L'église en 3D ?

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L’église de Vieux-Pont-en-Auge est une des plus vieilles églises de Normandie. Datée de la fin du Xe siècle par l’historien Arcisse de Caumont, elle est de style pré-roman.

Le plan de l’église est classique avec la nef (14 m x 8 m) et le chœur (8 m x 5 m). La tour du clocher, de forme carrée, est accolée au niveau du chœur, côté sud. La sacristie est plus récente et date probablement du XVIIe siècle.

L’église conserve ses caractères originaux qui sont surtout très visibles sur la face sud de la nef et aussi sur le mur nord du chœur.

La maçonnerie est composée de petits moellons de pierre noyés dans le ciment avec des rangées de 3 couches de briques rouges romaines qui lui donnent cette allure si particulière.

Cette technique était utilisée par les Romains pour construire les murs de leurs édifices comme l’enceinte militaire du Mans ou les Termes de Cluny au centre de Paris.

On a même cru, un moment, qu’elle était plus vieille encore. Des briques de l’église de Vieux-Pont ont été datées par thermoluminescence entre -300 avant J.C. et +700 ans après J.C.. Il s’agirait donc de matériaux de réemploi qui apportent au monument son originalité rare en Normandie.

On trouve ce type de mur dans plusieurs églises anciennes dans les Pays de Loire : Savennières, au sud- ouest d’Angers ou à Averdon dans le Loir-et-Cher.

Sur la face sud, observez les 3 séries de fenêtres gémellées qui ne sont pas, à l’évidence, de l’époque de la construction initiale. Vous trouvez en haut à droite de la première d’entre elles la trace d’une fenêtre primitive, étroite, cintrée et bordée d’un triple cordon de briques.

Il y avait probablement 3 fenêtres similaires qui ont été remplacées par les fenêtres actuelles. On trouve une autre trace de fenêtre initiale dans l’angle de la tour et du chœur toujours au sud qui devait éclairer le chœur avant même que la tour ne soit construite. Le mur nord de la nef ne comporte pas ces cordons de briques romaines mais conserve une fenêtre romane intacte. Une dernière fenêtre romane, côté nord du chœur, est bouchée.

Il y en avait une autrefois au-dessus de la porte d’entrée principale, côté ouest.

Façade ouest de l’église en 1845

Elle a été remplacée par une niche en forme d’écusson, probablement lorsqu’à la fin du 19e siècle, le curé de l’époque a décidé de rehausser la porte. On a retrouvé les traces de cette fenêtre romane à l’intérieur lors des travaux réalisés en 2019.

Une autre caractéristique de l’ancienneté de l’église réside dans les 2 appareils réticulés qui se trouvent tout en haut des façades ouest et est.

C’est surtout sur le gable à l’ouest que l’on peut observer ces petites pierres carrées comme des pavés et posées en biais. Elles forment un grand triangle décoratif.

En fait, le haut du triangle correspond au sommet de la façade avant que celle-ci ne soit rehaussée bien plus tard, probablement pour pouvoir y asseoir une charpente capable de soutenir les lourdes tuiles de la couverture

Un tel appareil est visible sur l’une des façades d’une autre très vielle église située non loin de Tours à Azay-le-Rideau.

Le clocher sur le mur sud est accolé à l’église au niveau du chœur. Il est de facture romane, probablement de la deuxième moitié du XIe siècle, mais il est possible que la partie basse, totalement aveugle, soit plus ancienne.

Cette partie est construite en petites pierres avec alternance de briques ce qui laisse penser qu’elle a été érigée peu après la nef.

Au-dessus, trois arcatures aveugles puis une fenêtre cintrée divisée en 2 baies et un dernier étage avec une ouverture cintrée donnent à l’ensemble son allure élancée.

Au sommet, quelques modillons sculptés sur chaque face sont visibles. La tour est coiffée d’un beau clocher augeron, monté sur une charpente partant du sol, visible à l’intérieur, et soutenant les cloches.

Sur la face est de la tour, à l’angle du chœur, une plaque obituaire rappelle la mort d’un certain Ranoldus. Elle est rédigée en latin.

La traduction en est : « (Le) 7 (des) id(es de) févr(ier), est mort Ranoldus. Il est né de la race des Francs. Que son âme repose en paix. Am(en). Il a fait cette église. »

Le caractère carolingien de la typographie indiquerait qu’elle a été rédigée dans la première moitié du XIe siècle. On ignore si elle a été posée initialement à cette place mais il est probable que non.

À cette époque, on indiquait ainsi la date anniversaire de personnes importantes du lieu décédées et enterrées ailleurs. C’était une façon d’honorer la personne en se souvenant de la date afin de prier pour le défunt ce jour-là. On n’indiquait pas forcément l’année en question car cela avait moins d’importance.

