Une visite du château en 3D ?
Bientôt disponible !
Prenons de la hauteur...
Dominant la Seine et l’autoroute A 13, le château de Robert le Diable fait partie de la ceinture de forteresses qui protégeait Rouen au Moyen Âge. Réduite aujourd’hui à l’état de ruines, l’antique château témoigne d’une longue et riche histoire où se mêlent réalités et légendes.
Sur l’histoire du château fort de Moulineaux, les archives ne se montrent guère bavardes renforçant de fait le mystère autour de cette installation militaire. La forteresse élevée au XIe siècle avec les pierres tirées des carrières de Caumont, toutes proches, domine la Seine permettant ainsi de contrôler l’accès de Rouen. On sait que Richard Coeur de Lion, duc de Normandie de 1189 à 1199, y fit faire d’importants travaux notamment autour de l’aménagement du puits d’une centaine de mètres de profondeur qui alimente en eau la forteresse. Son successeur, Jean Sans Terre, y séjourna à plusieurs reprises et poursuivit son aménagement. Mais lors de la conquête de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste en 1204, le duc Jean ordonne avant son départ pour l’Angleterre que le château soit détruit. Philippe Auguste mesurant tout l’intérêt stratégique que la forteresse représente commande alors que celle-ci soit remise en état. Le château est détruit une nouvelle fois en 1418 par les Rouennais afin qu’il ne tombe pas entre les mains des Anglais qui s’apprêtent à faire le siège de la capitale normande. À ces faits historiques viennent se greffer quantité de légendes sur le passé de cette construction. La plus connue demeure évidement celle de Robert le Diable qui a donné son nom au château. Mythe pour certains, père de Guillaume le Conquérant pour d’autres, l’homme à la réputation cruelle et sanguinaire aurait séjourné dans cet endroit marquant à tout jamais de son empreinte ce lieu de désolation.
De la ruine romantique au parc d’attraction
En ruine depuis le XVe siècle, le vieux château envahi par la végétation est peu à peu oublié des hommes. Mais au début du XIXe siècle, la vague romantique qui balaye les milieux intellectuels et artistiques français attire dans ces lieux peintres et écrivains fascinés par le mystère et l’atmosphère du lieu. Les combats qui se déroulent du 30 décembre 1870 au 4 janvier 1871 entre les soldats français et prussiens accentuent encore un peu plus l’état de ruine du château. Passionné par l’histoire de cette antique forteresse, Oscar Cosserat, son propriétaire, décide en 1903 de relever ces ruines à l’aide de l’architecte rouennais Lucien Lefort. Après avoir dégagé celles-ci de la végétation qui les recouvraient, le château renaît peu à peu. Mais le projet de reconstruction de la forteresse ne peut être poussé à son terme et seuls la consolidation des souterrains et le remontage de deux tours peuvent être effectués.
Endommagé pendant la Seconde guerre mondiale, le château semble de nouveau condamné à retourner à l’état de ruines. Cependant, le journaliste rouennais Roger Parment décide en 1953 de lui donner une seconde chance et d’en faire un des hauts lieux touristiques de la région de Rouen. Afin de renforcer l’intérêt de la visite du château, celui-ci est complété par l’aménagement d’un musée historique, la présentation de la réplique du drakkar d’Oseberg, l’installation d’une buvette et la construction d’un terrain de minigolf. Le site est ouvert au public le 12 avril 1954, et devient rapidement l’un des buts de promenade dominicale les plus prisés des habitants de l’agglomération rouennaise jusqu’à sa fermeture en 2004.
La légende de Robert le Diable
Aujourd’hui, le nom de Robert résonne dans les oreilles des touristes passant à proximité de Rouen et croisant son château en vallée de Seine. Mais l’héritage de cette légende de Robert le Diable est bien plus que cela, c’est aussi une BD, un nom de groupe de rock, une espèce de papillon, une course de marche nordique, une marque de bière ou encore des tableaux de peintres illustrant par exemple les voûtes d’une église de Palerme en Italie ou une tour de Londres.
Qui était Robert le Diable ? D’après la légende née au XIIème siècle, Robert est le fils du Duc Aubert et de la duchesse Indre. Le surnom de « diable » provient des histoires contées par sa mère ,qui ne pouvant avoir d’enfants, nomma le nom du diable lorsque son mari lui fit l’amour et donna naissance au jeune garçon.
Cette invocation eut pour conséquences de rendre coléreux, violent et cruel Robert dès son plus jeune âge. Alors que son père le fit chevalier, il prit alors la tête d’une bande de brigands qui terrorisait la campagne normande.
