Une visite du mémorial en 3D ?

Armistice de 1918

Armistice du 22 juin 1940

La fin des espoirs allemands

La Première Guerre mondiale avait officiellement débuté le par la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie.

Signé le , le traité de Brest-Litovsk, conduisant à la reddition de la Russie, permet à l’armée allemande de se concentrer sur le front de l’Ouest ; cependant, l’échec des offensives allemandes en juin et juillet 1918, ainsi que le renfort des alliés américains et britanniques retirent à l’Allemagne tout espoir de victoire. Depuis août 1918, les forces allemandes reculent en bon ordre, mais avec de lourdes pertes, sur l’ensemble du front franco-belge. En septembre 1918, l’État-Major allemand fait savoir à l’empereur que la guerre est perdue, mais ni Guillaume II, ni les chefs militaires ne veulent assumer la responsabilité de la défaite.

À partir de septembre 1918, une série d’offensives de l’Entente sur les fronts d’Orient et d’Italie entraînent la capitulation des alliés de l’Allemagne. Les armistices sur les fronts d’Orient créent une « énorme brèche » (Ludendorff) que l’Allemagne n’est pas en mesure de colmater.

En même temps, sur le front belge, les Franco-Belges lancent une attaque vers Bruges et enfoncent le front allemand.

L’agitation grandit dans les troupes allemandes et à l’arrière. Durant le mois d’octobre, les Allemands et le président américain Wilson échangent des notes dans lesquelles ce dernier est chargé, dans la lignée de ses quatorze points proposés en janvier dans un discours retentissant, de prendre en main le rétablissement de la paix.

Le , Erich Ludendorff et Paul von Hindenburg sont au quartier général de l’Armée allemande à Spa, en vue de discuter de la situation sur le front ouest ; à 18 heures, ils décident d’organiser l’armistice. Le diplomate Paul von Hintze avertit le Kaiser Guillaume II, qui se trouve alors à Kiel.

Le , Paul von Hintze se rend à Spa. Guillaume II retourne à Berlin où il est rejoint par le chancelier Georg von Hertling démissionné le jour même. Le soir, Paul von Hintze retourne à Berlin avec le major von dem Bussche, qui doit exposer la situation au Reichstag.

Le 1er octobre 1918, Erich Ludendorff envoie un télégramme au cabinet impérial : « Envoyer immédiatement un traité de paix. La troupe tient pour le moment, mais la percée peut se produire d’un instant à l’autre ».

Le , Guillaume II nomme Max de Bade chancelier du Reich, sans parvenir à stopper la défaite : de nombreux marins et soldats refusent d’aller au combat, en particulier à Kiel.

Le , à 6 heures du matin, Maurice Hacot, habitant d’Auchel et caporal affecté au centre radio-télégraphique de la tour Eiffel reçoit un message morse émis de Spa en Belgique. Il s’agit de la demande d’armistice de l’état-major allemand. Il transmet le message au colonel Ferrié.

Arrivée de la délégation allemande

Le , Matthias Erzberger, représentant du gouvernement allemand, part de Spa pour négocier l’armistice. Il atteint et traverse la ligne de front à La Flamengrie (Aisne) sur la route d’Haudroy à La Capelle. Il est accompagné d’un diplomate, le comte von Oberndorff, d’un attaché militaire parlant couramment français, le général von Winterfeldt, d’un interprète, le capitaine von Helldorf, d’un sténographe et deux autres militaires, le capitaine Vanselow et le capitaine d’état-major Geyer.

L’ensemble de la délégation allemande est dirigée vers la villa Pasques, à La Capelle pour préparer les négociations de l’armistice. C’est le caporal Pierre Sellier, originaire de Beaucourt (Territoire de Belfort) qui, ce jour-là, fut le premier clairon à sonner le premier cessez-le-feu. Sous la responsabilité du commandant de Bourbon Busset, les six voitures traversent la zone dévastée du Nord de la France, s’arrêtent à Homblières pour se restaurer, puis vont vers la gare de Tergnier où les attend un train affrété qui les mène vers un lieu de rencontre jusque-là tenu secret, une futaie de la forêt de Compiègne. Le site abrite deux petites voies ferrées parallèles, utilisées pour l’acheminement des pièces d’artillerie sur rail destinées au tir de longue portée sur les lignes allemandes et où ont été acheminés deux trains, le train du maréchal Foch et le train aménagé pour la délégation allemande qui arrive sur place le 8 novembre à h 30 du matin. Commence alors pour les allemands ce que Matthias Erzberger décrira plus tard dans ses mémoires comme un « véritable calvaire ».

A 10 h, les plénipotentiaires allemands sont reçus par le maréchal Foch. L’ambiance est glaciale. Sans attendre, le maréchal interpelle les visiteurs : « Qu’est-ce qui amène ces Messieurs ? » Erzberger lui demande quelles sont ses propositions. « Je ne suis autorisé à vous les faire connaître que si vous demandez un armistice. Demandez-vous un armistice ? » répond le maréchal.

