Le château en 3D ?

L’histoire du Château de BENAUGES remonte au XIe siècle. Le premier seigneur qui nous soit connu est Guillaume Amanieu de Benauges, qui  est l’arrière petit-fils de Sanche IV Garcia duc de Gascogne.

Le château est implanté sur une colline isolée aux pentes assez abruptes, sa position dominante le rend facilement défendable et explique le positionnement de ses seigneurs, au sommet de la hiérarchie féodale.

Le Duché d’Aquitaine devient anglais et au XIIe siècle le Vicomté de Benauges passe dans la famille de Gavarret-Bouville. Bernard de Gavarret s’étant révolté contre le roi d’Angleterre, Henri III Plantagenet, assiège Benauges en 1253. Après plus d’un mois de siège  et sa capitulation, Benauge entre dans les domaines royaux.

En 1266 Benauges est donné, pour services rendus, à Jean de Grailly. Celui-ci fait reconstruire et compléter le système de défense du château, avec aplanissement des fossés du coté Est et création d’une première enceinte et d’une nouvelle basse cour.

C’est à la fin du XIIIe siècle, qu’un oratoire est édifié à l’extérieur de la courtine Nord, dans le prolongement de la grande salle du corps de logis occidental.

Au début du XIVe siècle, Jean III de Grailly, connu sous le nom de Captal de Buch, est un personnage hors du commun, il représente la noblesse de Guyenne à Londres, fait campagne avec le Prince Noir, et organise la manœuvre qui permet la capture du roi de France, Jean le Bon à Poitiers.

Après la victoire de Castillon en 1453, Benauges résiste encore, deux mois avant de se rendre.

En 1462 Louis XI fait promettre obéissance à Jean IV de Foix-Grally, son fils Gaston de Foix-Candale sera grand Sénéchal de Guyenne.

Le château connait des évolutions notables, la fonction forteresse faiblissant, la fonction résidentielle se développe avec recherche de confort et raffinement.

En 1587, Marguerite de Foix-Candale épouse Jean- Louis Nogaret de La Valette, duc d’Epernon, personnage de premier plan, favori du roi de France Henri III, il sera Gouverneur de Provence, et lieutenant-général d’infanterie sous Henri IV.

Les épais murs sont percés de larges baies, la majeure partie du crénelage est remplacée par des garde-corps à balustres, dans la cour Est, une partie du bâtiment est élevée de 2 étages.

Mais le Duc d’Epernon ayant fait construire à Cadillac un somptueux édifice, Benauge est délaissé et tombe peu à peu en ruines.

En 1700, le comté de Benauge (réduit à 19 paroisses au lieu de 43) est racheté par Etienne de Gombaud, conseiller au Parlement de Bordeaux.

Il restaure  le corps de logis Ouest  du château et fait ajouter 2 étages sur la totalité des bâtiments de la cour vers l’Est.

Sa fille Jaquette épouse Charles-François de Wavrans, marquis de Boursin.

Elle finit les aménagements de son père et administre ses domaines avec une poigne de fer qui lui vaut le surnom, qu’elle a encore dans le pays, de «méchante comtesse».

La  tourmente révolutionnaire sera fatale  à la vielle forteresse de Benauges, le 9 Juin 1793, le Conseil de la Municipalité d’Arbis a délibéré à l’unanimité que «le ci-devant château serait propre pour une maison d’éducation, par sa position et par l’immensité de son logement, mais que par sa force provenant de sa situation, que de ses remparts, souterrains, il fait beaucoup d’ombrage aux habitants du pays dont le vœu général est pour la démolition».

La partie château du moyen âge sera vendue à un démolisseur qui l’exploitera pendant plus de 20 ans. L’intérieur du château fut démonté et vendu, mais les enceintes fortifiées du XIIIe siècle restèrent en place.

La partie neuve du château, avec ses étages construits au XVIIe et au début du XVIIIe siècles, fut séparée et vendue comme bien national et les terres formèrent 6 lots.

Au XIXe siècle le château change de propriétaire tous les 10 ans. Vers 1860 certains lots sont réunis par le propriétaire M. Pourman, négociant bordelais.

Depuis un siècle Benauge appartient à la famille Journu qui est implantée à Bordeaux depuis plus de trois siècles. Les propriétaires actuels, Philippe et Véronique Journu ont racheté la part d’une de leurs tantes en 1978, et ont entrepris de sauver Benauge de la ruine complète .

