Le château de Rambouillet, ancienne résidence royale, impériale et présidentielle, est situé à Rambouillet, chef-lieu d’arrondissement du sud des Yvelines en France dans un parc de 980 hectares au sein de la forêt de Rambouillet.

Le château de Rambouillet est un lieu de calme pour les princes et les souverains. Eloignés de la cour du roi de France (Paris ou Versailles), les princes et chef de l’Etat se servent du domaine et du château comme un haut lieu de diplomatie : ils y convient leurs invités lors des chasses présidentielles ou lors d’événements internationaux de premier rang comme le premier sommet du G6 de 1975.

Une partie du domaine est classée au titre des monuments historiques.

« Première vue de Rambouillet prise de l’entrée du château », François Denis, vers 1787.

Carte des chasses de Rambouillet, anonyme, fin du XVIIIe siècle. A : Château ; B : Bâtiments des Communs ; C : Nouvelles écuries ; D : Ferme expérimentale ; E : Ménagerie et laiterie de la reine ; F : Kiosque ; G : Chaumière ; H : Ermitage ; I : Pavillon des Roches ; J : Hôtel du Gouvernement et son jardin ; K : Bailliage et prisons ; L : Hôtel de la Vénerie.

Son histoire

En 1368, Jean Bernier, chevalier, conseiller et maître des requêtes de l’hôtel du roi, prévôt de Paris, achète à Girard de Tournebu un simple manoir qu’il fait transformer en 1374 en un véritable château fortifié et entouré de douves. Ce château primitif est de plan pentagonal irrégulier, avec un corps de logis triangulaire cantonné de tourelles, une grosse tour, un châtelet d’entrée et une cour fermée de courtines. Ces transformations doivent se comprendre au regard de l’ordonnance de Charles V du prescrivant de fortifier tous les châteaux ; c’est aussi l’époque où Charles V fait construire la Bastille.

Dès 1384, Guillaume, fils de Jean Bernier, vend ce nouveau château à Regnault d’Angennes, écuyer et premier valet tranchant du roi. Il restera dans la famille d’Angennes pendant plus de trois siècles, jusqu’en 1699.

Pendant la guerre de Cent Ans, le château fut pillé et incendié entre 1425 et 1428. Jean II d’Angennes et son épouse consacrèrent leur vie et une bonne partie de leur héritage à le rebâtir. Leur petit-fils, Jacques d’Angennes (1514-1562), capitaine des gardes du corps de François Ier, agrandit le domaine en achetant les terres d’Auffargis et de Poigny, la châtellenie des Essarts-le-Roi et divers terrains alentour, constituant ainsi un magnifique domaine de chasse. Grand amateur de chasse, François Ier vient souvent à Rambouillet. Il y meurt le d’une septicémie, selon la tradition dans la chambre haute de la grosse tour, qui a subsisté jusqu’à nos jours malgré les transformations considérables apportées au château.

Jacques d’Angennes fait, en outre, embellir le château. Au rez-de-chaussée, il fait aménager une grande salle dans le goût italien, aux murs recouverts de plaques de marbre, par le maître maçon Olivier Ymbert, architecte du proche château de Thoiry. Il fait également construire le grand escalier en brique et pierre.

En 1612, Louis XIII érige la terre de Rambouillet en marquisat au profit de la famille d’Angennes. C’est l’époque où Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet, épouse de Charles II d’Angennes, tient salon dans son hôtel de Rambouillet à Paris. Leur fille, Julie d’Angennes, est la dédicataire de la fameuse Guirlande de Julie. Elle épouse le Charles de Sainte-Maure à qui elle apporte en dot le domaine de Rambouillet. Celui-ci agrandit le domaine par d’importantes acquisitions entre 1670 et 1681 et fait redessiner les jardins. Il est possible que le célèbre Jean-Baptiste de La Quintinie y ait créé un verger.

En 1695, à la mort de Marie-Julie de Sainte-Maure, duchesse d’Uzès, fille du duc de Montausier et de Julie d’Angennes, et veuve d’Emmanuel II de Crussol (1637-1692), 5e duc d’Uzès, ses héritiers ne pouvant en assumer les frais, le domaine très hypothéqué est géré par des syndics. L’un d’eux, Joseph Fleuriau d’Armenonville, s’en porte acquéreur en 1699.