Les Allemands se concertent avant de répondre par l’affirmative : « Nous le demandons ».

Un texte est alors distribué aux parlementaires allemands, avec un délai de trois jours pour réfléchir.

Durant les trois jours, les Allemands n’ont en réalité que peu d’occasions de véritablement négocier. Ils doivent rapidement se plier aux conditions développées dans le texte qui leur a été soumis. Ce texte, qui fixe des conditions humiliantes pour les Allemands (voir par ailleurs), avait été établi en dernier lieu par Foch, au titre de commandant suprême des forces alliées, après un mois de positions divergentes de Wilson, Clemenceau, Orlando et Lloyd George.

Erzberger tente de négocier une prolongation du délai, sans succès face à Foch.

Pendant ce temps, la situation politique évolue en Allemagne. Le , le prince de Bade conseille au Kaiser d’abdiquer. Dans un premier temps, celui-ci refuse. Après avoir envisagé de prendre lui-même le commandement de l’armée, il est néanmoins contraint à l’abdication par ses généraux et part en exil aux Pays-Bas. Afin d’éviter une prise de pouvoir par les spartakistes, les socialistes modérés proclament la république et forment un gouvernement. Cet événement est un élément de pression supplémentaire vis-à-vis des délégués allemands réunis dans le wagon de Rethondes. Le lendemain, le nouveau chef du Gouvernement allemand, Friedrich Ebert, signe un pacte avec les dirigeants de son Armée et implore son représentant à Rethondes de clore sans tarder les négociations.

L’armistice

Le , à h 15 du matin, Erzberger emmène une dernière fois la délégation allemande dans le wagon français. Pendant près de 3 heures, les Allemands négocient en essayant d’obtenir des atténuations sur chacun des 34 articles que compose le texte. Entre h 12 et h 20 du matin, l’armistice est signé avec une application sur le front fixée à 11 heures du matin, et ce pour une durée de 36 jours qui sera renouvelée trois fois (prolongation d’un mois dans le même wagon à Trèves le puis reconduction le et le pour une durée illimitée).

Dans les capitales européennes, c’est le soulagement. À Paris, un million de personnes descendent dans la rue pour célébrer l’armistice. Malgré la défaite, celui-ci est également fêté à Berlin par la population allemande, pour qui elle signifie la fin des souffrances. Dans ses mémoires, Erzberger écrit : « Toutes les gares étaient pleines de monde parce qu’on avait su que nous retournions en Allemagne. L’animation et la joie régnaient partout ».

Le soir du , Georges Clemenceau confie avec lucidité au général Mordacq : « Nous avons gagné la guerre et non sans peine. Maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être encore plus difficil ».

Le lendemain de l’armistice, après avoir félicité les négociateurs, le maréchal von Hindenburg fait proclamer un dernier message à l’armée allemande dans lequel il évoque déjà à demi-mots la thèse du « coup de poignard » dans le dos qui aurait été porté à l’armée par les civils.

Au vu du déni de défaite en Allemagne qui devait alimenter la contestation nationaliste de la République de Weimar, un courant historiographique français, représenté en particulier par Guy Pédroncini, relayant la position du général Pétain, devait considérer que l’armistice du 11 novembre avait été prématuré.

À la suite de cet armistice est signé le traité de Versailles, le . Ce traité, dont les clauses furent très critiquées en Allemagne sera une des causes de la Seconde Guerre mondiale.

L’état-major souhaite un lieu isolé des regards capable d’accueillir deux trains : un pour les Alliés et l’autre pour les Allemands. L’ancien épi de tir désaffecté du Francport est redécouvert par hasard. Il convient parfaitement. Il est proche de la gare de Rethondes, ce qui permet de ravitailler en eau les machines qui sont en permanence maintenues en chauffe, et il est assez éloigné pour permettre des discussions loin des regards. Les journalistes sont tenus volontairement à l’écart. Un chemin en caillebotis est installé entre les deux trains pour permettre les déplacements des plénipotentiaires. L’Armistice est signé dans le wagon-restaurant du train français. Ce dernier est ensuite transformé en musée. L’armistice du 22 juin 1940, cette fois-ci demandé par la France à l’Allemagne après la bataille de France, fut signé par la volonté d’Hitler dans cette même voiture historique placée exactement au même endroit qu’en 1918, selon le désir d’Hitler, montrant ainsi son esprit de revanche envers la France, qui, selon lui, avait humilié l’Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale. Hitler se venge ainsi du diktat de Versailles En 1940, le Führer le fait emmener à Berlin où il est évacué dans une ville voisine (Ohrdruf) lors de l’avancée des armées alliées. Il sera détruit par accident sur une voie de garage dans la gare de Crawinkel. Une reconstitution a été réalisée dans un wagon identique (le VR 2439) et est aujourd’hui présentée en forêt de Compiègne.