Depuis 1993, ils sont épaulés par l’ «Association  des Amis du Château de Benauge» qui se charge des visites, des manifestations culturelles et qui participe financièrement, mais aussi physiquement aux travaux de sauvegarde des ruines du château, en prenant, tout particulièrement en charge, ceux qui assurent la sécurité et la mise en valeur du site pour les visiteurs.

Le Château de Benauge a été inscrit à I’ Inventaire des Monuments Historiques en 1995, une étude architecturale y a été faite en 1999, pour définir les priorités des travaux pour la conservation du monument, car les parties démantelées après la révolution étaient envahies par le lierre et les murs s’effondraient.

Depuis 1997, chaque année une campagne de travaux est réalisée par les entreprises spécialisées. Les services de la DRAC et les architectes  des Bâtiments de France participent avec constance à ces programmes et à leur financement.

Les travaux pris en charge par  l’Association reçoivent aussi l’aide régulière du Conseil Départemental de Gironde.

Grâce à cette concentration de bonnes volontés pour sauver ce monument en péril, ce sont, en 20 ans, plus de 900 000 €uros de travaux qui ont été réalisés par les entreprises spécialisées, auxquels s’ajoutent ceux réalisés, chaque année, par des membres de l’association lors des chantiers d’été.

Description

La partie dite habitable, ne se visite pas car elle est plus récente et ayant été pillée à la révolution , toutes les cheminées ont été enlevées, elles n’ont été remplacées qu’après 1913 et tous les décors ont été refaits à cette époque.

Le château de Benauge est construit sur une colline naturelle de grave de 122 mètres d’altitude ( un des points culminants de la Gironde), il domine la région à laquelle il a donné son nom «la Benauge». Ce lieu facile à défendre et possédant de l’eau à faible profondeur a été aménagé en forteresse au XIe siècle, il était alors en bois et n’a été construit en pierres qu’à partir du XIIe siècle et surtout au XIIIe.

L’ensemble de son système défensif occupe une surface de près de 2 hectares et une tour complémentaire de défense et d’observation se trouvait au lieu dit Domingue à 400 mètres à l’Est, elle permettait de voir un compartiment de terrain, non visible du château, auquel elle était reliée par un souterrain.

Le château est situé sur la commune d’Arbis, qui se trouve dans la vallée à 2 km,

Il existe encore , à Arbis, l’ancienne prison, le début d’un souterrain en direction du château y a été découvert sur 50 mètres, mais la distance de 2km entre le village et le château est  bien grande pour que le souterrain ait été enterré sur toute cette longueur.

La 2ème enceinte du château forme un ovale  allongé, Est- Ouest, elle comprend 5 tours cylindriques et il y avait en plus, sur la face Sud, un donjon hexagonal ( mais il a été rasé au niveau du premier étage,).

La garnison nécessaire pour défendre ce site est estimée à 200 hommes, mais elle n’y était rassemblée qu’en cas de danger annoncé et l’effectif permanent ne devait être que d’une vingtaine de gardes.

La basse cour ou première enceinte

Elle a été créée, dans la 2ème partie du XIIIe siècle, par Jean de Grailly, auquel le Vicomté de Benauges  fut donné par Henry III Plantagenet  qui avait assiégé et pris Benauge au bout d’un mois et demi en 1253.

A partir de 1265, Jean de Grailly fit d’importants travaux pour reconstruire et agrandir le château qui avait souffert de ce long siège.

Pour créer cette Basse Cour, le vallum a été enlevé et le sol nivelé au niveau du fond du fossé.

Le porche d’entrée

C’est une tour carrée qui comprenait deux étages au dessus du couloir d’entrée, mais la partie supérieure qui devait posséder des créneaux, a été démontée. Le passage inférieur est voûté en berceau brisé, on peut y voir les marques des tailleurs de pierres qui la réalisèrent.

