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Le contexte historique
À l’époque carolingienne, la région de Termes constitue la partie orientale d’un vaste ensemble territorial, le Razès, qui tire son nom de Reda, aujourd’hui Rennes-le-Château, dans la Haute Vallée de l’Aude. Dans son extension la plus large, le Razès historique s’étendait sur le haut bassin de l’Aude, des confins du Carcassès, au Nord de Limoux, jusqu’aux sources de l’Aude dans le Capcir, en englobant les Hautes Corbières et le bassin supérieur de l’ahly.
Les origines
Le déclin du pouvoir royal renforce les pouvoirs comtaux. Les comtes, auparavant fonctionnaires révocables, deviennent des administrateurs indépendants et fondent des dynasties familiales. Une mosaïque de principautés autonomes va alors s’établir entre Garonne et Ebre, sous la suzeraineté toute théorique du roi de France.
En 865, Charles le Chauve sépare en deux régions la Septimanie et la Marche d’Espagne, dont la limite est fixée aux Corbières. Cette division démembre alors le Razès. La partie Nord est confiée au comte de Carcassonne, l’autre partie au comte d’urgea. Cinq ans plus tard, Wilfred-le-Velu, comte d’urgea et de Cerdane possède aussi le Capcir, le Conflent et le Fenolhedès, alors que le reste du Razès et le Peirapertusès restent aux comtes de Carcassonne.
Près d’un siècle plus tard, Oliba Cabreta, petit fils de Wilfred, hérite des comtés de cerdane, Besalù, Berga, Capcir, Conflent, Vallespir, Fenolhedès. Un conflit éclate entre Oliba et Roger, comte de Carcassonne, en 980. Il a pour objet semble-t’il, le Peirapertusès dont la partie Sud-Ouest devient possession de Bernard-Taillefer, fils d’Oliba ; l’autre partie reste dans la mouvance des comtes de Carcassonne. Cette nouvelle frontière se couvre de fortifications. Dans l’acte de 1020, par lequel Bernard-Taillefer lègue ses terres à son fils Guilhem, est citée la colline d’Aguilar. Le château d’Auriac est mentionné huit ans plus tard.
La féodalité
Dans la zone d’influence des vicomtes de Carcassonne-Béziers, le secteur de Termes ou Termenès constitue donc une sorte de marche-frontière au Sud de la région, face aux comtes catalans. En tant que tel, le Termenès est cité en 1067 mais correspond à une entité territoriale pré-existante à cette date. Il est borné au Nord et Nord-Ouest par les domaines de la puissante abbaye de Lagrasse. Le membre le plus anciennement connu de la famille seigneuriale de Termes, Olivier-Bernard de Termes, apparaît dans un texte de 1061 tandis que le château de Termes, sous l’appellation de castellum, est mentionné vers 1084, et sous l’appellation de castrum en 1093. Les châteaux secondaires du Termenès sont tenus par le lignage, c’est à dire par des parents ou des associés de la famille de Termes : Auriac, Durfort et Palairac. Villerouge-Termenès est disputé à l’archevêque de Narbonne. Ce litige ne se résoudra qu’au début du XIIe siècle.
Les mentions textuelles du XIIe siècle confirment l’importance du château et de la seigneurie de termes au sein des conflits d’influence entre les grandes principautés tenues par les comtes de Toulouse, les comtes de Barcelone et les vicomtes Trencavel de Carcassonne-Béziers. De l’année 1163 date un texte qui nous éclaire sur le règlement d’un différent arbitré à Carcassonne devant le vicomte. Il met en scène Raymond de Termes et son frère Guilhem au cours d’un partage.
Le règlement décide que le secteur le plus haut du château, où se trouve le donjon, sera inégalement réparti entre les deux frères, au moyen d’un mur sur lequel l’un et l’autre pourront appuyer des constructions. Il est aussi fait allusion à des constructions abritant des milites (guerriers) sans que l’on puisse connaître leurs emplacements. Le texte précise par ailleurs qu’ils s’engagent à bâtir une nouvelle église dans le village subordonné au château. Ils reçoivent en outre la moitié du château de Durfort et du village d’Arques.
Terroir montueux et difficile d’accès, à l’écart des grandes voies de communication, le Termenès possède des mines de cuivre, argent, plomb et fer, exploitées depuis l’Antiquité. Un texte de 1191 fait état d’une entente à l’amiable entre les seigneurs de Termes et le vicomte Roger II. Il s’agit dans un souci administratif, judiciaire et pécuniaire, d’obtenir la moitié du contrôle d’accès aux mines. Le vicomte ne pourra obtenir que le quart des revenus des produits du sous-sol, le reste demeurant aux seigneurs de Termes.
La croisade contre les Albigeois
La famille de Termes est impliquée dans l’histoire du catharisme, cette religion que l’Eglise de Rome considère comme une hérésie et qu’elle décide d’extirper. Benoit de Termes, frère de Raymond, fait partie des représentants cathares à Montréal en 1207, où il participe à une controverse avec le clergé catholique. En 1226, il est évêque cathare du Razès. Il assiste au concile de Pieusse, près de Limoux, présidé par Guilhabert de Castresn évêque cathare de Toulouse. Benoit de Termes meurt vraisemblablement à Quéribus, en 1241.
En 1209, après des prédications infructueuses contre les adeptes de la nouvelle religion, le pape Innocent III décide de déclencher une croisade sur les terres du vicomte Trencavel pour venir à bout des hérétiques et des seigneurs qui les tolèrent. Le prétexte de cette opération militaire sous tutelle ecclésiastique est l’assassinat du légat pontifical, peut-être par un homme du comte de Toulouse.
Béziers est la première ville importante prise par les croisés qui y commettent une véritable massacre contre la population. C’est ensuite au tour de Carcassonne de subir le siège de l’armée croisée : le vicomte Trencavel est fait prisonnier et la ville doit se soumettre. L’un des seigneurs croisés, Simon de Montfort, originaire du Nord de la France, prend alors le titre de vicomte de Carcassonne-Béziers et organise des opérations militaires contre les châteaux majeurs de la région. Il échoue devant Cabaret mais en 1210, il réussit à s’emparer du village de Minerve où cent cinquante hérétiques sont condamnés à mourir sur le bûcher.