Fleuriau d’Armenonville, qui n’avait dépensé que 140 000 livres pour acquérir le domaine, y engloutit plus de 500 000 livres en l’espace de quelques années. Selon la tradition, c’est lui qui fait transformer les jardins à la française en créant une succession de parterres et de plans d’eau, alimentés par les nombreuses sources de ces terrains marécageux. Un canal est creusé dans l’axe de la façade sud-ouest du château et prolongé par un tapis vert. Un autre canal, perpendiculaire, longe les parterres de broderies qui s’étendent au pied du château. Au-delà de ces parterres sont aménagés trois bassins de formes différentes. Le parc est agrémenté de sculptures par Simon Mazière, Pierre Legros et René Frémin.

Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et duc de Penthièvre, fils naturel légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, amiral de France, souhaitant posséder un domaine de chasse non loin de Versailles, jette son dévolu sur Rambouillet. Fleuriau d’Armenonville est contraint de lui céder le domaine en 1706 pour la somme de 500 000 livres.

Le comte de Toulouse va considérablement développer et embellir le domaine. Il procède à d’importantes acquisitions foncières, ajoutant au marquisat de Rambouillet les terres de Saint-Léger-en-Yvelines, Montfort-l’Amaury, Gazeran et une bonne partie du duché d’Épernon. Il porte ainsi le domaine jusqu’à 13 000 hectares. Il fait construire de splendides écuries et de vastes communs, reliés au château par un souterrain. Il fait également réaliser d’importants travaux au château même.

Une première campagne de travaux a lieu de 1706 à 1709 sous la direction de Pierre Cailleteau dit « Lassurance ». Les façades sur cour sont homogénéisées et la cour est fermée par une grille semi-circulaire. L’aile est (aujourd’hui détruite) est dotée d’une façade incurvée sur le jardin et d’un escalier extérieur en fer à cheval. En août 1707, alors que l’essentiel de ces travaux est achevé, le château reçoit la visite du Grand Dauphin, du duc et de la duchesse de Bourgogne, de la princesse de Conti et de nombreux courtisans. Louis XIV lui-même vient deux fois rendre visite à son fils, en compagnie de Madame de Maintenon, la seconde fois en 1714, peu avant sa mort.

Lorsqu’il quitte le conseil de Régence en 1722, le comte de Toulouse se retire à Rambouillet. Il lance de 1730 à 1736 une seconde campagne de travaux sous la direction de l’architecte Claude Desgots et de l’entrepreneur des Bâtiments du roi, Jean-Blaise Legoux, assisté de Jean-Charles Garnier d’Isle, gendre de Desgots, et de Charles-François de l’Epée, architecte du roi et père du fameux abbé de l’Epée. Elle vise à doubler l’aile ouest par la création d’un appartement dit « appartement d’assemblée ». En dépit de l’importance du projet, l’intervention de Desgots est relativement discrète. Il fait déplacer la tourelle d’angle pour ne pas bouleverser l’équilibre du château. La principale originalité est un balcon courant sur la façade le long du nouvel appartement, disposition qui était depuis longtemps passée de mode. Les aménagements intérieurs réalisés à la même époque et pour l’essentiel toujours en place sont en revanche d’un très grand luxe. Un très bel ensemble de boiseries sculptées est réalisé par les ornemanistes Marie Cané, veuve d’Etienne Robillon et Charles Rousseau, sculpteur des Bâtiments du roi.

À la mort du comte de Toulouse en 1737, le domaine passe à son fils unique, Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre. Né à Rambouillet, ce dernier y passe beaucoup de temps et se consacre principalement à l’embellissement des jardins. Il fait développer le réseau de canaux pour constituer un ensemble d’îles et fait aménager 25 hectares du parc à l’anglaise avec fabriques, selon une mode qui commence alors à se répandre en France. La Chaumière aux coquillages, l’ermitage et le Kiosque chinois (voir ci-dessous) datent des années 1770-1780.

Louis XVI qui, comme Louis XV, chasse souvent en forêt des Yvelines mais trouve trop exigu son château de Saint-Hubert, demande à son cousin le duc de Penthièvre de lui céder son château de Rambouillet. La vente est conclue en décembre 1783 pour la somme considérable de 16 millions de livres. Louis XVI envisage tout d’abord de faire reconstruire le château, mais les plans demandés à l’architecte Jean Augustin Renard ne sont pas concluants, compte tenu des contraintes du site, notamment la proximité de la ville et la présence du canal.
En définitive, le roi décide de conserver le château mais fait construire sous la direction de l’architecte Jacques-Jean Thévenin de vastes communs, pouvant accueillir 400 serviteurs, à la place des anciennes écuries, et de nouvelles écuries pour 500 chevaux. Dans la ville, il fait construire l’Hôtel du Gouvernement pour le gouverneur de Rambouillet, Charles Claude Flahaut de La Billarderie, comte d’Angiviller, ainsi que le bailliage, la Vénerie.