Alliés

Les militaires

  • Le maréchal Foch, commandant suprême des forces alliées
  • L’amiral Wemyss, représentant britannique
  • Le contre-amiral Hope (en), adjoint au First Sea Lord
  • Le général Weygand, chef d’état-major de Foch

Le secrétariat du maréchal Foch

  • Henri Deledicq
  • Émile Grandchamp

Allemands

Du côté allemand, le représentant plénipotentiaire est civil, assisté de conseillers militaires :

  • Matthias Erzberger, représentant du Gouvernement allemand en lieu et place du général Erich von Gündell initialement désigné pour ce rôle ;
  • Le comte Alfred von Oberndorff, représentant le ministère des Affaires étrangères allemand ;
  • le Generalmajor Winterfeldt, de l’Armée impériale ;
  • le capitaine de vaisseau Vanselow, de la Marine impériale.

Le 29 septembre 1918, à Spa, Erich Ludendorff demande au gouvernement allemand de solliciter un armistice en raison d’une situation militaire tous les jours plus préoccupante, pouvant aboutir à une capitulation inconditionnelle. Il est démis de ses fonctions par l’empereur Guillaume II le , ce renvoi étant le fruit de l’opposition du général à la demande du président américain Woodrow Wilson qui exige une capitulation militaire sans conditions. Le Commandement militaire suprême allemand (représenté par les deux grands chefs militaires, le maréchal von Hindenburg et le généralissime Groener), refusant également d’endosser la responsabilité de la défaite, passe la main au pouvoir civil (plus précisément au secrétaire d’État membre du parti du centre catholique Matthias Erzberger) pour signer l’armistice qui est en fait une capitulation ne disant pas son nom. Ce stratagème permet à l’armée allemande de ne pas se présenter comme vaincue devant la nation et à Ludendorff de forger la Dolchstoßlegende (la « légende du coup de poignard [dans le dos] ») pour disculper les militaires.

La convention originale est consultable sur le site du Service historique de la Défense en version numérisée.

  • A) Sur le front d’occident
    • I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l’armistice.
    • II) Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l’Alsace-Moselle, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l’armistice. […]
    • IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. […]
    • V) Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d’occupation des Alliés et des États-Unis. […] [qui] assureront l’occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblence, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon. […]
    • VI) Dans tous les territoires évacués par l’ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l’armistice. Il ne sera fait aucune destruction d’aucune sorte. […]
    • VII […] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement […] et 5 000 camions automobiles en bon état. […]
    • X) Rapatriement immédiat, sans réciprocité, dans des conditions de détail à régler, de tous les prisonniers de guerre, y compris les prévenus et les condamnés, des Alliés et des États-Unis. […] Le rapatriement des prisonniers de guerre allemands sera réglé à la conclusion des préliminaires de paix.
  • B) Dispositions relatives aux frontières orientales de l’Allemagne.
    • XII) Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant-guerre de l’Autriche-Hongrie, du royaume de Roumanie, de l’Empire ottoman, doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l’Allemagne telles qu’elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant la guerre de la Russie devront également rentrer dans les frontières de l’Allemagne définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. […]
  • C) Dans l’Afrique orientale.
    • XVII) Évacuation de toutes les forces allemandes opérant dans l’Afrique orientale dans un délai réglé par les Alliés. […]
  • F) Clauses navales.
    • XXII) Livraison aux Alliés et aux États-Unis de tous les sous-marins. […]
  • G) Durée de l’armistice.
    • XXXIV) La durée de l’armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation.

Le dernier jour de guerre a fait près de 11 000 tués, blessés ou disparus, soit plus que lors d’une opération majeure comme le Jour J en 1944 (si ne sont comptabilisés que les pertes alliées). Certains soldats ont perdu la vie lors d’actions militaires décidées par des généraux informés de la signature de l’armistice. Par exemple, le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d’attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain, ce qui engendra la perte de 300 hommes.

Le dernier soldat belge mort au combat est un sous-officier de 24 ans, Marcel Toussaint Terfve, originaire de Liège. Touché au bord du canal de Terneuzen, près de Gand, par une balle au poumon gauche à 10 h 42, il meurt à 10 h 45, soit 15 minutes avant l’heure du cessez-le-feu.

À 10 h 45 du matin également, Augustin Trébuchon a été le dernier soldat français tué ; estafette de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d’infanterie, il est tué d’une balle dans la tête alors qu’il porte un message à son capitaine.

Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué à h 30 alors qu’il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique. Le dernier soldat canadien a été George Lawrence Price, deux minutes avant l’armistice. Il a d’abord été enterré à Havré avant d’être transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. La pierre tombale d’Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons.

Enfin l’Américain Henry Gunther est généralement considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60 secondes avant l’heure d’armistice, alors qu’il chargeait des troupes allemandes étonnées parce qu’elles savaient le cessez-le-feu imminent.

La date de décès des morts français du a été antidatée au par les autorités militaires. Pour les autorités militaires, il n’était pas possible ou trop honteux de mourir le jour de la victoire.