Le siège de Termes
Simon de Montfort ordonne ensuite à Carcassonne la préparation d’engins de siège destinés au château et au village de Termes. Partant le premier, il laisse une partie de ses troupes acheminer les engins qui, attaqués en vain par Pierre-Roger de Cabaret, n’arrivent qu’une semaine après, accompagnés par un fort contingent de croisés bretons.
Les différentes chroniques parvenues jusqu’à nous donnent quelques indications sur l’aspect du site à cette époque. Le château proprement dit occupe le sommet du mont, gardé sur le flanc sud par deux lignes fortifiées, défendant le village qui se trouvait à ses pieds. Côté Nord, le rocher dit du Termenet possédait une petite tour et constituait un avant-poste du château. Raymond de termes, chevalier de renom, commande une puissante garnison essentiellement composée de Catalans. Le château est bien approvisionné. Les faibles effectifs de l’armée de Simon de Montfort semblent dérisoires face aux rochers escarpés, couronnés de murailles… Si bien que durant la première phase du siège, la garnison peut entrer et sortir du château sans aucune difficulté. Cependant, plusieurs croisés français et allemands rejoignent l’armée assiégeante et Simon de Montfort réussit à resserrer ses lignes autour du site. Avec beaucoup de difficultés et malgré les nombreuses escarmouches des gens de Cabaret, Simon peut installer des engins de siège qui permettront d’ouvrir une brèche dans la première ligne de défense du village, d’abord abandonnée par les assiégés, qui contre-attaquent avec succès.
Après cet échec, l’armée de Simon réussit malgré tout à installer un mangonneau, engin de siège élaboré par Guillaume, archidiacre de Paris, entre Termes et Termenet. Les occupants du rocher de Termenet doivent alors abandonner ce poste, investi par les hommes de l’évêque de Beauvais qui y fait arborer sa bannière. Termenet conquis, la place devient intenable car les machines de guerre peuvent battre les murailles du château. Mais le siège traîne en longueur et le manque de vivres décourage les croisés.
Cependant, l’eau vient aussi à manquer du côté des assiégés qui demandent à capituler. voyant la place sur le point de se rendre, les évêques de Beauvais et de Chartres, les comtes de Dreux et de Ponthieu, se préparent à partir malgré les objurgations de Simon. Mais pendant la nuit, un orage remplit les citernes des assiégés qui rompent les pourparlers. L’eau polluée les rend malades et ils abandonnent subrepticement le château. Raymond de Termes qui avait accompagné ses troupes, revient en arrière pour des raisons inconnues. Arrêté, il sera emprisonné à Carcassonne. Le château de Termes est pris le 23 novembre 1210, à l’issue de quatre mois de siège. Simon de Montfort fit grâce aux femmes que les assiégés avaient laissées et ne leur fit aucun mal.
Olivier de Termes
Après le siège, Ermessinde de Corsavy, épouse de Raymond de Termes, se réfugia en Roussillon avec ses fils, Olivier et son frère, Bernard, qui sont élevés à la cour d’Aragon. On retrouve plus tard Olivier au service du comte de Toulouse, à la tête du château de Labécède en Lauragais. Il capitule en 1227, devant Humbert de Beaujeu, commandant les troupes royales qui consolident ainsi la reconquête française après la mort de Simon de Montfort en 1218, sous les murs de Toulouse. Olivier cède le château de Termes au roi de France en 1228.
Avec le chevalier Chabert de Barbaira, responsable des engins de siège, Olivier participe brillamment à la conquête de Majorque en 1229, pour le compte de la couronne d’Aragon. Le roi d’Aragon, Jacques Ier le Conquérant, lui donne les châteaux de Saint-Laurent, Estagel et Argiles en Roussillon, Olivier prend part, ensuite, avec l’armée méridionale, au siège de Carcassonne en 1240 contre le roi de France. L’échec de cette expédition et la réponse vigoureuse de l’armée royale, commandée par Jean de Beaumont, amènent Olivier à se soumettre l’année suivante. Ses biens sont alors confisqués.
Après de nouvelles péripéties dues à un nouveau soulèvement, le roi de France Louis IX amène avec lui les principaux chevaliers méridionaux à la croisade outre -Méditérranée. Olivier de Termes s’embarque en août 1248 à Algues-Mortes, à la tête de quelques chevaliers et arbalétriers à cheval qu’il équipe à ses frais. Louis IX lui restitue tous ses domaines, y compris le château d’Aguilar et à l’exception cependant de celui de Termes.
À la suite de la prise de Damiette et de l’échec de la bataille de la Mansoura, la capture du roi met fin à la croisade. Toutefois, à Damiette, la reine Marguerite organise la résistance ; ainsi en 1250, Olivier commande les arbalétriers. Le retour de la croisade est illustré par l’épisode de l’avarie de la nef qui transporte le roi et sa suite dans laquelle figure Olivier. Ce dernier, n’osant reprendre la mer, séjourne presqu’une année à Chypre. Revenu en Languedoc, il participe au siège de Quéribus et surprend son ancien compagnon d’arme de Majorque, Chabert de Barbaira, qui se soumet en remettant le château de Quéribus au roi de France en 1255.
Deux ans plus tard, Olivier rédige son testament. il lègue ses domaines à son fils Raymond et désire bénéficier d’une sépulture à Fonfroide, abbaye à laquelle il cède plusieurs terres. Endetté par les dépenses entraînées par la croisade, il met en vente une partie de ses biens. En 1260, Louis IX lui achète en particulier le château d’Aguilar et le village de Termes.
En septembre 1264, Olivier retourne en terre Sainte où il semble commander la garnison d’Acre. Il y réalise « des prodiges de valeur » affirme la chronique : il exécute le 5 novembre de cette même année une chevauchée à travers la plaine d’Ascalon (littoral de la Palestine) d’où il ramène un riche butin. L’année suivante, après la chute de Césarée et les pressantes demandes d’argent pour subvenir aux dépenses de la croisade, que lui adresse le pape Clément IV, le roi Louis IX envoie plusieurs lettres à Olivier de Termes afin qu’il puisse contracter les emprunts nécessaires auprès des riches marchands italiens ou languedociens.
