Le château en 3D ?

Sources : Association "Les Tours de Passy"
  • fin XIVème siècle, probable construction du château, certainement sur les bases d’une plus ancienne maison forte ou ferme fortifiée.
  • avant 1367, la seigneurie de Pacy appartient à Jean de Beaumont, époux de Jeanne de Courtenay.
  • avant 1400, les terres et château de Pacy sont achetés par Jean de Chevenon, prétendu plus riche écuyer du royaume, et Philiberte de Digoine, sa femme.
  • 1422, occupation du château par Perrinet Gressart, sur ordre de Louis de Listenois, gouverneur du Nivernais, avec l’assentiment d’Héliette Girard, pour empêcher les Armagnacs de se répandre dans le comté de Nevers.
  • 1418 – 1443, procès au Parlement de Paris sur la succession des Chevenon, dont la seigneurie de Passy fait partie. Finalement, c’est Héliette Girard qui en hérite.
  • 1438, mort de Perrinet Gressart, mais le château reste habité par Huguette de Courvol, son épouse, jusque vers 1450.
  • 1456, Héliette Girard récupère le château suite à un procès contre les descendants d’Huguette de Courvol, et le transmet à son fils Joachim Girard, écuyer, en 1464.
  • jusqu’en 1569, la seigneurie de Passy reste dans les mains de la famille Girard.
  • fin 1569destruction du château probablement par le feu, par des troupes huguenotes qui étaient venues faire le siège de la Charité.
  • 1642, construction d’un temple protestant au Crot-Guillot avec les pierres du château, qui n’est alors plus qu’une ruine.
  • 1685, destruction du temple protestant par ordre de Louis XIV, et réutilisation des pierres au profit de l’Hôtel-Dieu de la Charité.
  • vers 1850, destruction de la tour II du château par M. Chambron, fermier à Passy, et construction d’un bâtiment abritant un battage à la place.
  • 1860, construction de la maison de maître par M. Chambron à proximité de la ferme du château avec des pierres du château.
  • 28 juin 1927, le château de Passy est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques
  • 25 juillet 2018, grâce à l’association Les Tours de Passy, classement d’office du château aux Monuments Historiques

Les origines

A l’image de beaucoup de fiefs ou châtellenies d’importance toute relative comparée aux grands domaines féodaux, les origines du château de Passy semblent particulièrement difficiles à établir. En effet, les sources manuscrites nivernaises antérieures au XIVe siècle sont quasi inexistantes. De plus, sur les ruines qui nous sont parvenues, aucune étude sérieuse en archéologie du bâti n’a été entreprise.

Jean de Beaumont, premier seigneur de Passy connu

La première trace d’un seigneur de Passy que nous ayons pu retrouver remonte à l’année 1369. C’est dans l’Histoire Chronologique du Prieuré de la Charité-sur-Loyre qu’un anonyme du XVIIe siècle écrit :

La mesme année [1369], Jeanne de Courtenay, vefve de feu Jean de Beaumont, chevalier seigneur de Passy, donna au convent une maison avec le jardin derrière scituée dans la rue de la porte de La Marche, pour l’anniversaire de feu son mary. Ex carta ejus.

C’est donc Jean de Beaumont notre premier seigneur connu du fief de Passy. Le château existait-il alors ? C’est fort probable, tout au moins une maison-fort, même si nous n’en avons aucune preuve. Nous ne possédons que peu de renseignements concernant Jean de Beaumont. Il est chevalier, seigneur du Coudray-en-Berry. Un Jean de Beaumont avait été maître d’hôtel des deux rois Philippe-le-Long et Philippe-de-Valois, mais nous ne pouvons assurer qu’il s’agisse d’un Beaumont de sa descendance. Il était cependant de condition suffisamment noble pour épouser en 1362 Jeanne de Courtenay, dame d’Autry, de Cours-les-Barres et de Villeneuve-les-Genêts. Il semblerait qu’ils eurent comme nous le verrons par la suite plusieurs enfants.