L'intérieur de l'église

L’intérieur de l’église est surtout marqué par les 3 retables dont 2 latéraux dans chaque coin de la nef et le retable central dans le chœur.

Les trois tableaux de ces retables ont été restaurés dernièrement.

Celui du chœur est consacré à Saint-Aubin, patron de l’église. Celui-ci est au centre, habillé en évêque et ressuscitant un enfant dans les bras de sa mère. Saint-Aubin devient évêque d’Angers au Ve siècle après avoir été moine en Bretagne.

Le récit tardif qu’on a de sa vie lui attribue des miracles : il délivre des possédés, ressuscite un jeune homme nommé Malabothe. Saint Aubin devient un visiteur de prisonniers, il est apprécié de ce monde renfermé et privé de liberté.

Le tableau du retable latéral de gauche est consacré à la Sainte Famille.

On remarquera que Marie semble enceinte sur cette représentation de belle facture, probablement de la fin du XVIIe. Il est vrai que le nouveau testament affirme que Marie aurait eu plusieurs enfants avec Joseph (Évangile selon Saint-Matthieu Verset 13.54).

L’autre retable à droite est similaire à celui de gauche et comporte une peinture de Saint-Martin sur son cheval partageant son manteau pour en donner la moitié à un mendiant. Saint-Martin était un soldat de l’armée romaine et, à cette époque, ceux-ci étaient propriétaires de la moitié de leurs vêtements. Il ne pouvait donc en donner qu’une moitié.

On notera au plafond les poutres qui soutiennent la nef avec, à chaque extrémité, des rageurs sculptés.

Sur la gauche, près de la porte nord, inclus dans le mur, un bel enfeu cintré contenait probablement une ancienne tombe.

On remarquera également, de chaque côté du portail d’entrée, deux statuettes en pierre polychrome exposées. L’une est une autre représentation de Saint-Martin mais cette fois vêtu à la mode du XVIe siècle.

Il est intéressant d’observer les détails des visages, du cheval, de l’épée qui sont particulièrement soignés avec une certaine naïveté dans la représentation de la scène.

L’autre statuette est une Trinité : le Père est coiffé d’une tiare. Il est assis sur un trône couvert de fleurs de lys. Il tient dans ses bras Jésus sur la croix et une colombe, symbole du Saint-Esprit, se tient sous sa barbe.

Ce type de représentation a été interdit lors du Concile de Trente qui s’est tenu au XVIe siècle car on a alors considéré que les 3 « personnages » devaient avoir une taille identique.

Il est donc probable que la statuette de Vieux-Pont soit antérieure.

Un autre élément intéressant à voir dans l’église est constitué des 2 litres funéraires qui sont encore conservées sur le mur du coin nord-ouest de la nef.

Les litres funéraires étaient les armoiries du seigneur local qui étaient apposées sur les murs sur un fond noir en signe de deuil à sa mort.

Il s’agit ici d’un écu décoré de 2 licornes et surmonté d’une couronne, probablement de baron. 3 oiseaux, du genre canard, et 3 fleurs y sont représentés. La définition héraldique de ce symbole de noblesse est la suivante : d’azur au chevron d’argent accompagné de 3 canettes d’argent en pointe, fasce d’argent, au chef chargé de 3 roses d’argent.

Il s’agit des armes de la famille Dunot de Saint-Maclou, propriétaire de la baronnie de Vieux-Pont pendant quelques générations et connue à Saint-Pierre-sur-Dives.

Cette famille aurait vendu la baronnie un peu avant la Révolution Française. On sait que l’un des premiers représentants de cette famille vivait à Saint-Pierre au XVIIe siècle.

Enfin, dans le chœur, les 2 vitraux latéraux datent de 1903. L’un est consacré à l’Annonciation et l’autre à Sainte-Marguerite-Marie et au Sacré-Cœur.

Il est intéressant de savoir que lors de la dépose du tableau du retable du chœur, on a découvert des peintures, probablement réalisées au tout début du XXe siècle, comprenant une représentation de Saint-Jean-Eudes, créateur des Eudistes et du séminaire de Caen et une autre de Sainte-Marguerite-Marie.

Une phrase est inscrite au fronton : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes ».

Jusque dans les années 50, le tableau de Saint-Aubin était accroché au-dessus du portail d’entrée afin de mettre en valeur, au centre du retable du chœur, les deux saints sanctifiés dans les années 20, bien qu’étant nés au XVIIe siècle.

La « mode » était alors à la vénération du cœur de Jésus et de Marie. La mode passée, le curé successeur a remis le tableau de Saint-Aubin à sa place masquant ainsi les peintures retrouvées lors de la restauration du tableau.

Informations utiles

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https://vieuxpontenauge.fr

14140 Saint-Pierre-en-Auge