Il séjourne à nouveau en Terre Sainte, pendant trois ans, de 1267 à juillet 1270, date à laquelle il rejoint Louis IX qui meurt le 25 août devant Tunis. Revenu en Languedoc, il est renvoyé par le roi Philippe le Hardi en Terre Sainte. Il commande un corps composé de vingt-cinq chevaliers et d’une centaine d’arbalétriers. il meurt en 1275, cinq ans après le roi qu’il avait fidèlement servi.
Olivier de Termes, après avoir tenté, en combattant le roi de France, de récupérer ses domaines, devint l’un des compagnons les plus fidèles de Louis IX. Il est décrit comme l’un des chevaliers les plus braves de son temps. Ainsi, Joinville affirme : « Olivier de Termes était un des plus hardis hommes que j’ai vu et il l’a mieux prouvé que quiconque en Terre Sainte ».
La forteresse royale
Après le siège de 1210, le croisé Alain de Roucy reçoit le château de Termes ainsi que le Termenès. Après sa disparition lors du siège de Montréal, Termes passe à l’archevêque de Narbonne en 1224. Avec la croisade dirigée par le roi Louis VIII, Termes tombe dans le domaine royal en 1228.
Le château est pourvu d’une garnison, réduite en 1255 par Louis IX à quinze sergents d’armes. En 1260, ils ne sont plus que huit. Entre temps, en 1258, le Traité de Corbeil définit la frontière, au Sud des Corbières, séparant la France et l’Aragon. Au début du XIVs siècle, en 1302, les textes précisent que dix sergents, u, châtelain, un chapelain, un portier, un guetteur et un écuyer composent la garnison de Termes.
Lors de la guerre de Cent ans, le châtelain de Termes Pierre Nicolay, originaire de Lagrasse, passe dans le camp des anglais en 1357 : « Les Anglais gagnèrent le gouverneur ou châtelain de Termes qui, après avoir arboré l’étendard rouge, refusa de remettre son château au comte d’Armagnac, lieutenant du roi de France ».
Nous ne savons pas ensuite les conséquences pour le château et sa garnison. Vers la fin du XVI siècle, le château de Termes conserve son importance. Face à la frontière avec le royaume d’Aragon, il fait partie des « cinq fils » de la Cité de Carcassonne, à côté de Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus et Aguilar. Au XVIe siècle, une garnison forte de sept hommes l’occupe toujours ; un inventaire des armes et munitions est dressé devant notaire en janvier 1562, lors de la prise de possession par le nouveau châtelain. Pierre d’Arse.
Ci-contre, la zone colonisée en violet illustre et situe la nouvelle enceinte ajoutée par le pouvoir royal. Ce nouveau rempart entoure et flanque le noyau sommital du château sur ses flancs est, nord et ouest. Ce chantier fût réalisé d’un bloc, en une seule phase de travaux…
Le mur d’enceinte sud a des bases seigneuriales, tout comme la seconde enceinte, « l’enceinte haute ». Là, l’architecture est mélangée, les époques seigneuriales et royales se superposent et s’enchevêtrent, l’analyse est plus fine et complexe.
Une grosse garnison ?
Non ! L’effectif du château royal est limité. Par exemple, en 1302, le châtelain en charge de la forteresse dispose d’un écuyer, d’un guetteur, d’un portier, d’un chapelain et de 10 sergents d’armes, soit 15 hommes en tout ! Mais équipés de nombreuses arbalètes et arcs, bien protégés par une architecture ingénieuse et fonctionnelle, ils peuvent sans souci empêcher une attaque surprise. En cas de menace, des renforts complètent la défense. Sans oublier aussi que les familles des soldats sont présentes, ce qui peut doubler le nombre des résidents, accompagnés aussi des animaux de basse-cour et des chiens de garde.
La ruine du château
Situé en arrière de la frontière franco-aragonaise, Termes ne semble pas avoir été entretenu ou adapté aux armes à feu comme Puilaurens ou Quéribus et même, dans une moindre mesure, Peyrepertuse. D’ailleurs, à la fin du XVIe siècle, les États de Languedoc réclament en vain sa restauration.
Après la conquête du Roussillon par Louis XIII, la forteresse abrite encore, en 1649, de nombreuses armes et munitions : plusieurs dizaines de mousquets, des petits canons, quelques armes blanches, des casques, un tambour, des grenades et des barils de poudre, ceci lorsque Saint-Aunès, par ailleurs gouverneur du fort de Leucate sur le littoral, est nommé châtelain de Termes.
À cette époque, une guerre civile, La Fronde, engendre des troubles en Languedoc. Saint-Aunès suit le prince de Condé dans sa défiance au roi de France. Sa trahison est cependant de courte durée. il reconnaît sa faute et traite alors avec le Maréchal de la Motte-Haudencourt. Une clause du traité stipule que le château de Termes, auparavant tenu par une garnison de soldats allemands qui détroussaient les voyageurs et rançonnaient le pays, sera remis aux mains de l’archevêque de Narbonne.
Le roi estimant que cette place forte est désormais inutile, en ordonne la démolition en 1652, en y laissant pas « pierre sur pierre ». L’année suivante, Louis de Bellissens, major de la ville de Narbonne, est à Villerouge-Termenès où il compte organiser, par corvée, la destruction du château de Termes. Devant le peu d’empressement des populations de la contrée, les travaux sont confiés à un entrepreneur de Limoux. Les armes et munitions sont provisoirement entreposées à Villerouge.
Le montant de l’indemnité, pour Guizard de Saint-Jean de Moussoulens, seigneur de Lagarde et baron de Bouisse, nommé châtelain de Termes lors de la défection de Saint-Aunès, s’élève à 6800 livres. Le coût de la démolition du château à l’explosif, 6200 livres, est payé par le diocèse.
« L’histoire de Termes s’achève sur cette facture » écrit M. Michelet Roquefort.
