Le château en 3D ?

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Son histoire

Les prémices

Le site de Saint-Bonnet-les-Oules était déjà occupé à la fin de la préhistoire.

Quelques éléments antiques avaient été découverts au XIXe siècle sur le territoire de la commune, notamment des monnaies romaines au lieu-dit Bénières, ainsi que des tessons d’amphores et des fragments de tuiles à rebords près de Lapra et près du lieu-dit le Milieu.

Mais ce sont les recherches récentes, faites par les membres du Groupe de Recherches Archéologiques de la Loire, qui ont permis d’étoffer largement les connaissances sur l’occupation antique de la commune. Les éléments les plus anciens proviennent des environs du lieu-dit La Plaine. Ce sont des traces ténues d’une occupation protohistorique : tessons érodés et fragment de lame en silex blond.

L’histoire de Saint Bonnet les Oules commence vraiment avec un peuple gaulois, les Ségusiaves (ou Ségusiens) mentionnés par le géographe grec Ptolémée et Jules César qui en fait mention dans La guerre des Gaules.

Localisation des Ségusiaves

Pline les qualifie de  » peuple libre  » ( » Segusiani liberi « ). Il s’agirait d’un peuple issu des Eduens. Un peuple de commerçants établi entre Loire et Rhône et dont la capitale était l’actuelle Feurs, nommée plus tard sous la domination romaine Forum Segusiavorum ( » le marché ou cité des Ségusiaves « ) et non pas l’antique Lugdunum (Lyon) fondée bien après, sous l’Empereur Auguste. Peuple commerçant donc qui fit de l’oppidum d’Essalois un lieu d’échange mais aussi guerrier car il s’était rallié à l’armée de Vercingétorix contre l’envahisseur romain. Ne dit-on pas qu’une bataille les opposa aux légions romaines près de Saint-Haon-le-Châtel ? Le souvenir de ce peuple gaulois reste aujourd’hui inscrit en toute lettre sur la préfecture de Saint-Etienne.

Une dizaine de parcelles répertoriées sur le village contiennent donc des indices gallo-romains. Elles sont situées dans la plaine et sur les premiers contreforts des collines. Le ramassage de tessons d’amphores et de tuiles à rebords a confirmé les découvertes anciennes de Lapra. Près du hameau de La Cartala, mélangés avec du matériel plus récent, des fragments de tuiles à rebords, un quart de rond en terre cuite et de la céramique commune peuvent être les indices de la présence d’un petit habitat. Sur les premiers contreforts, au lieu-dit Les Roches, des fragments de tuiles à rebords, d’amphores et un morceau de moulin à bras sont ici aussi associés à des éléments plus récents.

Au sud de ce lieu, un second site semble plus important et contient, outre les classiques fragments de tuiles à rebords, des morceaux de tubuli appartenant à un système de chauffage par hypocauste. Ces éléments sont accompagnés de céramique commune, de fragments d’amphores et de trois éclats de silex.

Sur l’éperon, entre le bourg de Saint-Bonnet-les-Oules et le hameau de Sourcieux, une des rares parcelles trouvées en état d’être prospectées contient quelques éléments de tuiles à rebords.

Le matériel archéologique ramassé dans deux parcelles près du lieu-dit Les Ogiers, semble appartenir à un habitat. Une première zone, dans laquelle des fragments d’amphores et de la céramique commune de couleur sombre, dont un fragment de panse à décor peigné parait antérieur à la période gallo- romaine, ont été ramassés ; il s’agit vraisemblablement d’une occupation datant de l’époque gauloise. La seconde zone, d’époque gallo-romaine, contient de la céramique très érodée : on reconnaît des fragments de tuiles à rebords, de la céramique commune, de la céramique à pâte blanche (fragment de mortier ?), de la céramique sigillée et de la céramique peinte, type bol de Roanne.

Le passé de la commune lié à l’exploitation de l’argile est connu de longue date. Le toponyme oule accolé à celui de saint Bonnet est la preuve la plus visible du passé lié à la poterie de la commune. Les prospections anciennes et récentes montrent une présence importante de tessonnières ou d’emplacements possibles de fours datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Une fabrication plus ancienne, attestée par des textes, a aussi été mise en évidence par les prospections en plusieurs lieux. Près de Lapra deux cercles charbonneux d’environ 4 m de diamètre autour desquels la céramique médiévale abonde, sont sans doute les vestiges de deux fours. Les caractéristiques des produits qui y ont été fabriqués sont : mode de cuisson majoritaire en mode B’ ; pâte très riche en quartz ; éventail de décors réduit : cordons lisses, digités ou écrasés, digitations, rares rainures ; rebords de trois types : rebords à bandeau, rebords éversés et rebords droits.

Les registres paroissiaux mentionnent un grand nombre de potiers de terre à Lapra, Milieu et la Cartala ainsi que des tuiliers. Les produits de ces fabriques étaient vendus sur les marchés voisins dont Saint Etienne et Lyon.

Tous ces fours dépendaient de la Seigneurie de Saint-Bonnet-les-Oules qui vit le jour au XIe siècle.

Plan de Cassini du XVIIIe siècle

L’apparition de la Seigneurie de Saint-Bonnet-les-Oules

À la fin des temps carolingiens, Forez et Roannais font encore partie du comté de Lyon et couvrent l’ouest du diocèse du même nom. L’autorité publique est alors aux mains de comtes qui éprouvent de grandes difficultés à assurer cohésion et stabilité sur l’ensemble du pagus. Dès le milieu du Xe siècle, s’opposent archevêques, comtes, grandes abbayes et puissantes familles, entraînant un morcellement progressif de ce vaste territoire. Au cours des XIe et XIIe siècles, une trentaine de lignages se distinguent par la possession – généralement allodiale – d’un ou plusieurs châteaux. Il faut attendre la fin du XIIe siècle pour que se dessinent les contours de grandes principautés : l’Église de Lyon, les sires de Beaujeu, les comtes de Savoie et de Forez.

La plupart des espaces castraux représentés sur l’armorial de Guillaume Revel sont nés lors de ces luttes, entre les X et XII siècles.

Ainsi au Xe siècle, très peu de châteaux existaient en Forez. La puissance comtale est encore vacillante et c’est l’aristocratie qui va commencer à les ériger pour la plupart.

Les comtes de Forez n’apparaissent donc que bien tardivement en possession de châteaux en Forez. La construction de celui de Montbrison ne serait pas antérieure à 1075 et liée aux luttes entre comtes et archevêques de Lyon. Au début du XIIe siècle sont énumérées quatorze vigueries sur l’ensemble du comté (Chartes du Forez, n° 1286). Cinq se situent en Lyonnais, deux en Velay et sept en Forez et Roannais (Montbrison, Sury, La Place, Cottance, Cleppé, Saint-Haon et Saligny). Le domaine comtal se résume alors à une douzaine de seigneuries, gérées par des viguiers et des clavaires souvent héréditaires.