Marie-Antoinette déteste le château de Rambouillet dont elle trouve l’allure « gothique » et elle appelle la demeure tant aimée de son mari pour la chasse, « la gothique crapaudière ». Pour tenter de lui faire aimer le domaine, Louis XVI fait réaménager une aile pour des nouveaux appartements au goût du jour et il fait construire dans le plus grand secret une ferme et une magnifique laiterie, inaugurée en juin 1787, et remanier les jardins par Hubert Robert dans le style anglais, pittoresque, qui plaît tant à la reine.

Sous la révolution, à partir de 1793, le château est laissé à l’abandon pour une dizaine d’années. En 1804, sur la demande de Napoléon Ier (1769-1821), l’architecte Auguste Farmin fait de Rambouillet un rendez-vous de chasse et une maison d’habitation. La remise en état est achevée en 1807. Le château de Rambouillet est inscrit sur la liste civile de Napoléon Ier. Il aime Rambouillet pour les possibilités cynégétiques qu’offre le domaine. Il engage des travaux de réaménagement. Une première campagne, sous la direction de l’architecte Guillaume Trepsat, aboutit en 1805 à la démolition de l’aile est. On songe alors à reconstruire entièrement l’édifice, et plusieurs projets sont élaborés en 1809 par l’architecte Auguste Famin, dont aucun n’est finalement retenu. Famin est toutefois chargé de revoir un certain nombre de circulations intérieures ainsi que la décoration de plusieurs appartements. Dans le parc, il sème de nouvelles fabriques et fait planter de nouvelles essences, dont une allée de cyprès chauves de Louisiane, la première de France, qui sera célèbre, et qui malheureusement a été abattue lors de la tempête Lothar, le 26 décembre 1999.

Sur le chemin de l’exil, Napoléon passe à Rambouillet la nuit du 29 au 30 juin 1815. Avec le retour des Bourbons sur le trône, le château est remeublé et des travaux sont exécutés pour effacer les insignes impériaux. Le nouveau gouverneur, Armand-Louis de Serent, entreprend de modifier la façade sud, qui donne sur le jardin, mais le chantier est interrompu après avoir fait réaliser trois baies en plein cintre, ce qui donne aujourd’hui un aspect étrange et peu homogène à cette partie du château. Le duc de Lorges succède à Sérent dans le gouvernement du château (1822-1826).

Charles X aime chasser à Rambouillet. C’est là que, prenant lui aussi la route de l’exil, il abdique en faveur de son petit-fils le duc de Bordeaux le .

Louis-Philippe Ier ne veut pas conserver le château sur sa liste civile et le remet à l’administration des domaines, qui le loue à divers occupants : le baron de Schickler, le comte Duchâtel, un restaurant de luxe, un cercle parisien.

En 1852, il réintègre la liste civile de Napoléon III qui y fait quelques séjours.

Après la chute du Second Empire, l’administration envisage un moment de transformer le château en hôpital, soulevant les protestations indignées d’Adolphe Thiers. Mais dès 1883, les présidents de la République reprennent la tradition des chasses à Rambouillet. Jules Grévy, Sadi Carnot, Jean Casimir-Perier aiment le château. Celui-ci est aménagé en résidence d’été pour Félix Faure en 1895 et devient officiellement résidence présidentielle le 23 février 1896, servant de lieu de villégiature d’été (de mai à octobre) pour tous les présidents jusqu’à René Coty (sa femme Germaine Coty y décédant en 1955) et de lieu principal pour les chasses présidentielles jusqu’à Valéry Giscard d’Estaing.

En 1975, le château de Rambouillet abrite le premier sommet des pays les plus industrialisés, à l’initiative du président Giscard d’Estaing. Outre la France, cinq autres pays sont représentés respectivement par Helmut Schmidt pour l’Allemagne, Gerald Ford pour les États-Unis, Aldo Moro pour l’Italie, Takeo Miki pour le Japon et Harold Wilson pour le Royaume-Uni.