Le village
Endetté par sa participation aux croisades Outre-Méditerranée, Olivier de Termes vend ses droits sur le village de Termes au roi de France en 1260. Il est probable que le déplacement du premier village sur son emplacement actuel date de cette période, afin de dégager les abords du château devenu forteresse royale. De même, l’église paroissiale actuelle de Termes semble remonter aux années 1260-1270. À l’intérieur, se trouve d’ailleurs un bénitier portant le blason de Pierre de Montbrun, archevêque de Narbonne entre 1272 et 1286. Le chef-lieu de l’archiprêtre du Termenès fut fixé en 1320 en l’unissant à la cure de Termes.
La monarchie française conserva, au regard de sa nouvelle administration, les limites de l’ancien Termenès, coïncidant acec celles de la viguerie de Termes qui, en 1317, fut unie à celle du Fenolhedès. Toutefois, une partie des villages de la viguerie, rachetée par la famille de Voisins, seigneur d’Arques, échappe pour le droit de haute justice, au viguier royal. Cette administration demeura inchangée durant l’Ancien Régime. Toutefois, le village de Termes fut délaissé au profit de Félines-Termenès où la justice était exercée par les officiers royaux. La viguerie étendait sa compétence sur cent trente villages composant, outre le Termenès, une partie du reste des Corbières et le Fenolhedès.
Description du site
Le site de Termes se caractérise par les vestiges de deux enceintes concentriques, l’enceinte interne correspondant à la partie la plus haute du château et à l’ultime réduit défensif. Mais le château avait aussi donné naissance à un village, aujourd’hui déserté et transféré, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, à l’emplacement de l’agglomération actuelle, en bordure du ruisseau du Sou.
L'ancien village castral
Comme l’indique la chronique du siège de Termes, le château dominait un habitat villageois qui s’étageait sur les pentes Sud et Ouest du relief. Les restes de cet ancien village correspondent surtout aux vestiges de l’enceinte en pierres maçonnées qui le protégeait, à une cinquantaine de mètres au Sud du château. Plus prêt de ce dernier, l’existence d’une seconde enceinte villageoise est possible mais reste hypothétique.
Il est probable que cet ancien habitat corresponde à la désignation de barri contenue dans le texte de 1163, ainsi qu’aux appellations de Pierre des Vaux-de-Cernay dans sa chronique lorsqu’il relate le siège de 1210 : Primus burgus et burgus superius (« premier bourg » et « bourg supérieur »).
Le château
Élevé sur une éminence entourée sur trois côtés par un profond ravin, le château n’est accessible que par sa face méridionale. Autrefois encombré par de nombreux éboulis, le site est devenu plus lisible grâce aux dégagements et aux fouilles opérées depuis les années 1990.
L'enceinte extérieure
Malgré les pans de mur renversés au XVIIe siècle par les fourneaux de mine lors de la destruction du château, l’organisation générale de l’enceinte extérieure est perceptible. Son plan forme grossièrement un parallélogramme. L’entrée principale s’effectuait dans l’angle Sud-Est au moyen d’une rampe qui débouchait sur une porte aujourd’hui en grande partie détruite. Elle était défendue par une échauguette, construite sur un double contrefort à l’angle Sud-Est, et par une tour à bossage battant le tournant de la rampe d’accès. La base de cette tour est en partie conservée au milieu de la courtine orientale. Une tour à l’appareil lisse dont il ne subsiste que quelques assises, située à l’angle Nord-Est, complétait La Défense du front Est. La courtine est encore haute par endroit de 8 à 10 mètres pour une épaisseur de 1,20m. Elle est percée d’archères en étrier (base triangulaire) et de caniveaux d’écoulement des eaux pluviales formant gargouilles. Du côté interne s’élevaient des bâtiments d’habitation ou de service ; les rangées de corbeaux qui soutenaient planchers et toitures sont toujours visibles.
L’angle Nord-Ouest de l’enceinte, percé d’une poterne d’une profondeur de 2,20m, voit ses contreforts fortifiés par une échauguette, dont les supports restent perceptibles. L’épaisseur importante de cette poterne s’explique par la présence d’un escalier d’accès au chemin de ronde qui flanque le mur Nord.
La courtine Ouest, fort détruite, présente un saillant à quelques distances de l’angle Nord-Ouest, qui a été supprimé et remplacé par un mur droit défendu par des archères en étrier. Au centre de cette même courtine, on remarque une construction qui depuis longtemps, a suscité beaucoup d’intérêt. Une ouverture pratiquée dans la courtine, au ras du sol intérieur, est limitée à la partie inférieure par une pierre en grès rouge, creusée en forme de rigole. C’est en fait, tout prosaïquement, non pas une sorte de mâchicoulis comme on l’a cru, mais un ouvrage destiné à l’évacuation des latrines et des eaux pluviales depuis l’espace situé entre les deux enceintes.
L’intérieur est formé de deux doubles conduits, débouchant au bas de la muraille par deux arcs légèrement brisés. L’épaississement de la courtine est dû à la présence d’un escalier d’accès, qui a permis d’établir cette construction sans gêner le passage du chemin de ronde.
Après cet ensemble, la courtine, haute d’une huitaine de mètres, s’interrompt pour faire place à une série de murets, sans doute tardifs, murs de terrasses de culture, sans liaison entre eux. L’angle Sud-Ouest de l’enceinte est détruit ; un bâtiment probablement plus tardif flanquait le côté interne du rempart.
On retrouve au Sud-Est deux importants tronçons de courtine, d’une épaisseur de plus de 2 mètres. Cette épaisseur est due à la construction d’un second mur venu se plaquer au premier. L’autre tronçon se termine à l’angle Sud-Est par un double contrefort qui supportait une échauguette, protégeant la porte déjà évoquée.