Mais leur idylle ne fut que de courte durée : cinq ans plus tard, le 6 septembre 1367, le chevalier fut condamné à mort et eut la tête tranchée pour crime de lèse-majesté par sentence du nouveau prévôt de Paris, Hugues Aubriot. L’arrêt avait ordonné la confiscation de ses biens et Charles V avait probablement donné cette confiscation à son fidèle serviteur et premier chambellan Bureau de la Rivière. Quelle était la raison de cette sentence ? Etait-il passé aux Anglais ? Avait-il participé à des expéditions de brigands à l’image d’Arnaud de Cervole, l’Archiprêtre ? Les actes qui nous restent ne définissent pas la nature de son crime.

Revenons à Jeanne de Courtenay. Elle est descendante de l’illustre famille de Courtenay, qui compte parmi ses membres un empereur de Constantinople, des comtes d’Edesse ou encore la célèbre Mahaut de Courtenay, épouse d’Hervé, baron de Donzy. Jeanne est née en 1338 de Pierre de Courtenay, seigneur d’Autry, qui venait d’épouser un an plus tôt Marguerite dame de la Louptière-sur-Toulon. Jeanne attendit donc ses 24 ans avant de se marier à Jean. Est-ce son premier mari ?

La date de son décès nous est inconnue, mais comme nous l’avons dit précédemment, elle dut avoir de Jean de Beaumont plusieurs enfants. On trouve en effet dans l’Histoire Généalogique et Chronologique de la Maison Royale de France qu’

elle obtint du roy le 18 octobre suivant [1367], pour elle et ses enfants, la terre de Coudray et autres biens confisquez sur le défunt.

Seigneurs de Passy

  • Jean de Chevenon (Avant 1400)
  • Guillaume de Chevenon (1402 – 1415)
  • Jean de Chevenon (1415 – 1418)
  • Bernard de Chevenon (1418 – 1420)
  • Perrinet Gressart (1422 – 1438)
  • Huguette de Courvol (1438 – 1450)
  • Héliette Girard (1456 – 1464)
  • Joachim Girard (1464)
  • Jean Girard (1469)
  • Joachim Girard (1475)
  • Jacques Girard (1484 et 1506)
  • François Girard (1522)
  • Charles Girard (1553 – 1572)
  • Gilbert Girard (1598)
  • Paule Girard (1625)
  • Michel de Troussebois (1642-1686)
  • Hugues de Charry (1690)
  • Pierre Bernot (1691)
  • Sébastien Pierre Bernot (1730)
  • Louis Sébastien Bernot (1746)
  • Louis Pierre (1770)
  • Jeanne Sophie Pierre (avant 1782)
  • Marquis Gravier de Vergennes (1782)
  • Alexandre, marquis de Vergennes (1784 – 1854)
  • Baronne d’Auzers, née Jeanne Gravier de Vergennes (1854)
  • Constant Chaudron (1907)

Au XIXe siècle

Les illustrations anciennes du château de Passy sont extrêmement rares, voire inexistantes. Il est donc particulièrement difficile de se représenter son état au cours des siècles. On ne peut se fier la plupart du temps qu’à la transmission orale de génération en génération. Nous avons cependant quelques éléments pour le début du XIXe siècle.

La gravure réalisée par Barat pour son Album historique et pittoresque du Nivernois, paru en 1840, est la plus ancienne représentation que nous connaissions.
Même si elle est quelque peu imprécise, elle nous renseigne sur la façade sud du château. On y constate que la base d’une seconde tour ronde à l’ouest du donjon est toujours présente. Ce ne sera plus le cas quelques années plus tard suite à la construction du batiment de battage par le fermier du Marquis Alexandre Gravier de Vergennes, un nommé Chambron, comme nous l’indique Albert Michot dans son ouvrage dédié à Passy (voir un extrait en fin d’article).