Après l’enfoncement de plusieurs lignes de défense françaises vers le , la défaite française dans la bataille de France apparaît inéluctable. Dans ces conditions, le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement français, s’exprime dans un discours radiophonique à 12 h 30 le depuis Bordeaux où il annonce qu’il faut cesser le combat : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat » ; il indique également qu’il recherche avec l’ennemi « les moyens de mettre un terme aux hostilités ». Immédiatement, cet appel est largement relayé par les Allemands pour que les troupes françaises déposent les armes sans combattre.

Néanmoins, dans la soirée, le ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin atténue les mots du maréchal et indique :

« […] Voilà pourquoi le gouvernement présidé par le maréchal Pétain a dû demander à l’ennemi quelles seraient ses conditions de paix. Mais il n’a pas pour autant abandonné la lutte, ni déposé les armes. Comme l’a dit ce matin le maréchal Pétain, le pays est prêt à rechercher dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. II n’est pas prêt, et ne sera jamais prêt à accepter des conditions déshonorantes, à abandonner la liberté spirituelle de notre peuple, à trahir l’âme de la France. […] »

Dès le lendemain depuis Londres, le sous-secrétaire d’État à la Défense et à la Guerre, le général de Gaulle lance son appel du 18 Juin sur les ondes de le BBC, reprochant à Pétain le principe même de l’armistice, qui livrait la France pieds et poings liés au Reich, et invitant les Français à résister à l’ennemi, mais il n’est que peu entendu dans la Métropole :

« […] Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limite l’immense industrie des États-Unis. […] »

Néanmoins, les négociations s’engagent et une rencontre formelle est organisée dans la forêt de Compiègne, à l’endroit imposé par Hitler.

Adolf Hitler exige que l’armistice soit signé au même endroit que l’armistice de 1918, dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne dans le département de l’Oise. Il fait sortir le wagon de l’Armistice, qui avait servi à signer celui de 1918, du bâtiment qui l’abrite, et le fait placer à une centaine de mètres de là, à l’emplacement exact où il se trouvait le , afin d’y organiser la cérémonie de revanche sur la Première Guerre mondiale (le wagon va ensuite être convoyé à Berlin). Le , lors de la journée inaugurale des négociations, les Allemands sont représentés par Adolf Hitler en personne et le général Wilhelm Keitel, chargé des négociations en tant que chef du Haut Commandement de l’armée allemande.

Plusieurs hauts dignitaires de l’Armée allemande et du régime nazi assistent à la cérémonie : Rudolf Hess, Hermann Göring, Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, l’amiral Raeder, commandant en chef de la Kriegsmarine et le général von Brauchitsch, commandant en chef de la Heer, l’Armée de terre allemande.

La délégation française est présidée par le général Huntziger et comprend le général d’aviation Bergeret, le vice-amiral Le Luc et l’ambassadeur Léon Noël.

Après la cérémonie militaire, les délégations prennent place dans la voiture et Hitler donne la parole à Keitel qui prononce un discours. Puis le texte des conditions d’armistice est remis aux Français et les Allemands, à l’exception de Keitel et de l’interprète Schmidt, quittent les lieux. Le général Jodl rejoint alors les délégués avec quelques officiers.

Avant son départ pour Rethondes, le général Huntziger, chef de la délégation française, est reçu par Pétain en présence de membres du gouvernement : le nouveau ministre de la Défense, le général Weygand et le ministre des Affaires étrangères, Paul Baudouin ; au cours de cet entretien, le chef du Gouvernement fait part de ses « instructions formelles » qui sont de « […] rompre immédiatement la négociation si l’Allemagne exige premièrement la remise totale ou partielle de la flotte, deuxièmement l’occupation de la métropole, ou troisièmement l’occupation d’une partie quelconque de l’empire colonial ».
Parallèlement, les services du ministère des Affaires étrangères rédigent une note : « Liste succincte des concessions qui ne pourraient être faites sans porter atteinte à l’honneur » ; aux trois points indiqués par Pétain, s’ajoutent la livraison de l’aviation et la sauvegarde des institutions de la France et sur l’intégrité du territoire il est précisé que cela concerne particulièrement l’Alsace-Lorraine et la Corse.

Ayant pris connaissance des conditions d’armistice édictées par les Allemands, Huntziger en rend compte à Weygand, le à 20 h, au cours d’un long entretien téléphonique — conversation écoutée par les Allemands — où il dicte le texte intégral de la convention, aussitôt transmise au Conseil de ministres réuni à Bordeaux.