D’autre part, le château accueille régulièrement les chefs d’État étrangers en visite en France, comme Boris Eltsine, Hosni Moubarak ou Nelson Mandela.

En 1999, le château est le lieu de rédaction d’une proposition d’accord de paix entre la Yougoslavie et les Albanais du Kosovo, que la Yougoslavie rejette, ce qui conduit peu après à la guerre du Kosovo.

Louis XVI et le comte d’Angiviller (1783-1792) : les créations de Thévenin

Louis XVI, qui avait semble-t-il décidé d’attendre la fin de la guerre d’indépendance américaine et la signature du traité de Versailles le 3 septembre 1783, acquit officiellement le duché-pairie de Rambouillet le 29 décembre 1783, « à titre particulier et sans aucune union au Domaine de la Couronne », pour la somme totale de seize millions de livres. L’acte passé par-devant le notaire Gaspard Momet à Paris, précise que furent notamment « compris en la présente vente les bateaux que Mr le duc de Penthièvre a fait établir pour les chasses de Sa Majesté, les deux chaloupes et les bateaux qui sont dans les canaux du château et du jardin anglais, et les meubles qui sont dans les pavillons dudit jardin anglais ». Ce mobilier, ainsi que celui contenu dans le château et ses dépendances au temps de Louis XVI, est précisément connu grâce à l’inventaire des meubles du domaine de Rambouillet, le roi nomma Charles-Claude Flahaut de la Billarderie, comte d’Angiviller, gouverneur et administrateur de son nouveau domaine. celui-ci succédait à Jean-Baptiste de Bongard du Cambard, qui en fut le gouverneur de 1777 à 1783. Intime de Louis XVI, avec lequel il correspondait quotidiennement, d’Angiviller exerçait depuis le 24 août 1774, trois mois seulement après l’avènement du nouveau roi, la charge de directeur général des Bâtiments, Arts et Manufactures du roi. A Rambouillet, le nouveau gouverneur supervisera le projet de reconstruction de l’ancien château médiéval, confié à l’architecte Jean-Augustin Renard en 1784 puis abandonné par souci d’économie, ainsi que les travaux destinés à agrémenter le bourg rural de tous les édifices indispensables au prestige de la royauté. Ces chantiers furent confiés à l’architecte ordinaire du domaine de Rambouillet, Jacques-Jean Thévenin, qui y travailla de 1784 jusqu’à la révolution. Cette période d’intense activité architecturale, au cours de laquelle le château et l’aile des Communs firent l’objet de quelques réaménagements, fut notamment marquée par la construction de nouvelles écuries, de l’hôtel de la Vénerie, du bailliage et des prisons, de l’hôtel du Gouvernement (destiné à loger sur place le gouverneur du domaine et son épouse), de la ferme expérimentale (dont le plan fut « approuvé » par d’Angiviller le 21 mars 1785), de la ménagerie et de la laiterie de la reine. Cet édifice, élevé dans le but d’attirer Marie-Antoinette à Rambouillet (domaine qu’elle n’appréciait guère), fut conçu à la manière d’un temple antique par Hubert Robert à partir de 1785. Renfermant une grotte artificielle servant d’écrin à une statue en marbre d’Amalthée, la laiterie de la reine apparaissait comme une nouvelle fabrique, agrémentée d’un jardin anglais planté d’arbres exotiques.