Mais qu’en est-il des deux autres tours au nord et des murs d’enceinte les reliant ? Deux documents nous prouvent que ces éléments existaient toujours, au moins en partie.

Nous avons tout d’abord pour l’année 1827 un plan cadastral. On y voit nettement indiqués les quatre tours rondes, la façade, les douves Est et Ouest, ainsi que le mur d’enceinte Nord. Les murs Est et Ouest ne sont pas clairement représentés, mais on peut les supposer présents. Ce plan est tiré du livre d’Albert Michot, mais nous allons nous rendre sous peu aux archives départementales où les originaux peuvent être consultés depuis le mois dernier…
On peut également remarquer la représentation de l’aqueduc, long d’une centaine de mètres, reliant le fossé sud au pré en contrebas de la rivière, ainsi que la dérivation de cette même rivière pour alimenter les fossés du château en eau.

Le second document nous donnant une idée de l’état du château est une carte d’Etat-Major, que nous a gentiment transmis M. Sévin.
Succédant à la carte de Cassini dont l’absence de mise à jour devenait une gêne de plus en plus grande, les cartes d’Etat-Major ont été réalisées à partir de 1827 par ordonnance royale, et ce jusqu’en 1880. Il a en effet fallu tout ce temps pour obtenir tous les relevés topographiques de la France. Et c’est la première fois que les formes du bâti sont rendues avec précision sur une carte ce qui nous intéresse tout particulièrement… Et voici le résultat obtenu pour Passy :

On y devine clairement les quatre tours avec les quatre murs d’enceinte. Mais la surprise est que l’on y voit également un bâtiment face au château. S’agit-il d’une erreur ? Probablement non… Il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse du pigeonnier qu’a connu Albert Michot et dont il nous parle :

On pouvait voir également, à peu de distance du château, et lui faisant face, un pigeonnier en forme de tour ronde, certainement plus récent que le château. Ce pigeonnier tombait en ruines, mais mettait cependant dans le paysage une note pittoresque. J’y ai souvent joué lorsque j’étais enfant. C’est le dernier propriétaire qui l’a fait abattre. C’est lui également qui fit démolir le bâtiment ayant abrité le battage, lequel, d’ailleurs, tombait en ruines.

Les relevés des cartes d’Etat-Major ayant duré près de 56 ans, à quelle date correspond l’état du château sur cette carte ? Nous avons fait quelques recherches pour le déterminer, en partant du nom de l’officier chargé de son relevé topographique. On apprend sur la carte qu’il s’agit d’un certain de Combles. On retrouve cette information dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Archives de la guerre, par Louis Tuetey :

Carte de France, feuille de Nevers : mémoires 1° sur les environs de Fougues et de Nérondes, par Dieu, capitaine d’état-major, 22 mars 1841 (44 pages et tableau statistique) ; sur les environs de la Charité, par Masse de Combles, capitaine d’état-major, 30 mars 1841 (49 pages et tableau statistique)

En effectuant quelques recherches sur ce capitaine, on apprend dans ses états de service publiés lors de sa nomination au rang de chevalier de la légion d’honneur qu’il a été affecté le 1er avril 1839 aux travaux topographiques de la carte de France.

On peut donc sans trop de risque conclure que ce relevé a été réalisé entre 1839 et 1841. Le château était donc en ce milieu de siècle constitué de ses quatre tours et de ses murs d’enceinte, même s’ils devaient être déjà à l’état de ruines… Et comme le dénommé Chambron s’est “retiré” en 1860, c’est au cours de cette vingtaine d’année qu’il a rasé la tour sud-ouest pour y construire son battage, et qu’il a dû récupéré bon nombre de pierres de tailles pour bâtir sa maison de maître.