L'enceinte intérieure
Cet ensemble, très ruiné, laisse entrevoir cependant les grandes lignes de son plan, d’autant que les fouilles archéologiques ont permis de mieux connaître ce secteur dont l’exploration reste malgré tout partielle. Cette partie haute du château était composée d’une juxtaposition de bâtiments accolés les uns aux autres, reliés dans un dernier temps par un mur formant véritablement enceinte. Au centre du dispositif et sur le point culminant devait s’élever un donjon, sans doute dès le XIX siècle et peut-être un peu antérieurement. L’ensemble devait être desservi par une porte ménagée sur la face Est.
L’angle Sud-Est de l’enceinte intérieure possède les restes d’une grande salle qui était autrefois voûtée, et dont le mur méridional, formant rempart, a été doublé. L’angle Sud-Ouest correspondait à une petite tour circulaire.
Au nord de cette tour a été retrouvé une citerne qui s’appuie contre un important bâtiment rectangulaire daté, par la fouille, du Xe siècle. Il s’agit de la construction la plus ancienne repérée sur le site. Au Nord de ce bâtiment, s’élève La Chapelle, partie la mieux conservée du flanc Ouest. Elle présente une fenêtre cruciforme dans son mur occidental. Ce lieu de culte remonte à l’époque royale ; un sceau matrice du couvreur Jean le Picard a d’ailleurs été retrouvé dans les décombres de la voûte en tuf. L’enceinte intérieure comprenait d’autres bâtiments sur le reste de son périmètre, dont deux autres citernes sur les côtés Nord et Est. Tous ces aménagements, partiellement reconnus, sont à interpréter comme des annexes du probable donjon central. Au Nord, les fouilles ont pu mettre en évidence le mur d’enceinte rectiligne du XIe ou XIIe siècle, doté d’un flanquement rectangulaire sur la partie supérieure du relief, et précédé d’un fossé qui protégeait le château avant l’époque royale. Il limitait le château seigneurial du côté Nord, avant que l’enceinte royale n’étende la forteresse dans cette direction, lui conférant ainsi son plan concentrique actuel.
Chronologie
Les recherches archéologiques ont repéré des traces d’occupation sur le relief à l’Age du Fer, mais l’élément essentiel est la mise en évidence d’un aménagement conséquent du site astral, dès le Xe siècle, dans la partie la plus haute. De même, il convient de noter l’importance, dans ce même secteur, de structures rattachantes à l’époque féodale, en partie modifiées par la suite, à l’époque royale (XIIIe siècle) et au bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècles).
Pour l’enceinte extérieure, la majorité des élévations visibles témoignent de la réfection du site par les hommes du roi de France à l’issue de la croisade contre les Albigeois. On peut distinguer deux campagnes dans la construction des deux tours du front Est, l’une à bossage et l’autre à l’appareil lisse.
Si l’on met à part les étriers d’archères du rempart Sud, de petite taille, les autres étriers d’archères présentent des dimensions plus grandes que celles rencontrées sur les autres sites de la région, rénovés par les architectes royaux. Faut-il voir là un essai, un début de l’adoption du système, puisque le château de Termes a fait partie du domaine royal plus tôt que les autres ? Il est possible que les dates des campagnes de constructions royales s’échelonnent des années 1228 (?) jusqu’à l’extrême fin du XIIIe siècle (double contrefort de l’angle Sud-Est ?), en relation avec l’effort de fortification de la monarchie française pour surveiller et défendre ses nouvelles acquisitions, surtout à partir de 1258, date du Traité de Corbeil qui fixe la limite entre France et Aragon.
Sur les châteaux du réseau des « Citadelles du vertige » les pentes et falaises font qu’il n’y a à vrai dire pas de fossés ou douves… à une exception ! Termes.
D’une part, le versant sud du château de Termes n’est pas « à ce point » pendu. D’autre part, il y avait dès l’origine ici une barre rocheuse propice à La Défense… et dessous un lieu qu’il suffisait d’approfondir et élargir pour améliorer la défense.
Donc un fossé sec ! Il est de nos jours encore partiellement comblé, il faut l’imaginer plus profond. C’est ce qu’à révélé un sondage en 2010. Ce sondage a au passage révélé des ajouts tardifs (XVe ?), érigés après le grand chantier royal du XIIIe siècle. Un seuil de porte est ainsi l’indice de quelques aménagements visant à gêner la progression des assaillants sur la rampe d’accès.
La technique de la pierre à bossage est la signature du travail des ingénieurs royaux, influencés par l’architecture de Terre Sainte. C’est un symbole d’allégeance, d’appartenance au pouvoir royal. Datable des années 1280, et typique de cette architecture à l’essence de la candidature de Carcassonne et des « Citadelles du Vertige » au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La tour à bossage est un élément parmi d’autres du dispositif de protection de la porte d’entrée. Plusieurs portes et murets barraient le passage, tandis que depuis les parties hautes, les défenseurs avaient le loisir de tirer des flèches, ou simplement jeter de lourdes pierres sur les assaillants. Plusieurs archéres étaient organisées dans la tour à bossage.
La halte au bas des vestiges de la tour à bossage permet une observation des éléments de la rampe d’accès et de « la barbacane ».
L’ingéniosité de cette architecture se mesure par exemple simplement en se souvenant que la plupart des soldats sont droitiers. Imaginez-les, progressant sur la rampe. Sur la première partie, jusqu’à la tour, ils se protègent assez bien derrière leur bouclier, tenu avec le bras gauche, l’épée dans la main droite. Mais sur la seconde partie, ils tournent… et quatre archers alignées les menacent, sans oublier, dans leur dos, les archers/arbalétriers cachés dans la tour à bossage…!
Vous avancez vers la porte principale en accédant à un escalier et une rampe moderne. La porte du château-fort, seule, serait un point faible de La Défense. C’est pourquoi un dispositif la protège : la barbacane.
Fonctionnant comme un « sas », avec une seconde porte en avant, la barbacane permet à la fois une protection efficace contre les assauts directs mais aussi contre les tirs de machines de guerre qui pourraient viser la porte. Or, face à la porte d’entrée principale, il y a surtout la vallée ! Aucun mangonneau ne pouvait donc menacer directement la porte, protégée derrière sa barbacane et une échauguette.