La délégation française considère que les conditions qui sont imposées à la France par l’Allemagne, bien que dures, sont toutefois acceptables car elle garde sa flotte et ses colonies — conformément aux souhaits de Pétain — et n’est pas entièrement occupée. En fait, au moment de la signature de l’armistice, les Allemands n’exigent aucune des trois conditions qui, selon les instructions de Pétain, auraient été susceptibles de provoquer la rupture des négociations : « En effet, le territoire ne serait pas occupé dans sa totalité puisqu’une ligne de démarcation définirait la délimitation de la zone sous contrôle allemand […]. Mais au cours des négociations, cette ligne ne fut pas présentée comme intangible […]. ». La flotte serait simplement désarmée et la question de l’Empire ne fut pas l’objet de ces négociations.

Lors des pourparlers qui se déroulent toute la journée du 22, entrecoupés de nouvelles communications téléphoniques entre Huntziger et Weygand, la délégation française obtient néanmoins deux modifications : l’article 5 sur la livraison des avions militaires et l’article 17 sur les transferts de valeurs et de stocks, sont amendés. Les Allemands refusent toute autre concession, en dépit des protestations françaises, en particulier sur l’article 19 concernant le droit d’asile et sur l’Italie (la France n’ayant pas été vaincue dans les Alpes). À la suite de l’ultimatum du général Keitel, chef de la délégation allemande, Huntziger reçoit l’ordre depuis Bordeaux de signer l’armistice.

Après ces deux jours de discussion, l’armistice est donc signé le à 18 h 36 par les généraux Keitel et Huntziger.

Les conditions de l’armistice sont motivées par les préoccupations d’Adolf Hitler à cette époque : il faut bien sûr empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il faut veiller à ce que sa flotte et l’aviation ne rejoignent pas le Royaume-Uni, qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire, car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser ni l’allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Hitler a rencontré Mussolini le à Munich pour le convaincre de s’en tenir à ses vues : le Duce voulait s’emparer de la flotte et de l’aviation françaises, occuper la France jusqu’au Rhône, annexer Nice, la Savoie, la Corse, la Tunisie, la Côte française des Somalis, les villes d’Alger, d’Oran et de Casablanca, ce qui n’entrait pas dans les plans de Hitler qui considérait ces prétentions démesurées et de nature à compromettre la signature de l’armistice. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le contenu de la convention d’armistice.

La convention est un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses suivantes :

  • les prisonniers de guerre (plus de 1,5 million d’hommes) restent en captivité jusqu’à la signature d’un accord de paix ;
  • la moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c’est la zone occupée, qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constitue la « zone libre », c’est-à-dire non occupée, regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones sont séparées par la ligne de démarcation ;
  • la France doit pourvoir à l’entretien de l’armée d’occupation. Il s’avéra que le montant de ces indemnités allait être fixé de façon quasi-discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s’élèvera, en moyenne, à 400 millions de francs par jour ;
  • dans la zone libre, l’Armée française est limitée à 100 000 hommes et les troupes sont désarmées ;
  • la souveraineté française s’exerce sur l’ensemble du territoire, y compris la zone occupée, l’Alsace et le département de la Moselle, mais dans la zone occupée, il est stipulé que l’Allemagne exerce « les droits de la puissance occupante », ce qui implique que l’administration collabore avec elle d’une « manière correcte » ;
  • l’Empire colonial français reste également sous l’autorité du Gouvernement français ;
  • les bâtiments de guerre rejoignent leur port d’attache du temps de paix, comme Cherbourg, Brest et Lorient qui se trouvaient en zone occupée (« La désignation de ces ports sera faite d’après les ports d’attache des navires en temps de paix ») ;
  • la France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.

La dernière condition (article 19 : la France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol) est généralement considérée comme « contraire à l’honneur », en tout premier lieu par la délégation française à Rethondes.

Le choix de Hitler de laisser à la France vaincue sa souveraineté et son empire peut paraître aujourd’hui surprenant. À l’époque, dans une lettre au Duce et lors de la réunion du à Munich, Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée) par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies. La Marine allemande n’était pas en mesure de conquérir le vaste empire colonial outre-Méditerranée, et l’envoi de troupes dans des contrées éloignées n’entrait pas dans la stratégie de Hitler. Dans les faits, à l’exception de l’Afrique-Équatoriale française et de la Nouvelle-Calédonie, les colonies françaises ne se rallient ni à de Gaulle ni aux Alliés dans les mois qui suivent l’armistice, malgré la bataille de Dakar.

De son côté, Churchill, face au risque insupportable de voir la flotte française rejoindre ses ports d’attache maintenant occupés par l’ennemi conformément aux conventions d’armistice, envoie le une force navale britannique, commandée par l’amiral Somerville, sommer l’escadre française de Mers el-Kébir de se joindre à elle, de se saborder, ou de rejoindre les Antilles françaises. L’amiral français Gensoul, en l’absence de tout moyen d’établir le contact avec le gouvernement français, est contraint pour l’honneur de sa patrie de rejeter l’ultimatum. Il s’ensuit un combat naval, au cours duquel le courage de la flotte française qui se bat dans une position bien délicate permet à quelques navires de s’échapper malgré de grosses pertes : le cuirassé Bretagne est coulé ; un second, le Provence, ainsi que le croiseur de bataille Dunkerque et le contre-torpilleur Mogador, sont mis hors de combat ; le tout cause la mort de 1 297 marins français.