L’ouverture sur l’extérieur n’était pas pourvue de herse ni d’assommoir, certains pensent qu’il devait y avoir un pont levis à cette entrée, mais les traces n’en sont pas visibles dans la maçonnerie. Les faces extérieures de la tour sont percées de 3 archères à croix pattée. La façade intérieure a été murée dans sa partie centrale, elle devait, à l’origine, être « ouverte à la gorge » pour éviter qu’un ennemi qui aurait pris cette tour y soit protégé et pour permettre d’agir avec tous les moyens efficaces sur un ennemi qui aurait réussi à pénétrer dans le couloir par la porte. Ce système de défense à l’arrière des tours est assez répandu dans les châteaux construits à l’époque de la domination des Plantagenet, la tour Est du Château a eu ce même type d’ouverture à l’arrière, car elle était isolée du reste du château..

La première enceinte

  • Coté Est en direction de la face Sud, le mur (d’environ 1,20 mètre de large et 4 à 6 mètres de haut sur l’extérieur), les traces de trois archères en croix ébrasée y sont visibles à proximité du porche d’entrée ; Ce rempart devait avoir environ 1,30m de hauteur en plus, sur la droite, il rejoint une petite tour, qui par la suite a été transformée, dans sa partie haute, en pigeonnier, mais dont la structure semble antérieure au XIIIe siècle.  Au lieu d’être simplement ronde à l’intérieur, les murs forment 2 lobes excentrés, ce qui permet d’avoir sur l’extérieur un mur épais, là où se trouvent des archères droites et un mur moins épais vers l’intérieur de la cour. Léo Drouyn pense que l’entrée primitive du château, avant la création de cette  enceinte, se trouvait à coté de cette tour.
  • Coté Nord le rempart est caché par le bâtiment à toiture en tuiles plates qui a dû y être adossé très tôt, car on y trouve des marques de tacherons sur les piliers octogonaux de la construction initiale, trois archères en croix y sont visibles dans les salles du rez de chaussée.

Juste après ce bâtiment se trouvait une petite tour de défense, maintenant rasée, mais qui est représentée sur le dessin du château en 1700.

Un rempart crénelé continuait cette façade Nord jusqu’au niveau du fond de la terrasse (aménagée en jardin à la Française au XVIIe siècle ), où il remontait perpendiculairement à la pente pour rejoindre la muraille du château en fermant l’extrémité du vallum.

La façade Est

L’élément principal de sa défense est la grosse tour, de 10 mètres de diamètre, elle est cylindrique à l’extérieur mais plate sur sa face à l’intérieur, coté cour où elle était ouverte à la gorge.

Elle possédait 3 niveaux de défense, avec chacun 3 archères droites, chacune ayant un angle de tir différent. Un 4ème niveau de défense se trouvait au sommet de cette tour qui ne possédait pas de toit pointu (cette toiture a été complètement rénovée en 2010), le haut du mur était garni de créneaux et des hourds en bois débordaient sur le haut de la tour pour permettre d’en défendre le pied. Ce dispositif existait aussi dans les autres grosses tours du château.

Cette tour n’a pas de voûte même au rez-de-chaussée, elle a sans doute conservé son état d’origine et ses archères droites, car elle n’a pas du être dégradée lors du siège de 1253.

Vers le Sud, le rempart est percé de 5 archères droites, il rejoint la porte d’entrée de la cour intérieure, à l’origine il devait être équipé de créneaux qui ont été remplacés au XVIIe siècle par une balustrade moins austère.

A l’Est puis sur la façade nord ce mur possédait, aussi, des archères droites, dont les fentes sont visibles, des fenêtres y ont été percées ensuite, lors de la construction de la partie « neuve » du château, qui y est adossée.

Cette partie neuve a été réalisée en deux étapes :

  • d’abord les deux grandes pièces, contre la tour carrée, elles ont de grandes ouvertures du XVIIe et servent actuellement, au premier étage, de salon et de salle à manger.
  • puis le reste de la construction a été réalisé au tout début du XVIIIe siècle, un état des lieux fait en 1721  les décrit alors qu’en 1700 il n’y avait que le rez de chaussée.

Sur le haut de ce rempart, des créneaux ont été reconstruits au début du XXe siècle, pour remplacer les balustrades qui n’existaient plus dans cette partie.

Esplanade jardin du Nord

La belle vue vers le Nord ouvre sur le pays de «La Benauge», on parle maintenant de l’Entre-deux-Mers, mais au moyen-âge on quittait Bordeaux, en prenant la route de La Benauge, qui passait par Créon puis La Sauve, dont l’abbaye avait été créée au XIe siècle, sur des terres données par Guillaume Amanieu de Benauge.