La base de l’administration locale demeure donc encore la viguerie au début du XIIe Siècle. Mais cinq décennies de guerre sous le règne du comte Guy II vont profondément modifier les choses et imposer le château. En effet, un conflit majeur oppose alors le comte à l’archevêque de Lyon entre 1158 et 1173. Il a pour déclencheur la fameuse bulle d’or de 1157 par laquelle l’empereur Frédéric Barberousse concède à l’archevêque les droits souverains dans la ville de Lyon et la partie du diocèse en-deçà de la Saône. S’appuyant alors sur ses vassaux et leurs châteaux, Guy II inflige une sévère défaite militaire à l’archevêque. Mais le sire de Beaujeu et les comtes de Mâcon et de Chalon, prenant le parti impérial, s’allient à l’archevêque de Lyon, lèvent une armée et pillent la Bresse.

L’empereur Barberousse tente d’asseoir militairement son autorité par la construction d’une forteresse « aux confins de l’empire », mais le comte l’en déloge. La confusion règne en Lyonnais. L’abbé de Cluny réclame l’intervention du roi Louis VII pour mettre fin aux déprédations des castellani et milites (Chartes du Forez, n° 918). Esseulé, le comte de Lyon cherche aussi appui auprès du roi qui se rend à Montbrison en 1163 (Chartes du Forez, n° 1564). En 1167, Guy II lui rend hommage de ses châteaux de Montbrison, Monsupt, Montarcher, Saint-Chamond, La Tour-en-Jarez et Chamousset. En retour, le roi lui accorde en augment de fief les droits royaux sur les châteaux de Marcilly, Donzy, Cleppé, Saint-Priest, Lavieu et Saint-Romain (Chartes du Forez, n° 1563). La montée en puissance du parti royal impose à tous un modus vivendi. Un accord est conclu en 1167 entre le comte et les clercs de l’Église de Lyon et de nouvelles tractations aboutissent à une convention : c’est le traité de 1173 qui scinde l’ancien comté de Lyon en deux (Chartes du Forez, n° 4).

Chacun chez eux, comte de Forez et archevêque, peuvent dès lors se consacrer à la mise au pas des puissances laïques ou ecclésiastiques qui menacent leur autorité respective. Une nouvelle guerre (dont le déroulement nous échappe) éclate et se solde par une sévère défaite du sire de Beaujeu face au comte en 1189. Assiégé dans son château de Pouilly-le-Châtel, Humbert III est contraint d’abandonner la quasi-totalité de ses châteaux à l’ouest de la Saône.

En Forez, le pouvoir comtal est désormais puissamment implanté grâce à la maîtrise de nombreux châteaux nouvellement bâtis ou inféodés. Mais gardons-nous d’y voir un réseau de châtellenies comtales homogènes tant les situations sont diverses. Il s’agit la plupart du temps d’une extension de suzeraineté. Le comte n’a encore qu’une autorité théorique sur les châteaux dont l’hommage a été acquis et son administration n’y pénètre pas. Dans un souci de fidélisation, leurs puissants détenteurs sont intégrés aux organes de gouvernement et cet entourage tend à se transformer en une véritable cour permanente à la fin du règne de Guy II. Quand ils le pourront, les comtes n’hésiteront pas à racheter directement la seigneurie châtelaine de leurs vassaux, mais l’entreprise sera longue et opportuniste. L’embryon d’un système de châtellenies comtales existe pourtant dès l’extrême fin du XIIe siècle. Guy II tente alors d’imposer un contrôle militaire et administratif en nommant des agents révocables. Si à Montbrison, un viguier est encore cité en 1194, un châtelain le remplace dès 1198. Pour les vigueries encore inféodées, les comtes devront saisir, là aussi, l’occasion favorable de racheter cens et revenus. Ainsi est-il difficile d’évoquer un modèle spécifique de châtellenie comtale forézienne, tout au plus peut-on cerner une entreprise en marche avec des situations diverses et où les droits s’imbriquent de façon complexe.

La paix entre Forez et Beaujolais stabilise les mouvances territoriales des deux puissances. Guy IV et Humbert de Beaujeu transigent encore en 1229 sur quelques possessions et abordent la question des fortifications. Sur les terres frontalières, il ne sera possible d’établir aucune fortification ou « bâtiment fort » de bois ou de pierre ou quelque construction qui s’en rapprocherait. Le terme de « bâtiment fort » trahit l’émergence d’un nouveau type de fortification. Le maillage castral structurant le territoire ne laissant désormais que très peu de place pour la création de nouveaux châteaux, ce sont essentiellement des maisons fortes qui voient le jour. Tout en étant jurables et rendables, elles exercent un contrôle sur un territoire donné, mais ne possèdent pas tous les droits de la seigneurie châtelaine, notamment en matière de justice. Les premières mentions de maisons fortes foréziennes remontent à la décennie 1230. En 1231, en vertu d’un probable service rendu, le comte de Forez donne à son « aimé et fidèle » Arnaud de Marcilly la permission de bâtir une maison forte in territorio de Chalmazel… quod de feudo nostro est (Charte du Forez, n° 1057). Avant 1239, Arthaud de Sury, miles, se voit concédé les mêmes prérogatives sur des terres comtales à Marcoux (Chartes du Forez, n° 1604). Dans les deux cas, le comte concède des terres mais conserve la haute justice du lieu. Ces créations ont pour double objectif d’asseoir socialement des fidèles mais aussi de les impliquer localement dans le contrôle du territoire.

C’est dans ce contexte que la Seigneurie de Saint-Bonnet-les-Oules vit le jour. En 1260, pour la première fois, apparaît la seigneurie de Saint-Bonnet par l’hommage rendu par la famille d’Angérieu aux comtes de Forez pour leur maison forte.

En 1225, le chapitre de Lyon était collateur de la cure de Saint-Bonnet-les-Oules. Le Seigneur de Saint-Bonnet-les-Oules, à la même époque en devait l’hommage aux comtes de Forez.

Le comté du Forez connut son apogée sous le règne de Jean Ier (1278-1333) qui étendit son territoire au massif du Pilat et au nord du Vivarais ainsi qu’à Thiers.

En 1372, le comté passa aux mains du duc Louis II de Bourbon marié à Anne-Dauphine, héritière du Comté. Il plongea dans un marasme économique sans précédent le Forez : affaibli par les épidémies de peste et les ravages de la guerre de Cent Ans, le Forez subit également de plein fouet les conséquences de la réorientation des circuits économiques entre le Nord et le Sud de la France. Tandis que l’activité économique de Montbrison s’effondre, les échanges commerciaux et le dynamisme urbain se déplacent au Sud du comté sur un axe transversal Lyon-Bordeaux-Toulouse.

Les Bourbons gouverneront le Forez jusqu’en 1527, le rattachement officiel à la couronne de France ayant lieu en 1531 après la défection du connétable Charles III (1523).
La Renaissance dans le Forez se traduisit par une riche production littéraire et artistique liée à la présence de grands humanistes occupants de hautes fonctions.

Au XVIe siècle émergèrent peu à peu les deux pôles qui deviendront majeurs deux siècles plus tard : Roanne et Saint-Etienne, respectivement pour les activités commerciales et industrielles. En 1542, la province du Forez intégra la , structure administrative comprenant également les provinces du Lyonnais et du .

L’Astrée, roman pastoral écrit par Honoré d’Urfé, célèbre forézien, au début du XVIIe siècle, est lu dans toutes les cours d’Europe et diffuse le modèle arcadien.