Encore un aspect ingénieux, qui explique pourquoi une petite garnison pouvait tenir tête un temps face à une troupe plus nombreuse, grâce à une architecture militaire réfléchie pour la guerre de siège au moyen âge !
Un détail en levant les yeux, le départ d’un arc, élargissant là-haut le chemin de ronde…
La brèche qu’est désormais la tour nord-est offre le loisir d’admirer le canyon dessous, la boucle faite par « Le Sou », juste en amont des gorges proprement dites.
Au sommet des remparts conservés, il est possible d’imaginer le chemin de ronde avec le parapet de défense avec l’alternance de vides (les créneaux) et de pleins (les merlons). Les tours constituant des réduits de défense où la garnison pouvait se retrancher.
L’espace en contrebas du sentier, entre les deux tours, était occupé par un bâtiment, certainement un logis (?), appuyé donc à la courtine. Sur l’architecture voisine des murs, on remarque les pierres taillées qui dépassent et indiquent les étages. Ces pierres qui soutenaient le plancher ont un nom spécifique : des pierres « en corbeau », du fait de l’arrondi taillé. Les corbeaux encore maçonnés dans la courtine sont taillés de telle manière qu’il est possible d’en déduire le début de la charpente : des linteaux parallèles au mur d’abord, pour soutenir ensuite les poutres et le plancher.
D’autre part certains trous à travers la courtine peuvent interloquer… Lorsque l’on observe la courtine sur sa tranche, les pierres externes sont plus grosses que celles de l’intérieur. En effet, après avoir monté les parements extérieurs sur une ou deux assises (ou rangs donc), les maçons du Moyen-âge remplissaient l’espace intérieur avec du mortier (à base de sable de rivière et de chaux obtenue par calcination de blocs de calcaire) et des petites pierres. Au fur et à mesure, l’échafaudage nécessaire à la construction est monté. Pour la sécurité, il est ancré dans le mur, comme illustré. Le chantier fini, les traverses de bois sont restées dans le mur… et ont fini par pourrir : cela explique les trous carrés !
Le parcours par la partie nord des vestiges permet plusieurs aperçus sur les Gorges du Termenet et le paysage environnant. La situation particulière de ce promontoire se révèle, avec des collines proches qui masquent le regard, sauf en direction du nord-ouest, avec là la vallée de l’Orbieu.
La poterne permet éventuellement de sortir du périmètre du château pour mieux percevoir les lieux où se déroulèrent certains combats en 1210.
Cette poterne « royale », édifiée comme le reste de l’enceinte nord par les ingénieurs français, était initialement protégé par une petite barbacane. L’épaisseur de mur atteint ici 1,95m, du fait de l’escalier qui consolide l’ouverture qu’est la poterne. L’angle nord-ouest du château, comporte des contreforts et les bases d’une échauguette. Un dispositif comparable à l’entrée, au-dessus du fossé. Des marches taillées dans le roc indiquent le départ de sentiers anciens, vraisemblablement jusqu’au fortin disparu, jusqu’aux ruisseaux…
Le fortin disparu du « Termenet » : lors du siège de 1210, la crête sous le château, direction les gorges, a connu des combats épiques.
Sur le flanc ouest du château qui domine la vallée de Caulière, à gauche, La Chapelle et son ouverture cruciforme, à droite les latrines. Les 4 ouvertures s’analysent comme la base d’un système de latrines sur deux étages !
Le dessin en coupe permet de visualiser ce qu’il y avait au-dessus des vestiges encore visibles. Deux toilettes donc, à deux étages, selon ce qui reste une hypothèse ! D’où les quatre ouvertures verticales que l’on observe.
Le nettoyage se faisait pour partie lorsqu’il pleuvait… un fossé et une canalisation amenant l’eau, vers la base de ce dispositif. Les deux arches sous ce bâtiments son de toutes beauté, pour des latrines…!
Après le tour dans les « lices » nous accédons à la partie sommitale via une rampe. Les chantiers ont masqué les indices relatifs à la porte, mais le schéma ci-dessous va vous aider à visualiser.
Ce logis est à chercher derrière les éléments suivants : l’espace qu’occupait une citerne, un couloir où trouver cette niche, une salle qui était voûtée à l’origine…
Le dessin et la photo aérienne ci-dessous et ci-contre donnent un aperçu global du secteur des vestiges de ce logis. En dehors du couloir (avec la niche), il faut bien ici s’imaginer en train d’avancer dans des parties basses de deux bâtiments, avec peu de lumière. Est-ce que les lieux servaient à stocker des denrées alimentaires ? Les armes et outils ? L’ultime couche sous nos pieds n’ayant pas été fouillée, il faut rester sur des hypothèses.
Ce bâtiment a été déblayé en 2009 et 2012. Il était auparavant entièrement enterré sous les gravats. Les départs d’une arc en tuf ont alors été révélés. L’arc est incrusté à l’est (côté vallée) dans le mur de défense, et à l’ouest dans un mur plus ancien : c’est là une portion de mur primitive du site, tandis que d’autres murs de ce bâtiment seraient du chantier royal au XIIIe siècle. Cette partie basse est bien moins grande que l’étage, un étage qui se devine assez facilement.
Un détail : des pierres éclatées par la chaleur indiquent où se situait l’âtre du feu… un indice significatif pour dire que ceci était un « logis » (là où la garnison logeait).
La partie sud de l’enceinte haute comportait des bâtiments dont seules les bases de murs sont perceptibles. L’angle sud-est reste à fouiller, mais des indices invitent à penser que la salle d’apparat seigneuriale (« L’Aula Magna ») était là. Ces indices sont :
- la présence d’un « évier » (non-visible en 2021)
- des traces d’enduit sur les murs, un enduit dessiné, donc signe d’une salle ayant de l’allure
- les bases de piliers de contreforts (au nombre de 3), sur la face « int »rieur » du mur sud, assez semblables à l’architecture de l’église du village (d’ailleurs le scénario de l’Aula se dispute avec celui d’une chapelle puisque la salle est orientée Est !)