La terrasse a été réalisée (à la fin du XIIIe siècle) en comblant le fossé de défense qui s’étendait à cet emplacement.

Elle a du servir au XIVe siècle pour les jeux guerriers, elle a juste la longueur pour permettre à des chevaliers de s’affronter au galop.

Elle était aménagée au XVIIe siècle en jardin à la Française et au XVIIIe, il devait y avoir des orangers en pots ou des arbustes exotiques, puisqu’une orangerie avait été construite sur le haut du vallum, à la sortie de cette terrasse.

La terrasse était entourée par un rempart crénelé qui était accessible par une porte de la tour Nord (cette tour dont le haut est écroulé était déjà dans cet état en 1850 quand Léo Drouyn la dessinait).

La tour carrée

Ce bâtiment important en pierres doit dater du début du13ème siècle, où il était le logement principal (le donjon).

La tour carrée a été transformée au cours des siècles et à la fin du XIIIe siècle Jean de Grailly y fit réaliser des voûtes sur deux niveaux et de nouvelles ouvertures.

Les fenêtres rectangulaires actuelles sont du XVIIe siècle, et dans celle de gauche, en haut, on aperçoit les restes des meneaux de l’ouverture précédente. Dans ce bâtiment, il ne reste plus que la moitié de la voûte supérieure, elle a pu être restaurée, les étaiements et la ceinture ont pu être retirés. L’autre moitié de voûte s’est écroulée vers 1803, les pierres en ont été vendues, il ne reste que la clef de voûte.

La tour carrée a été une étape importante pour la conservation  du château, en 10 ans, les murs ont été consolidés et la baie écroulée reconstruite, la terrasse supérieure a été complétée et  consolidée, la balustrade supérieure a été refaite sur la façade Nord, une toiture a été posée sur l’ensemble, puis la partie de voûte existante à été en partie démontée et tout a été remonté. C’est un bâtiment qui serait écroulé, si depuis plus de 30 ans on ne s’en était pas occupé ( en 1975 le premier travail de conservation des ruines du château a été de couper 3 pins parasols qui poussaient sur l’arc central de cette voûte et d’en réparer la toiture).

Dans le bas de la façade de la tour carrée, on voit comme 2 contreforts, en réalité ce sont des latrines, dont le bas a été entouré maçonnerie par souci d’hygiène ou de confort.

Vallum

Ce vallum est la trace du système de défense initial du château, il faisait le tour complet de la butte. Les fossés n’ont jamais eu d’eau (en un millénaire ils ont du perdre au moins 2 mètres de profondeur) et le haut du vallum devait être équipé de défenses en bois. Les 3 pentes successives que devaient franchir les assaillants rendaient l’approche difficile aux machines de tir et aux équipes chargées de longues échelles pour monter sur les murs. A l’entrée du vallum on remarque les traces des fondations de l’orangerie qui y avait été construite au XVIIIe siècle.

La chapelle

Elle a été construite vers la fin du XIIIe siècle, à l’extérieur des remparts, sur des arcs qui au départ étaient ouverts. Cette petite chapelle était en étage et à l’intérieur ouvrait sur la grande salle du château.

Il y a 30 ans son état était aussi grave que celui de la tour carrée, pour la conserver, le haut des murs a été reconstruit, un toit y a été remis et les arcs ont ensuite été réparés, cela a permis d’attendre et de s’occuper de la tour carrée.

En 2011, il a été possible de reprendre ce chantier, l’association des Amis de Benauge a reçu un concours important de la « Sauvegarde de l’Art Français » (20 000 €) et des Américains « French Heritage Society de Boston » (10 000$). La voûte a été reconstruite, les murs ont été consolidés et les baies des façades Nord et Est qui étaient murées et en très mauvais état ont été restaurées.

En 2012, le mur et la baie Ouest ont été, à leur tour, restaurés. Les baies sont fermées par des vitraux en losange inspirés de ce qui existe, de la même époque, à la cathédrale de Bordeaux. A gauche de la chapelle, des arrières cuisines avaient été aménagées au XVIIIe et sur sa droite il existait un passage protégé, permettant une sortie des défenseurs sur le haut des fossés.