A la fin de l’Ancien Régime, Saint-Bonnet-les-Oules était ainsi : village, paroisse, château et seigneurie dans le Forez, archiprêtré de Saint-Étienne, élection de Montbrison.

Lors de la Révolution française, la province du Forez fut intégrée dans un éphémère département de Rhône-et-Loire (1790-1793) qui reprenait les limites territoriales de la généralité de Lyon. Ce département eut une histoire très courte car, à la suite du Soulèvement de Lyon contre la convention nationale, il fut scindé en deux :

  • à l’est le département du Rhône (Lyonnais et Beaujolais) ;
  • à l’ouest, le département de la Loire (Forez, partie du Beaujolais et des Monts du Lyonnais) avec, pour chef-lieu, la ville de Feurs en 1793, puis Montbrison en 1795 et enfin Saint-Étienne depuis 1855.

Au XIXème siècle, entre les deux grands pôles économiques que sont Roanne et Saint-Étienne, la plaine du Forez offre un paysage rural qui exerce un nouvel attrait. De riches industriels, négociants et banquiers lyonnais ou stéphanois font construire d’opulentes villas de campagne pour y pratiquer la chasse et divers loisirs (jeux, thermes). Saint-Bonnet-les-Oules en est un exemple frappant avec son château qui verra sa renaissance lors de sa restauration de 1870 et la construction de nouveaux communs tournés vers la chasse à courre (écuries, chenils…), et l’agrandissement majestueux de la Vigie appartenant à la famille EXELMANS.

Aujourd’hui, le Forez attire de nouveaux habitants pour son cadre de vie. La sensibilisation au patrimoine de ces populations constitue un axe majeur du Pays d’art et d’histoire, d’autant que l’urbanisation gagne la plaine et les coteaux du Forez, aux abords des pôles économiques qui maillent le territoire. Saint-Bonnet-les-Oules dans ce contexte n’est pas en reste. Après une chute drastique de sa population en 1968 avec seulement 416 habitants, le village à aujourd’hui plus de 1600 habitants et est surnommé « la petite Suisse ».

Le château de Saint-Bonnet

Son emplacement

Le château de Saint-Bonnet-les-Oules est un de ceux de la plaine du Forez dont la position est la plus belle ; il domine le village, et la vue dont on y jouit est immense. On a devant soi Andrezieu-Bouthéon et son aéroport, puis le puy de Saint-Romain, Monsupt, le mont d’Uzore, Pierre-sur-Haute, et toute cette région de Montbrison, crénelée de vieux châteaux, autour desquels flottent des légendes. En dernier plan on aperçoit les monts du Forez appelés également les monts du soir ou du couchant, avec Chalmazel qui domine.

Le château se trouve au centre du village de Saint-Bonnet-les-Oules, au cœur d’un parc d’une superficie d’1 hectare, parcelle 223 cadastré.

Au Moyen-Age et à la Renaissance

Les fondations du château datent du XIIe siècle.

A l’origine, il fut d’abord une maison forte construite par la famille d’ANGERIEU, puis fut transformée en véritable château fort grâce à la fortune venant grandissante de ses seigneurs. En 1451, elle était encore une maison forte lorsque Guillaume REVEL fit son armorial, ce qui explique l’absence de Saint-Bonnet-les-Oules dans cet ouvrage.

Au fil des décennies, la maison forte devint un château entouré de murailles avec meurtrières, fossés et pont-levis. On peut toujours apercevoir le Donjon, qui a encore, dans son sous-sol la geôle. Au-dessus de la prison se trouve une pièce qui était à l’origine un laboratoire d’alchimie. Des fresques mythologiques ont été peintes sur le plafond au XVIIe siècle et sont encore aujourd’hui en parfait état.

La toiture était faite avec une charpente à faible pente et des tuiles venant directement de la tuilerie de Lapra, située en bas de la colline de Saint-Bonnet-les-Oules.

Une grande chapelle fut construite dès l’origine auprès de la maison forte. Elle permit à toute la famille d’ANGERIEU de s’y faire enterrer. Présente au moment de l’achat du château par la famille VINCENT en 1782, elle était cependant en piètre état. La Révolution française ne permit pas d’y apporter les travaux d’urgence pour la sauver. Ainsi, au début du XIXe, quand le souhait de la restaurer vit le jour, un des murs tomba dans les douves. Ne pouvant dès cet instant être restaurée, elle fut démolie pour laisser place à une nouvelle aile du château.

La restauration du château de 1870

L’architecte

BRESSON (Louis-Antoine-Maurice), architecte, né à la Croix-Rousse, près Lyon, le 2 mai 1817, mort à Lyon le 17 avril 1893, entra à l’École des Beaux-Arts de Lyon, sous CHENAVARD, où il remporta, en 1834, le premier prix de perspective et une médaille de progrès et bonne conduite ; en 1838 une 3e mention au concours d’architecture et le prix de concours mensuels ; en 1839, la mention d’architecture et le premier prix de concours mensuels et enfin, en 1840, le prix d’architecture sur un Arc de Triomphe. Il partit ensuite pour Paris où il fut élève de LEBAS et se fit recevoir à l’École des Beaux-Arts, en 1842 ; mais il y resta peu de temps. De retour à Lyon, à l’âge de 25 ans et après deux ans et demi d’étude sous ce maître habile, il devint le collaborateur de CHENAVARD et se fit bientôt connaître comme un architecte d’un grand talent, très versé dans l’art monumental du Moyen Age.

Il fut membre du Jury des concours de l’École des Beaux-Arts de Lyon de 1861 à 1880 et de la commission des musées de la ville de Lyon.

Il fut admis, le 5 janvier 1850, à la Société académique d’Architecture, dont il fut le secrétaire de 1855 à 1856, le vice-président de 1867 à 1868 et de 1871 à 1872, et le président de 1877 à 1878. — Membre (1871) de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon ; de la Société Linnéenne et l’un des fondateurs (1872) de la Société de Topographie historique de Lyon. — Admis, en 1877, comme membre de la Société centrale des Architectes français.

