siècle.
Comme ailleurs, la chronologie est assez compliquée. La tour-résidence daterait de la fin du XIVe siècle, période à laquelle l’espace est redéfini avec la création du réduit seigneurial.