Tours de la façade Ouest

La tour de l’angle Nord-Ouest : elle a conservé sa hauteur d’origine et on y voit apparaître dans le haut les créneaux qui avaient été comblés quand cette tour a été coiffée d’un toit pointu vers le XVIe siècle. On voit dans la maçonnerie, sous les créneaux, les traces du passage des poutres supportant les hourds extérieurs de cette tour.

Les archères sont en croix, pour permettre le tir des arbalètes, il en est de même pour les autres tours de cette façade. Cela permet de penser que cette partie du château, endommagée par le siège de 1253, a été reconstruite, à la fin du XIIIe, sur les fondations des anciennes tours qui y apparaissent à la base.

Entre les tours

Les deux grandes fenêtres doivent avoir été percées au XVIIe afin d’éclairer la grande salle du château au 1er étage.

Dans l’angle gauche on voit l’existence d’une ancienne latrine. Dans le bas, au centre du mur droit, on voit la trace d’une archère droite, ce qui permet de penser que ce mur est antérieur aux tours et n’avait pas été détruit lors du siège de 1253.

L’entrée principale du Château

Elle se trouvait entre 2 tours qui constituaient un châtelet de défense.

On accédait à cette porte par un chemin qui longeait le rempart sur toute la face Sud, ce qui permettait d’en défendre l’accès. Ce chemin s’appuyait, à l’extérieur sur un mur, et se terminait par un virage, assez étroit, au niveau du changement de diamètre à la base des tours, l’entrée avait été aménagée en oblique par rapport à la façade, la porte intérieure ne faisait que 2 mètres de large, elle n’était pas utilisable par une voiture.

Il n’y a pas de trace de pont levis à cet endroit, et la largeur du fossé est trop grande (23 mètres). La rampe d’accès qui vient du bois a du être réalisée quand cette entrée du château  a été abandonnée. On pensait que cette porte avait été murée après la révolution, quand le château a servi de carrière de pierres, mais l’étude de la maçonnerie à l’intérieur de la porte, permet de penser qu’elle aurait été condamnée  bien avant la révolution, après le second siège par Charles VII en 1453, où cette porte et la tour auraient été endommagées par des tirs d’artillerie. On aurait alors créé, au Sud, une nouvelle porte permettant un accès direct dans la cour.

Une partie du mur soutenant le chemin sous les remparts de la façade Sud s’étant effondrée, il est nécessaire de revenir en arrière sur le haut du vallum pour faire le tour et accéder à la cour intérieure du château.

L’entrée de la cour

Cette porte est pourvue de passages de herse et d’assommoir, il n’y a pas de trace de la tour qui en aurait permis la manœuvre et d’en assurer une défense efficace, cette porte a du être percée à la fin du moyen-âge, à une époque où le niveau de défense était moins important.

D’autre part le niveau du sol de la cour intérieure semble avoir été rabaissé (de près d’ 1,5 m ) pour le faire correspondre à celui de l’extérieur.

La cour intérieure

C’était là que venaient se réfugier les gens du pays, en cas d’invasion armée (mission importante à l’origine du château). Il n’y a pas de village au pied du château, mais plusieurs petits villages à proximité.

A l’est on voit la façade plate de la tour qui, à l’origine devait être en partie ouverte à la gorge sur ce côté interne. Il n’y avait pas d’escalier, car la défense s’effectuait en étage en se déplaçant sur les remparts, et que l’on tirait les échelles quand l’ennemi était trop proche.

Sur la face intérieure du rempart 5 archères sont encore visibles. Une balustrade décorative en pierre a été installée au XVIIe pour y remplacer les créneaux sur le haut de la courtine.

Dans cette cour il y a près de 100 boulets qui viennent du siège de 1453 où Henri III en avait fait tailler 300.

Au centre de la cour se trouve le puits dont l’eau n’est qu’a 14 mètres de profondeur, ce qui est exceptionnel sur une colline aussi haute et qui était indispensable pour un château risquant d’être assiégé longuement.

Le rez-de-chaussée du bâtiment construit contre le rempart Nord est constitué de pièces voûtées qui devaient servir d’écuries et d’entrepôts, une pièce contient un four à pain dont la sole mesure 3 mètres de diamètre, ce qui montre bien qu’il servait à nourrir une population importante de réfugiés.