Louis-Antoine BRESSON

  • Eglises : 1842 : la Demi-Lune, en collaboration avec Bossan ; 1844 : de Saint-George, à Lyon, chœur et clocher en collaboration avec Bossan ; 1855 : Bessenay (Rhône), en collaboration avec Bossan; 1865-1869 : de Saint-Genis-Laval (chœur et clocher) Rhône; 1867-1868 : Rillieux (Ain); 1867-1873 : Rivollet (Rhône) ; 1876-1880 : Saint-Charles de Serin, à Lyon : 1878: Messimy, (Rhône) en collaboration avec Bourbon; 1883-1886 : Bonnay (Saône-et- Loire) ; 1890: Faverges (Isère) ; 1891-1893 : Saint-Clément de Valsonne (Rhône), en collaboration avec Bourbon ; 1891-1893 : Monsols (Rhône), en collaboration avec Bourbon ; 1893 : Collonges (Rhône) projet.
  • Chapelles : 1854 : Dames de Nazareth, à Oulins (Rhône) ; 1856-1860 : religieuses de Saint- Joseph, à Lyon ; 1860 : maison des Pères Maristes, à Sainte-Foy-lès-Lyon ; 1861-1870 : Dominicains, à Lyon; I863-I865 : collège de Mongré, à Villefranche; 1864-1866 : institut des Petits Frères de Marie, à Saint-Genis-Laval (Rhône); 1866-1869 : couvent des religieuses du Sacré-Cœur, à Avignon ; 1868 : collège des Pères Jésuites, à Avignon ; 1868 : couvent du Sacré-Cœur, à Alais (Gard); 1893 : avant-projet de chapelle pour la maison des dames du Sacré-Cœur, rue Boissat, à Lyon.
  • Collèges et couvents : 1850-1892 : pensionnat et maison-mère des religieuses du Sacré-Cœur, aux Chartreux, Lyon; 1852-1892 : collège de Montgré, à Villefranche (Rhône); 1853-1866 : maison-mère de l’Institut des Petits Frères de Marie, à Saint-Genis-Laval (Rhône); 1854 : maison des PP. Jésuites, à Fourvière (Lyon), changements, chapelle ; 1854-1891 : maison- mère des Dames de Nazareth, à Oulins (Rhône); 1855 : maison des Ursulines, à Villefranche (Rhône) ; 1856-1862 : maison-mère des religieuses de Saint-Joseph, à Lyon; 1858 : maison- mère des PP. Maristes, à Sainte-Foy-lès-Lyon; 1860 : collège des PP. Maristes, à Montluçon (Allier) ; 1861-1870 : restauration du couvent des Dominicains, à Lyon ; 1863-1866 : annexes importantes à l’Institution de N. D. des Minimes, à Lyon ; 1863-1868 : collège des PP. Jésuites, à Avignon (Vaucluse);

1864-1865 : couvent des religieuses du Sacré-cœur, à Grandris (Rhône) ;
1864-1865 : couvent des Religieuses du Sacré-cœur, à Alais (Gard) ;
1873-1877 : collège des PP. Maristes, à Saint-Chamond ; 1876 : bâtiment des écoles pour l’externat des PP. Jésuites, rue Sainte-Hélène, à Lyon ;
1878 : pensionnat des religieuses de Saint-Joseph, à Valbenoîte (Loire) ;
1878 : maison des religieuses de Nazareth à Beyrouth (Syrie) ;
1883-1884 : couvent des Carmélites, à Ecully ; 1885-1891 : maison des Petites Sœurs des pauvres, à Vaise, Lyon ; 1887-1888 : maison des sœurs de l’Œuvre de la Marmite, rue Saint-Joseph, 27, à Lyon ; 1891-1893 : école libre à Saint-Galmier (Loire) ;
1892-1893 : couvent des PP. Oblats, à Lyon ; maison des Petites Sœurs des pauvres, à Aix (Bouches- du-Rhône) ; etc.

  • Châteaux construits ou restaurés : 1852 : Grosbois, à Ouroux (Rhône) ; 1855 : Dommartin (Rhône) ; 1857 : Bresse-sur-Grosne (Saône-et-Loire) ; 1860 : Lacarelle, à Ouroux (Rhône); 1861, Saint-Romain-au-Mont-d’Or (Rhône); 1875 : Chassignol (Saône-et-Loire) ; 1876 : Saint-Bonnet-les-Oules (Loire); 1877 : Montcarra (Isère); 1879 : Bellegarde (Loire); 1890 : Faverges (Isère); des Plaines et de Magnieux dans le département de la Loire; de Sercey, d’Azé, de la Rochette et de Burnand dans le département de Saône-et-Loire; de Vaugelas dans l’Isère et de la Tourette, près l’Arbresle (Rhône).
  • Maisons et hôtels construits à Lyon : 1855 : place de la Bourse n° 2, place de la Bourse n° 3; place de la Platière n° 16; 1857 : place Saint-Pierre n° 4; 1858 : (de Murard) place Bellecour, 30 bis et avenue de Noailles, n° 2; 1859 : place des Cordeliers, n° 3 et place de la Bourse; 1862 : rue de l’Hôtel-de-Ville, nos 3 et 9 ; 1873 : (Bonnardel) quai d’Occident, 5; 1890 : rue Tronchet; sans date: rue Childebert, rue Constantine n° 14 et neuf autres dans divers quartiers.

La restauration du château de Saint Bonnet les Oules

L’architecte BRESSON était passionné de Moyen-Age et avait effectué de nombreuses recherches tout le long de sa carrière pour se rapprocher au mieux des techniques des maîtres de cette époque. Cela lui a permis de rendre les caractères de leur architecture primitive aux châteaux historiques du Moyen-Age ou de la Renaissance qu’il a eu à restaurer.

Dans ce contexte, la restauration du château de Saint-Bonnet-les-Oules est donc une exception dans l’ensemble de ses œuvres, puisque, au lieu de redonner tout le cachet d’un château fort du Moyen Age à cette prestigieuse bâtisse, il la transforma dans un style Renaissance. Il supprima ainsi les toits en tuiles à faible pente pour des toits en ardoise à forte pente, surélevant de façon significative la hauteur du château.

Il perça de grandes ouvertures dans la partie centrale du château coté plaine pour casser le coté moyenâgeux. Il rajouta une tourelle de plein pied contenant un escalier en colimaçon, des balcons et surtout un escalier centrale circulaire avec un grand puits de lumière chapeauté par une verrière.

La seule pièce à laquelle il redonna un côté moyenâgeux est la cuisine du château. Récupérant certainement les pierres de l’ancienne chapelle, il va lui rajouter des voûtes en pierres de taille avec un pilier central.

A l’intérieur se trouve un beau mobilier ancien qui retient l’attention des visiteurs : les chambres avec leurs lits à baldaquins, le grand salon orné de magnifiques toiles représentant Louis XV, le Dauphin, le Maréchal de VILLEROY (qui fut intendant à Lyon de la Province Lyonnais-Forez), et Messire Gaspard de CORBEAU de MONTVERDUN, seigneur de Fontenelle, chevalier de Saint-Louis, fondateur du régiment des dragons.

Au rez-de-chaussée se trouve donc la cuisine voûtée avec un carrelage en damier noir et blanc, la grande salle à manger donnant sur un grand balcon avec un sol en mosaïque, la petite salle à manger avec des fresques au plafond et un parquet d’Aremberg, le petit salon, le grand salon et la bibliothèque avec un parquet en point de Hongrie.

Dans les étages se trouvent 21 pièces, sans compter dans le grenier 6 chambres pour les domestiques, une lingerie, un séchoir pour le linge…

Plan cadastral napoléonien montrant deux entrées et sorties au château, ainsi que des restes de remparts

Projet proposé par BRESSON et retenu

Projet proposé par BRESSON et retenu

Projet proposé par BRESSON et retenu

Le château de Saint-Bonnet-les-Oules à la fin de sa restauration

Les fresques du château

Dans la salle du rez-de-chaussée du château, au niveau du Donjon, au dessus de l’ancienne geôle, dite « petite salle à manger », anciennement salle des archives, et également anciennement salle du billard, se trouvent des fresques murales à priori du XVIIe siècle parlant de Jason et la toison d’or et de la légende de Pyrame et Thisbé.

