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Une forteresse imprenable !
Il arrive que de loin, on ne distingue pas le château de Peyrepertuse tant il fait corps avec la crête rocheuse. Il se déploie sur 300m, en forme de gigantesque navire. Ce vaisseau aux dimensions exceptionnelles s’organise en 3 grands secteurs : la première enceinte, l’enceinte médiane et le donjon San Jordi. Entre la première enceinte et l’enceinte médiane, comme un verrou, le “Donjon-Vieux”. Autour de ses hautes murailles, les falaises de calcaire veillent. Hautes, escarpées, défiant l’assaillant de s’y aventurer…
Le pays de Perapertusès est cité au IXe siècle, et le château de Peyrepertuse au XIe siècle. Il appartient au comté de Besalù, petite contrée catalane, qui rejoint le comté de Barcelone au début du XIIe siècle. Pendant la croisade contre les Albigeois, le seigneur des lieux, Guilhem de Peyrepertuse, rend hommage à Simon de Montfort, mais continue de résister, notamment en occupant le château de Puilaurens. C’est en 1240 que le roi de France Louis IX prend réellement possession de Peyrepertuse.
Le sentier d’accès contourne la falaise et passe sous la première enceinte, celle qui donne à Peyrepertuse sa forme si particulière. Cette muraille se termine par un éperon, une structure très effilée bien visible de cet endroit. C’est un ouvrage de défense active, conçu pour détourner les projectiles.
Peyrepertuse, pèira pertusa en occitan, signifie la “pierre percée”. Cette pierre a aujourd’hui disparu...
Au XIIe siècle, dans notre région, certains chrétiens adhèrent à un nouveau mouvement : le catharisme. La pensée des cathares et le mode de vie de son clergé (les “parfaits” et “parfaites”), gênent l’église catholique romaine : elle les déclare hérétiques. Le Pape Innocent III lance une croisade contre eux. Une croisade autorise la spoliation, et le recours aux armes. Le roi de France n’y participe pas, mais lors d’une seconde croisade, il finit par s’allier au Pape. Les croisés, venant surtout du Nord de la France, déferlent et dépossèdent de leurs terres les seigneurs locaux.
Dans certains lieux très stratégiques, comme Peyrepertuse, le roi de France fait bâtir des forteresses chargées de garder les confins du royaume face à un autre souverain : le roi d’Aragon. Les châteaux royaux de notre région supplantent les châteaux de seigneurs qui étaient cathares pour certains, simplement tolérants pour d’autres…
La fortification royale : un chantier remarquable
Lorsque Louis IX prend possession du château, il fait très vite entreprendre des travaux de refortifications, qui font d’un modeste château seigneurial une impressionnante forteresse royale. Jusqu’en 1255, Peyrepertuse est en pays hostile, face à Quéribus et au Fenolhédès. De ce fait, la forteresse est dotée de toutes les innovations permettant une défense active, l’usage des nouveaux engins de guerre, des arbalètes… Les accès finissent désormais en chicane, on ménage un espace étroit devant la porte de façon qu’un bélier ne puisse pas s’y installer ou prendre son élan, on pourvoit les portes de barbacanes, d’échauguettes… Le chantier de Peyrepertuse est l’un des plus importants de son temps. Nous disposons d’un document exceptionnel pour les années 1250-1251, qui en donne une image précise.
La première enceinte
Un espace immense
Une petite salle voûtée accueille tout de suite le visiteur : c’est la loge du portier qui surveille l’entrée. Un haut mur aux rudes contreforts se dresse : c’est la nef de la chapelle du château primitif. On monte légèrement sur la gauche… Un arbre dans la roche propose son ombre, après lui, s’ouvre l’immense vaisseau de pierre…
La longue muraille est défendue par un chemin de ronde qui court de l’entrée à l’éperon sur 120m de long. C’est la place des guetteurs, où ils peuvent détecter tout mouvement au loin ou sur le chemin. Deux tours ouvertes à la gorge réservent un accueil dangereux aux assaillants : s’ils les investissent, des soldats postés en face, ou dans le château bas, les atteindront facilement. Il n’y a aucun moyen de se cacher. Mais avant d’arriver jusque là, il faudrait éviter les tirs d’arbalètes pleuvant des nombreuses archères, judicieusement réparties…
Au bout de la courtine, on entre dans l’espace triangulaire de l’éperon. C’est un lieu percé de fenêtres sur 2 niveaux, où il faut imaginer des planchers. Au second étage, une plate-forme permettait d’accueillir un engin de jet, une pierrière par exemple : la proue du navire est offensive...
Un châtelain, 21 sergents, un guetteur, un portier, un chapelain et des chiens : voilà la garnison de 1302. Au XIVe siècle, ce sont les gens du cru qui gardent la forteresse : paysans, artisans... Rétribués par le roi, ils sont exemptés de taxes et d’impôts. C’est pourquoi on les appelle “morte-payes”, une charge lucrative, qui devient bientôt héréditaire.