Photographies anciennes non datées provenant de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine

Base Mérimée, 8 photos de mai 1970 prises par Jacques Tealdi (architecte)

Photographies tirées d’un recueil publié en 1890, conservé par la BNF

Extrait de "Le château de Passy-les-Tours" d'Albert Michot

Vers le milieu du XIXe siècle, un fermier du marquis de Vergennes, nommé Chambron – c’était d’ailleurs mon grand-oncle – habitant la grande ferme de Passy, exploitait également le petit domaine de Passy dont fait partie le château, le domaine de Sourdes et le domaine du Crot-Guillot. Ce fermier menait une vie de grand seigneur, et c’est probablement lui qui fit démolir ce qui restait de l’une des quatre tours rondes, celle faisant pendant en façade à la tour qui existe encore au sud-est. Il fit construire sur son emplacement un bâtiment abritant un battage. Ce dernier était actionné par une roue hydraulique installée sur une chute d’eau entre l’étang et le fossé ouest du château. Ce bâtiment était couvert en tuiles et adossé au donjon. Il existait encore du temps de ma jeunesse, et j’ai vu à l’intérieur des restes du mécanisme de battage. Les chefs de culture des fermes  dépendant de Passy amenaient leur récolte de céréales au battage du château.

Vers 1860, lorsque M. Chambron, ayant amassé une fortune suffisante, songea à se retirer, il fit construire à Passy, à proximité de la ferme, une belle maison de maître avec terrasse, qui existe encore actuellement. Et comme il disposait du château de Passy, il trouva économique d’utiliser comme matériaux des moellons et même des pierres de taille prélevées sur les murailles du château. C’est vraisemblablement à cette époque que les pierres de taille de la tour hexagonale intérieure furent enlevées. C’est à ce moment également qu’une grande partie des escaliers permettant de monter dans les diverses tours furent détruits ou leur marches cassées au début.

Après le départ de M. Chambron, il restait encore cependant des vestiges des deux autres tours et de la presque totalité des murs d’enceinte. On pouvait voir également, à peu de distance du château, et lui faisant face, un pigeonnier en forme de tour ronde, certainement plus récent que le château. Ce pigeonnier tombait en ruines, mais mettait cependant dans le paysage une note pittoresque. J’y ai souvent joué lorsque j’étais enfant. C’est le dernier propriétaire qui l’a fait abattre. C’est lui également qui fit démolir le bâtiment ayant abrité le battage, lequel, d’ailleurs, tombait en ruines. Mais les deux dernières tours d’angle existant à l’arrière du château, ainsi que les restes de murs d’enceinte les réunissant, ont également disparus.

Architecture

Croquis du Centre de Recherche sur les Monuments Historiques

Un ensemble de 40 croquis réalisés en 1945 a été remis au net par le CRMH et enregistré sur microfilm. Il s’agit de plans du château, mais aussi de relevés effectués sur certains détails, comme des ouvertures ou des cheminées.

Etude architecturale d’Albert Michot

En 1952, Albert Michot publie aux éditions Delayance un ouvrage qui fera référence, Le château de Passy-les-Tours”. Il y évoque avant tout l’histoire du château et de ses seigneurs, mais aussi son architecture, y mêlant régulièrement des souvenirs personnels très utiles.