Élevée au coeur d’un enclos à la pointe occidentale des canaux, cette fabrique à l’antique faisait écho à celles, rustiques et exotiques, qui furent édifiées dans le jardin anglo-chinois quelques années auparavant. Le peintre Hubert Robert, qui avait reçu le brevet de « dessinateur des Jardins du Roi » en 1784, travailla aux jardins de Rambouillet jusqu’en 1789. En effet, une lettre datée du 20 novembre 1784 indique que, dans ce domaine, « il y a une très-belle pièce d’eau régulière, que Sa Majesté veut conserver ; mais elle a projeté de former au tour un certain nombre de petits cabinets de verdure, tous variés, dont chacun doit être composé d’arbres fruitiers de la même espèce. J’en ai vu le plan dressé & levé par Sa Majesté très promptement ; elle l’a confié pour l’exécution à M. Robert, le peintre, qui vient d’être nommé dessinateur des jardins du roi. Cette place qu’avoit eu le fameux le Nôtre, avoit été supprimée depuis sa mort ». Quatre ans plus tard, « M. Robert, Dessinateur des jardins du Roi, n’a pu encore exécuter en grand le projet qu’il a conçu & que Sa Majesté a approuvé pour leur embellissement. Un jardin anglois, commencé par M. le Duc de Penthièvre, exige de nouvelles dispositions & un plan d’une plus vaste étendue. L’habile Artiste, chargé de ces immenses détails a déjà fait planter un verger très-considérable ; des routes d’arbres fruitiers de différentes & des meilleures espèces ; quelques massifs d’arbustes à fleurs & à fruits sur de grandes parties de gazon, des fleurs qui se mêlent à ces plantations, point de lignes droites dans les chemins, dont la sinuosité est très-simple, voilà ce qui compose ce charmant verger. Dans le jardin régulier les changements commencent à être sensibles ; on y trouve de grandes parties circulaires nouvellement plantées en acacias, d’autres alignées sur des canaux, & quelques-unes détruites pour découvrir des vues extérieures ; ce qui laisse entrevoir le grand & intéressant projet de M. Robert ». En faisant appel à Hubert Robert pour embellir ses jardins, Louis XVI contribua, à la suite du duc de Penthièvre, à faire de Rambouillet un domaine à la mode dans les dernières années de l’Ancien Régime.

Parc et jardins

Le parc à la française fut conçu par Fleuriau d’Armenonville en 1700. Il comprenait terrasses, parterres et alignements de tilleuls. À partir du grand canal qui traverse le domaine, le comte de Toulouse fit creuser un réseau de canaux secondaires dessinant des chapelets d’îles géométriques jadis peuplées de statues et devenues aujourd’hui des refuges pour la faune sauvage.

En 1779, le duc de Penthièvre créa un jardin pittoresque et magique orné de fabriques, une grotte surmontée d’un kiosque chinois, un ermitage, des canaux se croisant et formant six îles. Ne résistant pas à la mode, le Duc créa un jardin anglais où il fit construire la fameuse chaumière aux coquillages.

Un petit temple néo-classique à savoir la Laiterie de la reine fut réalisée afin de divertir la reine Marie-Antoinette lors de ses séjours à Rambouillet.

Histoire et description

La Bergerie nationale est depuis 1926 une école de bergers puis, en 1939, le siège de l’École nationale d’élevage ovin. Elle est située dans le parc du château de Rambouillet.

Durant la bataille de France de 1940, le directeur met à l’abri le troupeau comptant des espèces très rares de moutons dont il ne reste que quelques spécimens (mérinos, noirs, frisés, béliers de divers races et à cornes particulières). En accord avec son personnel, il prend la décision de partir ; ils marcheront hors des routes dans les champs pour éviter des attaques aériennes et le pillage. Ils passent les ponts de la Loire et arrivent dans les Pyrénées ou le troupeau est réparti chez des fermiers pour éviter les réquisitions le temps de l’Occupation.

Elle comprend également une ferme expérimentale assurant le rôle d’un conservatoire génétique pour le Mérinos de Rambouillet, un ovin dont elle maintient l’unique troupeau existant en France. Elle comporte également un troupeau de moutons Romane, issus d’un croisement entre les races Romanov et Berrichon du Cher, et destinés à la production de viande.

De plus, elle comporte un troupeau de 55 vaches laitières, des chevaux de trait, une basse-cour pédagogique, des chèvres. Un circuit de visite permet d’approcher tous ces animaux et des manifestations sont organisées tout au long de l’année. Elle accueille et éduque à l’environnement agricole 100 000 visiteurs par an dont 30 000 scolaires qui viennent suivre des thématiques sur le lait, la laine, l’œuf, l’eau, le jardin, les cinq sens, etc.

Enseignement et formation

La Bergerie nationale est également un pôle de formation. Celui-ci est composé de plusieurs centres :