L’amiral Darlan avait, par avance, refusé de diriger vers les ports occupés les unités qui y avaient leur base. Il ordonna à la totalité de la flotte de se replier en Afrique du Nord. L’attaque de Mers el-Kébir l’incita à la baser à Toulon dès la fin de l’année 1940.

Dans l’incertitude de leur issue, les conversations et discussions entre les membres des deux délégations, et celles entre les membres de la délégation française et le gouvernement Philippe Pétain, furent enregistrées par les Allemands à l’insu des Français. À l’occasion de la découverte par le collectionneur Bruno Ledoux de l’unique copie qui fut, à la suite de la signature de l’Armistice et du début de la Collaboration, remise au maréchal Pétain, inconnue des historiens, France Télévision en diffuse de larges parties en . De courts extraits provenant de la copie des enregistrements originaux allemands, détenue aux Archives fédérales, en avaient auparavant été diffusés par Philippe Alfonsi sur Europe 1 dans les années 70 puis sur France Inter en 1990. Le document sonore retrouvé par Bruno Ledoux, comprenant, sous la forme de 45 disques 78 tours en aluminium une face, de plus de 3 heures, à en tête Présidence du Conseil, Administration de la Radiodiffusion nationale, Centre des enregistrements, et comportant les inscriptions manuscrites allemandes 22 juin 1940, Tag.2, Verhandlüng, Compiègne, contenant l’intégralité des discussions qui se sont tenues dans le wagon le , sera offert par Bruno Ledoux à l’État français pour être conservé aux Archives Nationales.

Le musée

L'abri du wagon

Un commentaire relate les conversations du 8 au 11 novembre 1918 grâce aux écrit du lieutenant Laperche, présent en tant que traducteur.. Des tablettes présentent l’emplacement des protagonistes et la configuration du wagon avant et après sa modification en octobre 1918 pour l’usage du Maréchal Foch.

LA ROTONDE

Dans la Rotonde contemplez plus de 800 vues stéréoscopiques  de la première guerre mondiale. Une grande vitrine présente de l’armement individuel et un mortier de tranchée (crapouillot)  Une autre vitrine est consacrée aux objets personnels des soldats. Sur les murs, des panneaux expliquent plusieurs batailles et l’effort de guerre nécessaire.

ESPACE MARCHE À LA GUERRE

La première salle relate les raisons de la Grande Guerre et la mobilisation. Des képis et des sabres sont exposés dans une vitrine. Une cuirasse rappelle l’importance de la cavalerie avant 1915 et la guerre de tranchée. Un élévateur permet aux personnes à mobilité réduite d’accéder à la rotonde.

LA SALLE 3D

Cette salle vous immerge au cœur de la guerre en 3 dimensions grâce un diaporama d’images issues de la collection de plaques stéréoscopiques de l’association du Mémorial de l’Armistice. Un commentaire très poignant accompagne ce film. Dans cette salle, sont mises à l’honneur les femmes par des photos et des tableaux Deux mannequins, un français et un allemand, encadrent l’écran.

1919: LE TRAITÉ DE VERSAILLES

Le traité de Versailles fixe les réparations imposées à l’Allemagne.. Une vitrine présente les plumes ayant servi à la signature, un projet distribué à cette occasion aux représentant de chaque pays et dans un autre document les remarques faites par le gouvernement allemand.

LA SALLE ARMISTICE 1918

Des documents expliquent les événements qui ont précédé la signature de l’Armistice.. Les vitrines montrent  l’évolution des matériels, chars avions et met à l’honneur les généraux qui  ont contribué à cette modernisation tel le Général Adrian, inventeur du casque français. ; Une maquette du wagon permet d’en détailler l’intérieur. Un diorama représente les deux trains dans la clairière le 11 novembre 1918. . Sur quelques photos apparaît la délégation allemande le long de son train.

LA SALLE D'UNE GUERRE A L'AUTRE

Cet espace fait le lien entre la Première et la seconde guerre mondiale. Il explique les raisons qui ont mené à un nouveau conflit : Les principales sont la rancœur amenée par le traité de Versailles en Allemagne et la crise monétaire de 1929. La misère qui en a découlé a provoqué la montée des nationalismes en Italie et en Allemagne.alors que la France optait pour le pacifisme. et la défensive en construisant la ligne Maginot..

LA SALLE ARMISTICE 1940

Une partie de la salle retrace les préparatifs les 19 et 20 juin, la visite de Hitler le 21 juin, la signature de l’Armistice le 22 juin.. L’autre partie relate le départ du wagon vers l’Allemagne, le démontage des monuments et la destruction de l’abri musée et de la clairière..