Cette histoire très ancienne remonte aux mycéniens, vers 1300 ou 1500 av JC. Elle a été réécrite ensuite par Apollonios de Rhodes vers 250 av JC, puis par Ovide.
S’insérant chronologiquement avant les récits homériques, la guerre de Troie ou la colonisation grecque en Méditerranée et en mer Noire, elle apparaît comme un mythe fondateur et l’on retrouve autour de Jason, sur le navire Argo, des personnages, les Argonautes, qui pour certains d’entre eux donnent naissance à une histoire particulière : Héraclès, les Dioscures, Castor et Pollux, sans oublier Orphée, et selon certains auteurs Atalante.

L’histoire est simple. Le grand oncle de Jason, Athamas, roi d’Orchomène en Béotie a épousé en premières noces la nymphe Néphélé créée par Zeus à l’image d’Héra et dont il a eu deux enfants, Phrixos et Hellé, un garçon et une fille. En secondes noces, il épouse Ino. Or, celle-ci, par jalousie et avec subterfuge, obtient d’Athamas que les enfants de Néphélé soient sacrifiés aux dieux. Zeus, sollicité par Néphélé, envoie un bélier ailé , au pelage d’or, pour sauver Phrixos et Hellé . Héra charge Hermès de guider ce bélier pour conduire les deux enfants en Colchide, l’actuelle Géorgie. En chemin, Hellé se penche, tombe dans le détroit qui sépare l’Europe de l’Asie et se noie, donnant son nom à l’Hellespont. Selon les cas, elle est considérée comme morte ou recueillie par Poséidon, auquel elle enfante Péon et Edonos . Phrixos, arrivé à bon port, sacrifie le bélier à Zeus, dieu des Evasions, et offre sa peau, la Toison d’or, d’un or éclatant comme la flamme, au roi de Colchide, Aiétès (ou Æétès) qui lui accorde l’hospitalité et lui donne sa fille Chalciopé en mariage. Æétès place le magnifique trophée sur un chêne dans le bois sacré d’Arès, où il est confié à la garde d’un dragon – ou d’un serpent – gigantesque par la taille, dépassant – selon Pindare – un navire de cinquante rameurs. La présence de la toison d’or dans son royaume garantissait la prospérité,pas d’un point de vue pécunier mais plutôt idolâtre. La Toison agissait sur les récoltes, la météo, les batailles… une sorte de fétiche.

Pendant ce temps, Créthée, fils d’Eole, fondateur de la Cité de Iôlcos, en Thessalie, au pied du mont Pélion, épousa la nymphe Tyro. Il en reconnu les enfants qu’avant son mariage elle avait eus de Poséidon, en particulier Pélias. Celui-ci déposséda son demi-frère Æson, père de Jason, de son trône. De peur que Pélias tue leur fils, ils confièrent Jason encore bébé à un centaure nommé Chiron et firent croire à sa mort. Il viva dans une grotte, au flanc du mont Pélion, en compagnie des quelques garçons qui avait été entraînés à la chasse et à la guerre par le vieux et sage centaure Chiron. Le vieux maître avait le don de voir l’avenir et prédit à Jason de grandes aventures, mais de nombreux périls. Quand Jason fut grand, Chiron lui raconta l’histoire de sa famille, comment son père se fit détrôner par son demi-frère, un homme cruel et sans pitié. Emu et touché par cette histoire, Jason décida alors de retourner en Iolcos afin de venger son père et de reconquérir le trône. Le jeune homme se mit alors en route. Quelques jours plus tard, il atteignit les bords du fleuve Anaure, et regardant les tourbillons boueux, il se demanda comment traverser le cours d’eau quand il sentit une main sur son épaule. Se retournant, il vit une vieille femme cassée en deux, appuyée sur un bâton. Elle semblait surgir du Néant et lui demanda de l’aide pour traverser le fleuve. C’est ainsi que, prenant la vieille femme sur ses épaules, il se glissa dans l’eau. A maintes reprises, sa tête fut submergée. Quand il eût atteint la rive et déposé la vieille dame, il s’étendit sur l’herbe pour se reposer. Ce fut seulement alors qu’il se rendit compte qu’il avait perdu une de ses sandales. Jason se releva, puis regardant devant lui, au lieu de la vieille en guenilles qu’il avait portée, il vit une grande et belle créature qui n’était autre qu’Héra (reine des dieux) qui pour le récompensé d’avoir aidé une vieille femme quand il était lui-même en danger, promis de veiller sur lui, puis disparut aussi mystérieusement qu’elle était apparue.

Bien avant le départ de Jason, un oracle conseilla à Pélias de se « méfier de celui qui n’aurait qu’une sandale ». Peu de temps après, alors que Pélias célébrait un sacrifice public, se présenta devant lui un jeune homme, vêtu d’une peau de panthère, tenant une lance dans chaque main et le pied gauche déchaussé : c’etait Jason. Selon Apollonios, Pélias, ignorant que le jeune homme fut son neveu, lui fit signe d’approcher et lui demanda ce qu’il ferait si on lui avait prédit qu’il devait mourir de la main d’un de ses parents. Jason lui répondit qu’il donnerait à cet homme l’ordre d’aller chercher la Toison d’or. Pélias retourna le conseil contre Jason en lui promettant de lui céder le trône s’il rapportait la Toison. Ayant dépossédé de son royaume le père de Jason, il ne souhaitait en fait, qu’éloigner celui- ci et « lui faire perdre sur terre, sur mer ou en pays étranger, toute chance de retour ». Cependant, Jason accepta le défi et se soumit aux ordres de Pélias. Il s’entoura de 54 compagnons, les Argonautes. D’abord, il enrôla Pélée et Télamon qui avait été ses compagnons dans la grotte de Chiron. Hercule les rejoignit ainsi que les frères Castor et Pollux, Zétés et Calaïs (les fils ailés du Vent du Nord) et Orphée qui bien qu’il ne soit pas un guerrier, devait jouer un rôle vital dans la conquête de la Toisons d’Or, etc. Ils embarquèrent tous sur le navire Argo. Un navire dont Homère, dans L’Odyssée, nous dit qu’il est, au temps de la Guerre de Troie, connu de tous.

La mission impossible, compte tenu des dangers qui jalonnent la route de Jason (il devra combattre des géants, des nymphes envoûtantes, des sirènes maléfiques et des harpies terrifiantes), s’accomplit grâce à la protection des déesses et des dieux – Héra, Athéna, Apollon, Aphrodite qui, en faisant intervenir son fils Eros, rendit amoureuse de Jason, Médée, la fille du roi de Colchide qui était aussi magicienne et prêtresse.