  • Le centre de formation d’apprentis (CFA) propose des formations par la voie de l’apprentissage ; il forme aux métiers du cheval, de l’agriculture, de la santé animale et de l’agro-alimentaire sur :
    • Métiers du cheval : travaux de la production animale, orientation activités équestres (BPA) ; conduite et gestion des entreprises hippiques (Bac pro CGEH) ; éducation et travail des jeunes équidés (certificat de spécialisation) ;
    • Agroalimentaire : sciences et technologies des aliments (BTSA STA) ; conception et production dans les industries agroalimentaires (licence professionnelle) ;
    • Agriculture : analyse et conduite des systèmes d’exploitation (BTSA ASCE) ;
    • Santé animale : auxiliaires spécialisés vétérinaire (ASV) ; certificat de qualification professionnelle (AVQ).
  • Le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) assure les missions de formation professionnelle continue sur :
    • les métiers du cheval : CAPA soigneurs d’équidés ; Formation pré-qualifiante : aide soigneur d’équidés ; BPJEPS équitation spécialité équestre, mention équitation ; BPJEPS équitation cavaliers professionnels ; BPJEPS équitation, équitation modulaire ; DE JEPS équitation, spécialité perfectionnement sportifs mention « dressage », CSO, CCE.
    • le certificat d’aptitude professionnelle pour le transport d’animaux vivants (CAPTAV).

Le CFA et le CFPPA sont des établissements publics dépendant du ministère de l’Agriculture.

C’est l’arche de rocaille, formant en son soubassement une grotte, sur laquelle était implanté le pavillon chinois, disparu comme la plupart de ces fragiles constructions de bois appelées fabriques. On voit que la rivière anglaise en débouche. Une anecdote parle de cette fabrique, cette rocaille fut appelée « grotte des amants » à la fin du XIXe siècle, à la suite, paraît-il, de la mort d’un couple de jeunes promeneurs qui s’y seraient réfugiés pendant un orage, et y auraient trouvé la mort à cause de la foudre.

Réalisé sur une hauteur escarpée du parc dite « du Coudray », l’Ermitage correspond également à un exercice quasi obligé dans les parcs à l’anglaise de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il date, comme la chaumière aux coquillages, de la campagne de travaux effectuée vers 1770-1780 par Claude-Martin Goupy pour le duc de Penthièvre. Beaucoup plus vaste que la plupart des ermitages contemporains, il comprend plusieurs pièces dont une chapelle. Endommagé par un incendie en 1977, il est en cours de restauration (2005).

L’art des perspectives

L’aménagement des jardins pour Fleuriau d’Armenonville (1700-1705).

Joseph Jean-Baptiste Fleuriau d’Armenonville (1660-1728), financier, est tour à tour grand commis, intendant des Finances de 1690 à 1701, directeur général des Finances et garde des Sceaux. Il acquiert le domaine pour la somme modique de 140 000 livres et consacre 500 000 livres pour son embellissement en seulement cinq années ! Bien que les descriptions de la fin du siècle précédent mentionnent déjà la présence d’un canal, c’est à lui que la tradition attribue la volonté de magnifier les jardins et d’inscrire l’édifice dans une composition à la française. Une carte de la forêt levée en 1708 nous donne l’état du parc après ces travaux. Le regard est conduit sur de vastes perspectives par la mise en place de parterres et de plans d’eau utilisant les nombreuses sources de la prairie marécageuse. Un large canal est creusé dans l’axe de la façade sud-ouest du château et prolongé par un lointain tapis vert. Un autre canal, perpendiculaire au premier, borde les plates-bandes devant le château. A gauche, après le parterre de broderies, trois bassins aux formes variées se succèdent. Des sculptures dues à Simon Mazière, Pierre Legros et René Frémin sont disposées dans le parc.

En 1701, le marquisat est dit « être situé dans l’un des plus fertiles pays du royaume » et posséder un « beau parc et lieu de plaisance où il y a plusieurs pièces d’eau, canaux, étangs, terrasses, parterres, jardin potager et fruitier ».

La laiterie de la Reine

La laiterie de la Reine fut construite en 1785 à la demande de Louis XVI pour Marie-Antoinette, qui espérait, en lui offrant cet édifice, faire aimer Rambouillet à la reine en lui rappelant le Petit Trianon de Versailles. Cette laiterie fut édifiée dans le plus grand secret pour ne pas alerter sur le manque d’argent, qui était déjà important en 1785. Plus tard, la laiterie fut réaménagée et utilisée par Napoléon.

Édifiée par l’architecte Jacques-Jean Thévenin, c’est l’une des plus importantes fabriques de jardin du XVIIIe siècle. La laiterie comprend une salle en rotonde qui est éclairée par une lumière zénithale venant de la coupole du plafond. Une table ronde est placée au milieu de celle-ci sous Napoléon 1er. Après cette pièce, on accède à la pièce la plus importante. En forme de galerie, celle-ci ouvre sur une grotte abritant une statue de la nymphe Amalthée avec une chèvre due à Pierre Julien en (1787). La pièce est ornée de plusieurs médaillons et de deux bas-reliefs. Cette fabrique était destinée à la dégustation des laitages préparés dans les dépendances qui se trouvent juste à côté de celle-ci. À l’aube de la révolution Française, la laiterie reflète l’idéal du retour à la nature prôné par le siècle des Lumières.