Une citerne est reconnaissable par son enduit interne qui permet l’étanchéité. Il est constitué d’un tiers de chaux et d’une poudre obtenue après le concassage de vieilles tuiles, ce qui lui donne sa couleur rose orangé caractéristique. Un site fortifié tel que Termes se devait de toujours avoir un stock d’eau important. 3 citernes ont été identifiées sur la partie sommitale du site.
Lors de la fouille de cette citerne sud-ouest, les archéologues ont retrouvé une grande pierre taillée en forme de cuve. il s’agit d’un collecteur permettant de filtrer les eaux de pluies canalisées depuis les toitures. Il était initialement maçonné dans la voûte au-dessus de la citerne. Le volume de la citerne était de 20m3 environ.
Le donjon, élément emblématique de la plupart des châteaux forts, était bien présent au château de Termes, mais sa destruction méticuleuse en 1654 n’avait laissé qu’un amas de pierres, recouvert de chênes verts, jusqu’à récemment. Les déblaiements entre 2010 et 2015 ont révélé ce que l’on peut observer aujourd’hui, la colline ayant été rabaissée de plusieurs mètres.
L’opération n’impliquait pas la fouille des strates les plus anciennes. Toutefois, quelques sondages ponctuels ont permis de confirmer que ce donjon carré date bien de l’époque seigneuriale. Selon l’Historia Albigensis, c’est dans ces étages que les femmes et les enfants furent abrités quand, la nuit du 22 au 23 novembre 1210, les défenseurs prirent la fuite face aux croisés.
L’épaisseur des murs visibles voisine les 2m, pour permettre au donjon de s’élancer à une hauteur de peut-être 15 ou 20m, avec à priori 3 étages. Sur le côté Est, un enduit recouvre encore le mur. il y avait là un bâtiment accolé, ainsi que le four à pain.
À la simple et initiale tour carrée avec entrée à l’étage ont été plus tardivement ajoutés, au sud, une porte au rez-de-chaussée-de-chaussée, ainsi qu’un escalier dont l’entame est voisine de La Chapelle. Pas de datation sûre pour ces éléments.
Une destruction réfléchie :
Les textes du XVIIe siècle évoquant la destruction du château font mention de l’usage d’explosifs (poudre). Des précisions sur ce chantier de démantèlement ont été apportées par les fouilles et déblaiements. Une première étape a consisté à fragiliser les bases de la tour (un travail de sape, assimilable à une technique de siège !). La présence d’archers a facilité l’excavation. Des étais en bois soutenaient la structure tandis que les équipes étaient encore actives.
Ensuite, quand l’édifice fut jugé suffisamment fragile, des charges explosives furent disposées et les mèches allumées… Le coût de la poudre étant prohibitif, cette technique permettait à l’entrepreneur Guillaume Blage, en charge de l’opération, une économie substantielle !
Les archéologues ont lors du déblaiement des parties effondrées du donjon retrouvé des étais de bois carbonisés (suite à l’explosion en 1653-1654) et aussi… une grenade n’ayant pas explosé ! Elle pèse 2kg…
Entamée dès 1992, la fouille de la « chapelle » n’a été terminée qu’en 2008. Preuve est faite que ce bâtiment date du chantier royal (fin XIIIe).
Des vestiges de bâtiments antérieurs, d’époque seigneuriale, ont été repérés dans le sol et sont à nouveau cachés. La fouille a aussi permis de déterminer un usage tardif, surprenant, au XVIe siècle : atelier de verrerie !
Le traditionnel qualificatif de « chapelle » semble surtout lié à la fenêtre cruciforme car peu d’autres éléments justifient cette utilisation pour ce bâtiment orienté Nord-Sud.
Le secteur au nord de La Chapelle et du donjon forme désormais le point le plus haut du château. Il y a quelques années pourtant, la borne IGN des 461m d’altitude était au-dessus de l’actuel donjon… Or, nous sommes maintenant à moins de 460m. Oui, les archéologues ont fait baisser l’altitude de cette Coline !
La zone « château seigneurial » est organisée près des vestiges d’une des citernes et d’un petit réduit rectangulaire, que nous considérons être un « flanquement » de l’enceinte seigneuriale du XIIe siècle.
Le passage pour aller au bout de cette plateforme nord se fait en respectant le cheminement ancien. Des pierres de piédroit en tuf sont encore en place et aident l’oeil avisé à imaginer les portes.
Nous sommes ici sur l’extrémité nord du château seigneurial, le château de Raimond de Termes, assiégé en 1210 par les croisés de Simon de Montfort. À ce moment-là, l’enceinte basse avec la poterne royale n’existaient pas ! Le regard était alors direct sur le rocher et le fortin du Termenet, ou encore le mangonneau croisé défendu par Guillaume de l’Ecureuil.
Ce sont les fouilles programmées des années 2008-2010 par Jean-Paul Cazes et ses équipes qui ont confirmé l’ancienneté des éléments bâtis de ce secteur, à rapprocher donc du « château seigneurial ». Ce « château » comptait parmi les plus puissants de la région selon les sources et textes du siège de 1210. La fouille a commencé à révéler une partie de ces vestiges, tout au sommet.
Mais la forteresse de Raimond de Termes s’étalait à vrai dire sur l’essentiel de l’actuelle partie sommitale, autour du donjon. L’exploration archéologique doit encore se poursuivre. Le zonage si dessous est donc hypothétique.
Un angle restant mystérieux : comme on peut le remarquer, le haut du mur d’enceinte principal ne se retrouve pas dans ce secteur. Les éléments bâtis que sont la salle des gardes, bien identifiable, ainsi que les vestiges voisins, ont été construits à diverses époques du Moyen-âge, mais encore mal définies. Selon l’archéologue Jean-Paul Cazes toutefois, ce bâti isolé est « seigneurial » (XIIe siècle).
Y a t’il eu des destructions lors d’une opération militaire de la guerre de Cent Ans ? Ou du fait d’un tremblement de terre ? L’hypothèse est en effet évoquée par les archéologues, et notamment en raison d’une secousse en 1428. Toujours est il que des reprises en maçonnerie ont été faites au moyen-âge, et à peu de frais, visiblement par manque de moyens. Après la destruction de 1654, ce sont les éleveurs qui ont remonté plusieurs murets en pierre sèche.