Se rendant compte de sa violence et de sa méchanceté, Robert en chercha la cause et découvrit le mystère de sa naissance. Il se rendit alors à Rome afin de rencontrer le pape puis de se confesser à un ermite qui lui demanda de faire vœu de silence et de disputer sa nourriture aux chiens comme pénitence.
Suite à cet épisode, Robert est recueilli par l’empereur de Rome. À l’époque, des pillards terrorisaient Rome mais personne n’osait les combattre.
Robert le Diable les affronta alors, seul et dissimulé sous son armure. L’empereur promit alors la main de sa fille à ce valeureux chevalier.
Bien que l’ermite l’ait délivré de sa pénitence, “Robert” refusa d’épouser la princesse et vécut en ermite jusqu’à la fin de ses jours.
L'époque du Moyen-Âge
À la grande époque du Moyen Âge, les constructions de châteaux sont nombreuses. Ce n’est qu’à partir du XIe siècle, qu’une architecture militaire féodale se développe. Les modes de construction et la physionomie tranchent avec les forteresses connues jusqu’alors.
Les châteaux sont protégés par de solides murailles renforcées par des tours, et dotés d’un donjon. En Normandie, on compte plus de 50 châteaux. Pourquoi ? Parce que cette région n’a pas de frontières naturelles, comme des montagnes, qui la sépareraient des territoires voisins. Elle peut être envahie facilement. C’est donc d’abord pour la protéger des assaillants que ces châteaux sont construits.
En mars 1204, Philippe Auguste prend Château Gaillard et confisque le duché de Normandie aux Plantagenêt. La région devient alors un enjeu de guerre entre français et anglais. La forteresse de Moulineaux appartient à cette ligne de défense. Elle a connu de nombreuses destructions et réparations, notamment pendant la guerre de 100 ans (1337/1453).
Qui à construit le château ?
On ignore quel duc de Normandie a fait construire la forteresse de Moulineaux, car on ne connaît pas la date exacte de sa construction. Toutefois, le nom de Robert le Diable laisse penser que ce duc s’appelait Robert. Certains historiens attribuent donc la fondation de ce château au duc Rollon, baptisé sous le nom de Robert, d’autres à Robert le Magnifique, le père de Guillaume le Conquérant, ou encore à Robert Courteheuse, le fils de Guillaume.
De 1758 à 1900
À la fin du Moyen Âge, le château de Robert le Diable est abandonné. Dès le XVIIIe siècle ses ruines romantiques commencent à éveiller l’intérêt.
Les premières fouilles archéologiques sont menées vers 1758. Elles permettent de retracer le plan de la forteresse du Moyen Âge. Un siècle plus tard, en 1855, des travaux menés à l’emplacement des douves par le nouveau propriétaire des ruines, M. Martin négociant à Rouen, découvrent un cimetière gaulois.
Les tombes étaient logées dans la craie. 14 vases cinéraires furent mis à jour par l’Abbé Cochet. Deux d’entre eux entrèrent dans les collections du Musée archéologique de Rouen.
Encore la guerre ?
En 1870, le château rentre à nouveau dans l’histoire. Lors de la guerre qui oppose les soldats français aux prussiens, les deux troupes se combattent sur les ruines du château. Un monument commémoratif fut édifié en 1901. Il représente un mobile dressé devant une évocation du château. Il rend hommage à la mémoire des soldats morts durant le combat.
Du XIXe siècle à nos jours
Ces différents travaux, oeuvre de Lucien Lefort, combinés au développement du chemin de fer qui favorise le tourisme, feront beaucoup pour la renaissance du château.
L’apparition des guides imprimés (Guides Joanne qui deviendront les célèbre Guides Bleus) permet de faire connaître le château. Moulineaux et La Bouille deviennent des lieux prisés pour la promenade, d’accès facile par le train mais aussi par bateau.
Les ruines sont restaurées. Les découvertes de nouvelles fouilles sont exposées dans l’une des tours transformées en musée : des boulets en pierre, des clés, la corde et la poulie du puits, l’anneau du pont le vis…
Mais quelques années plus tard, la seconde guerre mondiale éclate. Le château est pillé !
Les plans de L. Lefort prévoyaient également la construction d’un pont en pierre complet et d’un bâtiment d’entrée sur deux niveaux contre la porte principale qui ne furent jamais réalisés. Les travaux furent interrompus par la guerre de 1914.
Lucien Lefort... un architecte amoureux de Robert le Diable
À la fin du XXe siècle, Oscar Cosserat rachète les ruines. L’architecte Lucien Lefort dirige les travaux et réalise un projet de reconstruction partielle du château. L. Lefort cherche à restituer nombre de détails marquant l’architecture médiévale faisant du château un grand livre ouvert : salle voûtée d’ogive, cheminées à hotte, embrasure de baie garnie de coussièges, mâchicoulis, etc…