Après de multiples péripéties, les Argonautes arrivèrent à l’embouchure du Phase et naviguèrent entre ses rives bordées d’arbres jusqu’au pays barbare de Colchide où ils ne restèrent que quatre jours. Le roi Aétès, était un magicien illustre et ce qu’il ne pouvait obtenir par la force, il l’obtenait par la sorcellerie. Il n’accueillit pas bien la visite des Argonautes, bien déterminé à les empêcher de prendre la Toison d’Or. Cependant, il pensa qu’il valait mieux avoir l’air amical, la force de combat que représentait l’équipage de l’Argo n’était pas à sous-estimer. Il userait d’abord de la ruse. Aétès annonça alors à Jason que s’il voulait la Toison d’Or, il lui fallait réussir quelques épreuves prévues prétendument par Zeus : Jason devrait atteler à une charrue deux taureaux aux sabots d’airain. Les deux animaux, propriété d’Éétès, étaient un don d’Héphaïstos : énormes, sauvages, aux sabots de bronze, crachant du feu par la bouche. Jason devait atteler ces taureaux, puis semer des dents de dragon. Athéna en avait donné une moitié à Éétès et l’autre moitié à Cadmos pour qu’il les sème à Thèbes. Enfin il devait tuer le gardien de la Toison d’or pour pouvoir s’en emparer. Jason devait exécuter tous ces travaux en un seul jour, s’il souhaitait pouvoir repartir.

Jason ne savait vraiment pas comment faire pour atteler les deux taureaux sans mourir sous leurs flammes. Mais Médée, la magicienne, la fille d’Éétès et de l’Océanide Idaea, tomba amoureuse de lui suite à une flèche d’Éros, et, craignant que Jason ne soit tué par les taureaux, elle décida de l’aider en cachette de son père. Elle lui dit qu’elle s’arrangerait pour qu’il obtienne la Toison d’or, à condition qu’il promette de l’épouser et de l’emmener en Grèce avec lui. Jason jura, et Médée lui donna un baume magique, avec lequel il devrait enduire son épée, sa lance, mais aussi son propre corps, avant d’affronter les taureaux : durant un jour entier ce baume le rendrait invulnérable au fer et au feu. Puis elle lui révéla que, tandis qu’il sèmerait les dents du dragon, de la terre surgiraient des hommes, tous armés contre lui. Quand Jason les verrait regroupés, de loin, il devait jeter des pierres au milieu d’eux : alors les hommes commenceraient à combattre les uns contre les autres se pensant attaqué par les uns et les autres, et le jeune homme parviendrait à les tuer. À ces paroles, Jason s’enduisit avec l’onguent magique ; il se rendit dans le bois sacré du temple, il trouva les taureaux et, en dépit du fleuve de feu avec lequel ils l’assaillirent, protégé des brûlures, il put saisir les taureaux par les cornes (d’où l’expression très connue aujourd’hui) qui devinrent extrêmement dociles, et réussit à les atteler à une charrue de diamant pour leur faire défricher quatre arpents d’un champ consacré à Mars. Puis il sema les dents du dragon, et, de la terre, surgirent des hommes en armes : les Spartes (« les semés ») ; quand il les vit tous assemblés, sans se faire voir il leur jeta des pierres : ceux-ci s’accusant mutuellement de l’avoir lancée, s’entretuèrent sans se soucier de lui, et Jason pu s’approcher d’eux et les tuer. Bien que Jason eût réussi ses épreuves, le roi Éétès refusa de lui donner la Toison d’or ; davantage : il complota de brûler le navire Argo et de tuer tout l’équipage. Mais avant qu’il ne pût mettre son plan à exécution, Médée, de nuit, se rendit auprès de Jason ; elle le mena à la Toison d’or, et, grâce à ses philtres magiques, elle endormit le dragon qui montait la garde. Ainsi put-il s’emparer de la Toison ; ensuite il monta sur le navire. Apsyrtos, le frère de Médée, les accompagna également. Et durant la nuit, ils mirent à la voile.

Quand il s’aperçut de ce que Médée avait osé faire, Éétès embarqua sur un navire et se lança à leur poursuite. Médée vit que son père les avait désormais rejoints ; alors elle tua son frère Apsyrtos, elle le découpa en morceaux qu’elle jeta dans la mer. De cette façon, Éétès interrompit sa poursuite pour rassembler les membres épars de son fils. Il rebroussa chemin et ensevelit ce qui était resté d’Apsyrtos dans le lieu qui fut ensuite appelé Tomi. Et à nouveau il chargea un grand nombre de ses sujets de poursuivre le navire Argo, en les menaçant de les châtier comme il aurait châtié Médée, s’ils ne la ramenaient pas. Les Colques s’organisèrent par groupes, et commencèrent les recherches en empruntant des routes diverses.

Quand les Argonautes eurent franchi le fleuve Éridan, Zeus, furieux à cause de l’assassinat d’Apsyrtos, déclencha contre eux une tempête terrible, qui les jeta hors de leur trajectoire. C’est ainsi qu’ils passèrent au-delà des îles Apsyrtides, et le navire émit une prophétie : la colère de Zeus ne cesserait pas si les Argonautes ne se dirigeaient pas vers l’Ausonie, où Circé les purifierait de l’assassinat d’Apsyrtos. Ayant franchi le territoire des Ligures et des Celtes, ils traversèrent la mer de Sardaigne, longèrent la côte tyrrhénienne et atteignirent Ééa, où, comme des suppliants, ils se présentèrent à Circé, et ils furent finalement purifiés.

De retour à Iolcos, Jason demanda de nouveau le trône à Pélias, et comme celui-ci ne se pressait pas de le restituer, Médée le fit égorger par ses propres filles, sous prétexte de le rajeunir. Ce crime ne rendit cependant pas à Jason sa couronne : Acaste, fils de Pélias, s’en empara, et contraignit son rival d’abandonner la Thessalie. Jason se retira avec Médée à Corinthe, où il vécut heureux pendant dix ans, jusqu’à ce qu’il la répudie, épris d’amour pour Glaucé ou Créüse, fille de Créon, roi de Corinthe. Médée, dans sa fureur, fit périr sa rivale et égorgea les deux enfants qu’elle avait de Jason.

Suivant Apollodore et Phérécyde, Jason fit alliance avec les Dioscures et avec Pélée, qui voulait se venger d’Astydamie, l’épouse d’Acaste. Tous trois marchèrent contre lolcos, et la détruisirent. Diodore rapporte que Jason, las de la vie, se donna la mort. Une autre tradition le fait périr écrasé par la chute de la poupe de l’Argo, un jour qu’il se reposait à l’ombre du navire auquel il avait dû sa gloire. Il reçut les honneurs héroïques. Les auteurs des derniers âges de l’Antiquité racontent que Jason avait fini par se réconcilier avec Médée, et qu’il retourna en Colchide dont il fut roi après la mort d’Aétès son beau- père.

Ces fresques se trouvent dans le donjon du château construit entre le XIIIe et XVe siècle. La salle basse qui les contient est longue de 5 m, large de 4 m, est couverte d’une voûte en arc brisé qui a été peinte à fresques. Ces fresques à encadrements botanique et volutes offrent les caractères de la fin du XVIe ou début XVIIe siècle. Le blason des Bartholy y est apposé postérieurement, ce qui donne une indication de datation aux alentours de 1607.

Les peintures, d’un excellent pinceau, ont très peu souffert aux cours des siècles et sont donc dans un état particulièrement remarquable. Elles sont réparties en quatre panneaux, deux sur chaque portion de la voûte. Au centre de ces panneaux, quatre ovales représentent des personnages. La porte d’entrée est au Nord et fait face à une seule fenêtre, au Sud.

Les deux fresques les plus proches de la porte montrent deux scènes de la Légende des Argonautes.