Extrait

D’après ce qui reste du château, il est assez facile de reconstituer le plan d’ensemble. La plupart des constructions du même genre de l’époque étant d’ailleurs conçues d’après ce qu’on appelait le plan “Barlong”, ce qui avait grossièrement la forme d’un rectangle. Il en est ainsi pour Passy, bien que le rectangle soit plutôt un trapèze. Les dimensions en sont environ de 50 mètres en tout, en largeur et en longueur, tours d’angle comprises. Une tour ronde se dressait aux quatre sommets du quadrilatère. Ces tours étaient munies de meurtrières flanquant les fossés entourant l’ouvrage. Seule la tour I subsiste. Comme je vous l’ai dit, la tour II a été détruite lors de l’établissement du battage. Quant aux tours III et IV, dont les murs étaient encore visibles il y a une trentaine d’années, elles ont à peu près disparu, mais il est facile de retrouver leurs assises. Ces quatre tours ont à l’intérieur, 3m. 80 de diamètre environ, et les murs 1m. 70 d’épaisseur. Les murs d’enceinte ont, eux aussi, une épaisseur de 1m. 70. Une partie du mur est existe encore et les assises des murs nord et ouest sont visibles. Sur l’assise du mur ouest a été édifié, à une date certainement récente, un mur moins épais servant de clôture. Quant aux murs côté sud, sauf l’extrémité ouest qui a à peu près disparu, les autres existent encore et constituent la façade de l’édifice lui-même. Ces murs n’ont, par endroits, que 1m. 20 ou 1m. 25 d’épaisseur.Le château devait comprendre :
  • La partie principale constituée par le donjon proprement dit, qui est encore debout. Elle atteint environ 25 mètres de hauteur. C’est sous cette partie qu’est le couloir d’accès qui est commandé par le pont-levis. C’est dans le donjon que devaient se trouver les appartements seigneuriaux. On distingue en effet très nettement, au-dessus du couloir d’accès, les traces de cinq étages, de construction très soignée, avec cheminées monumentales ouvragées, de belle allure. A côté, toujours dans le donjon, devaient se trouver d’autres appartements. Une salle du rez-de-chaussée, avec voûte en ogive, est encore intacte. Elle mesure intérieurement 9m. sur 5m.
  • Le corps de logis reliant le donjon à l’enceinte et à la tour I. Cette partie détruite, sauf en façade, comprenait en avancée une tour carrée. Elle ne constitue plus actuellement qu’une cour intérieure, mais il est visible qu’elle était divisée elle aussi en appartements dont on distingue facilement deux ou trois étages. D’ailleurs, une grande cheminée monumentale, construite en pierres de taille, existe encore presque entièrement. Elle devait mesurer 3 mètres environ de largeur à la base. Ce corps de logis devait communiquer avec le donjon et la tour I. Au rez-de-chaussée de cette dernière se trouve une pièce voûtée avec une seule fenêtre en meurtrière qui servait vraisemblablement de prison ou de cachot.

Un mur de séparation encore en partie visible séparait ce corps de logis de la cour intérieure. Près de ce mur, et au coin du donjon, se trouve adossée une belle tour hexagonale, de construction très soignée, mais plus récente. L’intérieur de cette tour est circulaire et elle possédait des escaliers tournants qui devaient conduire aux étages du donjon.

A l’angle nord-est du donjon, une tour carrée de même hauteur, circulaire à l’intérieur, possède un escalier en colimaçon encore à peu près intact, sauf au départ, qui devait desservir le haut du donjon.

Les deux tours encastrées, d’environ 2 mètres de diamètre extérieur, qui flanquent le couloir d’entrée, sont elles aussi, munies d’escaliers. Des meurtrières permettaient la défense de l’édifice, et une galerie de mâchicoulis, que l’on voit encore, les reliait à la partie supérieure.

  • Enfin, il devait encore exister des constructions, logements, corps de garde ou magasins, du côté du mur d’enceinte côté est. Il en reste d’ailleurs encore des vestiges. On voit même dans l’épaisseur du mur des waters avec une pierre de 0m. 10 d’épaisseur percée d’un trou de 25cm. de diamètre. La vidange devait se faire dans le fossé qui borde la muraille de ce côté. Les murs de séparation des différents corps de logis ont, en général, de 0m. 70 à 1m. 20 d’épaisseur.

Tout le reste de l’enceinte, limitée par les murs extérieurs côtés nord et ouest, paraît n’avoir été qu’une cour intérieure. Nous avons vu que Perrinet-Gressart avait fait construire un four à chaux, très probablement dans cette cour. La tour de guet, dont parle également Perrinet dans son “Mémoire”, était vraisemblablement située en haut de la tour I ; elle existe encore en partie.

