Le château en 3D ?

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Histoire

Un symbole du pouvoir âprement disputé

Mauzun entre dans la grande histoire quand, à partir du 13ème siècle, il passe des mains des comtes d’Auvergne, alliés des rois d’Angleterre, à celles des évêques de Clermont, fidèles aux rois de France. Il sera, pendant quatre siècles, un symbole du pouvoir en Auvergne et, à ce titre, âprement disputé à chaque période de trouble, jusqu’à ce que l’établissement de la monarchie absolue le rende inutile à la fin du 17ème siècle.

Sur la carte de Simeoni (1560), Mauzun (“Mosun”) est représenté avec sa triple enceinte.
© Bibiothèque municipale de Clermont-Ferrand

Le roi Philippe Auguste profite d’une dissension familiale pour annexer l’Auvergne

L’origine de Mauzun remonte à l’époque celtique. Il y eut un oppidum gaulois, puis un castellum romain. Durant le haut moyen âge, les comtes d’Auvergne en avaient fait un poste-clef de la protection du Livradois contre les invasions normandes. En 1209, la dernière héritière de la châtellenie légua le château à son oncle Robert de la Tour, évêque de Clermont, au grand dam de son autre oncle, Guy II, comte d’Auvergne, qui entra en guerre contre son frère. Robert en appela au roi. En 1210, Philippe Auguste envahit l’Auvergne, rétablit l’évêque dans ses possessions et ne laissa à Guy II qu’un modeste territoire. Le fils du comte ayant repris la lutte, l’évêque Hugues de la Tour du Pin obtint l’aide du roi pour renforcer les défenses de Mauzun. Et comme il fallait marquer les esprits, on se décida pour une reconstruction à neuf, sur le modèle des grandes forteresses royales.

Qui tenait Mauzun commandait l’Auvergne

En 1370, le château tomba aux mains des Anglais. Toute la contrée subit les affres de l’occupation. Il fut reconquis en 1385 lors d’une campagne menée par le duc de Bourbon et financée par les Etats d’Auvergne. Suivit une très longue période de paix durant laquelle le logis fut embelli par les évêques Jacques d’Amboise et Thomas du Prat. Lors des guerres de religion, la forteresse de Mauzun fut encore âprement disputée : en 1589, les Huguenots s’en emparèrent tout d’abord, puis les Ligueurs. L’année suivante, la Ligue est vaincue et le château restitué à l’évêque. Au 17ème siècle, Joachim d’Estaing restaura la forteresse et renforça la garnison. En 1632, les troupes de Gaston d’Orléans, chef de la révolte des Grands, prirent Tournoël et attaquèrent Mauzun, où elles furent mises en déroute. Le château venait de connaître son dernier siège.

Déchéance et abandon

En 1732, l’évêque Jean-Baptiste Massillon obtint du roi la permission de «faire abattre et démolir le dit château de Mozun» qu’il ne pouvait plus entretenir. Faute de moyens, cette démolition n’eut pas lieu et le château servit encore de prison. A la Révolution, la forteresse, propriété de l’Eglise, est vendue comme bien national ; elle est acquise par un groupe de onze citoyens, à charge pour eux de «démolir ce signe de la féodalité». Découragés par l’énormité du chantier, ils se contentèrent d’extraire les plus belles pierres et livrèrent les pentes à la culture et au pâturage.

L’intérieur des ruines du château de Mauzun, vers 1850, par Jean-Baptiste Louis Hubert.
© BNF

Au cours du 20ème siècle, le faire-valoir agricole fut abandonné et les dégradations s’accentuèrent, sous l’effet du pillage et des intempéries. En 1970, les ruines du château de Mauzun sont classées monument historique. Une association de sauvegarde est localement constituée, mais elle est dissoute en 1998. En 2001, la forteresse de Mauzun est rachetée par la famille Charrier ; elle est, depuis lors, ouverte au public et progressivement consolidée.

Architecture

La réponse au défi militaire du XIIIe siècle

Si les premiers châteaux en pierre avaient longtemps déjoué les moyens offensifs, leur invulnérabilité est remise en cause, à la fin du 12ème siècle, par la puissance des nouvelles machines de siège. Pour rétablir la supériorité de la défense, le premier tiers du 13ème siècle est marqué par une véritable révolution dans la conception du château fort. Initiée dans les châteaux royaux d’Ile-de-France, elle est appliquée dans les provinces conquises par Philippe Auguste, notamment à Mauzun.

La défense prend le pas sur la résidence : primauté des enceintes

Abandonnant le schéma traditionnel du donjon-résidence, refuge hautain et passif, trônant sur des annexes à l’abri d’une enceinte assez lâche, le château philippien inverse le procédé : l’habitation devient accessoire ; l’enceinte devient l’essentiel : simple, double ou triple, elle est renforcée et dotée de toute une panoplie d’organes de riposte. Dominant ses alentours à perte de vue, la forteresse de Mauzun est un système hiérarchisé de trois enceintes encerclant un dôme volcanique. Le rempart inférieur, de 900m de pourtour, forçait l’assaillant à se concentrer, à dresser des échelles et à se trouver à découvert sous le tir plongeant du rempart supérieur. Celui-ci présente la forme d’un cœur de 150m de large, jalonné de 16 tours régulièrement espacées, enfermant un terre-plein obtenu par arasement partiel de la colline. À la jonction des deux branches du cœur, culminant sur un socle de basalte retaillé à la verticale, se dresse la troisième enceinte – le château ou donjon – formidable carré de pierres noires emboîté dans ses quatre tours d’angle.

Des courtines et des tours puissamment armées

La défense active, auparavant inexistante, est généralisée, formant des lignes de tir continues qui ne laissent aucun espace hors d’atteinte d’une flèche ou d’un carreau d’arbalète. La deuxième enceinte de Mauzun est équipée d’une ligne basse comprenant 63 meurtrières (3 par tour, une par segment de courtine), et d’une ligne haute constituée par un chemin de ronde à parapet crénelé au sommet des murs et des tours. Même disposition dans le donjon où s’ajoute un niveau supplémentaire de meurtrières, en quinconce par rapport au premier, et où le crénelage est doublé par des hourds. Les trois lignes de tir étaient desservies par autant de galeries – sous terre, dans l’épaisseur des murs et à leur sommet – courant sur la totalité du pourtour. Cela donnait à la garnison une grande mobilité et permettait d’en réduire l’effectif : quelque dizaines d’hommes suffisaient pour faire marcher cette énorme machine.

Une dernière enceinte indépendante

Ce qui caractérise l’enceinte finale du château philippien, c’est d’avoir son propre système de défense, de pouvoir se passer du reste de la place et, au besoin, de le tenir en respect. A Mauzun, les deux premières enceintes sont d’une grande utilité car elles peuvent abriter une troupe nombreuse et protéger longtemps le donjon. Mais elles ne sont pas indispensables à ce dernier, qui a tous les moyens de se défendre seul. Son socle rocheux le met à l’abri des sapeurs et des taupins (mineurs) ; ses murs épais se jouent des catapultes ; ses trois lignes de tir font mouche en tout point de la deuxième enceinte; à l’opposé de sa porte puissamment fortifiée, une poterne ménage des possibilités de sortie pour prendre l’assaillant à revers ; enfin, excentré, il est préservé de l’encerclement en cas d’invasion de la basse-cour et dispose d’une issue directe sur l’extérieur, pour le ravitaillement et les secours.

Informations utiles

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Tel: -

https://chateaudemauzun.fr

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