Le donjon, qui était le denier refuge en cas d’attaque, était une tour pentagonale adossée à la façade Sud, à l’intérieur des remparts. Elle devait être plus haute que la tour carrée, mais il n’en reste que l’étage inférieur, car Richelieu en aurait ordonné la destruction pour abattre l’orgueil du Duc d’Epernon, avec lequel il ne s’entendait pas.

La partie basse du donjon a des murs de 2,90 mètres d’épaisseur, une voûte hexagonale a du y être réalisée après sa démolition afin de soutenir une terrasse. On aurait pu penser que le souterrain partait du bas de ce dernier refuge, mais il n’y en a aucune trace. Par contre quand en 2019 on a fait rénover le sol de la terrasse on a découvert un passage de 70x80cm qui descends dans l’épaisseur du mur, on a pu y descendre sur 4 mètres, on se trouve alors au niveau du plafond d’une petite pièce qui est remplie de gravats venant du rasage du donjon.

Si c’était l’entrée du souterrain, cela permettait de s’échapper de ce dernier refuge même si l’ennemi avait déjà envahi les cours intérieures du château.

Entre la cour intérieure et la partie château proprement dite, il y avaitun rempart et un fossé, cela démontre une certaine méfiance vis à vis des gens qui venaient se réfugier dans cette cour ou bien ce serait la trace de la limite du château initial, nous n’avons pas d’information sur ce sujet.

Ce fossé  a été  conservé longtemps comme entrée de service, on voit le haut d’un arc qui enjambait ce fossé quand les premières constructions y ont été faites au rez-de-chaussée contre le rempart Nord..

Il existait, au XIIIe siècle, une petite entrée directe dans la cour intérieure, par une poterne dans le fond de ce fossé. C’est par cette entrée que les gens du pays devaient entrer dans la cour pour venir s’y réfugier, ils ne passaient pas par le château. Ce fossé a été comblé lors de la démolition du donjon. Il y avait une petite porte de communication entre la cour et le château, elle était au fond du fossé et débouchait dans la cave de la Tour carrée.

La partie Château

C’est une autre cour intérieure dans laquelle nous entrons. Il devait exister un 2ème puits  dans le Château lui-même, les sourciers ont permis de préciser l’endroit où il devait être. On voit la partie arrière du donjon pentagonal T et des archères dans le mur d’enceinte Sud. La partie S de ce mur, près de l’ancien châtelet, était incorporée dans le bâtiment de l’Ouest du château, on y trouve 2 éviers anciens au rez-de-chaussée et à l’étage. Lors de la visite d’un groupe d’archéologues éminents, ils ont dit que cette partie de mur était la partie en pierres la plus ancienne du château et qu’elle était du XIIe siècle. 

Le châtelet d’entrée

La démolition du château a été votée, à l’unanimité par le district de Cadillac en 1794. On peut penser que c’est une vengeance vis-à-vis du comportement de la fille d’Etienne de Gombault, la marquise de Boursin (dont les blasons décorent l’entrée de la tour carrée), dans le pays, on la nomme encore «la mauvaise Comtesse».

Après avoir fait arpenter les terres cultivées par chaque tenancier, elle mit en application en 1730,  les sentences de 2 procès pour récupérer le droit de percevoir des taxes, qui n’avaient plus été perçues par la famille de Foix. Le texte imprimé en a été retrouvé dans le grenier d’une maison du pays, il était complété à la main du nom du tenancier. Il permettait de récupérer 29 ans d’arriéré non payé.

On peut faire un lien entre les exigences de la Comtesse et l’acharnement des gens à détruire le château qui représentait son pouvoir.

L’entrée primitive du château était protégée par un assommoir, l’entrée était en biais, comme le montrent les pierres qui encadraient la porte ; une barre passée dans le mur, à partir de la tour, permettait de fermer efficacement la porte.

Une étude a été faite par David Souny historien et archéologue, pour comprendre comment était réalisée cette entrée, cela a permis de reconstruire les arcs intérieurs de ce porche d’entrée afin de supporter les maçonneries restant dans la partie supérieure et éviter leur écroulement.

La façade intérieure des tours a été démolie, mais cela permets d’en avoir la coupe. Dans le bas de ces tours, reconstruites à la fin du XIIIe siècle, il y a une casemate voûtée avec 3 archères et au-dessus la tour n’était pas vide, mais pleine sur au moins 5 mètres d’un garnissage de pierres maçonnées. Cela leur donnait une très bonne résistance aux boulets qui venaient les frapper dans cette partie pleine.