De l’avis de M. Beaulieu, entrepreneur à la Charité, en compagnie duquel j’ai examiné de près la maçonnerie du château, toute la pierre ayant servi à la construction proviendrait de Sainte-Hélène ; il s’agit, en effet, de calcaire coquillier à assez gros grain, très caractéristique. Cette pierre a du être choisie de façon à n’être utilisée que longtemps après son extraction, car elle s’est bien comportée au cours des cinq siècles écoulés. Quant au mortier utilisé pour l’assemblage des moellons et des pierres de taille, nous avons trouvé pour le donjon du mortier de terre renforcé, semble-t-il, de mortier de chaux.

Dans les parties de la façade percées de fenêtre à meneaux dans le style Renaissance, il est visible que ces modifications sont postérieures à la construction primitive, comme l’indique la mise en place des matériaux de ces ouvertures.

La destruction du château provenant surtout de l’incendie, il ne reste naturellement aucune trace des toitures, ni des charpentes et solivages intérieurs.

Vous savez que dans beaucoup d’anciens châteaux de l’époque féodale, il existait des oubliettes et souvent des souterrains permettant aux occupants, en cas de siège de s’échapper de l’enceinte. Certains de ces souterrains allaient souvent déboucher à plusieurs kilomètres du château lui-même. Le château des Rauches, près d’Argenvières, en possédait de très importants. Y avait-il à Passy également de telles communications avec l’extérieur ? Ce n’est pas impossible, mais rien de précis ne permet de l’affirmer. Cependant, on a pu voir pendant longtemps, à proximité de la tour IV, dans la région marquée d’une croix, des restes d’excavations en partie comblées. D’autre part, entre Passy et Sourdes, on a trouvé dans les champs cultivés également des vestiges d’excavations qu’on a assimilés, sans preuves d’ailleurs, à des entrées de souterrains communiquant avec le château.

A l’époque de Perrinet Gressart et au cours des siècles suivants, le château ne devait pas être la seule construction existant à Passy. Des maisons d’habitation entouraient certainement le château, dans la région actuellement habitée du village. Mais ces maisons ont dû être détruites ou ont été abattues et remplacées par des constructions plus récentes. Une des plus anciennes doit être la maison d’habitation de la ferme. Il s’agit d’une construction, certes plus récente que le château, mais cependant très ancienne. De forme massive, on y peut admirer cependant des lucarnes ouvragées très caractéristiques. Il a d’ailleurs existé sur cette maison une girouette en tôle portant une fleur de lys. Cette girouette a malheureusement disparu depuis longtemps au cours d’une réparation. On a trouvé également dans cette ferme des clés forgées très ouvragées qu’on a supposé provenir du château.

Remarques

  • Tout d’abord, A. Michot nous parle d’un plan barlong. Or d’après les mesures effectuées en 1945 par les architectes du patrimoine, le château ne devait pas être plus long que large. On s’approche davantage du carré, d’environ 50 mètres de côté.
  • Ensuite, on apprend que les murs des tours III et IV étaient encore visibles dans les années 1920, ce qui est très intéressant dans l’éventualité où nous voudrions lancer un programme de fouilles pour retrouver les fondations de la tour IV.
  • A. Michot évoque, quand il nous parle du donjon, la présence d’un pont-levis. Nous aimerions savoir quelles sont ses sources, rien ne nous prouvant en l’état de nos connaissances l’existence d’un tel pont-levis.
  • L’escalier de la tour carrée jouxtant le donjon, aujourd’hui détruit, semblait en 1950 à peu près intact.
  • La pierre calcaire utilisée pour au moins une partie du donjon proviendrait de la carrière toute proche de Sainte-Hélène. Le mortier de terre dont nous parle Michot est certainement celui utilisé vers l’entrée de la salle à voute en ogive : cette partie semble bien plus ancienne que le reste du donjon.
  • Enfin, l’excavation dont il nous parle mériterait d’être fouillée, afin d’avoir le coeur net de la présence ou non de souterrains…

Informations utiles

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2 Route Jean de Chevenon, 58400 Varennes-lès-Narcy