Une des fresques représente Jason domptant les deux taureaux devant la Cour. On peut apercevoir en arrière-plan le bateau Argos avec ses voiles gonflées par le vent. Dans la deuxième fresque, Jason sème des dents de dragon d’où naissent des guerriers, avec en arrière-fond l’Argos sans ses voiles, et des jeunes femmes de la Cour. En premier plan nous pouvons voir le dragon terrassé, gardien de la toison d’or.

Pourquoi des fresques de la Toison d’or ?

Depuis l’Antiquité – et notamment à la Renaissance et à l’Âge classique –, les aventures de Jason qui personnifie désormais des valeurs telles que le courage, symbolisent le combat contre l’hérésie ou la conquête de terres nouvelles. En 1429, Philippe le Bon, duc de Bourgogne fonde à Bruges, un ordre de chevalerie, l’Ordre de la Toison d’or, fraternité d’armes répondant à la « très vieille exigence humaine des pratiques initiatiques ». Comme Jason a conquis la Toison d’or, il faut désormais délivrer Jérusalem des mains des infidèles. Cet Ordre très convoité relance la connaissance de ces aventures. Sous Louis XIV, elles fournissent aux littérateurs, aux poètes, aux peintres, aux sculpteurs, aux graveurs et aux tapissiers des thèmes dramatiques, voire la trame de féeries à grand spectacle : naumachies, entrées royales dans les villes. Il est ainsi, peu de thèmes qui aient été autant exploités dans l’Europe entière. Pierre Corneille crée en 1635, Médée puis en 1661, La Conquête de la Toison d’or, une pièce à machines jouée pendant les fêtes en l’honneur du mariage de Louis XIV et de Marie- Thérèse d’Autriche. Le frère cadet de Pierre Corneille, Thomas Corneille écrit le livret de Médée, l’Opéra de Marc-Antoine Charpentier, créé en 1693 mais tombé depuis dans un relatif oubli. Lorsque, le 7 mai 1770, le cardinal de Rohan, croit honorer Marie-Antoinette, future dauphine, en prêtant sa tenture, L’Histoire de la Toison d’or, pour décorer le pavillon de réception, cela provoque un mini scandale, la délégation autrichienne et même la princesse sont choquées que l’on ait choisi le thème d’une union aussi tragique .

C’est donc dans cette mouvance historique que s’inscrit la réalisation des fresques du château de Saint-Bonnet-les-Oules.

Elles s’inscrivent également dans l’intérêt qu’a dû avoir un des anciens châtelains pour l’alchimie. En effet, cette pièce où se trouve ces fresques est réputée avoir été un ancien laboratoire d’alchimie. La preuve en est de l’orientation Nord-Sud de la pièce, du symbole alchimique de l’artichaut aux quatre coins de la pièce et des fresques contenant de nombreux symboles allégoriques de la recette de la Pierre philosophale. En effet, pour les alchimistes, les Colchidiens auraient hérité des secrets de leurs ancêtres et maîtres égyptiens. La Toison d’or désignerait, selon Homère, un parchemin recouvert d’or qui livre à son possesseur le secret de la Pierre philosophale. Cette Pierre, jetée sur le métal en fusion, aurait le pouvoir d’assurer la transmutation des métaux. Réservoir d’énergie, elle permettrait la régénération de l’individu provoquant soit le rajeunissement du corps ou de l’âme, soit une mutation spirituelle. L’adepte, le corps et l’esprit purifiés par le feu de la Pierre philosophale, pourrait alors s’élever vers l’Absolu.

Selon Jean d’Antioche à l’époque byzantine, puis repris par « Suidas » au 10e siècle : «la Toison d’or n’était pas ce que la fable dit d’elle, mais un livre écrit sur une peau et qui enseignait la manière de fabriquer l’or par alchimie. C’est pourquoi les anciens l’appelaient à juste titre « la Toison d’or » en raison de ce qu’elle permettait de réaliser ». Texte repris par le métropolite de Thessa-lonique, Eustathe (vers 1115-1 195/96), qui ajoute (Periegesis Dionysii, § 689, 340.38-41 Mtiller) que « Kharax lui-même dit que la Toison d’or est un traité de chrysographie rédigé sur des parchemins, pour lequel, dans la mesure où il était une chose d’une importance considérable, fut construite la flotte d’Argos ».

Cette fable de Jason ne serait donc qu’une leçon de chimie ; que par les choses qu’il fit dans son voyage, on a voulu représenter les changements des corps, qui se font par le moyen de cet art ; et que la Toison d’or, qu’il remporta après de si grands travaux, est la figure de ce que l’on appelle vulgairement le grand œuvre ou la pierre philosophale.

En conséquence, quoi de mieux que les aventures des Argonautes pour illustrer un laboratoire d’alchimie ?

L’histoire de Pyrame et Thisbé, comme l’histoire de Jason et la Toison d’or, se trouve dans les Métamorphoses d’Ovide. Ce livre, considéré comme un livre alchimique, est le point commun des deux légendes et donc des fresques du château de Saint-Bonnet-les-Oules.

Cette fable rapportée par le poète Ovide est la suivante : à l’époque où les mûriers ne donnaient que des fruits blancs comme neige, vivaient dans Babylone deux jeunes gens, Thisbé et Pyrame, qui s’aimaient d’amour tendre. Leurs familles respectives sont voisines mais ennemies. Ils ne peuvent donc ni se voir ni se parler et les parents n’apprécient guère l’amour qu’ils se portent. Ils échangent cependant un peu tous les jours grâce à une fissure qu’il y a dans le mur mitoyen de leurs maisons. Un jour, ils décident de s’enfuir et se donnent rendez-vous près du tombeau de Ninus, là où il y a une fontaine et un arbuste aux fruits blancs. Thisbé arriva la première. Elle rêvait au clair de Lune dans ce cadre si propice quand, soudain, une lionne sortit des bosquets. Elle venait de festoyer, sa gueule en était encore toute ensanglantée, et mourrait de soif. Thisbé, épouvantée, s’enfuit en courant, oubliant son voile sur l’herbe. La lionne s’amusa avec, le déchiqueta à belles dents et le poissa du sang de sa dernière victime. Elle étancha ensuite sa soif et partit comme elle était venue, sur la pointe des griffes. Lorsque Pyrame arriva à son tour, il ne retrouva pas la belle Thisbé mais seulement son voile, déchiré et maculé de sang. Il crut évidemment que Thisbé avait été dévorée par la lionne… Éperdu de douleur, Pyrame sortit son épée et se la plongea dans le corps. Il agonisait lorsque, Thisbé, dominant sa peur, revint sur les lieux de leur funeste rendez-vous. Devant le corps de son ami, gisant à côté du voile fatal, elle comprit que Pyrame s’était donné la mort par amour pour elle. Elle se saisit à son tour de l’épée et se tua. Depuis, les fruits du mûrier ne sont plus blancs comme neige, mais pourpre, teints à jamais par le sang innocent des amants de Babylone, rendant ainsi hommage au destin funèbre de Pyrame et Thisbé. Cet amour plus fort que la mort est symbolisé par l’urne commune où reposeront à jamais les cendres des amants et par la couleur sombre des fruits du mûrier. (4, 128-166).