Le rez-de-chaussée du bâtiment (entre l’entrée et la chapelle) était le magasin à grains et on a découvert, au centre la meule fixe d’un moulin, qui devait permettre de moudre du grain pendant les sièges. Plusieurs meules mobiles se trouvent dans la cour du château, la rotation devait être assurée par un animal.

Le premier étage de ce bâtiment était occupé par la grande salle, qui devait faire plus de 100 mètres carrés et la partie proche du châtelet était l’appartement de la comtesse tandis que le comte avait sa chambre et son bureau dans le salon et la salle à manger actuels.

Tout cet étage et sa toiture avait été reconstruits après 1700 par Etienne de Gombault.

Des états des lieux établis en 1700 et 1721ont permis de mieux connaître l’état d’aménagement du château à ces 2 dates.

La Chapelle était dans le fond et donnait sur cette grande salle, au 1er étage, elle y a été rajoutée à la fin du XIIIe siècle, en partie construite à l’extérieur de l’enceinte.

Au rez de chaussée, sous cette chapelle, il y avait une fenêtre, dont on voit les bancs et une partie des sculptures de l’encadrement. Afin de ne pas priver, cette fenêtre de jour, les arcs, sur lesquels la chapelle a été construite, étaient ouverts, ils ont été bouchés par la suite car les murs de la chapelle se sont fissurés.

Les murs intérieurs de la chapelle et la voûte étaient peints, il y a des tableaux de peinture de teinte bleue ou rouge, mais il n’y a pas  de représentation de personnages.

Quand  les baies, qui étaient murées, ont été re-ouvertes, on a trouvé des carreaux décorés, qui devaient constituer le sol d’origine de la chapelle , leur style corresponds bien à ce qui se faisait à la fin du XIIIe siècle (quelques exemplaires sont présentés dans une vitrine).

La cuisine, dans cette pièce on remarque les restes de la cheminée et du four, et sur la gauche la niche de l’évier. Cette cuisine n’a été implanté ici qu’au début du XVIIIe siècle, au XVIIe siècle elle était au 1er étage dans le nouveau bâtiment (actuelle salle à manger), et au moyen-âge elle se trouvait contre la façade sud, là où il y a les traces d’un évier. Le dallage en pierres a été remis en évidence, on voit qu’il s’arrêtait à environ un mètre du mur de droite pour permettre une descente vers la cave. Des cuisines annexes avaient été aménagées à l’extérieur du rempart.

Les ouvertures de tout ce bâtiment ont aussi suivi les goûts du XVIIe et XVIIIe siècles vers les formes rectangulaires en remplacement des courbes gothiques antérieures.

La porte de la cuisine fait plus de 5 mètres de haut, c’était pour que la fumée de la cuisine puisse bien s’évacuer.

Il y avait deux étages construits pour l’habitation, au dessus de cette cuisine, les traces des cheminées y sont visibles.

Dans le mur Nord, on remarque des passages, sur deux niveaux, ils permettaient, dans la partie construite, le passage rapide d’un point à défendre à un autre.

Les oubliettes : le bas de la tour Nord communique avec la cuisine, une voûte assez jolie y est visible, le sol y est creusé et une trappe en bois est située dans le haut de la voûte. Rien ne permet d’assurer que ce lieu ait servi « d’oubliettes », c’était par contre le passage d’accès au haut des remparts de la 1ère enceinte.

La cuisine communiquait avec la cave qui est sous la tour carrée et l’escalier en bois qui a été construit pour donner accès aux visiteurs à la tour carrée reproduit celui qui y était au XVIIIe siècle pour relier la cuisine avec la salle à manger qui se trouvait dans le fond de la tour carrée.

La tour carrée

Devant l’entrée du 1er étage il y avait un perron, qui a été démoli à la révolution, c’était l’entrée officielle à l’intérieur du château, elle est surmontée des armes de la fille d’Etienne de Gombault, Marquise de Boursin..

Sur la façade on remarque les traces des différentes ouvertures des époques successives, les dernières rectangulaires ont été réalisées au XVIIe siècle et ont fortement affaibli la solidité de l’édifice.