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La chaumière aux coquillages

La chaumière aux coquillages fut édifiée vers 1770-1780 pour la princesse de Lamballe, belle-fille du duc de Penthièvre, soit par Martin II Goupy, architecte de ce prince, soit par Jean-Baptiste Paindebled. Cet ermitage au milieu d’un jardin à l’anglaise est significatif de l’engouement pour le pittoresque campagnard qui se développe à partir de 1760 et dont atteste également le hameau de la Reine à Versailles (construit entre 1783 et 1787). D’extérieur, cette construction ressemble à une chaumière et elle est de nouveau, comme à l’origine, couverte en chaume, mais l’intérieur est très richement décorée (marbre, coquillages, nacre) ; c’est le but d’une fabrique : étonner le visiteur. La chaumière est constituée de deux pièces. Une vaste salle, décorée à l’aide de coquillages, etc. Une salle plus petite se cache derrière deux portes dérobées de chaque côté de la cheminée. Cette pièce est quant à elle décorée de peintures murales et d’un miroir. Des automates, grandes ingéniosités du XVIIIe siècle, se trouvaient dans la plus petite des pièces. Ils ont été dérobés.

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Architecture

Le château se compose d’un corps de logis principal, d’une aile unique en meulière, et d’une tour médiévale crénelée, appelée « tour François Ier », en raison du roi qui serait mort dans la chambre haute de cette tour en 1547. Le portail d’entrée de la cour d’honneur est situé dans l’axe du bâtiment principal, entre la tour et un petit pavillon faisant office de loge.

L’entrée principale du château, surmontée d’un fronton néoclassique, conduit à un escalier d’honneur de style Renaissance française, couvert de voûtes d’arêtes et voûtes cintrées construites en brique. L’escalier mène à la salle des Marbres construite au XVIe siècle : ancienne salle des gardes, les murs et les sols sont ornés de plaques de marbre (marbre blanc des Pyrénées, bleu turquin et rouge du Languedoc) de formes géométriques.

À l’entresol, la salle à manger recouverte de boiseries et décorée de mobilier de style Empire, date du début du XIXe siècle. La pièce contiguë est la salle de bains de Napoléon Ier décorée par Godard en 1809 en style pompéien : elle abrite une baignoire en cuivre étamé dans une alcôve et reçoit un décor néoclassique (médaillons du peintre Vasserot, Renommées, frise de triglyphes et métopes au-dessus de la corniche, cornes d’abondance, animaux mythologiques).

À l’étage, subsiste une série de pièces en enfilade : boudoir dit de Marie-Antoinette, orné de boiseries peintes de style rocaille et d’une frise en stuc le long de la corniche, à l’iconographie très riche ; Grand Salon avec un mobilier constitué de fauteuils en damas jaune et de boiseries décorées à l’esprit naturaliste (faucille et épis de blé, fusil et cor de chasse, luth, violon, partitions, corbeille de fruits) ; Salle du Conseil orné de tapisserie de la manufacture des Gobelins sur fond rose à décor floral et d’un mobilier offrant des scènes d’amour, les fauteuils Louis XV tendus de tapisseries de Beauvais représentant sur leurs assises les fables de La Fontaine ; salon du méridien (ancienne salle à manger de l’appartement d’Assemblée), équipé dans une niche d’un poêle de faïence vernissée blanche, installé sous la présidence de René Coty ; oratoire surmonté d’une coupole à caissons peints en trompe-l’œil, entouré de pilastres ornés d’encensoirs, de tiares pontificales, de mitres d’évêques et de médaillons, et doté d’un mobilier varié ; antichambre de l’Assemblée, de style rocaille (boiseries de François Antoine Vassé et Jacques Verberckt), équipée d’une cheminée et de deux portes dérobées. Au deuxième palier se situe la suite allouée au chef d’État étranger (salon, bureau et chambre).

Enfin la grande salle à manger, ancienne chambre des rois dans laquelle Charles X signa son abdication en 1830, est orné de tapisseries de la manufacture des Gobelins.

Ouvrages de référence

Informations utiles

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Tel: 01 34 83 00 25

78120 Rambouillet

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