Des gardes ? Des gardiens ?
La dénomination de « salle des gardes » pour ce bâtiment qui a gardé une arche à l’emplacement de son entrée, vient de la tradition oral. Les locaux ont coutume de parler d’un accès, d’une porte d’entrée sur ce secteur, car il fallait dès lors une salle pour les gardiens de la porte ! Le sentier qui permet à ce jour de sortir du périmètre du château est toutefois une création récente.
Le contexte géographique
Au sein des Hautes-Corbières, l’ancien château et le village actuel de Termes se trouvent dans la vallée du Sou, ruisseau qui se jette un peu plus au Nord dans l’Orbieu, un des principaux cours d’eau du massif des Corbières.
Dès avant l’an Mil, Termes se trouvait dans un secteur aux confins de trois « pays » ou entités administratives, le Razès, le Carcassès et le Narbonnais. Il est donc probable qu’en tant que nom de lieu, Termes soit un dérivé du latin termen ou terminus, renvoyant à la notion de limite entre territoires.
Les ruines du château de Termes culminent à 460m d’altitude, au sommet d’un relief particulièrement escarpé qui domine les Gorges de Termenet, défilé vertigineux, protégé au titre de site naturel, tout comme les Gorges de Coynepont, plus éloignées, au Sud du village. Ce site présente un cirque naturel et possède dans son lit un chaos de blocs de travertin ; il est dominé par le Roc de la Femna Prens, un rocher qui, par sa forme, évoque la silhouette d’une femme enceinte. Le ruisseau du Sou s’est taillé un passage dans des roches très anciennes : schistes, grès et calcaires de l’aire primaire constitutifs du Massif de Mouthoumet. De façon tout à fait ponctuelle, on trouve à Termes un affleurement de kersantite, une roche d’origine éruptive, proche du granite, appelée aussi « minette » de Termes.
Dans la partie Sud et Est de la commune, se trouve la forêt domaniale de Termes. Aujourd’hui où l’emprise des hommes sur la nature a beaucoup reculé, la végétation a repris ses droits et de vastes étendues de chênes verts ou pubescents caractérisent le paysage des Hautes-Corbières.
Du point de vue viticole, dans l’aire du cru AOC Corbières, la commune de Termes fait partie du Terroir de Termenès. Sur des coteaux argile-calcaires et des terrasses schisteuses, il s’agit du Vignoble le plus élevé des Corbières, entre 400 et 500 m d’altitude, en domaine climatique méditerranéen mais soumis à des influences montagnardes et océaniques.
Termes de nos jours
La commune de Termes compte une cinquantaine d’habitants ; elle est incluse dans le canton de Mouthoumet et dans la Communauté de communes du Massif de Mouthoumet qui fait partie des régions les moins peuplées du département de l’Aude.
Au début des années 1940, le site composé des ruines du château et de sa colline a bénéficié d’une protection au titre du patrimoine naturel. Il a fallu attendre 1989 pour que le château soit classé en tant que Monument Historique, suite à l’acquisition des ruines par la commune de Termes.
Depuis cette date, grâce à la volonté communale de prendre en main l’élément majeur de son patrimoine historique, l’accueil des visiteurs sur le site s’est mis en place. L’intérêt renouvelé pour le château, intégré au réseau des sites-pôles du Pays Cathare, a aussi donné naissance en 1989 à l' »Association pour la sauvegarde du château de Termes, Termes en Termenès ». Suite aux premiers sondages archéologiques réalisés en 1975, des travaux de restauration et des recherches de terrain se sont succédés entre 1990 et 1998.
À partir de 1998, afin de mieux comprendre l’histoire du site et dans une volonté de préservation des vestiges, un programme global de recherche, de restauration et de mise en valeur a été élaboré autour du château, en collaboration avec les divers partenaires concernés. Depuis, les investigations se sont portées d’une part, sur l’architecture et la topographie du site, d’autre part sur le dégagement et la fouille d’un certain nombre de secteurs, notamment dans la partie sommitale qui recèle les aménagements les plus anciens. Parallèlement, la consolidation régulière des vestiges a pu être réalisée, tout comme une meilleure circulation des visiteurs sur le site.
La boutique-accueil du château de Termes propose un parcours muséographie sur le fameux siège du château en 1210, avec un film, des maquettes et des vitrines présentant des objets issus des fouilles archéologiques, ainsi que du mobilier liturgique provenant de l’église paroissiale.
Dates importantes
Traces d’occupation humaine sur le relief.
Première occupation médiévale du site dans sa partie haute, de nature aristocratique et militaire.
Première mention d’un membre de la famille seigneuriale de Termes.
Première mention du Termenès.
Premières mentions du castellum et du castrum de Termes.
Restitution de biens par les seigneurs de Termes à l’abbaye de Lagrasse.
Hommage pour le château par Raymond de Termes à Roger Trencavel.
Partage du château entre Raymond de Termes et son frère Guilhem.
Accord au sujet des mines entre Raymond de Termes et Roger II Trencavel.
Raymond de Termes épouse Ermessinde de Corsavy.
Siège et reddition de Termes. Alain de Roucy reçoit le château.
Donation du château par Amaury de Montfort à Arnaud archevêque de Narbonne.
Benoît de Termes est évêque cathare du Razès.
Olivier de Termes cède le château au roi de France.
Soumission d’Olivier de Termes au roi de France.
Nouvelle soumission au roi et départ d’Olivier de Termes pour la croisade en Terre Sainte.
La garnison royale de Termes se compose de 15 sergents d’armes.
Traité de Corbeil qui fixe l’emplacement de la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon.
Olivier de Termes cède au roi de France le village astral, attenant au château.
Un châtelain, un chapelain, un portier, un guetteur, un écuyer et 15 sergents d’armes forment la garnison.
Le gouverneur du château de Termes passe dans le camps des Anglais.
Inventaire des armes et munitions du château.
Termes se trouve sur la liste des châteaux à réparer.
Démolition du château et abandon du site.
Le château de Termes est classé Monument Historique.