Ce bâtiment était au XIIIe siècle le donjon, demeure du seigneur de Benauge, il devait avoir 3 niveaux d’occupation à cette époque, le niveau du rez-de-chaussée étant plus bas que l’actuel (le niveau des ouvertures de cette période confirme cela).

Les voûtes actuelles au sol du 1er niveau et dans le haut du bâtiment ont été rajoutées vers la fin du XIIIe siècle, il n’y a plus eu que 2 niveaux d’occupation.

Il ne reste que la moitié de la voûte supérieure, l’autre partie s’étant écroulée vers 1803 et ses pierres ont été vendues, il ne reste que la clef de voûte qui représentait 3 poissons, ce serait un symbole de trinité.

L’autre partie de la voûte qui a un agneau pascal en clef de voûte, a pu être conservée, après avoir sanglé le bâtiment dont les murs s’écartaient et étayé, l’arc central a été démonté ainsi qu’une partie des voûtains puis tout a été reconstruit et consolidé.

Les bases des arcs des voûtes ont des décorations sculptées intéressantes.

Avant d’arriver à cette étape , qui a permis de sauver la voûte, il a fallu consolider les murs à partir du bas, refaire une baie au Nord,  refaire les plates bandes des baies et remonter toute la partie haute des murs pour pouvoir y placer une toiture sur la totalité.

Au XVIIIe siècle, face à l’entrée d’honneur et au perron, il y avait , dans le fond un escalier qui montait sur un 1er palier pour desservir le salon (situé au dessus de la cuisine), puis il desservait l’étage qui était une «grande salle d’armes» et bibliothèque. Dans l’inventaire de 1721 on y trouvait un portrait en buste de feu M. le 1er Duc d’Epernon, tandis qu’en haut de l’escalier se trouvait un grand tableau de feu M. le dernier Duc  monté à cheval. Ces tableaux n’y étaient pas lors de l’inventaire de 1700, c’est donc Etienne de Gombault qui les y a mis pour se montrer le successeur d’Epernon.

Dans la 2ème partie de la pièce, devant la cheminée se trouvait la salle à manger, son sol était en carreaux de Gironde (on en trouve 2 morceaux près de la fenêtre Sud).

Le sol de l’entrée était en dalles de pierre dont certaines n’ont pas été enlevées en même temps que le perron et l’escalier, elles ont été retrouvées en 2011 quand toute cette pièce a été nettoyée après la fin des travaux.

Au XIXe siècle, un propriétaire a sauvé la voûte du bas en faisant une sorte de toiture sur le sol de la partie non couverte de la tour carrée et en dirigeant les écoulements sur l’extérieur.

Pour permettre la conservation durable de ce bâtiments des fenêtres, de style XVIIIe siècle, ont été posées dans les ouvertures.

La cave sous la tour carrée

C’est la seule pièce enterrée du château et le souterrain n’y débouche pas. On a la trace de la façon dont la voûte de cette cave a été construite à la fin du XIIIe siècle : on a mis des poutres, puis un plancher sur lequel on a mis une bute  de fagots et de terre à  la forme de la voûte à créer ; on y a posé des planches de coffrage puis on a placé les pierres avec beaucoup de mortier. Quand tout a été sec on a enlevé la terre et le plancher, on a eu la voûte et ils n’ont pas fait de finition en surface, on y retrouve le bois et le mortier en excès, mais du coté où il n’y a pas eu de toit pendant 2 siècles le bois et le mortier sont tombés et on voit qu’ils avaient bien travaillé.

Cette salle a servi pendant longtemps de chai à bois, c’était déjà le cas en 1721 et il y avait un escalier en bois pour monter dans la cuisine.

Les jeunes de la famille, aidés d’amis, ont entrepris, un mois d’août, le nettoyage de cette pièce, ils ont évacué 9m3 de déchets (grâce à un tapis roulant qui déversait dans la remorque du tracteur), puis à la brouette, ils ont rétabli  l’homogénéité du sol en grave de cette pièce, car il y avait 1,70m de différence de niveau entre le plus haut et le plus bas. Le sol actuel en grave est  au moins 30 cm plus haut que le niveau d’origine de la pièce, mais cela correspond à celui de la dernière marche des 2 escaliers, au bas de la fenêtre on a trouvé le seuil d’une porte qui devait y être à une époque.

Informations utiles

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Tel: 05 56 23 62 64

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33760 Porte-de-Benauge