L'ÉCROULEMENT DE LA FRANCE

Cette salle où des maquettes d’avions Stuka et Dewoitine  sont suspendues, relate. la bataille de France et la résistance héroïque des soldats français et britanniques trahis par des décisions de commandement insensées. Des vitrines exposent de l’armement, des uniformes français et allemand de la seconde guerre mondiale..

LA FIN DE LA VOITURE 2419D, ET LA CLAIRIÈRE (DE 1945 À NOS JOURS)

La voiture 2419D (wagon de l’Armistice) a été détruite accidentellement en Allemagne. Des vestiges de cette voiture sont exposés dans cette salle. Des photos relatent son ultime voyage.et sa fin tragique dans un camp de prisonniers en Thuringe

Cette frise explique la reconstruction de la clairière, l’installation du wagon 2439D  en remplacement du wagon du Maréchal Foch. Une vitrine présente le livre d’or ouvert en 1927 et clôturé le 10 novembre 2018 par le Président Macron et la Chancelière Angela Merkel. Un livre d’or virtuel en montre les principales pages.

Le wagon

Construction

En 1913, deux séries de wagons-restaurants, soit trente-sept voitures, sont commandées par la Compagnie internationale des wagons-lits et livrées à partir de 1914. Comme les wagons et voitures de l’époque, la caisse est en bois, montée sur un châssis en acier. Le de cette année, la voiture-restaurant 2419 D reçoit l’autorisation de circuler et est affectée sur la section de Paris-Montparnasse où elle dessert les lignes de Saint-Brieuc (1914), Le Mans (1915-1916) puis sur Paris-Saint-Lazare pour desservir Deauville-Trouville (1918). En septembre 1918, dans le cadre des réquisitions de temps de guerre, elle revient aux ateliers de Saint-Denis pour être transformée en voiture-salon-bureau. Elle est alors prise en charge par le général Weygand qui l’incorpore le 15 octobre 1918 au train du Grand Quartier général à Senlis mis à disposition du maréchal Foch, commandant allié du front de l’Ouest. Elle est effectivement mise à disposition de l’État-Major le .

Armistice de 1918

La voiture est incluse dans le train qui, le 7 novembre 1918, est acheminé dans une futaie de la forêt de Compiègne. Ce lieu isolé mais peu éloigné du front et du Quartier Général allié est choisi par la direction des transports militaires aux armées (DTMA) et approuvé par Foch, pour les négociations de l’armistice entre les Alliés et les Allemands. Ce site, qui devient plus tard la clairière de Rethondes, est équipé de deux épis ferroviaires, distants d’une centaine de mètres et reliés à la ligne de Compiègne. Ils servent alors à l’acheminement des pièces d’artillerie lourde sur rail pour le tir de très longue portée sur les lignes allemandes. Un second train est aménagé pour abriter la délégation allemande.

Composition du train français :
  • fourgon nord 585, fourgon est 6120, voiture nord By 16, voiture nord Ay 6, wagon-restaurant 2418, wagon-lits 1888, wagon-lits 1889, wagon-salon-bureau 2419, wagon-salon-lits 2443, fourgon est 6096.
Composition du train allemand :
  • fourgon nord 5227, wagon-restaurant 1733, wagon-lits 2193, wagon-lits 1884, voiture ALS 11, voiture ALS 8, voiture Ay 127, voiture By 141, fourgon nord 726, fourgon nord 652.

Les négociations sont menées dans la voiture-salon et le entre h 12 et h 20 du matin, après une ultime séance débutée à h, l’armistice y est signé avec une mise en application sur le front fixée à 11 h du matin le jour-même. Entre les 8 et , peu de photographies des deux trains ont été prises, le maréchal Foch les ayant interdites. Seul un cheminot a réussi à prendre quelques photos « volées ».

Autour de la table sont assis en se faisant face :

  • pour les Alliés : le maréchal Foch entouré de l’amiral de la flotte britannique Wemyss, du contre-amiral britannique Hope et du général français Weygand ;
  • pour les Allemands : le ministre d’État Matthias Erzberger, le Generalmajor von Winterfeldt de la Deutsches Heer (l’armée de terre impériale), le comte Alfred von Oberndorff des Affaires étrangères et le capitaine de vaisseau Vanselow de la Kaiserliche Marine (la marine impériale).

Aux extrémités de la table se trouvent l’officier interprète français Paul Laperche (1880-1946) et le capitaine allemand von Helldorff.

Assistent également, mais en retrait, le capitaine britannique Jack Marriott et le capitaine allemand Geyer.

Dans le petit bureau-salon adjacent, au centre de la voiture et servant aux transmissions, se tiennent deux officiers français : le commandant Riedinger et le capitaine de Mierry. Dans les anciennes cuisines du wagon ont été aménagés le bureau des secrétaires, Henri Deledicq et Émile Grandchamp, ainsi que celui des cartographes.

Le vers h 30 du matin, juste après la signature du traité, à la sortie du wagon de l’Armistice : de gauche à droite au premier plan, l’amiral britannique Hope (en), le général Weygand, l’amiral britannique Wemyss, le maréchal Foch (avec une canne et un képi ), le capitaine de la Royal Navy Marriott (en).