On ne saurait dire à quel point cette fable s’accorde à l’hermétisme alchimique. Ces deux amants sont nos deux natures métalliques (Soufre rouge et Soufre blanc ou Sel). La lionne représente le Mercure et le grand mûrier blanc, le but de la tâche que l’Artiste doit accomplir à cette époque du travail. Cette histoire tend à rappeler l’emblème XLI de l’Atalanta fugiens, où Adonis est culbuté par un sanglier (sans doute Arès métamorphosé) : de sa blessure mortelle à l’aine, sort un sang blanc, coloré en rouge par Aphrodite, qui s’était blessée à des églantiers, en voulant porter secours à Adonis. Le nom même de Pyrame rappelle le pyroxène, pierre qui vit dans le feu (étrangère au feu). D’où l’allusion finale aux mûriers qui, depuis lors, sont teintés de pourpre qui représente la dernière couleur de l’œuvre. Quant aux amants de Babylone, ils rappellent assez le nom du dragon portant le même nom, pour qu’on y voit la marque du vitriol romain.

Jason semant les dents du dragon

Jason domptant les taureaux et combattant le gardien de la Toison d’or

Le symbole alchimique de l’artichaut

Thisbé se donnant la mort

Découverte des corps de Pyrame et Thisbé

La statue Atalante

Son histoire

A la séance de l’Académie du 28 avril 1781, le sculpteur du roi Louis XVI, Pierre JULIEN, fait demander la statue antique Atalante pour en exécuter une copie en marbre et la fait transporter dans son atelier du Louvre. Cette nouvelle statue a été exécutée pour le baron de JUYS et porte gravée, sur le tronc d’arbre, la signature Julien sculpteur . On peut lire de cette statue dans le livre Les châteaux historiques du Forez par Auguste BROUTIN en 1883 :

« Rien de charmant comme la pose presque aérienne de cette jeune fille disputant à ses rivaux le prix de la course. Le pied qui la supporte semble à peine effleurer le sol; la pose de son corps penché en avant, ses deux bras étendus vers le but qu’elle semble déjà toucher sont aussi gracieux que naturels. »

Maître Jacques-Octave VINCENT de SAINT-BONNET, célèbre avocat du barreau de Lyon, et propriétaire du château de Saint-Bonnet-les-Oules pendant toute la première moitié du XIXe siècle, eut à défendre Mademoiselle de La BALMONDIERE, propriétaire à Lyon de l’hôtel particulier du baron de JUYS, qu’elle avait acquis durant la révolution. Cet hôtel particulier possédait la statue du célèbre sculpteur du roi Louis XVI : l’Atalante de Pierre JULIEN. A la fin du procès, Me VINCENT de SAINT-BONNET refusa d’être payé. En remerciement de sa générosité et de son excellent travail, Mademoiselle de La BALMONDIERE lui offrit la statue Atalante, qui trône désormais en pièce maîtresse dans l’escalier du château inscrit à l’inventaire des Monuments historiques.

Sa légende

Atalante est connue comme une héroïne de la mythologie arcadienne et du cycle thébain. Les thébains (repris par Ovide dans les Métamorphoses livre X) en font une fille du roi de Skyros, Schoenée, tandis que les arcadiens lui donnent pour père Iasos roi du Péloponnèse. Mais de toute façon l’un comme l’autre, souhaitant avoir un fils, abandonnèrent le bébé après sa naissance dans les forêts du Pélion. Heureusement que dans la forêt du Pélion une ourse l’allaita. Puis des chasseurs la recueillirent et firent d’elle une redoutable chasseresse très habile à l’arc et à la course. Non seulement elle courait très vite mais elle était aussi une lutteuse redoutable défiant Pélée lors des jeux en l’honneur du roi Pélias.

Atalante s’illustra alors dans de nombreux exploit peu commun pour une femme. Elle tua deux centaures qui tentèrent de la violer. Elle demanda également à faire partie de l’expédition des argonautes. Certain disent qu’elle y fut acceptée et devient la seule femme à bord. D’autres affirment plutôt que Jason aurait refusé sa présence, craignant qu’elle devienne le centre de litiges de tous les hommes à bord de l’Argos. Elle prit néanmoins part aux jeux funéraires de Pélias (père de Jason) où elle battit Pelée à la lutte.

Dans ses Métamorphoses, le poète romain Ovide raconta l’histoire d’amour entre Méléagre et Atalante. Tout commença par Diane, déesse de la chasse. Furieuse de ne pas avoir reçu d’offrandes du roi Œneus de Calédonie, elle envoya un sanglier géant ravager son pays. Quelques valeureux chasseurs, dont le prince Méléagre, lui ouvrirent la chasse. D’une flèche bien placée, Atalante, arrêta l’animal que Méléagre acheva. Tombé sous le charme d’Atalante, ce dernier offrit la tête de la brute à sa bien-aimée, faisant ainsi fi de la tradition qui veut qu’elle aille à un parent proche. Lorsque ses oncles exigèrent le trophée reçu par Atalante, Méléagre tira son épée et les tua. Sa mère le frappa alors d’une malédiction qui lui vaudra une mort horrible.

A la suite de la mort de son époux, Atalante souhaita consacrer sa vie à Diane chasseresse en devenant sa prêtresse et en demeurant célibataire pour rester fidèle à son défunt mari. De plus, un oracle l’aurait prévenu contre un nouveau mariage. Alors, elle déclara que seul l’homme qui sera capable de la battre à la course aurait sa main. Ceux qui échoueraient seraient décapités. Attirés par sa beauté, de nombreux prétendants se présentèrent, mais Atalante fut trop rapide et aucun ne put gagner. Arriva un jeune homme du nom d’Hippomène fils de Mégaré descendant de Neptune/Poséidon. Le malheureux tomba aussitôt amoureux de la jeune femme. Étant lui-même un coureur réputé (son nom le signale d’ailleurs : Hippos signifie cheval en grec) il décida de se présenter à l’épreuve. Mais il savait bien qu’Atalante serait plus rapide. Touchée, Aphrodite/Venus lui fit cadeau de trois pommes dorées qui l’aiderait. La course commença. Atalante pris de l’avance alors Hippomène jeta la première pomme. Atalante, irrésistiblement attirée par le fruit s’arrêta pour le ramasser, puis elle repartit et finit par doubler Hippomène à nouveau. Celui-ci jeta alors la seconde pomme. Atalante s’arrêta une nouvelle fois et le jeune homme repris son avance qu’il finit par perdre encore. Le troisième et dernier fruit fut jeté et permis au coureur de remporter la course et la main de sa bien aimé. Mais trop pressé de consommer leur union, le couple s’abandonna dans un temple dédié à Cybèle, la grande déesse mère. Furieuse, celle-ci changea le couple en lions. Ils furent condamnés à tirer son chariot pour l’éternité.

La statue antique Atalante du IIe siècle après J.-C, achetée à Rome par Mazarin en 1665 pour Louis XIV et qui servi de modèle à Pierre JULIEN. Au Louvre

La statue Atalante par Pierre Julien

Informations utiles

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Tel: 06 29 61 47 57

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115 Allée du Bourg, 42330 Saint-Bonnet-les-Oules