Comment, au Moyen Age, quitter le château sans être vu du portier ? Une poterne s’ouvrait, entre les latrines et le logis, sur un sentier caché. A l’abri de l’aiguille rocheuse, qui jouxte la muraille non loin de là, on était protégé, si l’on était assez agile pour dévaler ces pentes sauvages...
Un logis de 2 étages, d’une belle qualité de construction, servait aux XV-XVIe siècles, à l’accueil de la garnison. On voit près de l’entrée des éléments de confort taillés à même la roche : un banc, des marches, un évier.
Le "Donjon-Vieux"
Le souvenir des origines
Le “Donjon-Vieux” se tient entre la première enceinte et l’enceinte médiane. C’est ici que Peyrepertuse a commencé, autour d’un donjon, transformé depuis en citerne, et d’une église. Au XIIIe siècle, l’ensemble est refortifié par les architectes royaux…
Sur le mur avant d’entrer dans l’enceinte du “Donjon-Vieux”, deux niveaux de construction sont nettement identifiables : de petites pierres en bas, des pierres plus grosses et mieux taillées en haut, marquent la différence entre les XI-XIIe et le XIIIe siècles.
La cour donne accès au logis du gouverneur, à l’étage, et à l’église Sainte-Marie. Cette église paroissiale peut être datée du XIe siècle. Elle a sans doute aussi servi de chapelle seigneuriale puisqu’on y a retrouvé des 3 corps enterrés dans la nef. Une plaque leur rend hommage au fond de l’église.
La porte originelle, murée au cours des travaux royaux, est encore visible.
Une citerne a également été créée, sans doute à ce moment, entre la roche et la muraille.
Les citernes sont un élément stratégique pour l’autonomie de la forteresse en cas de siège. Il y en a 4 dans le château. Elles sont construites sous la direction d’un maître des citernes, artisan hautement qualifié au service du roi.
L'enceinte médiane
Sa taille donne l’idée de l’importance que le roi souhaitait donner à Peyrepertuse. Tout est prévu pour le ravitaillement, l’eau… à grande échelle. Les vestiges du bâtiment polygonal en sont un exemple. Il comprend deux niveaux : le rez-de-chaussée sans doute pour les bêtes, l’étage pour le grain. Au sol, s’ouvre une glacière naturelle, pour d’autres denrées…
Le "Donjon" San Jordi
Un symbole de domination
En 1242, peu de temps après sa prise de possession de Peyrepertuse, Louis IX enjoint à la sénéchaussée de Carcassonne d’entreprendre la construction d’un escalier menant au point culminant de Peyrepertuse. C’est là, à 800m d’altitude, que les ingénieurs royaux créent le “Donjon” San Jordi, un ensemble qui dote la forteresse de bâtiments modernes et lui donne la puissance d’une véritable arme de dissuasion…
L’escalier Saint Louis, taillé dans la roche par les ingénieurs du roi, longe le précipice. Il faut jeter un coup d’œil par-dessus la rambarde de sécurité pour en mesurer la largeur réelle. Les marches maçonnées sont un ajout moderne pour le rendre plus praticable. Tout en haut, de fortes murailles dotées d’un chemin de ronde, assurent la défense du rocher.
Les châteaux de Peyrepertuse et Quéribus sont les deux seuls à se voir, et à pouvoir communiquer directement. A eux deux, ils surveillent toute la région, depuis la mer jusqu’aux Pyrénées. Le moindre sabot soulevant la poussière à l’horizon est aussitôt détecté. Grâce au réseau de tours et de châteaux émaillant la région, on a calculé qu’il fallait seulement 3h au siège de la sénéchaussée de Carcassonne pour être averti.
Ici les fenêtres sont larges, et munies de coussièges, c’est-à-dire de petits bancs, plutôt confortables. Les pierres sont taillées avec soin. On a aussi retrouvé des restes d’une cheminée. Nous voici dans un univers plus qualitatif, attentif à la lumière et au confort de ses occupants... signes d’un changement d’époque, passant lentement du roman au gothique.
En haut du rocher de San Jordi, on trouve deux citernes, et au-dessus, au point culminant, les vestiges d’une chapelle. Mais ce qui fait que tous restent un long moment ici, aux prises avec le vent et le soleil, c’est l’exceptionnel point de vue qui s’offre au regard. La forteresse dévoile son gigantisme et son organisation, tandis qu’autour d’elle la beauté exceptionnelle du paysage lui fait un écrin sauvage. La mer, les Pyrénées, les Fenouillèdes, le pic de Bugarach... et Quéribus, fidèle sentinelle se détachant aux avant-postes sur sa falaise solitaire.