Entre-deux-guerres

La réquisition de la voiture est levée en . Elle est restituée à la Compagnie internationale des wagons-lits (la CIWLT) qui la transforme à nouveau en wagon-restaurant. Elle est réaffectée brièvement à la gare de Paris-Saint-Lazare sur la ligne d’Évreux mais le gouvernement dirigé par Georges Clemenceau ayant demandé à la CIWLT de lui céder cette voiture pour l’exposer au musée de l’Armée aux Invalides à Paris, la CIWLT décide d’en faire don à l’État et une convention est signée entre elle et le gouvernement le .

La voiture est alors affectée au train du président de la République, Alexandre Millerand, et effectue un seul voyage à Verdun, le . Elle est ensuite placée dans la cour d’honneur des Invalides le . Elle y reste six ans jusqu’au .

À la suite d’une demande récurrente du député-maire de Compiègne, Robert Fournier-Sarlovèze, et au mécénat d’un Américain de Pasadena, Arthur-Henry Fleming, le wagon est restauré et convoyé jusqu’à la clairière de Rethondes où un bâtiment pour l’abriter a été spécialement construit. L’ensemble est inauguré le en présence du maréchal Foch et de tous les officiers alliés présents lors de la signature de l’armistice.

Armistice de 1940

L’armistice du , cette fois-ci demandé par la France à l’Allemagne après la bataille de France, est signé par la volonté de Hitler dans cette même voiture historique que l’on place exactement au même endroit qu’en 1918, montrant ainsi l’esprit de revanche de Hitler envers la France : selon lui, elle avait humilié l’Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale. Hitler se venge ainsi du diktat de Versailles.

Pour ce faire, le , l’organisation Todt casse une partie du bâtiment qui abritait le wagon pour pouvoir déplacer la voiture et la replacer sur la clairière à une centaine de mètres de là, débarrassée de ses drapeaux alliés. Le monument où figure l’aigle allemand foudroyé est recouvert du drapeau nazi. Le , Hitler, plusieurs hauts dignitaires allemands et l’interprète Schmidt montent dans la voiture pour le premier jour des négociations d’armistice, Hitler n’assistant qu’à la lecture du préambule. L’armistice est signé le lendemain à 18 h 52 par le général Keitel pour l’Allemagne et le général Huntziger, chef de la délégation française.

Sur ordre de Hitler, le site de la clairière de Rethondes est arasé, les monuments démontés et la zone labourée et cultivée.

En Allemagne

Le , la voiture est convoyée par la route à Berlin où elle est exposée une semaine devant la porte de Brandebourg, puis au Lustgarten où la population peut la visiter et cotiser pour le Secours allemand.

Évacuée de Berlin en 1944, elle est mise à l’abri en Thuringe, près de Ruhla puis à Ohrdruf. Elle est brûlée non loin de là, à Crawinkel par les SS en , sur ordre de Hitler, les troupes alliées approchant.

Le , Hitler (la main au côté), accompagné de hauts dignitaires nazis et d’officiers généraux, regardant la statue du maréchal Foch avant d’entrer dans le wagon (garé à droite) pour le début des négociations de l’armistice, signé le lendemain en son absence.

Signature de l’armistice le . Sur le côté gauche de la table, le général Keitel ; sur le côté droit de la table, la délégation française avec le général Huntziger (en uniforme clair, saisissant un document) entouré du général d’aviation Bergeret (au fond) et du vice-amiral Le Luc (de profil au premier plan).

Après-guerre

Un wagon-restaurant appartenant à la même série (il ne s’agit donc pas d’une réplique) et aménagé à l’identique, le no 2439 D, remplace la voiture originale de l’Armistice dans la clairière de Rethondes, dans un bâtiment reconstitué. Cette voiture est réalisée en teck, bois tropical imputrescible. Différents souvenirs du maréchal Foch qui avaient été préservés y sont rassemblés et l’intérieur du wagon est reconstitué à l’identique de celui de l’armistice en novembre 1918. L’ensemble est inauguré le .

Après la chute du mur de Berlin et la réunification allemande (Ohrdruf se trouvait dans l’ancienne RDA), on découvre que certains vestiges de la voiture qui n’avaient pas brûlé (blason de la compagnie ferroviaire, lettres de la voiture et main-montoire dans la voiture) avaient été récupérés par des habitants. Ils sont donnés en 1992 au mémorial de la forêt de Compiègne.

Le livre d’or du wagon de l’Armistice, signé par le maréchal Foch, est depuis signé par les autorités officielles françaises lors de cérémonies officielles, notamment par chaque Premier ministre français le premier 11 Novembre qui suit sa nomination.

Ouvrages de référence

Informations utiles

wagon.armistice @wanadoo.fr

Tel: 03 44 85 14 18

Route de Soissons, 60200 Compiègne